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Il en eft encore un autre, que nous avons déja comme indiqué, lorsque nous avons divifé plus haut les perceptions, en perceptions partielles & compofées; c'eft d'analyfer, pour ainfi dire, chaque objet, & les parties qui le compofent, & de porter tou jours plus avant cette analyfe juf qu'à ce que l'on foit parvenu à avoir des notions distinctes, & qui ne laiffent plus de doute à l'efprit: de faire enfin, à l'égard de tous les objets de notre connoiffance, ce que nous faifons avec le fecours du Microscope à l'égard de ceux qui font fenfibles, & dont nous fommes parvenus à connoître la nature, & la compofition, dès que nous avons pu en appercevoir les parties, qui les compofent, leur figure, leur fituation & leur tiffu: c'est ainfi que l'on a découvert, que la moële dans les plantes, n'eft qu'un amas de petites véficules; que la brulure que nous fait l'ortie, lorfque nous la touchons, n'eft caufée que par un tiffu d'aiguilles très-fines, dont elle est heriffée, &c.

Comme ce font les parties, ou ce que nous avons nommé les caractères

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dif

diftinctifs d'un objet qui rendent les notions que nous en avons plus ou moins claires, fuivant que ces parties; ces caractères font plus ou moins connus; ainfi ce font ces notions plus ou moins claires, qui rendent nos connoisfances plus ou moins parfaites car 5.5. qu'est-ce que connoître un objet,, Ce que Dieu par exemple, fi ce n'eft acquec'eft que connoi- rir la notion ou l'idée de cet objet, des tre,& la attributs qui font fon effence divine? & qu'entendons-nous par connoiffance, finon cette action de l'Ame, par laquelle elle acquiert cette notion ou cette idée? enfin qu'appellons-nous err nous faculté de connoître, finon cet53. te faculté de l'Ame par laquelle nous acquerons les idées & les notions des choses?

connoif

fance.

§. 52.

C'est cette différence d'idées & de notions confufes & diftinctes dont nous $. 54. venons de parler, qui fait que l'on distingue dans l'Ame quoi que fimple deux parties, l'une inférieure à laquelle appartiennent les idées obfcures & confuses, & l'autre fuperieure, qui 5. 55. forme les idées & les notions diftinc

tes.

CHA

CHAPITRE V.

NOU

Des Sens

i ..

Ous avons dit que pour parvenir à connoître la pensée, il falloit connoître non feulement la perception ou la représentation qui renferme la penfée, mais encore le changement qui furvient à l'Ame: par cette perception ou repréfentation; car les perceptions étant regardées comme autant de modes, qui conftituent l'état de l'Ame il s'enfuit que ces changemens & ces revolutions continuelles de perceptions en caufent de même dans l'état de l'Amc.

Nous avons dit en même tems que ces changemens de l'Ame en fuppofoient auparavant dans les Sens, qui font les organes, par où paffent jusqu'à elle les impreffions des objets matériels & fenfibles qui font dans le monde; mais pour proceder avec plus d'ordre, il eft bon de faire en quelque maniére à l'égard du Corps le domici

le

$ 56.

nous

nons à

le des Sens

,

ce que nous avons fait à l'égard de l'Ame, d'examiner fi nous avons quelque notion du Corps, quelle eft cette notion, & comment nous parvenons à l'acquerir.

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Nous favons à n'en pouvoir douCom- ter, que nous avons des perceptions ment des objets fenfibles qui exiftent dans l'Univers, & nous remarquons que parve- nous ne les avons qu'au moyen d'une connoi impreffion, d'un changement, que ces tre notre objets font fur un Corps; que nous Corps. n'avons , par exemple, la perception des objets qui envoient la lumiére, ou de ceux qui affectent par le toucher, qu'au moyen de l'impreffion que font les premiers fur l'oeil, & les feconds fur quelque partie du Corps, puisqu'il eft vrai que nous ceffons de percevoir ces objets, dès que nous fufpendons cette impreffion, ou en fermant l'œil, ou en écartant cette partie du Corps qu'ils touchoient.

Voilà donc deux différens Corps P'un qui fait l'impreffion & le changeinent, l'autre qui reçoit cette impreffion & ce changement, & il ne dépend pas de nous de ne pas fentir cette différence.

Nous

ceptions

Nous remarquons encore que ce $7. changement ou cette impreffion eft la Les perfeule raifon qui puiffe nous faire com- dépenprendre pourquoi nous percevons des dent du objets fenfibles existants hors de nous, Corps. & que nous les percevons tels ou tels, & que par conféquent la perception que nous avons des objets matériels & fenfibles dépend des changemens qui arrivent à ce Corps. Ce rapport, cette dépendance est encore un de ces points, que l'on ne fauroit nier, & dont nous fentons en nous-mêmes la vérité.

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Or ce Corps d'où dépendent les §. 58. ceptions que nous avons des objets fenfibles ou matériels exiftants hors de nous : c'eft ce que nous appellons notre Corps.

Il eft donc vrai de dire que nous avons une notion de notre Corps, quelle que foit cette notion, car il n'eft pas néceffaire ici qu'elle foit diftin&te; & que fi les perceptions fuppofent un changement qui les fait naître, & ce changement, des Corps qui le font, ce même changement fuppofe auffi un Corps où il arrive.

Voilà donc l'ordre & l'enchaînement qu'il faut établir; nous perce

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