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de tout âge: non feulement de Chrétiens, mais An. 397. de Juifs & de paiens: les nouveaux batifés bril loient fur tous les autres, & tenoient le premier rang. Le même jour qu'il mourut, il parut en ". 49. Orient, à quelques faints perfonnages, priant avec eux, & leur impofant les mains. On le connut quelque tems aprés à Milan, par une lettre dattée du jour de fa mort, qui lui étoit adreflée comme vivant: & qui fut reçue par Simplicien fon fucceffeur, & gardée foigneufement. Saint Ambroise apparut auffi à Florence,fuivant la pro- .. mefle qu il avoit faite à ceux qui le prioient de les vifiter fouvent. On le vit plufieurs fois prier devant l'autel de la bafilique Ambrofienne, qu'il y avoit bâtie. C'eft fur le témoignage de faint Zenon évêque de Florence, que Paulin rapporte ce fait dans la vie de faint Ambroife, qu'il écrivit quelques années aprés, à la priere de faint Augutin, fur ce qu'il avoit vû lui-même, ou appris de fainte Marcelline fœur du faint, & d'autres perfonnes dignes de foi.

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n. 56.

Saint Simplicien au commencement de fon é- XXII. pifcopat, reçut une lettre de faint Vigile évêque d'Anaue Marry's de Trente, contenant la relation du inartyre de trois ecclefiaftiques que les barbares des montagnes voisines avoient fait mourir: fçavoir Sifin. Ap.Ruir nius diacre, Martyrius lecteur & Alexandre acta Mart. fin. p. 63+. portier. Sifinnius étoit Grec, natif de Cappa-doce, de race noble, & déja vieux. Ce fut le pre- p. 69. mier qui prêcha l'évangile à ces barbares, & il bâtit chez eux une églife à fes dépens, tout pauvre qu'il étoit. Martyrius aiant quitté la milice du fiecle & la compagnie de fes parens, reçut le baptême, & enfuite l'ordre de lecteur; & fut le premier qui fit entendre à ces barbares le chant des louanges de Dieu. Il étoit continuellement appliqué aux œuvres fpirituelles, & jeûnoit affidûment: Alexandre étoit fon frere, tous trois avoient gardé le celibât. Le lieu où il Tome V.

C

prê

An. 397. prêchoit l'évangile, étoit nommé Anagnia ou Anaunia à vingt-cinq ftades, c'est-à-dire à une lieuë de la ville de Trente, dans les détroits des montagnes. Ils fouffrirent long-tems les infultes des barbares; enfin ils furent martyrifés à cette V. Baron. occafion. Les paiens faifoient à la fin du mois de

an. 400.

Mai des proceffions profanes autour de leurs ter-
res,pretendant les purifier, & attirer fur leurs fe-
mencesla benediction de leursdieux; ils portoient
des couronnes, chantoient des cantiques, & me-
noient en pompe les animaux qu'ils devoient im-
moler. Comme ils vouloient contraindre un des
nouveaux chrétiens à donner auffi des victimes,
Sifinnius l'empêcha, & fut blefle drangereuse-
ment.Le lendemain desle point du jour, les paiens
armés de bâtons, de cognées, & de femblables in-
ftrumens, vinrent tout d'un coup à l'églife,où ils
trouverent quelques clercs, qui chantoient les
prieres du matin: ils pillerent & fouillerent tout,
profanerent les faints myfteres, & abattirent l'é-
glife. Le diacre Sifinnius étoit au lit à caufe de fes
bleffures: ils le prefferent encore de confentir à
leurs facrifices, le frapperent fur la tête de la trom-
pette dont ils fonnoient en leur ceremonie pro-
fane,& l'acheverent à coups de cognées. Martyrius
fut trouvé auprés de lui, panfant fes plaies, & lui
donnant un verre d'eau pour le foulager, comme
il étoit prêt à rendre l'ame. Ilfe retira dans un
jardin attenant l'églife, & fut découvert par une
fille à qui étoit le jardin. Etant pris il fut ble flé
à la tête, & percé de bâtons pointus; & comme
on le menoit à l'idole, il expira. Les paiens cher-
cherent avec foin Alexandre, qui étoit fort con-
nu, comme gardant toûjours la porte de l'égli-
fe. Ils le prirent dans fa maifon, & l'attache-
rent entre les corps des deux autres martyrs. Ils
mirent une fonnette au cou de faint Sifinnius
comme on en attache aux bêtes, & difoient en lui
infultant:
:que Christ se vange maintenant. Ale-

xandre tout vivant étoit lié par les pieds, au mi- An.397 lieu de deux corps morts, & ils le traînerent ainfi par dos chemins raboteux, jusques au temple de Saturne où ilséleverent un grand bucher, du bois de l'églife abattue. Ils y brûlerent les deux corps en fa prefence, lui ordonnant de facrifier s'il vouloit éviter le feu: & comme il refufa constamment, ils le firent mourir. Un grand nombre de chrétiens étoient prefens au fpectacle; mais les paiens fe contenterent de leur faire des reproches. Ces trois faints fouffrirent le martyre le vendredi 29. de Mai, & par confequent l'an 397. où la lettre dominicale étoit D.

Aug. ep.

