Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Matth.xx1

12,

'n.

Ex. XXXI.

6 n. 5. 5.

[ocr errors]

que beaucoup y contredifoient, il parla encore du An. 395. même fujet dans une plus grande affemblée, où l'on avoit lû l'évangile des marchands chaffes hors du temple. Il le relût lui-même, & montra combien J. C. auroit eu plus de zele à chaffer du tem-, ple des feftins diffolus, qu'un commerce de foi innocent. Il ajoûta que le peuple Juif tout charnel qu'il étoit, ne faifoit point de feftin dans ce temple, où on n'offroit point encore le fang du Seigneur; & qu'on ne trouvoit point qu'ils fe fuffent enyvrés, fous pretexte de religion, qu'à l'occafion des idoles. Sur quoi il leur lût tout l'endroit, de l'Exode; car il avoit preparé les livres & les 1. Cor. ve paffages. Enfuite il prit faint Paul, & leur lût les, 11. vI. 10 paffages où il compte l'yvrognerie entre les grands Gall. 5. 19. peches, & les œuvres de la chair, qui excluent du roïaume de Dieu. Aprés avoir relû ces paffages & plufieurs autres, avec une grande force: il rendio le livre, leur ordonna de prier, & recommença à parler avec toute la vehemence, dont il étoit capable, leur reprefentant le peril commun des peuples & des prêtres, qui doivent rendre compte de leurs ames au chet des pafteurs. Je vous conjure dit-il, par fes humiliations, fes fouffrances, fa couronne d'épines, fa croix & fon fang: aiez du moins pitié de nous, & confiderez la charité du venerable Valere, qui n'a pas craint de m'impofer à caufe de vous la charge perilleufe de vous annon. cer la parole de verité. Il s'eft rejoüi que je fois venu ici, mais ce n'eft pas pour me voir mourir avec vous, ou être fpectateur de vôtre mort. Enfin je me confie en celui qui ne peut mentir, que fi vous méprifez tout ce que je vous ai dit, il vous vifitera par fes fleaux, & ne permettra pas que vous foiez condamnés avec ce monde. Il dit cela d'une maniere fi touchante, qu'il tira les larmes de fes auditeurs, & ne pût retenir les fiennes.

Le lendemain qui étoit le jour du feftin, il ap- ", 3. prit que quelques-uns murmuroient encore,& di

B3

foient:

Ez ech. XXXII, 6

[ocr errors]

An. 395. foient: Dequoi s'avife-t-on maintenant? ceux qui ont fouffert cette coûtume, n'étoient-ils pas chrétiens? S. Auguftin ne fçachant quelle plus grande machine emploier pour les ébranler, avoit refolu de lire le paffage d'Ezechiel, qui dit que la fentinelle eft déchargée,quand elle a annoncé le peril; enfuite fecoüer fes habits & fe retirer. Mais avant qu'il montât en chaire,les mêmes qui avoient fait ces plaintes le vinrent trouver. Il les reçut douce.. ment, & en peu de mots leur fit entendre raifon. Quand le tems de prêcher fut venu, il laiffa la le&ture qu'il avoit préparée, & qui n'étoit plus neceffaire,& pour répondre à cette objection. Pourquoi abolir maintenant cette coûtume? il dit ; Aboliffons-la du moins à prefent. Mais pour juftifier ceux qui l'avoient fi long-tems foufferte, il expliqua la neceflité qui l'avoit introduite. Aprés les perfecutions, les payens qui fe convertiffoient en foule avoient peine à renoncer aux feftins qu'ils faifoient à l'honneur de leurs idoles: on eut égard à cette foiblefle,& on leur permit de faire quelque rejoüiffance femblable en l'honneur des martyrs, en attendant qu'ils fuffent capables des joies purement fpirituelles. Nous trouvons en effet, que S.. Gregoire Thaumaturge ufa de cette condefcendance,au rapport de faint Gregoire de Nylle. Mais à prefent, ajoûte faint Auguftin,il eft tems de vivre en vrais chrétiens, & de rejetter ce qui n'a été accordé à vos peres, que pour les rendre chrétiens.. Il leur propofa enfuite l'exemple des églifes d'outre mer,c'est-à dire d'Italie : dans lesquelles cette coûtume n'avoit jamais eu de lieu, ou avoit été abolie par les bons évêques, entre autres par faint Ambroife: comme S. Auguftin témoigne lui-même ailleurs. On objectoit l'exemple de l'églife de faint Pierre au Vatican, où ces feftins fe faifoient tous les jours; & faint Paulin fe plaint de ce même abus. S. Auguftin répondit: J'ai oui dire qu'il a été fouvent défendu, mais le lieu est éloigné du

