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An. 418. Dans le premier,il montre que Pelage ne reconnoiffoit la grace que de nom; & pour n'être pas fufpect d'entendre mal fes paroles,ou de les expliquer malicieufement, il rapporte les paffages les plus clairs de les écrits. Dans fon troifiéme livre De Grat. pour le libre arbitre, il difoit : Le pouvoir que Chr.c.4 nous avons de faire, dire ou penfer le bien, vient de celui qui nous a donné ce pouvoir, & qui l'aide mais l'action par laquelle nous faifons, ou di fons, ou penfons bien, vient de nous: parce que nous pouvons aufli tourner tout cela à mal. C'étoit lå le fonds de fon dogme: que l'homme ne tient de Dieu que le pouvoir de bien faire,& qu' 4.7. il tient de lui-même l'action & l'effet. Il nommoit donc grace cette puiffance naturelle de faire le bien, que nous avons reçûe de Dieu. Il eft vrai qu'il y ajoûtoit fon fecours : mais il le faifoit confifter dans la loi, dans l'instruction & la re velation, par laquelle il nous ouvre les yeux du cœur, nous montrant les chofes futures, afin que nous ne foions pas prevenus des prefentes: nous découvrant les artifices du demon, & nous éclai rant en plufieurs manieres .

Aug. de Gr. 6,22,

:

Pelage difoit encore,que la grace nous est donnée felon nos merites, quoiqu'il cût femblé condamner cette propofition dans le concile de Pale35. ftine car il parloit ainfi dans fa lettre à Deme triade,fur un paffage de faint Jacques : Il montre comment nous devons refifter au demon, fi nous fommes foumis à Dieu;& fi en faisant sa volonté, nous meritons fa grace, pour refifter plus facilement à l'efprit malin, par le fecours du faint Efprit. Et pour montrer que Pelage ne parloit pas feulement de l'accroiffement de grace qui peut être meritée,mais de la premiere grace; faint Au guftin rapporte un autre paffage,où il difoit; Cefui qui s'attache entierement a Dieu, ne le fait qu'en ufant de fon libre arbitre, par lequel il met fon cœur en la main de Dieu, afin qu'il le

tourne,

Fourne où il lui plaira.Ainfi Dieu ne nous aidoit, An. 418 felon lui, qu'après que de nous-mêmes fans aucun fecours, nous nous étions donnés à lui. Ee paffage de la lettre à Demetriade, contient une autre erreur: que le fecours de la grace n'eft pas pour faire le bren abfolument, mais plus facilement; & il le difoit encore dans fon premier lívre pour le libre arbitre.

Par tous ces paffages S. Auguftin montre, que Aug.c.190, Pelage n'avoit jamais condamné clairement l'er. reur qui lui étoit attribuée fur la grace: puifque tout ce qu'il en avoit dit, foit dans le concile de Palestine, foit dans fes écrits au pape Innocent, foit en préfence de Pinien; tout cela fe pouvoit entendre, felon fes principes, du pouvoir naturel de faire le bien: de la loi, de l'exemple,& des autres manieres de nous éclairer, ou de la remiffion des pechés: fans reconnoître la neceffité d'un fecours furnaturei,de la part de la volonté. Et parce que Pelage avoit donné de grandes louanges a Ambroife, dont il tiroit quelques paroles à fon avantage: Saint Auguftin en rapporte plufieurs c.43. 44+ paffages formels pour la neceffité de la grace.

LIV.

ginel.

Dans le fecond livre à Albine,Pinien & Mela. nie, faint Auguftin traite du peché originel. Il Livre du montre que Celestius s'étoit plus ouvertement peche orir declaré contre ce dogme, dans le concile de Car. thage de l'an 412. que Pelage dans le concile de Palestine:mais que Pelage s'en étoit affez expliqué dans le premier livre de fon ouvrage pour le libre arbitre, où il difoit: Le bien ou le mal qui nous Ap. Auge. rend louables où blamables, ne naît pas avec nous: de pecc.orig c'eft nous qui le faifons: nous naiffons capables de l'un & de l'autre:fans vice comme fans vertu : & avant l'action de la volonté propre, il n'y a dans l'homme que ce que Dieu a créé. Ce feul paflage faifoit voir la mauvaise foi avec laquelle il avoit anathematisé ceux qui tenoient que le peché d' Adam n'avoit nui qu'à lui feul, & que les enfans

139.

ka 13.

An. 418. naiffent au même état où il étoit avant fon peché. S.Auguftin montre enfuite que cette question n'est pas de celles où la foi n'est point intereffee, comme Pelage & Celeftius pretendoient. Mais qu'elle regarde le fondement du Chriftianisme, puifqu'il s'agit de fçavoir fi JESUS.CHRIST eft veritablement le mediateur de tous les hommes:

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en forte que perfonne n'ait jamais pû être fauvé fans la foi en fes merites, & la grace qu'il nous a 6, 26. meritée. Car Pelage diftinguoit trois états dans la fuite des fiecles; & difoit que les juftes avoient vécu d'a ord fous la nature,puis fous la loi,& enfin fous la grace. Comme fi les premiers s'étoient fauvés par la nature feule, les feconds par le feul fecours de la loi;& que la grace n'eût été neceflaire que depuis l'avenement de JESUS-CHRIST. Enfin faint Augustin refute cette objection des Pelagiens contre le peché originel: Qu'il s'enfuivroit que le mariage feroit mauvais:& que l'hom. me qui en eft le fruit ne feroit pas l'ouvrage de Dieu.Il montre que le mariage eft bon en foi, & que ce qu'il enferme de honteux, quoique legiti me, n'eft que l'effet de la concupifcence, qui est furvenue depuis le peché du premier homme. Mais il traita depuis plus à fond cette matiere. 67.in fin. Avec ces deux livres faint Augustin envoia à Pinien tous les actes de condamnation de Pelage & de Celestius en Afrique & à Rome.

