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5..34.

36.

ment, leur couleur blanche ou noire qui devient quelquefois fenfible par les autres objets d'une différente couleur qui les entourent, & dans cette fuppofition nous aurons une perception claire du mouvement, de la grandeur de la couleur quoi que nous n'en ayions qu'une obfcure de la chofe.

Et comme l'Ame perçoit ce qui est en elle, & par conféquent les perceptions claires & obfcures qu'elle a, rien n'empêche encore qu'elle n'ait une perception claire de fa perception obfcure même, dans ce fens qu'elle fent, qu'elle eft convaincue, & qu'elle voit clairement enfin, qu'elle ne perçoit cet objet que d'une maniére confufe. 5.35.& Ce que la lumiére eft à l'égard de' l'œil; la perception claire l'eft à l'égard de l'Ame, en forte qu'il eft vrai de dire, que comme nous n'appercevons les objets materiels, qu'à l'aide de la lumiére, nous ne diftinguons auffi, comme il faut, les chofes que nous. percevons, qu'à l'aide de cette clarté, qui fe répand fur nos perceptions: avec elle tout eft lumiére fans elle tout est ténèbres & obfcurité ; avec elle nous marchons d'un pas für dans

la

La connoiffance des objets, fans elle nous n'allons qu'en tâtonnant, & notre tâtonnement toûjours mêlé de fatigues & de peines aboutit le plus fouvent à l'erreur.

&

le fon

diftinctes

Lorfque nous percevons clairement 5. 37 un objet, il eft certain, ou que nous, Quel eft pouvons diftinguer toutes les parties, dement dont il eft compofé, & les expliquer des peren détail, ou qu'il nous feroit impos- ceptions fible de les diftinguer & de les expli-co quer: nous voyons, par exemple, que fufes. nous diftinguons dans un Arbre, le tronc des branches, les branches des feuilles, les feuilles des boutons que nous faifons remarquer fans peine toutes ces différentes parties de l'Arbre à un enfant à qui nous voulons en donner des Idées; nous voyons au contraire que quoi que nous percevions clairement la couleur de l'or, que nous la diftinguions de la couleur verte d'une prairie, d'une feuille, que quoique nous diftinguions de la même manière les différentes fortes de jaune ou de verd, il nous feroit pourtant impoffible d'expliquer ce qui différencie toutes ces couleurs entre elles.

2

On peut donc distinguer deux per- §. 38.

-cep

Ce que ceptions claires, les unes diftinctes, c'eft que dont nous pouvons decomposer en ception quelque façon & montrer les différentes diftin&te. parties; telle eft la percepetion que

la per

j'ai d'un Arbre, d'une maifon, d'un $39. homme; les autres confufes, defquelCe que les nous ne faurions rien dire, quelque la con- effort que nous faffions, que le nom qui fufe. les exprime, telles font les couleurs,

c'est que

§. 40.

rence de

la per

les odeurs &c.

On diftingue, encore la perception, Diffé en perception partielle, & perception compofée; on nomme partielle celle ception qui eft renfermée dans la perceppartielle tion d'un autre objet, & compofée & de la celle qui en renferme plufieurs parcompo- tielles: la perception que j'ai d'un ar

fée.

bre, par exemple, eft une perception compofée, & celle que j'ai du tronc, des branches, des feuilles qui font les parties qui compofent l'Arbre, font des perceptions partielles; la perception que j'ai de la feuille devient à fon tour une perception compofée, fi je la con-fidère feparément, & celles que j'ai de la couleur de cette feuille, de fa fubftance, de fon tiffu, des petites fibres qui le forment, font des perceptions partielles.

De

De la même maniére les perceptions que j'ai de la couleur & de la pefanteur de l'or font partielles, & celles de l'or, compofées: par où l'on voit que l'on nomme perceptions partielles non feulement celles qui repréfentent les parties, dont un objet eft compofé, mais encore celles qui repréfentent fes déterminations, fa qualité, & fa quantité.

Ainfi comme l'on diftingue dans les choses mêmes qui ont rapport à l'Ame, plufieurs déterminations, rien n'empêche que la premiére perception que nous avons de ces chofes, ne foit refolue, & comme divifée en perceptions partielles.

de la

Ce font les perceptions particuliéres, §. 4. qui rendent la compofée diftincte; car Ce qui pourquoi la perception que j'ai de donne l'Arbre eft-elle diftincte, fi ce n'eft clarté à parce que je perçois clairement le nos pertronc, les branches, les feuilles qui ceptions.. le compofent? puifqu'il eft vrai, que fi je ne pouvois difcerner clairement toutes ces parties les unes des autres, ma perception ne feroit point diftincte en effet.

C'est par

le nombre des chofes qui §. 427 C

font

S. 43.

Percep

tale.

font perçues diftinctement dans un objet, que l'on juge des différens degrés de la perfection d'une perception. Plus nous percevons clairement de parties ou déterminations dans un objet, & plus la perception que nous en avons eft diftincte.

Outre la perception composée, on tion to- en diftingue encore une qui a fous elle, de même que la compofée, des perceptions partielles à Pégard desquelles elle peut être regardée comme un tout: c'eft pourquoi on la nomme perception totale; telle eft la perception que nous avons du Spectacle, laquelle renferme celle du Théatre, des foges, des Acteurs; & la perception. que nous avons de la Gallerie de Verfailles, laquelle comprend celles des Peintures, des Statues, des vafes, des glaces, de S. 44 ce peuple immenfe de Courtisans &c. Ce qui

la rend

Il faut dire encore de cette derniére diftinéte. perception, ce que nous avons dit de la compofée, qu'elle eft d'autant plus diftincte que les idées partielles qu'elle comprend, font claires elles-mêmes.

Diffé- Toutes ces perceptions ne font que rence de l'action de l'Entendement même, par la per-. ception lequel il fe repréfente un objet Car

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