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Connoiffance de

ne à un païs,

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d'excellent: mais fi l'on fait attention à la fobrietě naturelle de cette nation fage, & à l'horreur qu'elle a toûjours marqué pour l'yvrognerie, on jugera bien qu'elle penfoit fur ce point autrement que les villes de Grece, & qu'elle ne fe glorifioit pas comme elles de l'abondance d'une liqueur dont l'excès pouvoit être à fes peuples une occafion continuelle de perdre quelque chofe de leur gravité & de leur raison. Après la connoiffance de l'hiftoire naturelle d'un la langue ancier - païs, celle de fa langue ancienne eft la plus necefcefaire pour l'é- faire, parce qu'elle eft comme la clef qui fait penede de fon bif- trer dans les myfteres de fa religion, & de fa politoire,& fur quels tique; les Livres de la nation & les Inscriptions, font les monumens fur lefquels cette connoiffance peut s'acquerir: mais comme les premiers manquent en Espagne, & que les fecondes y font affez rares, il n'y a que ce qui refte de leurs monnoyes fur lefquelles il y a des legendes, à quoy l'on puiffe avoir recours, fuppofé que la quantité qu'on en découvre tous les jours dans le païs, fuffife pour perfuader qu'elles en font originaires.

monumens on

peut l'acquerir.

Les car deres

pretendus inconnus fur ces monnoyes, font ceux

de l'ancienne lun gue d'Espagne.

Si outre cette raifon de le croire, on ne trouvoit pas fuffifante la preuve que j'en ai établie fur l'indication que les Romains nous ont donnée des fymbo les que ces monnoyes reprefentent, & fur l'uniformité de ces fymboles également marquez fur celles qu'on ne doute point qui ne foient Espagnoles comme fur celles qu'on a jufques icy prifes pour Puniques; je m'imagine qu'en obfervant que les caracteres qui les ont fait juger telles, fe trouvent fur des revers dont les faces oppofées ont pour legendes, en caracteres Latins, des noms connus de Villes de

cette Province (I), on n'hesitera point de les reconnoître pour Efpagnoles.

و

Mais la certitude qu'elles le font, augmente, lorfque venant à un examen particulier de ces caracteres, réduits dans une table que j'ay formée de tous ceux que j'ay pû tirer de toutes les monnoyes an- Ces caracteres ne font ni Phenitiques de ce genre, dont j'ay fait une recherche exac- ciens, ni Punite. (2) Lors, dis-je, que les comparant avec les ca- ques, racteres Pheniciens, Puniques, Samaritains, Numi- ritains,ni Manres, ni Arabes. des & Arabes, gravez fur les monnoyes antiques de ces peuples, on fe convainquera qu'ils font très-differens (3).

Les monnoyes de Tyr & de Sidon publiées par M. Vaillant dans fon Hiftoire des Rois de Syrie, fur lefquelles, outre les legendes Grecques ΤΥΡΥΩΝ & ΣΙΔΩNION on voit des caracteres propres à ces Villes, & par confequent Pheniciens (4). Gelles de Carthage, qui fous les figures du palmier, & de la tête de cheval qui defigna le lieu de fa fondation, portent des lettres qu'on peut d'autant plus fûrement qualifier de Puniques, qu'elles fe trouvent aussi avec les mêmes fymboles fur les monnoyes que les Carthaginois ont fait battre en Sicile pendant qu'ils en étoient les maîtres (5); celle du Roy Juba fur le revers de laquelle on en voit ou de Mauritanie ou de Numidie (6), celles des Macabées dont tous les caracteres connus font Samaritains (7), & celles des Califs qui n'en ont que d'Arabes ( 8 ), font

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Hiftor. Reg.Syria,pag. 197. & 308.

(5) Planche 6. monn. 4. 5. & 6. (6) Planche 6. mon. 8.

(7) Planche 6. mon. 7.

(8) Planche 6. mon. 13. & 14.

ni Sama

Refutation du

Gotiques.

toutes les pieces les plus authentiques que l'on connoiffe fur lesquelles cette comparaison puiffe fe faire.