LV. Saint Au

guftin à Cefaree de

Maurita1.ic.

Ep. 190.

inik.

Quelque tems après,faint Augustin fut obligé d'aller en Mauritanie, pour quelques affaires ecclefiaftiques dont le pape Zofime l'avoit chargé avec quelques autres evêques. Comme ils étoient à Cefarée, capitale de la province, aujourd'hui Tenez dans le roïaume d'Alger: ils apprirent qu' 11. Retract. Emerit évêque Donatifte de la ville, y venoit d arriver. C'étoit un des principaux du parti, qui Baudr. de avoit le plus parlé dans la conference, où il étoit Geft. cum un de leurs commiffaires. Les evêques CatholiSup. liv. ques allerent auffi-tôt le chercher; & l'aiant ren

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Emer.

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contré,

contré, ils fe falaërent reciproquement. Saint An.. 418% Auguftin lui dit: Il n'eft pas honnête que vousdemeuriez dans la rue venez à l'églife. Emerit y confentit fans peine : ce qui fit croire aux évêques catholiques qu'il ne refuferoit pas leur com. munion: mais ils furent trompés dans leur efpe- Serm. ad rance. Saint Augustin commença à parler au Cefar. to. 9. fur la p.617. peuple; & fit un fermon que nous avons, charité, la paix & l'unité de l'églife: où il réite Sup. xxxla re les offres faites par les Catholiques dans la confetence, de recevoir les évêques Donatiftes en qualité d'évêques; & il le promet de la part de: Deuterius évêque Catholique de Cefarée .

n. 29.

Deux jours après les évêques Catholiques prefferent encore Emerit d'entrer dans leur communion; & afin que la preuve en demeurât, on fit: drefler des actes de cette conference,qui commen- Geftacoms cent ainfi Sous le douzième confulat d'Honorius, Emer.to.. & le huitiéme de Theodote, le douziéme des ca- Poffid.visa lendes d'Octobre: c'est-à-dire le vingtiéme de 6. 14: Septembre 418. à Cefarée dans la grande églife.. Deuterius évêque metropolitain de Celarée,avec Alypius de Thagafte, Auguftin d'Hippone, Poffidius de Calame,Rustique de Cartenne, Pallade de Sigabite & les autres évêques étant venus dans une falle en prefence des prêtres, des diacres, de tout le clergé, & d'un très-grand peuple, en prefence auffi d'Emerit évêque du parti de Donat; Auguftin évêque de l'églife Catholique a dit:Mes. chers freres, vous qui avez toûjours été Catholiques,& vous qui êtes revenus de l'erreur des Do.. natiftes, ou qui doutez encore de la verité: écoutez-nous, nous qui cherchons vôtre falut, par une charité pure. Il racconte enfuite ce qui s'étoit paffé deux jours auparavant, & ajoûte:

Puifque Emerit eft prefent, il faut que fa prefence foit utile à l'églife, ou par la converfion comme nous fouhaitons, ou du moins pour le falut des autres. Je fçai ce qu'on vous a dit, je parle

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An. 418. à vous qui avez été du parti: on vous a dit que dans la conference nous avons acheté la fentence du commiffaire: qui étoit de nôtre communion, & qu'il n'avoit pas permis aux vôtres de dire tout ce qu'ils vouloient. Puis adreffant la parole à Emerit, il dit: Vous avez affifté à la conference; fi vous y avez perdu vôtre cause, pourquoi êtesvous venu ici? Si vous ne croiez pas l'avoir perdue, dites nous par où vous croïez la devoir gagner. Si vous croïez n'avoir été vaincu que par la puiflance,il n'y en a point ici : fi vous fentez que Vous avez été vaincu par la verité, pourquoi rejettez-vous encore l'unité? Emerit répondit:Les actes montrent fi j'ai perdu ou gagné, si j'ai été waincu par la verité ou opprimé par la puiffance. Saint Auguftin dit: Pourquoi donc êtes-vous ve. nu? Emerit répondit: Pour dire ce que vous me demandez. Saint Auguftin dit: Je demande pourquoi vous êtes venu: fi vous n'étiez pas venu, je ne le demanderois pas. Emerit dit au notaire qui ècrivoit en notes, & qui l'avertiffoit de répondre : Faites ; & ne parla plus...

29.

Saint Augustin après l'avoir encore invité à parler; & avoir attendu long-tems fans pouvoir en tirer une parole: s'adreffa au peuple, & fit remarquer fon filence. Il recommanda à l'évêque Deuterius de faire lire tous les ans dans l'église les actes de la conference tout au long pendant le Sup. liv. carême, come on faifoit à Carthage, à Thagaste, 40. à Conftantine, à Hippone, & dans toutes les

églifes les mieux reglées. Enfuite S. Alypius lûe la lettre que les évêques Catholiques avoient adreflée au tribun Marcellin, avant la conference: & S. Auguftin infifta principalement fur l'offre qu'ils avoient faite, de ceder leurs chaires aux évêques Donatiftes, en faveur de l'union. Puis il expliqua ce qui s'étoit paffè entre les Donatiftes, à l'occafion du fchifme de Maximien : interpellant Emerit de le démentir, s'il avan

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