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An. 408. Saint Anguftin fe rendit à Calame peu de tems après, , pour confoler & appaifer les chrétiens: les païens même demanderent à le voir, & il les avertit de ce qu'ils devoient faire pour le tirer de l'inquietude prefente, & même pour chercher le falut éternel. Mais comme ils craignoient toû jours,ils lui firent écrire par un d'entre eux nom. mé Nectaire, qui étoit un vieillard venerable & homme de lettres. Il reprefente à faint Auguftin Ap. Aug. l'amour de la patrie qui le fait agir, & le devoir ep. 9o. al. des évêques qui eft de ne faire que du bien:témoi

201.

Ep. gr.

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gnage remarquable de la part d'un païen. Il le prie du moins de feparer les innocens des coupables: offrant au refte de rétablir tout le dommage; & ne demandant que l'exemption de la pein Saint Auguftin lote fon affection pour fa patrie, & lui reprefente que rien n'est plus propre à entretenir la focieté des hommes; & à rendre une ville floriffante, que la religion chrétienne, qui enfeigne la frugalité, la temperance, la foi conjugale, les bonnes mœurs : & rien de plus contraire à la focieté civile,que la corruption des mœurs qu'entraîne l'idolatrie, par l'exemple des faux dieux. Venant à la fedition de Calame, il demeun. 7. re d'accord de la douceur qui convient aux évê9. ques. Nous tâchons, dit-il, de faire enforte que perfonne ne foit puni des peines les plus feveres, non feulement par nous,maispar qui que ce foit à nôtre pourfuite.Il foûtient qu'il eft neceffaire de faire un exemple en cette occafion: & toutefois il convient de laiffer aux coupables la vie & la fanté & de quoi la foûtenir: mais non pas de quoi mal faire: ainfi toute la peine d'un fi grand crime fe reduifoit à quelque perte de biens.Quant aux dommages,dit-il, que les chrétiens ont foufferts, ils le prennent en patience,ou ils font reparés par d'autres chrétiens: Nous ne cherchons à gagner Aug. ep. que les ames,au prix même de nôtre fang.Nectai04. 264. re demeura en filence environ huit mois: peut.

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Eere dans l'efperance que la mort de Stilicon ren. An.408.
droit meilleure la condition des païens. Enfin, il Ap. Aug.
revint à la charge, & donnant de grandes louan- p. 103. al.
ges à S. Auguftin, avec quelque efperance de fa 253.
converfion,il infiftoit toûjours fur un pardon en-
tier à tous les habitans de Calame.S.Auguftin de-
meura ferme à vouloir que les coupables fuffent
punis: mais en même temsil montre la douceur
de l'églife par la qualité de la peine. Nous ne pré- Epift. 304.
tendons point, dit-il, qu'ils perdent la vie, ni ms.
qu'ils fouffrent des tourmens ou aucune peine
corporelle: nous ne voulons pas même les reduire
à une telle pauvreté,qu'ils manquent du neceffai-
re:nous voulons feulement leur ôter la richeffe
qui les met en état de mal faire,comme d'avoir des
idoles d'argent: qui font caufe qu'ils mettent le
feu à l'églife, qu'ils donnent au pillage à la popu.
lace la fubfiftance des pauvres, répandant le fang n.6,
innocent.Et enfuite: Trouvez bon du moinsqu'ils
craignent pour leur fuperflu, eux qui ne fongent
qu'à brûler & piller notre neceffaire;& que nous
puiffions faire ce bien à nos ennemis,de leur épar
gner descrimes qui leur font nuifibles, par la crain
te de perdre des chofes, dont la perte n'eft point
nuifible Il paroit par cette lettre que Poffidius é-
vêque de Calame fit le voiage d'Italie, après la
violence commife contre fon églife:apparemment

fe joindre aux deputés des deux conciles de
L'au 408, & en demander justice.

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L.41.C.Tb.

Ces deputés d'Afrique obtinrent à la cour d'Ho- XVIII. norius ce qu'ils demandoient; comme il paroit Loix pour par plufieurs loix datées vers la fin de l'an 408, leglite. fous le confulat de Baffus & de Philippe: qui con- deberet. firment routes les loix precedentes, contre les Donatiftes, les Manicheens, les Prifcillianiftes, les païens & les Celicoles, & en ordonnent l'execution:défendant expreffement leurs affemblées. Il eft auffi défendu aux ennemis de la religion catholique d'exercer des charges dans le palais. Les

Tome V.

M

Cer

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An. 40,. Celicoles ou adorateurs du ciel,dont il eft ici párle,profeffoient une nouvelle herefie, qui tenoit, à ce que l'on croit,du judaifme & du paganifme:du moins le nomen étoit nouveau.Il pervertiffoient le baptême comme les Donatiftes, & il s'en troude Jud voit principalement en Afrique. Il y eut l'année ib. Gothofr. fuivante 409. une conftitution d'Honorius, pour L. 18. eod. étendre contre eux les peines des heretiques &

L.19 C.Th.

des apoftats. Quant aux Juifs il y a contre eux u

ne loi de Theodofe du vingt-neuniéme Mai de cette année 408.qui ordonne aux gouverneurs des Ef.18.21. provinces, d'empêcher qu'à la fête qu'ils celebrolent en memoire de leur délivrance par Efther,ils ne brûlaffent une croix,fous pretexte de brûler la figure d'Aman avec fon gibet: parce qu'ils le faiforent au mépris de la religion chrétienne.

Socr. VI.

C.1.

€ 8.

am 408.

