M. W. a entrepris de porter la lu

miére.

L'Esprit humain, l'inftrument de toutes les recherches, eft devenu l'objet des fiennes, il l'atteint malgré fa legereté, il le faifit malgré fon inftabilité il le decompose malgré fa fimplicité, il l'afsujettit' enfin malgré fa Liberté.

Beaucoup d'hommes célèbres avoient déjà tenté de fonder ces abymes, & de nous en découvrir les profondeurs, mais aucun que je fache, n'avoit encore tenté de réduire les connoiffances obfcures & imparfaites que nous en avons, en Syftême, & de nous faire voir dans le fein de la Liberté, & fouvent du caprice & de l'inconftance, une uniformité apparente de loix; le diraije, d'en appercevoir & d'en mon-' trer, jusques dans les écarts de l'Imagination, & la bizarrerie de nos fonges

On jugera fi M. W. a réuffi dans

fon

fon projet, je l'ai déja dit, il ne me fiéroit pas d'en décider, mon jugement, quel qu'il pût être, ne fauroit ajouter ou ôter à fa gloire ; & il m'appartiendroit moins qu'à perfonne de toucher en quelque maniére que ce fût à la Couronne, qui lui a été mife fur la tête par la main des Graces: Madame la Marquife du Chaftelet, en rassemblant fur le plan de M. W. les découvertes éparses dans tant de bons Livres Latins, Italiens & Anglois, dont elle a formé fon Livre des Principes de Phyfique, a, pour ainfi dire, confacré cet illuftre Auteur.

Des deux Parties dans lesquelles M. W. a partagé ce qui a rapport à l'Ame, je n'ai traité que celle qui eft fondée fur l'expérience, comme étant la plus fenfible, & la plus à portée d'être connue par le retour & la réflexion fur nousmêmes, c'est auffi celle que M. W. a traité la premiére, & comme s'il

imaginoit que nous ne fentiffions pas encore affez de quelle importance font ces connoiffances qui ont pour bafe l'expérience, il nous en expose lui-même fuivant fa méthode, tous les avantages.

C'eft la Pfychologie expérimen-§. 4. 5i tale, nous dit-il, qui établit & confirme ce que nous avons découvert par la Pfychologie raisonnée; c'eft elle, qui lui fournit fes principes; à peu près comme nous voions dans la Phyfique & l'Aftronomie un habile Obfervateur tirer fucceffivement de ses Observations, de quoi établir fa Théorie, & de fa Théorie de quoi apuier fes obfervations, & par ce double fecours s'élever à de nouvelles connoiffances, qui lui auroient échappé fans ce concert & cette intelligence.

C'eft elle de même, qui four-§. 6; nit fes principes au Droit naturel, fur-tout dans cette partie qui nous regarde nous-mêmes; car comment.

par

S. 7.

parvenir à connoître nos devoirs à l'égard de notre Ame, fi nous n'en connoiffons pas parfaitement toutes les facultés Connoiffance dont la Pfychologie expérimentale eft la bafe.

C'eft elle encore qui les fournit à la Théologie naturelle; car le moyen de former en nous les notions des attributs Divins, fi ce n'est en nous les repréfentant comme exempts des imperfections attachées à ceux de notré Ame, & s'élançant infiniment au delà des limites dans lesquelles nous fentons que les nôtres font renfer

més.

La Pfychologie expérimentale nous donne en effet des notions distinctes de tout ce qui eft dans notre Ame, & c'eft de ces notions particuliéres & bornées, que nous nous élevons par l'abstraction à de plus générales & de plus fublimes, qui conviennent aux Etres qui ont quel

quelque rapport & quelque reffemblance avec l'Ame, c'eft-à-dire, à l'Esprit en général, & Dieu n'estil pas un Efprit par excellence? Il en eft de même ajoute M. §. 8. W., de la Morale, dont le principal but eft de régler nos paffions; & qui ne voit pas combien nos perceptions influent fur nos paffions, en prêtant des couleurs aux vertus & aux vices qui en font l'objet; foit en peignant les premiéres avec tous leurs charmes, les feconds avec toute leur difformité, foit en confondant fouvent le véritable caractère des unes & des autres qui ne fait pas que les perceptions font du reffort de la Pfychologie expérimentale?

&.

A plus forte raison cette Scien- §. 9. ce doit-elle être de la plus grande utilité pour la Logique, puisque. les perceptions, comme nous venons de le dire, & les autres operations de l'efprit, le jugement, le raison