VitaThaum.. nk. 1006. C.

[ocr errors]

vi.Confeff.

6. 12,

Natal fub fin.

loge

logement de l'évêque; & dans une fi grande vil- An. 395. le, il y a une quantité d'hommes charnels, principalement d'étrangers, qui y abordent de jour en jour. En ce tems-là, & long-tems aprés, le pape demeuroit au palais de Latran, & le Vatican étoit hors la ville.

S. Auguftin voiant tout le peuple d'accord d'abolir cette mauvaise coûtume, les pris d'affifter à midi aux lectures & au chant des pfeaumes, que l'on feroit au lieu des feftins ordinaires : L'aflemblée y fut encore plus nombreuse que le matin: on lût & on chanta alternativement, jufques à l'heure où le clergé revint avec l'évêque; qui obligea faint Auguftin de parler encore au peuple. Ily avoit répugnance, & fouhaitoit que cette journée fi dangereule fût terminée pour lui: mais il fal loit obéir. Il fit un petit difcours, pour rendre graces à Dieu; & fçachant que les heretiques faifoient dans leurs églifes les feltins accoûtumés, il ne manqua pas de relever cette oppofition. En. fuite on celebra l'office dés vêpres, faifoit tous les jours; & l'évêque s'étant retiré avec fon clergé, il demeura encore quantite de peuple dans l'églife, à chanter des prieres jufques à la nuit. S. Augu ftin écrivit cet heureux fuccés à fon ami S. Alypius évêque de Tagafte.

[ocr errors]

XII.

pone.

Il enfeignoit en public &en particulier;&combattoit toutes les herefies, principalement les Do Saint Aunatiftes & les Manichéens: foit en compofant des guftin.eve livres, foit en parlant fur le champ. Les heretiques que d'Hipaufli-bien que les catholiques accouroient avec ar- poff. vita deur pour l'entendre;&plufieurs amenoient des é. . 7. crivainsen notes, pour conferver fesdifcours. Tous le monde en parloit: fa réputation s'étendoit de tous côtés, & jufques aux églifes de deça la mer qui s'en rejou iffoient.Ce fut pendant ce tems de la prêtrife qu'il commença à expliquer l'écriture fainte. Delà vint le livre imparfait fur la Genele, les deux livres fur le fermon de la montagne: l'ex

B 4

pli

1. Retr.

c. 18. 19.

c. 23.

c. 24. c. 25. f. 26.

6. 27.

[ocr errors]

22

An. 395. plication fur quelques propofitions de l'épître aux Romains: car comme il lifoit cette épître à Carthage, avec ceux de fa compagnie, ils faifoient écrire ce qu'il répondit à leurs queftions. Il expliqua auffi l'épître aux Galates, mais tout de fuite;& commença d'expliquer de même l'épître des Romains. Il fit depuis recueillir fes réponses fur diverfes queftions, traitées depuis fon retour en Afrique:ce qui produifit le livre des quatre-vingttrois queftions. Il écrivit un livre du menfonge, dont il n'étoit pas content: mais il ne pût empêcher qu'il ne devînt public. Le livre contre le Ma nichéen Adimante eft encore du même tems.