A l'égard du fentiment d'Olaus Wormius (1),pour fentiment de ceux lequel Mr Spanheim femble fe declarer (2), qui est qui jugent que ces racteres font que fe trouvant parmi les caracteres de ces monnoyes, queje qualifie Efpagnoles,des lettres tout-à-fait femblables à celles qui font dans les Alphabets Runiques & Gotiques publiez par Ulfila, & par Edouard Bernard, il faut conclure qu'elles ont été frappées en Espagne par les Gots; ce fentiment, dis-je, ne me paroît pas plus fondé que les autres, non-feulement par les raifons que toutes celles de ces pieces qui font d'argent, étant de même aloi, de même poids, de même fabrique, & avec des têtes, & des caracteres femblables à celles de deux deniers Confulaires, l'un de la famille Domitia (3), & l'autre de l'Afrania (4) elles indiquent un tems anterieur à la venue des Gots en Espagne: mais encore parce que la fabrique de leurs efpeces, ou du moins de celles qu'on fuppofe qu'ils ont frapées dans les autres païs eft tout-à-fait differente, & par le volume, & par le goût du deffein, & de la graveure qui eft beaucoup plus groffier.

Comment d'ailleurs accorder avec cette opinion la quantité de ces pieces qui fe trouvent en cuivre dans le païs, en plus grande abondance, que d'aucune autre forte, chargées de figures, que les Colonies Romaines établies en Espagne, ont employées

(1) Litteratur. Runic, cap. 10.
(2) De proftantiâ & ufù Numif-

mat, pag. 113. & 1 14,

(3) Planche 7. med. 8.
(4) Planche 2. med. 4.

fur leurs propres monnoyes fous les trois premiers Empereurs? Dira-t'on que dans le petit espace de tems que les Gots auroient commencé à s'introduire dans cette Province, ils y auroient plus laiffés de leurs monumens que les autres nations pendant des cinq à fix fiecles entiers? je dis dans un petit espace de tems, parce que leur Monarchie n'y a pas plutôt eû pris une forme, que ces Rois y ont fait battre des Monnoyes en or, & en argent, avec leurs portraits & leurs noms en caracteres Latins, d'un volume & d'un goût bien differens de celles dont il s'agit (I); auroient-ils eû dans un même état deux fortes d'efpeces avec des differences fi notables? ou auroient-ils en fi peu de tems changé totalement leurs caracteres?

Vfage d'une table des caracte

res de l'ancienne langue Espagno

Je crois que quand parmi ces caracteres raffemblez dans cette table, on en trouveroit quelquesuns qui par une reffemblance de configuration, paroîtroient avoir de l'analogie avec des Samaritains, les des Pheniciens, des Grecs, des Puniques & même des Gots, on ne doit pas moins les regarder comme les plus anciennes lettres de l'écriture des Espagnols, qui quand même elles tireroient leur origine de quelques-uns de ces peuples, auroient par un long efpace de tems effuyé de fi grands changemens, qu'elles feroient devenues les caracteres d'une langue nouvelle abfolument perduë.

Ces variations dans la formation des caracteres des langues, fe juftifient par l'exemple de ceux qui fe voyent fur les monnoyes de Cadiz (2), qui

(1) Voyez les planches 11. 12. (2) Planche 6. monn.9.10. 11. 12. & 13. Planche 7. mon. 4.

Caracteres des quoique Tyriens d'origine (puifque l'Hercule de ces monnoyes de Ca- Peuples duquel prefque toutes réprefentent la tête diz, differens des au revers de deux poiffons, a été le Fondateur de cette Ville) ne laiffent pas de paroître differens de ceux de Tyr marquez fur fes monnoyes qui avoient cours en Syrie du tems d'Antiochus quatriéme (I).

anciens de Tyr, & d'Espagne.

Et à l'occafion de celles de Cadiz, je ne puis difconvenir que les caracteres qu'on y observe étant differens de ceux des autres monnoyes d'Espagne, on ne doive faire dans notre fyftême une exception pour cette Ville, qui par fon assiete ifolée dans la mer, & par l'antiquité de fon commerce avec les peuples dont elle étoit Colonie, a pendant très longtems plus paffé pour Phenicienne que pour Efpagnole.

On ne peut gueres inferer des lettres Grecques groffierement formées qui fe voyent fur une feule monnoye d'argent, du poids & du volume des Confulaires, attribuée par Fulvius Urfinus à la famille Afrania (2), finon qu'elle peut avoir été battue du tems d'Afranius l'un des Lieutenans Generaux de Pompée dans les villes qu'occupoient en Espagne les Colonies Phocéenes & Ampuriennes : C'est ainfi qu'une autre Colonie de ces premiers peuples établie à Marseille, quoyque ville enfermée dans les limites des Gaules, n'a pas laiffé de retenir la langue de fes Fondateurs fur fes monnoyes qui font affez répandues en France avec la legende ΜΑΖΖΑΛΙΗΤΩΝ.

Et fi parmi celles d'Efpagne, il s'en trouve qui ayent des legendes latines au revers de legendes

(1) Planche 6. med. 1.

(2) Planche 2. mon. 4.

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