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charge d'une penfion viagere àla fœur,confiftant
en une certaine quantité de bled,de vin&d'huile,
& qu'aprés la mort de la fœur, perfonne ne pour-
roit rien demander àLetus,ni au nom de l'évêque
Marcel,ni au nom de l'églife.Saint Ambroife pré- n. so-
tendit leur faire ainfi gagner leur caufe à tous: à
Letus parce qu'il acquit la proprieté de la terre ; à
la four, parce qu elle s'affûra un revenu,fans pro--
cés, fans foin, fans peril de mauvailes années: à
Marcel, en ce qu'il contenta fon frere, auffi-bien
que fa fœur, & que l'on fuivit l'epedient que lui-
même avoit propofe.. Il n'y avoit que l'églife qui
fembloit perdre.Mais faint Ambroife foûtient qu' n. 10.
elle gagne allez par la charité qui eft confervée,
par les vertus que pratique fon évêque & le bon
exemple qu'il donne en cette occafion.

2. 21.

Il y avoit à Verone une vierge nommée Indi. Ep.5.al 466. Syagr. n. 1. cia, que Zenon évêque de cette ville avoit confacrée à Dieu, aprés des épreuves de plufieurs années. Elle avoit demeuré à Rome avec fainte Mar. celline, dans la maifon de faint Ambroife, & avoit toûjours donné une grande opinion de fa vertu. Etant re venue à Verone, elle demeura chez fa fœur, mariée à un nommé Maxime, vivant toûjours fi retirée, que quelques-uns fu- ". 16. rent choqués de ce qu'elle ne rendoit pas vifite à leurs femmes. On fit courir le bruit qu'In- „. 19%. dicia étoit accouchée d'un enfant que l'on avoit fait mourir. Maxime fon beaufrere s'adreflà à Syagrius, alors évêque de Verone, fe rendit lui. même dénonciateur, & prefla tellement l'évê-que, qu'il appella à l'églife les témoins. Trois femmes que l'on difoit avoir femé ce bruit, ne parurent point; mais feulement deux hommes qui difoient l'avoir oui dire à ces femmes ; & il y avoit contre ces deux hommes des reproches fuffifans. Toutefois fur ce témoignage, l'évêque Syagrius fans ouir les défenfes d'Indicia, ni confulter les évêques fes confreres, ordonna.

n. 20

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7.20.

donna qu'elle feroit vifitée par des matrones. Elle porta fes plaintes à faint Ambroife,& Ma xime vint encoreà Milan foûtenir le jugement de Syagrius. Saint Ambroise pour proceder dans les regles, voulut qu'il y eût un accufateur certain; mais Maxime ne voulut jamais en prendre la qualité,quoiqu'en effet il en fit toutes les demarches. Les trois femmes quel'on prétendoit être les prin. cipaux témoins,nommées Mercuria, Lea & Theodula ne paroifloient plus, quoiqu'elles euffent eté amenées à Milan. Les deux hommes qui avoient depofé fur le rapport de ces femmes nommés René & Leonce, furent interrogés par faint Ambroife, mais ils ne purent convenir des faits qu'ils avançoient. Saint Ambroife affembla les évêques pour juger le procés. Il n'y avoit ni accufateur ni témoins fuffifans contre Indi7. 21, 22. cia ; & d'ailleurs elle avoit pour elle des té moignages avantageux de fa nourrice, perfonne libre & digne de foi de fainte Marcelline fœur de faint Ambroife, de la vierge Paterna, avec laquelle elle avoit toûjours été à Milan pendant le procés.

3.19.

23.

.24.

:

Les évêques prononcerent donc qu'Indicia n'avoit rien fait au préjudice de fa profeffion; que Leonce & René demeureroient excommunies, jufques à cequ'ils euffent fatisfait àl'églife par leur D. Ep. 4. Penitence; & que Maxime auffi ne pourroit être reçû à la communion's'il ne fe corrigeoit. S. Ambroife manda ce jugement à Syagrius, par une lettre forte & fevere, où il lui represente fa faute, d'ordoner qu'une vierge fut vifitée, fans accufateur & fans témoins: que ces vifites font une pei.5.6.c. ne rigoureufe contre une vierge; & que d'ailleurs elles font des preuves trés-incertaines felon l'opinion des plus fçavans medecins,qu'ilconfirme par un exemple recent. Il femble même pancher à rejetter entierement ces épreuves honteuses. Syagrius s'excufoit, fur ce que quelques perfonnes

2.2.

l'avoient menacé de fe retirer de fa communion. Sur quoi faint Ambroife lui reproche fa foibleffe, de fouffrir que des particuliers donnent la loi aux évêques, & leur prescrivent la forme de leurs jugemens.

