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Gaudent.

ferm. 17.

Patr.

A

An. 395. dans un jardin hors de la ville de Milan. Paulin fon fecretaire qui étoit prefent, dit: Nous vimes. dans le fepulcre où repofoit le corps du Martyr, fon fang auffi frais, que s'il avoit été répandu le même jour, & fa tête coupée fi entiere avec les cheveux & la barbe, qu'il nous fembloit qu'elle venoit d'être lavée & enterrée. Nous fumes auffi remplis d'une odeur, dont la douceur étoit auP.90. bibl. deflus de tous les parfums. On recueilit ce fang avec du plâtre & avec des linges; & c'est ainfi que l'on envoioit des reliques, car on ne divifoit pas encore les corps. Paulin avoue qu'il n'avoit pû Içavoir en quel tems S. Nazaire avoit fouffert le martyre. Son corps fut mis fur un brancard, & porté à la bafilique des apôtres, prés la porte Romaine. Auffi.tot S. Ambroife retourna prier avec fon clergé dans le même jardin où étoit S. Celfe. Nous ne fçavons point, dit Paulin, qu'il y eût jamais prié auparavant : mais c'étoit la marque de la découverte du corps d'un martyr, quand le S. prelat alloit prier à un lieu où il n'avoit jamais été. Nous apprimes toutefois des gardiens. de ce lieu, que leurs parens leur avoient recommandé de ne le point quitter, tant que dureroit leur race, parce qu'il y avoit de grands trefors . Le corps du martyr, c'est-à-dire, de S. Celle, fut auffi porté à la bafilique des apôtres, où on avoit auparavant mis de leurs reliques avec grande de votion. Là comme S. Ambroife prêchoit,un homme du peuple rempli de l'efprit immonde, commença à crier, qu'Ambroife le tourmentoit. Le S. évêque le tourna vers lui, & dit: Tais toi demon: ce n'eft pas Ambroife qui te tourmente, mais la foi des SS. & ton envie, parce que tu vois des hommes monter au lieu d'où tu as été precipiEnnod. té. Ambroise ne fçait point s'en faire accroire. Carm, 18. A ces mots, le poffedé fe tut, fe coucha par terre, & ne fit plus aucun bruit. On pretend avoir reconnu depuis, que S. Nazaire & S. Celfe a

voient fouffert la perfecution de Neron; & plufieurs églifes ont été honorées de leurs re. liques.

XIV.

Breffe.

Saint Gaudence en eut fa part: : c'est-à-dire du fang recueilli dans du plâtre; & il fe contenta Saint Gau d'avoir ce témoignage de leurs fouffrances. Saint dence eve Ambroise l'avoit ordonné évêque de Breffe quel- que de que-tenis auparavant, aprés la mort de Philaftre. Il fut élu abfent, car il étoit allé à Jerufalem, & le peuple s'engagea par ferment, à ne point avoir d'autre évêque: ce qui obligea faint Ambroife & les évêques de la province à lui écrire par les deputés que le peuple lui envoia, pour lui ordonner de revenir, fous peine de def obéiffance, & d'être excommunié, même par les évêques d'Orient. Il revint donc, & quoiqu'il alleguât la jeunefle & fon incapacité, malgré route fa refiftance, il fut ordonné évêque. Nous Gaud.ferm. apprenons tout cela du fermon qu'il fit à fon or- 16. dination. En un autre, il dit que dans fon voiage de Jerufalem il paffa en Cappadoce, & qu'étant à Cefarée, il y trouva des fervantes de Dieu, qui gouvernoient un monaftere, & qui étoient fœurs & nieces de faint Bafile. Elles avoient autrefois reçû de lui des reliques des quarante martyrs, p.90. D. qu'elles donnerent à faint Gaudence: protestant qu'elles avoient toûjours demandé à Dieu de laif. fer ce précieux trefor à quelqu'un, qui l'honorât comme elles avoient fait. Saint Gaudence apporta ces reliques en Italie, & les mit dans fon églife. Nous avons de lui dix-fept fermons, dont les dix premiers furent prononcés aux nouveaux baptifés pendant le femaine de Pâques, & faint Gaudence les écrivit enfuite,à la priere de Benevole,qui n'a voit pû y affifter,étant encore foible des restes d'u. ne grande maladie. C'est ce même Benevole, qui avoit été difgracié par l'Imperatrice Juftine,pour Sup. liv. avoirrefufé de drefferun edit en faveur des Ariens. XVII. n. Il s'étoit retiré àBreffe fa patrie,&étoit le princi- Gaud.praf.

B 6

pal

Serm. 17

43.

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Serm.

wb.. fin.

pal ornement de cette églife. Dans le fecond fer mon qui avoit été fait pour lesNeophytes au fortir des fonts, faintGaudence leur explique les myfteres, que l'on ne pouvoit expliquer en presence des Catechumenes, & il leur dit : Dans l'ombre de la Pâque legale, on immoloit plufieurs agneaux, un en chaque maifon : car un feul ne pouvoit fuffire pour tous. Mais dans la verité où nous fommes un feul eft mort pour tous; & c'est le même qui en chaque maifon de l'églife dans le facrement du vin, nourrit, étant immolé, vivifie ceux qui le croient,& fan&tifient ceux qui le confacrent.C'est la chair de l'agneau, c'est son sang. Et enfuite le même créateu & feigneur de la nature,qui tire le pain de la terre, fait encore du pain fon propre corps, parce qu'il le peut & l'a promis: & celui qui de l'eau a fait du vin, fait du vin fon fang.

