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grand nombre parmi eux à qui l'on a jusques ici disputé l'honneur d'être Espagnols, qui femblent n'avoir attendu pour se faire rendre leur état certain, que l'occafion du Regne le plus fignalé qui fe foit encore vû dans la Monarchie. Il est vrai qu'il manque à ceux-là, on la parole, ou l'usage d'une langue intelligible pour expliquer leur droit: mais ils portent en revanche des marques de nobleffe,& de valeur tellement propres à la Nation dont ils fe pretendent originaires, que VOTRE MAJESTE les reconnoîtra facilement à ces caracteres si beureusement éprouvez, dans les cœurs de cette Nation, depuis qu'elle la gouverne avec tant de fagesses j'ay lavantage en fervant d'interprete à fes Monnoyes, de voir réunies en la perfonne Augufte de VOTRE MAJESTE, les vertus morales les plus éclatantes des Capitaines des Empereurs payens dont ces Monumens nous ont confervé les portraits, & d'admirer en elle des traits heroiques de pieté qui n'ont point d'exemples parmi les Rois Chrétiens, qui l'ont precedée fur le Trône d'Espagne ; heureux fi dans ma fonction, je puis être parvenu à lui marquer la veneration, le zele, Ge profond respect avec lesquels jay l'honneur d'être,

SIRE,

DE VOTRE MAJESTE

Le très-humble & le trèsobéiffant ferviteur. MAHUDEL,

V.L.S

DISSERTATION

HISTORIQUE

SUR LES MONNOYES ANTIQUES

D'ESPAGNE.

A connoiffance des Monnoyes d'un païs fait une partie de l'Histoire politique de la nation qui l'habite; elles font, pour la preuve de quantité de faits, des titres d'autant plus certains, qu'ils font reconnus de tous les peuples, qu'ils font multipliez & plus propres à fe conferver que ceux dont le papier , le parchemin, & le marbre même font ordinairement depofitaires.

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On les divise en antiques, en anciennes, & en Differences des modernes; les premieres font celles qui ont été fa- monnoyes; briquées depuis le tems qu'on a commencé à user fabrication. de monnoye, jufques au fiecle de la décadence de l'Empire Romain; on appelle anciennes celles qui

A

recherche des

monnoyes par ra

ont été battues depuis cette decadence, jufqu'au fiecle qui precede celui où nous vivons ; & les modernes font celles qui ont actuellement cours, ou que les habitans les plus anciens d'un païs peuvent y avoir vûës en ufage.

On a donné le nom de Medailles aux antiques, par excellence fur les autres, à caufe de la varieté des fujets hiftoriques qu'elles representent, & du relief de leur gravure, circonftances qui font aujourd'huy le caractere distinctif entre les vrayes medailles modernes & les monnoyes courantes.

C'est à la faveur des pieces de cette premiere claffe, dont les gens de Lettres fe font étudiés à faire des recueils depuis environ deux fiecles, qu'on a Utilité de la porté le flambeau dans les tems les plus obfcurs de l'antiquité; c'est depuis qu'il a été permis de conport à l'histoire. fulter ces titres qu'on a vû l'histoire Grecque, & la Romaine éclairées par une infinité de traitez particuliers fur ce qu'il y avoit de plus incertain concernant l'origine, la langue, les mœurs, la Theologie, le gouvernement civil & militaire, & la chronologie de ces deux nations; & c'est à la vûe de ces progrès que les Hiftoriographes recents des autres Monarchies piquez d'une noble émulation, ont recherché dans de pareilles fources de quoy en

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richir leurs hiftoires.

La nation Espagnole eft, après ces deux anciennes celle des monnoyes de laquelle on peut former des fuites plus nombreufes; elle a fur la Françoise l'avantage de compter dans fon histoire plus de ces pieces qu'on puiffe feurement lui attribuer, battues fous les noms de fes villes du tems de la

Republique Romaine . & dans les commencemens de l'Empire, independamment de celles que nous connoiffons être du même païs, par leur fabrique, fans pouvoir les dechiffrer, à caufe de l'ignorance dans laquelle nous fommes de leurs caracteres.

C'est ce qui a fait long-tems douter fi celles de cette nature n'étoient point plutôt Pheniciennes ou Carthaginoifes, vû la probabilité qu'il y a que les monnoyes de ces peuples qui ont joué fur le Theatre du monde un si grand rôle, ne devant pas être moins communes que celles des Rois & des villes de la Grece, pourroient se trouver en aussi grand nombre, principalement dans les lieux que ces peuples ont le plus frequenté, comme font les côtes d'Espagne, une partie de l'Italie & la Sicile.

Moyen de dif

cerner les mon

Mais plus les recueils qu'on a faits depuis quelque tems de ces prétendues inconnuës, en ont multiplié le nombre, plus la queftion est devenuë aisée à decider par le difcernement qui peut aujourd'hui fe mieux faire qu'auparavant des unes & des autres, & par la comparaifon des fymboles & des caracte- yes antiques d'Espagne, d'ares propres à l'Espagne, marquez par les Romains vec celles des aufur leurs monnoyes avec les mêmes figures que l'on tres païs. voit fur celles de ces pieces, qui ont paffé jufques à prefent pour douteufes, & qui doivent par là

ceffer de l'être.

Antoine-Augustin Archevêque de Tarragone, le plus fcavant Antiquaire de fa nation, & peut être de fon fiecle, est le premier qui dans les 6,7, & 8e de fes Dialogues, fur les antiquitez Romaines & Efpagnoles, ait parlé de ces monnoyes, ce qu'il a fait avec autant d'érudition, que de candeur à in

Auteurs qui ont écrit des monnoy's d'Espagne.

diquer ce qu'il croyoit n'être que conjectural.

Zurita dans fes notes fur l'Itineraire d'Antonin, Ambroise de Morales dans fa Chronique d'Espagne, Severin de Faria dans fa notice de Portugal, & les hiftoriographes particuliers de Seville, de Cadiz, de Valence, de Segovie, d'Huefca, & d'autres Villes de ce Roïaume, n'ont pas manqué pour les annoblir de citer celles de ces monnoyes qu'ils ont crû avoir raport à leur fondation.

Mais il n'y a perfonne à qui nous ayons l'obligation d'en avoir publié un plus grand nombre qu'à Vincent de Laftanofa, dans un recueil imprimé à Huefca fa patrie en 1645, in-4°. augmenté par François Ximenés de Vrrea, fous le titre de Museo de las Medallas defconocidas Espagnolas; on ne peut que lui fçavoir gré du foin qu'il a pris d'en afsurer la verité par l'indication du lieu de la découverte de chacune, & par les éloges de la probité des curieux de fa nation, entre les mains defquels il dit les avoir vûës; il ne manque à fon ouvrage pour le rendre plus intereffant, que des explications des pieces qu'il met fous les yeux, ce qui eft un travail qu'il a laiffé à faire à ceux qui viendroient après lui.

Cette differta Pour moi qui fuis perfuadé qu'on ne peut y réüftion ne doit être fir fans avoir auparavant verifié tout ce que les col regardée que lections d'une infinité de particuliers de divers païs comme un effay fur cette matiere. Contiennent en ce genre: Je me contente fur un choix de quelques-unes de ces monnoyes que j'ai fait graver d'après celles dont M. de Boze m'a fait

l'honneur de me donner la communication au Cabinet du Roy, d'après les miennes propres, & d'après celles qui font répandues dans les ouvrages d'auteurs

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