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Ce qui fuit, la caracterife davan tage.

Un feul avis des Sens fuffit pour la déterminer à repréfenter une file d'objets; voilà ce que l'on peut nommer fa principale proprieté, ce ne font pourtant que des objets, qu'elle a vus auparavant liés & réunis enfemble; & entre ces objets, elle retrace avec plus de facilité, ceux qui lui ont été peints ou le plus fouvent ou avec plus d'attention, voilà ce que M. W. appelle fes Loix.

En retraçant ces objets, ou elle raffemble ceux qui fe trouvent à être de la même efpèce, ou fans avoir égard à cette reffemblance, elle fe contente d'unir des objets, qui ne fe tiennent, que parce que chacun de ces objets avoit été perçu avec celui qui le fuit; & c'eft ce que nous avons nommé fes deux fortes de marche; avec cette différence feulement, que l'une n'est guères que l'effet de l'attention de P'Ame à fon objet, & que l'autre fait le caractère de l'Imagination même.

Tels font en général les principes qui peuvent nous guider dans la connoiffance de l'Imagination, pendant que

que les Senfations vives & fortes agiffent fur elles, c'est-à-dire, pendant que nous veillons: que fi ces Senfations viennent à ceffer, c'eft un autre état, que l'on nomme fommeil, comme les perceptions claires que nous y avons des chofes abfentes, fe nomment Songes.

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Il en eft de ces Songes, qui ne font que des images de l'Imagination, comme de toutes celles qu'elle produit pendant que nous veillons ; ils font Pouvrage de la Senfation qui les fait naître & de l'Imagination, qui les continue.

La fuite de leur deftinée ne dépend pas moins des Senfations, que leur naiffance: qu'une feule préfide à tout l'ouvrage, il fe fuivra avec l'ordre qui lui eft propre; mais s'il arrive qu'une autre ou plufieurs furviennent, & fe heurtent, elles ne feront que s'embarraffer, & gâter tour à tour ce que chacune d'elles auroit pu faire feparé

ment.

Ce font ces mêmes Senfations qui font tout le merveilleux de nos Songes la même occafionnera non feulement dans différentes perfonnes,

G 7

mais

mais encore dans la même fuivant les différentes nuances de clarté qu'elle aura une différente fuite d'images; toutes donneront à ces images un corps qui nous trompe, & nous les fait prendre pour les objets mêmes qu'elles repréfentent: erreurs qui fe perpetuent jusqu'au moment d'un fommeil profond, qui les finit, ou jusqu'à celui du reveil, qui en fait fucceder fouvent d'autres d'une nature différente, & presque toujours dangereuses.

S.138. 139. &

140.

Mr.

CHAPITRE VII.

De la Faculté de feindre ou d'imaginer.

I magination que
Jusques

USQUES ici nous n'avons vu l'Imagination que fous une de fes faces, lorsqu'elle reproduit l'image d'un objet, ou qu'elle y en joint une fuite W. ap. d'autres, nous allons maintenant la pelle fa- confiderer fous un autre point de vue, culté de lorsque guidée par l'Art, elle decomou d'i- pofe une image pour s'en représenter maginer. par l'abstraction, une partie fans une

autre, ou qu'elle combine enfemble

Les

les différentes parties de ces images ainfi decompofées: c'eft ce que M.W. appelle la Faculté de feindre, ou d'imaginer.

II eft hors de doute que nous pouvons nous représenter feparément toutes les parties d'un Etre compofé; le tronc d'un arbre, par exemple, fans fa racine, ou fes branches; de même la racine fans fes fibres, les branches fans leurs feuilles, parce que rien n'empêche que notre imagination ne nous représente feparément des parties, que les Sens nous offrent à chaque inftant feparées les unes des au

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Que fi faute d'art & d'exercice, on avoit de la peine à fe repréfenter feparément quelqu'une de ces parties, fans fe retracer en même tems le tout qu'elles forment; que l'on fentit, c'est l'exemple de M. W., que quelque faciles que foient à faifir ces fongues oreilles d'un animal, que l'on voit affez fouvent, l'idée de l'animal qui les porte vient toujours cependant fe ~joindre à celle des oreilles, il conseille un moyen; c'eft de s'imaginer qu'on a coupé & feparé de la tête cet orne

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ment

ment qui la diftingue, & qu'on le porte ailleurs, pour être expofé feul à la vue. Or nous fentons qu'il n'y a rien d'impoffible à tout cela.

De la même manière, comme ce que l'on nomme modes, peut être feparé du fujet, dont il eft mode, rien n'empêche que l'on ne fe représente un fujet fans mode; une fleur, par exemple, fans la couleur que la Nature lui a donnée, comme nous voyons tous les jours que l'on nous représen-te des Lys avec des couleurs différentes de la blanche: je prens l'exemple - des couleurs, parce qu'étant fujettes à s'alterer & à changer, elles ne peuvent être regardées que comme des modes.

Il n'en eft pas ainfi de ce que M. W. nomme Attributs, lesquels font inféparables du fujet comme il est impoffible, que les Sens nous offrent un fujet fans fon attribut, il eft impoffible auffi que l'Imagination nous le représente fans ce même attribut; ainfi parce que le nombre de trois angles eft un attribut effentiel du triangle, nous ne faurions nous le repréfenter fans ces trois angles,

Cette

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