139. al. 158. ad

Marcel. ne

Les meurtriers des martyrs furent pris,& on en vouloit faire justice: mais les chrétiens demande. rent leur grace à l'empereur; qui l'accorda facilement, pour ne pas deshonorer leur martyre. 2. On apporta de leurs reliques à Milan, & ce fut apparemment pour les accompagner, que faint Vigile écrivit à faintSimplicien la lettre que nous avons. En même tems fe trouva à Milan un aveugle de la côte de Dalmatie, qui recouvra la veuë, en touchant le coffre où l'on portoit les reliques. Il raconta qu'il avoit vû la nuit aborder au rivage un vaiffeau, où étoient quantité d'hommes vêtus de blanc : que comme ils defcendoient à terre, il pria un de la troupe de lui apprendre qui ils étoient. On lui dit que c'étoit Ambroife & fa compagnie. Aiant oui ce nom, il pria le faint de lui farre recouvrer la veuë. Le faint lui dit: Vas à Milan au devant de mesfreres, qui doiventy arriver un tel jour, tu recouvreras la vûë. Quoi qu'il n'eût jamais été à Milan; il ne laifla pas d'y venir par le droit chemin. Saint Vigile de Trente écrivit auffi quelque tems aprés une lettre à faint Mai. Jean Chryfoitome, alors évêque de C. P. au fujet Ruin. p. de ces martyrs, pour accompagner les reliques que le comte Jacques emporta en Orient.Saint Vigile fouffrit lui.même le martyre par les mains de ces C 2

barba

Boll. 29.

686.

An. 397

Fortun. I.

barbares, qui l'accablerent de pierres le fixiéme Ufuardi des calendes de Juillet fous le confulat de Stili. martyr. con. On croit que c'eft fon premier confulat, & Carm.c. 2. par confequent l'an 400. le 26, Juin. Saint Gaudence deBreffe reçût auffi des reliques de ces martyrs d'Anaune, comme il témoigne dans un fermon prononcé à la fête desquarante martyrs.Il en compte jufques à dix, outre ces quarante, dont fon eglife avoit des reliques: fçavoir faint Jean Baptifte, faint André, faint Thomas, saint Luc, faint Gervais, faint Protais, faint Nazaire, faint Sifinnius, faint Martyrius & faint Alexandre, qu'il marque avoir été martyrifés depuis peu, au lieu nommé l'autel d'Agathin.

Hemil. 17.

XXIH.

Aug.ep.17.

Saint Simplicien étant évêque de Milan, écriTravaux vit à faint Augustin une lettre pleine d'amitié, de S. Au- où il marquoit qu'il avoit lû fes livres, l'encouraguftin. geoit à écrire, & lui propofoit diverfes questions de diverf.q. fur l'écriture. Saint Auguftin y fatisfit en deux ad Simpl. livres qu'il lui envoia, les foûmettant à la cenfure: car il le regardoit toûjours comme fon maître; & ce fut le premier ouvrage qu'il compofa 2. Retract. depuis fon épifcopat. Il écrivit vers ce même tems 1.2.c.2. le livre du combat Chrétien d'un ftile fimple Pod. vit. pour ceux qui ne fçavoient pas fi finement le la

ta. 6.

C. g.

tin. Ily parle de la maniere de combattre le demon, en combattant nos paffions, & y refute les Manichéens. Ce qu'il fit encore plus ouvertement dans le livre contre l'épitie de Manés, qu'ils appelloient l'épitre du fondement, & qui contenoit tout l'effentiel de leur doctrine. Il n'en refuta Contr. ep. Fundam. que le commencement dont il rapporte le texte ; & fait feulement des notes fur le texte, pour 5. 4. futer plus amplement, quand il en auroit le loifir. Ily marque les motifs qui le retenoient dans l'églife Catholique: le confentement des peuples, l'autorité commencée par la foi des miracles, nourrie par l'efperance, augmentée par la charité,affermie par l'antiquité: la fucceffion dans

la re

le fiege de faint Pierre: le nom de Catholique An. 397. tellement établi, que fi un étranger demande où eft l'églife Catholique, aucun heretique n'ose lui montrer ni fon églife ni fa maison.

Saint Auguftin aiant une grande autorité com. me évêque, s'appliquoit avec plus de ferveur à prêcher, non feulement dans fon eglife, mais par tout où on le prioit d'aller. Les Donatiftes entre les autres, étoient foigneux de rapporter à leurs évêques fes difcours; & à lui leurs réponses, aufquelles il repliquoit avec douceur & patience: travaillant jour & nuit à les de fabufer. Il écrivit même des lettres à quelques-uns de ces évêques, ou à des laïques diftingués: leur rendant raifon de fa foi, & les exhortant à fe defabufer, ou du moins à entrer en conference avec lui. Eux se defians de leur cause ne vouloient pas même lui répondre mais ils difoient contre lui ce que leur fureur leur fuggeroit : ils crioient en particulier & en public que c'étoit un impofteur & un loup qu'il falloit tuer, & que tous les pechés feroient remis à ceux qui en delivreroient leur troupeau.

Proculeien évêque Donatiste d'Hippone, s'é- Aug.er. 3 30 tant un jour trouvé dans une maifon avec Evode al.147. 8.2. ami de faint Augustin, dit, qu'il vouloit bien conferer auec lui en prefence de dix perfonnes de probité de chaque parti. Evode le rapporta avec jole à faint Augustin, qui ne s'en rejouit pas moins, & écrivit à Proculeien une lettre plei. ne de douceur & de charité, où il le prioit de n. 4. tenir fa parole, & d'entrer en conference: lui donnant le choix des témoins, mais demandant que la conference fût écrite. Il lui offrit auffi de conferer feul à feul, ou par lettre, que l'on liroit enfuite au peuple. Enfin, dit-il, j'e mbraffe volontiers ce que vous ordonnerez, & je vous réponds du venerable Valero qui eft maintenant abfent. Proculeien n'accepta point la conference; prétendant que faint Augustin deC 3

voit

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