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5.228.

Difficul

que

rappel

picorant tout. Des brigades chamarrées qui femblent avoir pris à tâche, malgré l'inftabilité de nos modes, de perpetuer celles de leurs ayeux, le cortège qui les accompagne ou les fuit auffi diversement bigarré, des groupes de petits maîtres, mauvais finges des vrais, & finguliérement plaifants, par ce qu'ils voudroient en 'imi

ter.

Quelquefois les objets dont nous vou& 229. drions nous reffouvenir ne se présentent pas à nous immédiatement, & comme l'on trou- par eux-mêmes, & ce n'eft qu'à l'aide ve quel-d'un autre, qui nous remet fur la voie, quefois à que nous nous les rappellons. de les Renfe dons la chofe plus claire par un exemler. ple: L'on vient à nous parler d'une perfonne, l'on nous nomme la maifon où nous l'avons vue, les autres qui y étoient, nous ont dit l'endroit où elle fe trouvoit placée, nous ne pouvons encore nous en rappeller le fouvenir; cependant nous venons à faire l'examen de toutes ces perfonnes, & à repaffer fur les idées que nous avons eues en les voyant, & c'eft à l'occafion de l'une de ces idées, que nous

no us

nous rappellons enfin la perfonne dont il s'agit.

3

Voila un phénomène, qui femble d'abord & au premier coup d'oeil ren verfer tous les principes, que nous avons établis fur l'Imagination & tant de fois rebattus; qu'elle ne représente pas l'objet feul, mais encore les objets qui l'entourent, & qui ont été perçus en même tems: cependant fi nous examinons ce prétendu phénomène de près, & avec les circonftances qui l'accompagnent, nous trouverons qu'il s'accorde en effet avec ces mêmes principes: car lorfqu'on dit, que l'Imagination représente un objet, & ce qui l'entoure, il faut fuppofer, que ces objets font liés les uns aux autres, qu'ils fe tiennent, & qu'ils ont été perçus enfemble: or cela ne fe trouve pas ici; car l'Ame, après avoir confideré deux ou trois perfonnes, s'étoit arrêtée à quelques penfées, & ce n'eft que de ces penfées, qu'elle eft venue à la perfon- Expli ne dont il s'agit; l'idée de cette perfon- de cette ne n'étoit donc pas jointe à l'idée des difficul autres, mais bien à ces penfées, à cesté. refléxions, auxquelles l'Ame s'étoit arrêtée, & l'Imagination en la retraK

çant

cation

5.230.

çant à la fuite de ces idées, l'a retracée comme elle avoit été perçue.

C'eft que ce qui joint principalement les idées, font les actes refléchis de l'Ame, d'où il arrive que tous les objets que nous percevons enfemble, ne fe tiennent pas tellement, qu'il doive s'enfuivre, que parce que PImagination repréfente l'idée de l'un, elle doive représenter les idées des autres, à moins qu'ils n'aient perçus ensemble à plufieurs reprises.

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Cette faculté, ou cet acte, par leCe que quel l'Ame reproduit, & reconnoît ul'on ap- ne idée paffée, à l'aide & au moyen d'upelle fouvenir, ou ne autre, s'appelle fouvenir, ou ressou

reffou- venir.

venir.

L'exemple que nous venons de rapporter fuffit pour nous faire connoître le feul art, où moyen qu'il y a, de faciliter ce fouvenir, ou reffouvenir : il confifte à fe rappeller les circonftances du tems, du lieu, tout ce qui a rapport enfin à l'objet dont nous voulons nous retracer la mémoire où l'idée.

On demande ce qu'étoit devenue cette idée, que nous voulons rappeller: Goclenius dans fon Lexicon Philofophique, dit qu'elle étoit perdue,

&

& qu'on la recouvre par le petit artifice, que nous venons de dire; M. W. n'eft pas de fon avis, il prétend qu'elle n'étoit que cachée, & qu'ainfi tout fe borne à en faire la recherche : en conféquence il définit le fouvenir, ou reffouvenir, dont nous parlons, la recherche d'une idée cachée.

CHAPITRE IX.

De l'Attention & de la Reflexion.

No que

une par

Ous avons vu, qu'il eft des idées Il déque l'on nomme compofées, & pend de d'autres partielles: parmi celles-ci, qui nous de forment l'idée compofée, il en eft nous, repréfenque nous fentons, qu'il ne tient qu'à ter dans nous, de nous représenter préférable- un tout, ment aux autres: nous voyons une per-tie plufonne; fon visage eft compofé des yeux, tôt que de la bouche, du nez, du menton &c. l'autre. voila les idées partielles; or entre toutes ces idées on fent qu'il eft en notre pouvoir, de nous attacher à l'uK 2

ne,

5.234. Par

confé

quent

plus dif

ne, plutôt qu'à l'autre; aux yeux, ou au nez, par exemple, plutôt qu'au front ou à la bouche.

Lorfque nous nous attachons ainsi à une idée partielle par préférence aux autres, qui forment avec elle l'idée tod'avoir tale, nous éprouvons que nous en aune con- vons un fentiment plus vif & plus innoiffance time, qne nous ne l'avons des autres, tincte de & que nous connoiffons auffi plus difcette tinctement la chofe que cette idée repartic. préfente; or ce fentiment plus vif & plus intime de l'idée, & cette connoiffance plus diftincte de la chofe qu'elle représente fuppofent évidemment une plus grande clarté.

5,235.

Reprenons maintenant; dans ce tas 236. d'idées partielles, qui compofent l'idée totale, il dépend de nous de nous attacher à l'une plutôt qu'à l'au tre, nous ne faurions nous attâcher à cette idée partielle, que nous n'en aions un fentiment plus intime ; nous ne faurions en avoir un fentiment plus intime nous n'en aions une ique dée plus claire; fi toutes ces raisons font bien enchainées les unes aux autres, il s'enfuit, que, comme il

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dé.

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