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de l'idée qui le représente, par confé-tion de la quent,

La Penfée eft l'action par laquelle l'Ame fe représente un objet & le fentiment qu'elle en a. Ainfi lorsque je me représente un Roi qui par l'affemblage de toutes les vertus fait douter à l'Univers fi fes Peuples lui font plus chers, qu'il ne l'eft lui-même à fes Peuples & qu'à cette image fi belle, je joins le fentiment que j'en ai, je pense à un vrai Souverain, & digne par-là même du nom de bien aimé.

Car, comme nous venons de le dire, il faut deux chofes pour la penfée, la représentation de l'objet, & le fentiment que l'ame a de cette représentation.

Pensée.

Défini.

La Perception n'eft autre chofe, que $ 24. P'action par laquelle l'Ame fe repré- tion de fente un objet.

la Per

De

L'Apperception eft ce que nous avons ception. nommé jufqu'ici fentiment, cette con- $25 viction que l'Ame a qu'elle penfe, l'Apperqu'elle a des idées, car, comme dit la ception. Fontaine,

Sur tous les animaux enfans du Créateur,
J'ai le don de penfer, & je fai que je penfe.

Ce

. 26.

de par

Ce que Mrs. Leibnitz & W. appet lent Apperception, M. Defcartes l'appelle en Latin Confcientia, qu'il n'eft pas néceffaire de traduire; c'eft cette Science, fi l'on peut parler ainfi, que l'Ame a qu'elle penfe.

La crainte que j'ai eu de me fervir du mot d'apperception, ou de confcience, & la difficulté que je trouvois à ajuster par-tout celui de Science aux idées de M. W. m'ont fait préferer le terme de fentiment, qui peut être nouveau dans le fens où je l'emploie, mais M. W. prétend que l'on eft en droit de s'approprier certains mots, pourvû qu'on les définiffe.

Reprenons maintenant: pour parve 27. 28. nir à la connoiffance de l'Ame, il ne Maniére faut faire que ce que nous faifons venir à pour parvenir à connoître les autres la con- êtres: nous obfervons d'abord ce que noiffan- nous remarquons être dans ces êtres, & de ces obfervations, nous en tirons par le raifonnement des premiéres confequences, qui nous menent enfuite à d'autres plus éloignées.

ce de

l'Amé.

En fuivant l'efprit de cette méthode, nous remarquons que notre Ame fe repréfente des objets, & qu'elle a

1

le fentiment & la conviction de cette représentation, donc elle penfe; fes penfées renferment effentiellement la représentation d'un objet, & le fentiment de cette représentation, done pour parvenir à connoître l'Ame, it faut connoître la pensée, & pour parvenir à connoître la penfée il faut confiderer non feulement de quelle. maniére l'objet nous eft repréfenté mais encore les changemens qui arrivent à l'Ame lors de cette représen

tation.

Cette représentation eft liée, comme nous avons dit, avec la perception; la perception dépend des impreffions ou changemens que les objets fenfi bles font fur nos Sens, qui font les organes par lefquels ces impreffions ou changemens paffent jufqu'à l'Ame.

Il eft donc à propos d'examiner avant toutes chofes la perception, & de traiter des Sens, c'eft ce que nous allons faire dans les deux Chapitres fuivan's.

СНА

CHAPITRE III.

De la différence formelle des perceptions.

LA

A différence formelle des perceptions fe prend de la maniére dont le fon- nous connoiffons les objets.

3. 30. Quet eft

des per

dement Il eft hors de doute, que lorfque ceptions nous percevons un objet, nous fenclaires & tons, ou que nous pouvons le diftinbfcures.guer guer de tous les autres, que nous percevons en même tems; ou que uous ne faurions l'en diftinguer: que le même objet, par exemple, vû en plein jour, ou aux approches de la nuit, fera fur nous des impreffions bien différentes; & que dans la premiére de ces fuppofitions nous diftinguerons aifément ce qu'il a de femblable avec d'autres objets, & cc qui l'en fait différer, & que dans la feconde nous ne faurions diftinguer ni l'un ni l'autre, ou nous ne le diftinguerons qu'avec peine.

Il est donc vrai de dire qu'il eft des perceptions claires & qu'il en eft d'obf

cures.

tion de

Si ce que nous percevons, nous le . 31. percevons de maniére que nous puif- Définifions le reconnoître, ou le diftinguer la perdes autres chofes que nous percevons ception en même tems, c'eft une perception claire. claire; telle eft celle que nous avons d'un arbre que nous voions en plein jour, ou de la chaleur que nous fentons en touchant une pierre échauffée par les rayons du Soleil, ou par le feu.

§.

De l'ob

Que fi nous ne pouvions ni le re- . 32. connoître ni le diftinguer, c'est ce que fcure. l'on nomme perception obfcure; telle eft celle que nous avons d'un objet que, nous ne voions que de loin.

Rien n'empêche cependant que dans §. 33. un objet, dont nous n'aurons qu'une perception obfcure, à caufe de fon éloignement, de fa petiteffe, ou du defaut de jour & de lumiére, il ne fe trouve quelque chofe que nous puiffions percevoir clairement; ainfi quoi que nous ne puiffions diftinguer, la forte d'animaux que nous appercevons au loin dans une vafte Campagne, nous diftinguerons cependant leur mouvement, leur grandeur, telle qu'elle a coutume de paroître dans l'éloigne

ment

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