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ва.

appelle, Argentum ofcense ( 1 ), & ailleurs, fignati ofcenfis numum (2).

Explication des Ces raifons & ces authoritez peuvent bien faire paffages de Tit- comprendre qu'il y avoit à Ofca, un Hôtel des Monlive, au fujet de l'argent d'Hue- noyes plus celebre par la fabrique de celles d'argent, qu'en tout autre lieu d'Espagne ; & que de deux villes du même nom, dont l'une qui eft aujourd'huy du Royaume de Grenade, y eft appellée Huefcar, & l'autre dans l'Arragon où elle fe nomme Huefca; que de ces deux Villes, dis-je, cette derniere a été celle où cette quantité d'argent avoit été monnoyée ; ce qui eft d'autant plus probable qu'elle étoit du canton des Illergetes (3), Limitrophe, & fur la route des peuples que les Romains venoient de fubjuguer, & qu'il falloit qu'elle fut confiderable, puifque Sertorius l'avoit choifie depuis, pour le lieu de fa refidence, & y avoit établi fon Senat & une Academie (4)

Mais on ne peut de tout cela tirer la confequence, que le privilege qu'elleavoit de battre des monnoyes en argent ait été exclufif pour toutes les autres villes d'Espagne, L'idée naturelle qui naît au

(1) Lib. 34.en parlant du Triomphe d'Helvius: Argenti infecti tulit in ararium quatuor-decem millia pondo; feptuaginta triginta-duo;& fignati bigatorum feptem decem millia :

OSCENSIS ARGENTI centum viginti millia quadringenta-triginta-olto,

(2) Tit-Liv. eod. lib. en parlant du Triomphe de M.Porcius Caton; tulit in eo triumpho argenti infecti xxv. milli pondo BIGATI centum viginti tria millia, OSCENSIS

quingenta quadraginta auri pondo mille quadraginta.

Idem lib. 40. en parlant de Fulvius Flaccus. Tulit coronas aures centum viginti quatuor, preterea auri pondo triginta-unum, & S IGNATI OSCENSIS NUMUM centum feptuaginte-tria millia duCentos. NUMUM pour nummum. (3) Ptolomée.

Plin. lib. 3.

(4) Plutarch, in vita Sertorii,

contraire

contraire de ces paffages de T. Live, eft que du tems des conquêtes dont il parle, deux fortes de monnoyes avoient cours en ce pays là, l'une avec l'empreinte des Biges, ordinaire pour lors aux Romains, de la fabrication de laquelle le lieu n'est point designé, & l'autre frappée à Huefca, dont on ne qualifie pas l'empreinte; mais qui probablement étoit celle de ces Cavaliers qui fait le Type de toutes les monnoyes antiques d'argent de cette nation, qui ont des legendes en caracteres femblables à ceux de la Table que j'ay donnée (1); autrement cet Historien n'auroit pas eu befoin de mettre de distinction entre les Biges & la monnoye d'Huefca,(fi comme l'a entendu Jean-François Andres) (2), elles avoient la même empreinte; parce qu'à moins que les unes n'euffent eû un titre plus fin que les autres, ou un Type different, il importoit peu qu'elles euffent été confondues dans le denombrement du butin.

Comme on ne connoiffoit point d'époques fur ces pieces, on n'a que l'antiquité de l'ufage des caracteres qu'elles portent à alleguer pour decider qu'on en a fabriqué en Espagne avec ces empreintes de Cavaliers, avant que les Romains y fuffent entrés, & rien ne paroît oppofé à ce fentiment, que l'égalité de poids entre elles & les Biges confulaires, à laquelle les Romains auroient pû obliger les monnoyeurs Espagnols de fe foumettre pour la commodité du commerce, leur laiffant d'ailleurs la liberté de fe fervir encore de leurs caracteres pen

(1) Planche 4.

(2) Difcurfo 2. de las medallas

deconocidas. pag. 203. de Laftanofa.

F

Temps de la fabrication des monnoyes Espa gnoles.

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dant un tems qui n'auroit duré que jusqu'à Auguste, Cecy me conduit à parler des portraits gravez fur ces monnoyes, fujet prefque auffi obfcur que celui de la defignation de leurs caracteres : ce qu'on peut néanmoins y remarquer de certain, eft que ces têtes font ou de Deitez, ou de Princes & de Rois, ou de Heros & de Gouverneurs Generaux & Particuliers de cette Province.

J'ay déja fait diftinguer les têtes de Cybele (1), de Mercure (2), de Diane (3), de Pallas (4) & d'Hercule jeune & vieux (5), qui forment la premiere de ces claffes.

