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écrites en ces anciens caracteres (1), elles ne feront pas foupçonner que les Romains fe foient foumis à adopter en quelques monumens la langue Punique mais cette alliance de leur langue avec l'Efpagnole fur une même piece, ne fera qu'une preuve de leur politique, qui leur faifoit laiffer à des peuples dont ils n'étoient pas encore bien les maîtres, des apparences d'une ancienne liberté dans la fabrication de leurs monnoyes.

Ces deux exemples fervent de réponses aux confequences que l'on a fouvent tirées des découvertes

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noyes trouvées en

faites en Espagne de quelques monnoyes Pheni- Raifon de la diciennes & Puniques, contre l'opinion que je viens verfité des land'établir, que leurs propres monnoyes étoient dif- gues fur des monferentes de celles de ces peuples, parce que les Espagne. commerçans des villes de Phenicie qui negocioient en Espagne, pouvoient y en avoir répanduës des leurs ; & qu'il n'y auroit pas d'inconvenient d'avouer que les Conquerans Carthaginois qui s'étoient étendus le plus qu'ils avoient pû fur la côte oppofée à leur Capitale, & qui y avoient même construit des Villes, n'euffent affecté de faire parler leur langue dans les places qu'ils y occupoient, & d'y marquer leur droit de Souveraineté par la fabrication de quelques monnoyes à leurs coins, & avec leurs caracteres, comme ils l'ont pratiqué en Sicile tandis qu'ils l'ont occupée ( 2 ).

C'eft le vrai fens dans lequel on doit prendre ce que dit Strabon de la diverfité des langues qui fe

(1) Planche 2. mon. 7.

Planche 7. mon. 7.

(2) Voyez Goltzius dans les

medailles de la grande Grece, & de
la Sicile.

Introduction & parloient en Espagne (1), fans qu'on puiffe confort de la langue clure qu'ils n'en ayent pas eûe une propre, ce qui Latine en Efpa ne pourroit s'accorder avec la verité de quelques

gne.

actions rapportées par Tite-Live, dont il n'attribue le fuccès qu'à la connoiffance qu'Afdrubal General Carthaginois, avoit de la langue des Celtiberiens(2).

Il n'eft pas difficile de juger comment, par l'établissement de tant de peuples differens dans un païs, & par la continuité de la guerre que les Romains y ont portée pendant les deux derniers fiecles de la Republique, pour y affermir leur domination, & par le nombre des Colonies qu'ils y ont amenées, & par les foins que prit Sertorius d'y fonder des Colleges dans lefquels la langue Latine s'enfeignoit publiquement & gratuitement (3), Comment, dis-je, l'Espagnole s'y eft infenfiblement éteinte au point, que Strabon affure que les Turditains qui occupoient le païs arrofé par le Guadalqui vir (ce font les Andaloufiens) avoient ențierement oublié leur langue naturelle (4).

La Latine qui pendant plus de cinq fiecles y a fleuri, comme on peut en juger, par les Ouvrages Origine de la de Seneque, de Lucain, de Silius Italicus, de Marlangue Espagnole tial, de Quintilien, & de tant d'autres Scavans en

moderne,

tout genre, que cette Province a produits, y a fubi le fort de la decadence de l'Empire Romain; les Gots devenus comme naturels dans le païs par le féjour de 343 années que leur regne y a duré, y ont apporté la premiere alteration, & les Maures pendant une ufurpation de 780 ans, ont achevé de l'y cor

(1) Geogr. l. 3.
(2) T.Liv. 1. 27,

(3) Plutarch, in Sertorie.
(4) Rerum Geographic. l. 3:

rompre

rompre tout-à-fait, enforte que fur les ruines de la langue Latine, & du mélange du Gotique, & de l'Arabe, il s'y eft formé une langue nouvelle qui eft celle qui s'y parle actuellement, dans laquelle on ne laiffe pas de remarquer encore plufieurs mots, & des terminaisons (1) qui n'étant point ordinaires à ces trois langues, ne peuvent fe rapporter qu'à cette ancienne dont nous avons les caracteres fans les connoître (2).

Preuve de la religion des anciens Espagnols fur leurs pas monnoyes.

Quelques muettes que paroiffent être à notre égard ces monnoyes, en comparaifon des Romaines dont les légendes intelligibles n'inftruisent moins que les figures fur le fait des mœurs de cette Nation; c'eft un point fur lequel on ne laiffe pas d'y trouver à apprendre, à la vûe des chofes que representent ces pieces prétendues inconnues.

