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Foire de Francfort, fe repréfentera fouvent dans tout le chemin, la chambre de fon ami, où il s'eft déterminé enfin à prendre cette bonne réfolution; & fe rappellera fidelement tout ce qu'ils ont dit enfemble fur le projet, l'exécution, l'avantage & l'agrément de ce voyage.

Pour peu auffi que nous aions fait attention fur ce qui fe paffe en nous, il nous fera aifé de remarquer que nous reffemblons à cet homme de M. W S'agit-il d'une affaire qui nous a réuffi? nous nous rappellons avec joie le moment où nous en avons pris la réfolution, ceux qui étoient avec nous, lors que nous la primes, les raifons que nous leur rapportames, pour qu'ils fecondaffent notre fantaifie, & fi elle a été malheureuse, nous ne manquons pas à nous rappeller de même, mais avec des fenrimens bien différens, l'inftant: qui a fixé nos irrefolutions, ceux à qui nous les avions confiées, les rais fons qu'ils nous oppoferent peut-être, celles qui pour notre perte l'emporte rent, & le charme funeste enfin qui nous enleva alors à nous-mêmes.

C'est que tout cela étoit encore peint

dans

dans le même tableau, & monté dans le même cadre. Ne diroit-on pas que notre Imagination reffemble à ces Antiquaires, qui ont toujours dans chaque genre bien des chofes à nous montrer, à ces Marchands habiles qui ont toujours quelque pièce en referve à nous étaler? C'eft, nous difent-ils que tout cela va enfemble, qu'il faut avoir la fuite &c.

perçu

s'enchai

Il fuffit en effet l'on ait que S.113. enfemble fouvent ou longtems plu- fait que Ce qui fieurs objets, pour que leurs percep-nos i tions ou leurs images s'uniffent & fe dées fe lient; puisqu'il eft vrai, que par l'ha-lient & bitude de percevoir fouvent ces ob-nent enjets, l'Ame acquiert la facilité de re-femble.. produire l'un à la vue de l'autre, comme nous pouvons nous en convaincre par l'expérience; prenons l'exemple . des Allées de Verfailles, ou d'un Cabinet de curieux, que nous connoiffons, pour les avoir fouvent vus, n'éprouvons-nous pas, lorsque nous y rentrons, que la vue d'un objet nous en rappelle un autre, & que la perception du premier devient la raifon de la perception du fecond ?

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5.114.

Au refte cette raifon n'eft que pour Le rag

tions eft

port desla perception ou l'Imagination, & M. percep W. n'oublie pas de nous le faire reindépen-marquer car le rapport des percepdant de tions eft indépendant du rapport des celui des chofes, & bien que deux objets ne chofes. foient joints dans l'Imagination, que

& fes

parce qu'ils ont été fouvent perçus enfemble, il ne s'enfuit pas que ces deux objets foient ou doivent être liés en effet ensemble; l'homme que vous avez vu dans une Eglife, & cette Eglife font bien liés dans votre Imagination, & dans la représentation qu'elle en fait, mais ils ne dépendent point en effet l'un de l'autre dans leur existence.

Règles Après tous ces exemples qui étade l'Ima-bliffent affez les règles que fuit l'Imagination, gination dans fes tableaux, & nous Loix.montrent pourquoi à la vue, ou au fouvenir d'un tel objet elle reproduit l'image d'un certain autre objet, plutôt que de tout autre; rien n'empêche d'établir comme principale loi de l'Imagination, cette propofition-ci.

3.117.

Lors qu'il nous eft arrivé de percevoir ensemble quelques objets, la perception de l'un de ces objets fuffit pour déterminer l'Imagination & retracer la perception des autres. Cet

A

Cette Loi eft affez prouvée, par tout ce que nous en avons dit, fans qu'il foit néceffaire de l'établir encore par les mêmes, ou de nouvelles

preuves.

L'Hiftoire de notre Imagination s'avance, & après avoir vû les refforts, qui la font mouvoir l'ordre qu'elle fuit dans fa marche, lorfque nous veillons, il ne nous refte plus qu'à examiner les fpectacles qu'elle nous donne lorfque nous dormons, fi elle fuit auffi des règles dans ces fpectacles, & quelles font ces règles.

Mais comme M. W. ne marche point fans fe faire préceder de définitions; voyons auparavant celle qu'il · nous donne du fomíneil; auffi bien convient-il que nous connoiffions la nature d'un bien, que nous chériffons affez pour lui facrifier avec joie une grande partie de notre vie, un bien dont la douceur nous fait oublier la perte de tous les autres, & dont la privation ne nous paroît le plus grand de tous les maux, que parce qu'elle en devient en effet la fource."

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Ceff

Il nous arrive réguliérement d'é- S.118. prouver que toutes les Senfations &. F 5

les

tion des

des idées

Senfa- les images de l'Imagination qu'elles extions, & citent, ceffent, & fufpendent tellement de l'Ima toute leur unpreffion à notre égard, gination que nous n'avons plus aucun fentiment qu'elles ni des unes, ni des autres.

excitent. La vérité de cette propofition, a

Ce

qu'on

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paru fi évidente à M. W., qu'il n'a pas cru devoir s'arrêter à la prouver par des raisonnemens, ou des exemples; après avoir appellé à l'expérien ce, qui doit fuffire pour nous en com vaincre, il ajoute feulement, que s'il ne s'eft fervi pour défigner le tems, où arrive cette entiére ceflation des Senfations, & des idées qui en naiffent, que d'une expreffion vague & indéter minée, comme nous l'avons fait à fon exemple, en nous contentant de dire, que cela nous arrive réguliérement, c'eft qu'il fuffit dans le moment pré fent de favoir que cette ceffation peut avoir lieu, & qu'on verra affez dans la fuite, quand elle doit avoir lieu en effet.

$119. Cet état, où tout ce qu'il y a de Senfations claires vient à ceffer avec le fentiment des objets préfens, eft ce qu'on appelle Sommeil, & fi cette.cefmeil. fation eft entiére, enforte qu'il ne

Bomme
Som-

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