Dans ces fermons, il exhorte les Neophytes à mener deformais une vieveritablementChrétien. ne, à renoncer à toutes les parties de l'idolâtrie: les enchantemens, les ligatures, les augures, les forts, l'observation des fonges, les feftins funebres. Au contraire, dit.il, foiez fobres, foigneux de venir à l'églife, & de vous appliquer avec nous a la priere & à la pfalmodie: que ce foit l'occupation de vôtre loifir. Il exhorte les gens mariés à la 59. D. parfaite continence:leur déclarant toutefois, qu'ils.

Serm. 8.

peuvent ufer librement de leur mariage. Il leur recommande d'éviter l'yvrognerie, les feftins. diffolus, accompagnés de danfes, & d'inftrumens de mufique. Malheureuses,dit-il, font les maisons, qui ne different point des theatres : que la mai fon du Chrétien foit exempte de toute la fuite du demon. Qu'on y exerce l'humanité & l'hofpi talité: mais qu'elle foit continuellement fan&ifiée par les pleaumes & les cantiques fpiriDuels: que la parole de Dieu & le figne de J. C. foit dans le cœur, dans la bouche, fur le front, à table, au bain, au lit, en entrant, en for

tant

1

tant, dans la joie, dans la trifteffe. A ces dix fer- An. 396 móns du tems pafcal, faint Gaudence en ajoûta Prafar. quatre fur divers fujets de l'évangile, & un cinquiéme fur les Machabées: que Benevole avoit ouis, mais qu'il lui avoit encore demandés.

Saint Am

L'empereur Honorius étant conful l'an 396. XV. donna à Milan un fpectacle au peuple de bêtes d' broife fauAfrique. Un criminel nommé Crefconius s'étoit ve des crirefugié dans l'églife: mais le peuple affemblé dans minels. Pamphitheatre, obtint du comte Stilicon la per- Paul. vits miffion de l'enlever avec des foldats. Car Stilicon c. 34 avoit toute l'autorité pendant le bas âge de l'empereur. Crefconius fe refugia à l'autel, & faine Ambroise avec le clergé qui s'y trouva l'entoura pour le défendre; mais les foldats qui étoient en grand nombre, & conduits par des Ariens, furent les plus forts. Ils en leverent Crefconius, & s'en retournerent triomphans à l'amphitheatre.. Ceux qui étoient dans l'églife, demeurerent fort affligés; & faint Ambroife pleura longtems, profterné devant l'autel.Mais quand les foldats furent retournés, & eurent fait leur rapport: deux leo pards étant lâchésfauterent legerementàl'endroit où ils étoient affis, & les laifferent confiderable ment bleflés. Stilicon en fut touché : il fe repentit de la violence qu'il avoit faite à l'église, en fit fatisfaction à faint Ambroife pendant plufieurs jours, & délivra Crefconius: mais comme il étoit coupable de grands crimes,il l'envoia en exil:dont toutefois il fut rappellé peu de tems aprés.

502,000

Du tems de l'empereur Gratien,faint Ambroise v11: avoit fauvé la vie à un autre criminel. C'étoit un c. 25païen conftitué en dignité,qui avoit mal parlé de Gratien, difant qu'il étoit indigne de fon pere. Il fut accufé & condamné à mort. Comme on le me moit au fupplice,faint Ambroife vint au palais dea mander fa grace: mais les ennemis du coupable avoient fait enforte, que l'empereur fût occupé à voir des combats de bêtes dans fon palais. Ainfi

per

1. Offi.

C. 29. n. 250.

2. Mace

rir. 10.

XVI

notables

perfonne de ceux qui étoient à la porte ne voulut l'annoncer,comme étant venu à contre tems. Il fe retira donc,mais il vint fans qu'on s'en apperçût à la porte,par où on faifoit entrer les bêtes; entra avec ceux qui les conduifoient, & ne quitta point l'empereur, qu'il n'eût obtenu la grace du cri.

minel.

Saint Ambroise n'avoit pas moins de zele pour fauver les depôts que l'on confioit à l'églife; & il refifta plufieurs fois à des ordres de l'empereur pour les enlever. Un particulier avoit obtenu un refcrit del'empereur, pour s'attribuer un depôt fait par une veuve dans l'eglife de Pavie: le clergé ne refiftoit plus, les magiftrats & les officiers chargés de l'execution du refcrit, difoient qu'on ne pouvoit s'y oppofer, l'agent de lempereur preffoit. Mais l'évêque de Pavie de l'avis de faint Ambroi fe, défendit fi bien l'entrée du lieu où étoit le depôt,qu'on ne le pût enlever;&on fe contenta d' une reconnoiffance parécrit. On revint encore en vertu de cet écrit & d'un nouvel ordre de l'empe. reur. L'évêque refufa: il fit lire l'hiftoire d'Heliodore,qui fut fi feverement puni, pour avoir voulu enlever les depôts facrés du temple; & avec bien de la peine fit goûter fes raisons à l'empereur.

Un évêque nommé Marcel avoit une four veur Jugemens ve, & un frere nommé Letus Marcel donna à fa de S. Am. fœur une terre qui lui appartenoit,à la charge qu' broife. en mourant elle la laifferoit aux pauvres&à l'égliAmbr. Epi. fe,dont ilétoit évêque.Letus contefta la donation; 83. al, 49, ce qui produifit entre-eux un grand procés. Aprés

8. 2.

avoir long-tems plaidé, fait de grands frais,& dit de part&d'autre des chofes fàcheufes,ilsdefirerent d'être jugés par faint Ambroife, & lui firent renvoier l'affaire par le prefet du pretoire.Saint Ambroife ne voulut point les juger à la rigueur, mais feulement comme arbitre pour les accomoder & les reconcilier enfemble. Il les fit donc convenir, que la terre feroit donnée à Letus en proprieté,àla

char

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