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fente à nous & fur toutes nos actions. La refléxion n'étant que l'attention portée fucceffivement à toutes les parties d'un objet, ou d'une idée, il nous eft facile de voir, que tout ce qui contribue à conferver ou à détruire l'une, doit contribuer de même à conferver ou à détruire l'autre.

*::*:*::::GED; COICO CHAPITRE X.

De l'Entendement en général, & des différentes fortes de connoiffance...

L n'eft point de bien fans mêlange, & l'Entendement le plus précieux de tous, cette facultê fi noble, qui nous élève au deffus de tous les Etres fenfibles, porte avec foi une marque de foibleffe bien propre à nous humilier: tandis que comme l'oeil, il nous fert à connoître toutes les autres chofes, il ne fe connoît pas lui-même, dit M. Locke, c'eft pourquoi, ajoute ce favant Auteur il faut de l'art & des foins pour le placer à une certaine diftance, & faire enforte qu'il devien

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$.266.

nous fait

apperce

tincte

objets.

ne l'objet de fes propres contemplations.

On ne fauroit difconvenir que M. W. n'ait fuivi cette Méthode; ce n'eft que par des fentiers coupés de détours, que que l'on arrive au point de vue, d'où il nous fait appercevoir l'Entendement; fuivons-le dans tous ces replis; heureux fi après les avoir parcourus, nous parvenons à voir clairement l'objet de nos recherches.

Outre les deux effets, les deux aLa re- vantages que nous avons remarqué que fléxion produit la refléxion, il en eft un plus confidérable encore; c'eft de nous faivoir dif- re appercevoir diftinctement un objet, ou pour tout dire en un mot, de nons ment les en donner cette idée fi parfaite, que l'on nomme idée diftincte: car fi la refléxion confifte à examiner, comme nous l'avons dit, les parties d'un objet, la différence des parties entre elles, & la différence de ces mêmes parties au tout, & à porter fon attention fur cha cune de ces chofes fucceffivement, que peut-il y avoir de plus propre à nous donner une idée diftincte? puifque l'idée diftinéte n'eft elle-même que la représentation d'un objet avec toutes

les

les parties qui le compofent. Le mo- §.267. yen donc de parvenir à l'idée diftincte eft de refléchir, comme le moyen d'acquérir plufieurs idées diftinctes eft de refléchir beaucoup.

Par

fembla

De la même maniére, la comparai- §.268. fon, que la refléxion nous met à portée de faire entre deux objets préfens, ou entre deux autres, dont l'un eft préfent à nos Sens, & l'autre ne l'eft qu'à la Mémoire, eft le moyen le plus propre pour acquérir les Idées univerfelles du genre & de l'efpèce; car en com-conféparant ainfi ces objets, nous décou quent ce vrons, ce qu'il y a en eux de femblable qu'ils & ce qu'il y a de différent; or cette ont de reffemblance, fi elle eft entre les indi- ble ou vidus, eft ce qui conftitue l'efpèce, de diffé comme fi elle est entre les espèces, rent. elle conftitue les genres: & voilà les premiéres Idées univerfelles. Pourquoi difons-nous en effet que Pierre & Paul font deux individus de la même efpèce; fi ce n'eft parce que nous remarquons dans l'un & dans l'autre des rapports qui leur font communs? que l'homme & la bête font du mê-les Idées me genre, fi ce n'eft parce qu'ils con-univerviennent en certains attributs? nous felles.

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Ce qui

forme

§. 269.

270. Les

mots en

font les fignes

dirons dans la fuite comment fe font ́ces Idées univerfelles d'efpèce & de genre.

Pour les diftinguer, de même que les Individus, nous employons des fors articulés, lefquels en deviennent les fignes; puifque nous voyons en effet, qu'en entendant articuler l'un de ces arbitrai- fons, nous nous formons auffi-tôt l'idée de l'espèce, fi c'est un fon articulé qui marque quelque chofe de général, comme celui de Chien, ou l'i dée de l'individu, fi c'eft un fon articulé qui marque un être fingulier, comme celui de Briffaut.

res.

5.271.

$.272.

On voit que ces fons articulés ne font autre chose que les mots, dont nous nous fervons, pour faire connoître aux autres nos Idées, ou les chofes qui en font les objets.

Comme leur inftitution eft arbitrai re, rien n'empêche qu'on ne leur donne une fignification entiérement oppofée à celle qu'ils ont, ou qu'on n'attribue différentes fignifications au même, ou enfin que la même chofe ne puiffe être marquée & défignée par différents mots ou différents f gnes.

1.

La

Leur

de nous

l'idée

La proprieté des mots eft de rap 5.273. peller à l'efprit l'idée des choses auxquelles ils font adaptés; & cela eft ufage eft conforme aux loix établies fur l'Ima- rappeller gination & fur la Mémoire: Car com- à l'esprit me nous avons vu, que quand il nous des choelt arrivé de percevoir fouvent deux fes.. objets ensemble, l'Ame dans la fuite ne fauroit percevoir l'un, que l'Imagination ne reproduife auffi-tôt l'image de l'autre, de la même maniére, lorfque nous avons fouvent perçu en même tems & le mot & la chofe à laquelle il eft appliqué, il arrive que dès que nous percevons le mot Î'Imagination fe retrace l'image de la chofe; & dès que nous percevons la chofe, l'Imagination reproduit l'idée du mot & de fa fignification. Dans tous ces cas la Mémoire fait fon office, qui confifte à reconnoître toutes ces idées.

,

Arrètons-nous ici comme au point $275) de vue, d'où l'on peut appercevoir P'Entendement; mais pour voir plus diftinctement la liaifon qu'il peut avoir avec ce que nous venons de dire, il fera bon de retourner fur nos pas,

en

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