Voici ce qui y concerne leur Religion. Un foudre gravé fur quelques unes (3), un Trident & des Dauphins fur quelques autres (4), fur certaines un Caducée (5), une tête de femme couverte d'un cafque, fur celles des Ampuries (6), & fur plufieurs un Cavalier avec fa lance, un bonnet de Cabire, & l'Etoille (7) font des fymboles aufquels on reconnoît aifément Jupiter, Neptune, Mercure, Pallas, & Caftor, divinitez dont la connoiffance ne pouvoit leur être venue que des Grecs.

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Antiquité du culte de Diane en Espagne.

Culte d'Hercule un des plus an

gne.

Deux cens ans avant la ruine de Troye, une Colonie de l'Ifle de Zante qui étoit venue jetter les fondemens de Sagunte, y avoit appris à reverer Diane, en lui érigeant fous les murs de cette Ville un temple celebre, qu'Annibal conferva par respect pour la Déeffe; Pline fait mention de folives de bois de geniévre qu'on voyoit encore de fon tems, comme des restes rares de cet ancien temple (1), & il y a tout lieu de croire que c'est à cette Colonie qu'on doit attribuer les commencemens & la propagation de ce culte en Espagne ; il paroît qu'il y étoit generalement répandu, ce qu'on peut obferver par la quantité de ces monnoyes fur lesquelles on voit des croiffans ( 2 ), par la figure du faon de biche gravé au revers de la tête de cette Déeffe fur une de ces pieces d'argent decouverte à Evora en Portugal (3); par le témoignage de Plutarque au fujet de la communication que Sertorius faifoit accroire aux Lufitaniens qu'il avoit avec elle par l'organe de la biche blanche qu'il feignoit qu'elle lui avoit donnée (4); & par le rapport de Strabon qui dit qu'elle étoit adorée à Rofe & aux Ampuries (5).

Pour ce qui eft du culte d'Hercule, il étoit un des plus anciens du païs, toute la côte du detroit étoit ciens en Espa- confacrée à ce Heros par la memoire qu'il y avoit laiffée d'un nombre de fes travaux, parmi lesquels la défaite de Geryon n'étoit pas un des moindres, & dans la fuppofition que les colomnes qu'on dit qu'il

(1) Plin. lib. 16. cap. 40.
(2) Laftanofa, pag. 36.mon. 37.
(3) Severim faria notities de Por-
tugal difcurfo 4. pag. 151..

(4) Dans la vie de Sertorius.
(5) Geograph. lib. 3. pag. 241.

Nov. edit.

avoit placées pour marquer les bornes qu'il prefcrivoit à fes conquêtes avoient de la realité, & qu'elles avoient été détruites par le laps du tems; plufieurs endroits de cette côte fe difputoient dans le fiecle de Strabon (1) l'honneur de leur avoir fervi de fondement. La verité eft néanmoins que la ville de Cadiz est le premier lieu où on lui ait élevé un temple (2), une infinité d'infcriptions en font foy: mais les monumens les plus certains qui nous en restent font un nombre prodigieux de ces monnoyes fur un côté defquelles fa tête eft representée quelquefois nuë (3), fouvent couverte de la dépouille du lyon de Nemée, prefque toûjours accompagnée de fa mafsue (4), qui fe voit même quelquefois feule fur certaines de ces pieces chargées de portraits d'autres Princes qui fe glorifioient d'être fous la protection de ce Dieu. Augufte, Agrippa & Hadrien ont éternifé ce fait par les legendes HERCULI CONDITORI, CONSERVATORI GADIUM, HERCULI GADITANO, que portent des revers de quelques-unes de leurs monnoyes, & le dernier deces Princes fe tenoit honoré d'être originaire d'une Colonie celebre par les exploits d'un fi illuftre Fondateur.

A mesure que les Romains gagnoient du terrain Introduction du en Efpagne, & qu'ils s'y fortifioient par differens culte des Dieux établissemens, ils y introduifoient infenfiblement le des Romains en culte de leurs Dieux, non feulement du premier, Efpagne. mais encore du fecond ordre. La tête de Cybele couronnée de tours ne se voit fur une monnoye de

(1) Idem ibidem.

(2) Plin. lib. 2. cap. 47.
(3) Planche 5. mon. 6,

(4) Planche 6. mon. 9.

Planche 7. mon. 4.

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