2. 15

On peut juger du foin avec lequel faint Ambroi- XVII. fe choififfoit fon clergé, par ces exemplesqu'il rap- Soins deS. porte lui-même. Un de fes amis lui rendoit des Ambroile devoirs affidus pour obtenir la place dans le cler- pour fon gé toutefois faint Ambroife ne voulut point l'y clerge. 1. Offic. c. admettre, par la feule raifon de fon gefte qui étoit 18. m. 72. trés-indecent. Un autre qu'il avoit trouvé dans le clergé, aiant fait une faute,fut interdit pour quel que tems: & en le retabliffant, faint Ambroile défendit qu'il marchât jamais devant lui, parce qu'il avoit une démarche extraordinaire qui lui bleffoit les yeux. Car le faint évêque étoit perfuadé que les mouvemens mal reglés du corps, font un effet du dereglement de l'efprit. L'événement fit voir qu'il ne s'étoit trompé, ni en l'un ni en l'autre. Le premier abandonna la foi dans le tems de la perfecution des Ariens; le fecond, pour n'ê tre pas jugé par les évêques dans une affaire d'interet, renonça auffi à la religion Catholique. Il rapporte ces deux exemples dans le traité des offices ou des devoirs, qu'il compofa pour l'inftru&tion de fon clergé à l'imitation de Ciceron & des Grecs, que Ciceron même avoit imités en fes offices. Saint Ambroife prend ce que leur morale avoit de bon, l'appuiant par l'autorité de l'écritu re,& l'élevantaux maximes del'évangile.Il défend 1.Offic. 36. aux cleres toute pourfuite d'affaires & tout trafic, n. 134. voulant qu'ils fe contentent de leur petit patrimoine,s'ils en ont,finon de leurs gages.Quelques- Epift. 38. uns fe degoûtoient du fervice de l'églife pour les Cleresie, difficultésqu'ilsytrouvoient. A quoi bon,difoient. ils, demeurer dans le clergé, m'expofer aux mau. vais traitemens, me charger de travails: pouvant vivre de mon bien, ou en gagner d'une autre ma

Et. 1. al.

19.

2. 27.

Ep. 19. 24.

al.

niere?Il leur répond, qu'ils ne font pas clercs feu-
lement pour vivre,maispour meriter devant Dieu
aprés leur mort:&c'est le fujetd'une de fes lettres.
Il y en a une à Conftantius nouvellement établi
évêque dans le voisinage de Ravenne, qui femble
avoir été tiré de fon clergé, puifqu'il le nomme
fon fils. Ce font des preceptes fur fa conduite,
principalement pour l'inftruction de son peuple.
Il lui recommande l'églife de Forum Cornelit,
que l'on croit être Imola, qui étoit vacante &
proche de lui: afin qu'il la vifite fouvent, jufques
à ce qu'on y ordonne un évêque. Car, dit il,
les occupations du carême qui s'approche, ne me
d'aller fi loin. Il y en a une à un
permettent pas
autre nouvel évêque nommé Vigile, qui lui avoit
demandé des inftructions: il lui recommande en
particulier d'exhorter fon peuple à rendre justice
aux mercenaires, fuir l'ufure, & pratiquer l'--
hofpitalité: mais fur tout d'empêcher les maria-
ges avec les infidéles.

Plufieurs difciples de faint Ambroife gouvernerent faintement des églifes. On peut compter pour le premier faint Auguftin,puis fon amiAlypids&faint Paulin deNole mais entre ceux de fon clergé,on remarqueVenerius & Felix: quiavoient été les diacres, dont Venerius fut évêque de MiMartyr. R. lan, & Felix de Boulogne, tous deux comptés 4. Dec. 4. entre les Saints. Theodule,qui avoit été fecretaire de faint Ambroife, fut évêque de Modene. Saint Ambroife impofa les mains à faint Gaudence de Breffe, comme il a été dit,à faint Felix de Come, Ep.3.& 4. & à faint Honorat deVerceil. On void par fes letale 59. Go, tres l'estime qu'il faifoit de faint Felix,& l'étroite amitié qui étoit entre-eux.

Mai.
Paul.vita

22. 35.

XVIII.

L'ordination de faint Honorat fut une des der Lettre de nieres actions de la vie de faint Ambroife. A pres S. Ambrois la mort de Limenius évêque de Verceil, qui avoit te à l'egli affiftéau conciled' Aquilée, le fiege demeura longceil. tems vacant par ladivifion qui fe trouva dans cette

Le de Ver

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églife; & on s'en prenoit à faint Ambroife, qui étant metropolitain,fembloit y devoir mettre ordre.Cela l'obligea à leur écrire une grande lettre, "v.no, in qui commence ainfi Je fuis accable de douleur, ep.63, de ce que vôtre églife n'a point encore d'évêque ; 25. & qu'elle eft maintenant la feule qui en manque dans la Ligurie, l'Emilie, la Venetie, & les provinces voifines:elleà qui les autres églifes avoient accoûtumé d'en demander: & ce qui eft de plus honteux, on s'en prend à moi, bien que vôtre animofité foit le feul obftacle.Car tant qu'il y aura des divifions entre vous, que pouvons nous regler? quel choix pouvez-vous faire ? qui peut volant les efprits partagés accepter une charge, qu'à peine peut.on porter dans la plus grande union? font-ce là les inftruftions de ce faint Confeffeur? êtes-vous les enfans de ceux qui prefererent à leurs citoiens faint Eufebe, qu'ils ne connoifioient point auparavant?

Il s'étend enfuite à plufieurs reprifes, fur les n. 2. n. 68 louanges de faint Eufebe de Verceil. Il les exhor- 69. 70. 71% te à fe garder de deux moines apoftats, Sarma, ".7.8.9. tion & Barbatien, qui avoient vêcu quelque tems dans le monaftere de Milan: mais ne pouvant en fouffrir la regularité, les jeûnes, la clôture, le filence; & n'aiant pas profité des avis charitables de faint Ambroife, ils en fortirent, & ne furent pas reçûs depuis, quand ils voulurenty rentrer. Dequoi étant aigris; ils femerent une doctrine pernicieufe, affez conforme à celle de Jovinien: en difant que l'abstinen. ce & le jeûne, la virginité, ni la continence. ne fervoient de rien.SaintAmbroife les traite d'Epicuriens,& les refute amplement par les autorités. & les exemples de l'écriture. Enfuite il exhorte les n. 43. fidéles de Verceil à fuir la medifance, la maligni- 2.52. té, l'efprit de divifion, le defir de vengeance: à 83. fouffrir les uns des autres, à ne point s'élever à chaufe des richelles: à exercer l'hofpitalité, la cha

n. 86.

n. 105.

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