Celles des Rois fe font connoître par cette bande qui ceint leurs cheveux, marque ancienne & la plus generale de la Royauté chez les Afiatiques, les Afriquains & les Européens (6): Mais quels feront ces Rois dans un pays qui étoit divisé en tant de cantons differens, qui chacun étoit plutôt une petite Republique qu'un Royaume? où l'authorité se bornoit en tems de paix à plus ou moins de credit que l'esprit & les richeffes pouvoient procurer à un Citoyen parmi les compatriotes, & en tems de guerre au commandement des troupes qui finiffoit avec la guerre?

Ces Rois ne peuvent donc être qu'étrangers à l'Espagne,& du nombre de ceux qui y ont fervi quelque tems comme alliez des Romains, tels que Ma

(1) Planche 7. mon. 2.

(2) Laftanosa dans la planche 41. monn. 118. & 119.

3) Severim faria noticies de Porsugal difcurfo 4. pag. 151.

(4) Planche 7. mon. 12.
(5) Planche 5. mon. 6.
Planche 6. mon. 9.
Planche 7. mon. 4.

(6) Planche 5. mon. 14

finissa (1), qui étoit devenu ami de Scipion, & Bocchus (2) que Longin avoit appellé à fon fecours. Et c'est beaucoup fi l'on veut admettre dans ce nombre Indibilis, fur ce que Tite-Live dit d'avantageux de lui par rapport à fa naiffance & au credit qu'il avoit chez les Celtiberiens, & les Sueffetains [3], & par la confideration qu'eût pour lui Scipion l'Afriquain [4].

Entre les portraits de la troifiéme classe, les uns ont les cheveux crefpus, la barbe fort toufuë [5], & des colliers au col [6], toutes marques convenables aux Efpagnols; la premiere observée par Martial dans ce vers [7].

Hifpanis ego contumax Capillis.

Et la feconde par Catulle dans celui qu'il adreffe à un Celtiberien dont il fe raille [8].

Opaca quem bonum faciat barba.

S'il eft vrai d'ailleurs que les colliers n'ont alors été en usage ni parmi les Generaux, ni chez les Empereurs Romains pour l'ornement de leurs perfonnes: mais qu'ils leurs ont fervi feulement de récompenfes à diftribuer aux Officiers fubalternes [9],dont on ne peut pas raisonnablement foupçonner que les

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Planche 5. monn. 5. 11. 12.
(6) Planche 2. monn. 2. & 3.
Planche 5. monn. 5. 11. 12.
(7) Lib. 10. Epigr. 65.

(8) Carmine 40. ad Egnatium.
(9) Hirtius de bello Hifpanic.
Cafar turma caffiana profecto dona-
vit torques aureos duos.

Portraits d'il

luftres Capitaines Espagnols.

Quels portaits on doit juger Romains fur ces

monnoyes!

têtes ayent été garavées fur ces pieces; il fuit de là qu'on n'en peut donner les portraits qu'à des Chefs de peuples Espagnols qui fe font fignalez parmi eux par leur bravoure.

Tels furent Mandonius frere d'Indibilis [1], Beleftagis qui commandoit les Ilergetes contre Caton [2], Ceffaron qui à la tête des Lufitaniens, batit Mummius (3), Carus choifi par les Segedains (4) & les Arevaques (5), pour refifter à Fulvius Nobilior (6), Viriatus qui tint pendant 14 ans les Generaux Romains, en échec (7), & Megare qui défendit pendant un tems les Numantins contre Pompée (8).

Les autres portraits de cette derniere classe, qui font fans barbe, & tels qu'ont été reprefentez les Romains dans leurs buftes depuis l'an 454 de leur fondation, qu'ils ont pris des Siciliens la coûtume de fe rafer le visage (9), paroiffent la pluspart fi reffemblans à ceux des medailles confulaires, que pour peu qu'on ait d'idée de les y avoir vûs, & qu'on fe rapelle la memoire des grands Hommes que cette nation a envoyés en Espagne, on les reconnoîtra fur fes monnoyes.

Je sçay qu'on pourra m'objecter que quelques IIluftres que fuffent ces Heros, ils n'étoient regardez que comme Citoyens de la Republique dans laquelle c'étoit un crime capital, & un attentat à la

(1) T. Liv. lib. 29. cap. 3.
(2) Idem. lib.39.
(3) Idem.

(4) Peuples d'Eftramadoure.
(5) Peuples de la Province
Tarragonoife du côté de la vieille

Caftille.

(6) T. Liv.

(7) Livii. Epit. 52. & 54.
(8) Florus l. 2. cap. 18.
(9) Plin. lib. 7.cap. 59.

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