L'empereur Theodofe commençoit à regner après la mort de fon pere Arcade, arrivée le pre$1.mier jour du même mois de Mai, fous le confulat Marc. Chr. de Baffus & Philippe, c'est-à-dire en 408. Arcade avoit regné treize ans, depuis la mort de Theodo. fe fon pere, & en avoit vecu trente & un. Prince foible, & toûjours gouverné par fa femme & par fes eunuques. Son fils Theodofe, qui n'avoit que huit ans,& portoit déja le titre d'Augufte, regna en Orient fous la conduite d'Anthemius, l'hom me le plus fage de fon tems,ami de S. Aphraate & de S.Chryfoftome,qui lui écrivit fur fon confulat Thryf epift. en 405. Theodofe le jeune, car il eft connu fous ce nom avoit trois foeurs,Pulcherie, Arcadie & Marine, qui toutes trois demeurerent vierges. Pulcherie prit foin dans la fuite de leur éducation, & de celle de l'empereurfon frere,quoi qu'elle n'eût que deux ans plus que lui:mais fa fageffe & fa ver tu étoient bien au-deffus de fon âge.

TA.Philot.
F. 8.

On trouve encore deux loix d'Honorius de Lic. l'année 409. qui refpirent la pieté: l'une en faveur The de eft des prifonniers,qui ordonne que tous les dimanches, les juges les feront fortir, pour fçavoir s'ils

rear. l. 9.

ont

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ont les chofes neceffaires, leur ordonner de quoi An. 409.
vivre,s'ils en manquent:& les conduire aux bains C. Juft. ae
fous bonne garde; il eft recommandé aux évêques code
epifc. aud.
de tenir la main à l'execution de cette loi.L'autre
ordonneaux chrétiens des lieux voifins,de pren-
dre foin que les captifs Romains qui retournent
chez eux, ne foient ni arrêtés ni maltraités.

127.

La loi d'Honorius contre les Donatiftes & les L.44. C. Juifs ou Celicoles, fut adreflée en particulier à Th. de har. Donat proconful d'Afrique : & S. Auguftin d'ail-al leurs fon ami lui écrivit à ce fujer, pour le prier très-inftamment de leur épargner la vie. Remarquez,dit-il,qu'il n'y a que les ecclefiaftiques, qui prennent loin de porter devant vous les affaires de l'églife. Deforte que fi vous puniffez de mort les coupables, vous nous ôterez la liberté de nous plaindre: & quand ils s'en appercevront, ils fe déchaîneront plus hardiment contre nous: nous voiant reduits à la neceffité de nous laiffer ôter la vie, plûtôt que de les expofer à la perdre par vos jugemens. Ilfinit par ces mots: Quelque grand que foit le mal qu'on veut faire quitter, & le bien qu'on veut faire embraffer: c'est un travail plus importun que profitable, de n'y reduire les hommes que par la force, au lieu de les gagner par l'inftruction.

XIX.

Rome affiegee par

Alaric.

Après la mort de Stilicon, les Goths qui fervoient dans les armées Romaines,furent malcraités, comme aïant été d'intelligence avec lui. On fit mourir en plufieurs villes leurs femmes, & leurs Zof. lib. 5. enfans, & on pilla leurs biens. Irrités de cette in- p.81 2. fraction des alliances, ils fe réunirent fous Alaric, le plus puiffant de leurs chefs: qui avoit fervi le grand Theodofe contre le tyran Eugene, & étoit 10. revêtu des dignités Romaines. Il effaia encore de So. 18. faire la paix avec Honorius : & n'aiant pû l'obte- ... nir, il marcha vers Rome. On dit que dans cette marche, il rencontra un faint moine, qui voulut l'en détourner, lui reprefentant les maux dont il

M 2

alloir

SOCT. VII.

An. 499, alloit être caufe; & qu'Alaric lui répondit: Je n'y yaispoint de moi-même,mais quelqu'un me preffe & me tourmente tous les jours,en difant:Va piller Rome. Y étant arrivé, il l'affiegea fi étroitement, même du côté de la mer, qu'il n'y entroit plus de vivres, & que la famine & la peste commence, rent à la ravager. Plufieurs efclaves, principale. ment des barbares, paflerent du côté d'Alaric . En cette extrêmité, les fenateurs païens crurent neceffaire de facrifier au Capitole, & dans les autres temples. Car des arufpices Toscans appellés par Pompeien prefet de Rome promettoient de chaffer les barbares, par des foudres & des ton neres; fe vantant de l'avoir déja fait à Namia ville de Tofcane, qu'Alaric n'avoit pas prise en marchant yers Rome. Zofime dit, que pour plus grande fûreté, on rapporta au pape Inno cent le deflein que l'on avoit de faire à Rome des facrifices; & que le pape preferant le falut de la ville à fon opinion, permit de les faire en feeret. Le croira qui voudra fur la foi de ce païen; mais ce qu'il ajoûte, eft plus vraisemblable. Les Tofcans aiant foutenu que ces ceremonies ne fer viroient de rien à la ville, fi on ne les faifoit en public:e fenat monta au Capitole, & commença à y faire, dans les places publiques, ce que l'on avoit refolu: mais perfonne n'ofa y prendre part. On laiffa les Tofcans, & on fongea aux moiens d'appaifer Alaric.

Lib.v. p. 84.

p.819.

On traita en effet avec lui, & on convint de lui donner cinq mille livres d'or, trente mille livres d'argent, quatre mille tuniques de foye, trois mille peaux teintes en ecarlate, trois mille livres de poivre. Pour faire cette quantité d'or & d'argent, comme il n'y avoit point de deniers publics, on taxa les particuliers, qui n'y purent fuffire: enforte qu'il en fallut venir aux orne. mens des idoles & aux idoles même d'or & d'argent: ce que Zofime déplore comme une im

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