[ocr errors][merged small]

L'évêque Valere voiant la réputation,commentça à craindre qu'on ne le lui enlevât pour le faire évêque: ce qui fût arrivé, s'il n'avoit eu soin de le faire fi bien cacher, qu'il ne pût être trouvé par ceux qui le cherchoient. Cette experience redoubla la crainte de Valere; & fe fentant accablé de vieilleffe & d'infirmités, il écrivit fecrettement à l'évêque de Carthage, le conjurant qu'Auguftin fût ordonné évêque pour l'églife d'Hippone, comme fon coadjuteur, plûtôt que comme fon fuccefleur. Il obtint une réponfe favorable. Enfuite il pria le primat de Numidie, qui étoit Megalius évêque de Calame, de venir vifiter l'églife d'Hippone: & quand il fut arrivé, Valère lui declara fon intention, & aux autres évêques qui fe trouverent prefens par hazard,à tout le clerge & à tout le peuple d'Hippone. Tout le monde en fut agréablement furpris ;& le peuple demanda que la chofe fût executée, témoignant par fes acclamations l'ardeur de fon defir. Il n'y eut que Megalius qui fit difficulté de l'ordonner. Aiant conçu de l'indignation contre S. Auguftin, fans qu'on en fçache le fujet, il écrivit qu'il avoit donné à une femme un poifon pour s'en faire aimer du confentement de fon mari; & cela fous pretexte d'un pain, qu'il avoit envoié pour Eulogie,

fans

Lib. IV.

fans y entendre fineffe. Megalius preffé par le con- AN. 395 cile de prouver ce qu'il avoit avancé, & ne le pouvant faire, en demanda pardon, & l'obtint ; & re- cont. Crefs. connut fi bien l'innocence de S. Augustin, qu'il poff. c. 8. lui impofa les mains.

c. 64.

Aug. ferm. 339. al. 25. ex. 50.6. 3.

No 3. V. Not.
Bened. ad

cp. 31.
Ep. 213.

altro. n.4.

Conc. Nic.8.

Sup.

S.Auguftin foûtenoit qu'il ne devoit point être ordonne du vivant de fon évêque, contre l'usage de l'églife. Mais tout le monde lui foûtint que c'étoit une chose ordinaire, & on lui en apporta plufieurs exemples des églifes d'Afrique, & de celles Ep. 3r. ad de deça la mer. Ainfi il fut contraint de fe rendre, Paul. & ne trouvant plus d'excufe, il n'ofa s'opiniâtrer al. 34. n. 4. à refufer. Il fut donc ordonné évêque d'Hippone, conjointement avec Valere, fous le confulat d'O- Profp. Chr. lybrius & de Probin,c'est-à-dire l'an 395.au mois an. 396. de Decembre près de la fète de Noêl, etant entré dans fa quarante-deuxième année depuis le mois deNovembre.Il reconnut depuis qu'il avoitété or. donné contre les regles, & que le concile deNicée avoit défendu de donner un évêque à une églife, qui en avoit un vivant: mais ni lui ni Valere ne fçavoient alorscette regle.Elle fe trouve à la fin du canon huitiéme de Nicee,énoncée & rapportée en x1. 1. 22. paffant à l'occafion de la réunion des Novatiens. Mr. God. Ainfi il fe peut faire que faint Augustin &Valere Vie de S. euffent lû plufieurs foisce canon, fanspefer affez ces liv. 1. 1.33. dernieres paroles,comme il estarrivé à un fçavant évêque de notre tems, quia crû devoir chercher ailleurs cette difpofition du concile de Nicée. S. Auguftin écrivant à S. Paulin, lui fit part de fa promotion à l'épifcopat, & S. Paulin manda Reliques cette agréable nouvelle à Romanien,l'ancien ami de S. Auguftin; & en même tems écrivit une éle- Celfe. gie à fon fils Licentius, pour l'exhorter à s'atta- Aug, epift. eher à un fi grand maître, & à quitter toutes les Paul.ep.7. efperances du fiecle. Peu de tems aprés S. Paulin al. 46. reçut de S. Ambroife des reliques des SS. Mar- Natal.9. tyrs Nazaire & Celfe, qu'il mit dans l'églife de S. Felix. S. Ambroise avoit trouvé leurs

B 5

Auguftin.

[ocr errors]

des SS.Na

zaire &

Paul. vita

corps
dans". 32,

« AnteriorContinuar »