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oppofé à l'œil, & l'autre plus petit, s'il ne l'eft qu'indirectement,

3. S'il arrive que des objets diffé- S. 89. rents produisent le même changement dans le même organe, ces objets paroîtront les mêmes, comme le même objet paroîtra différent, s'il fait des impreffions différentes fur le même organe. Enfin, & c'eft par où M. W. finit cet article, on ne fauroit concevoir un §. 90. changement poffible dans quelqu'un des organes, qu'il n'y ait en mêmne tems une Senfation & une idée ou image particuliére qui réponde à ce changement..

Et en effet pour reprendre en quel que maniére tous ces différents articles, fi l'on fuppofe ce que nous avons établi d'abord, que les perceptions dépendent des changemens que l'objet fenfible fait fur l'organe des Sens, il s'enfuit, ainfi que nous venons de le dire, que toutes les fois que le changement fera le même, quand il feroit produit par différents objets, la Senfation fera la même, comme toutes les fois qu'il fera différent, quand il feroit produit par le même objet, la Senfation fera auffi différente, enfin D. 5

que

que chaque changement aura une Sen fation coëxiftante qui lui répondra.

Or les Senfations font des perceptions, & par conféquent une action de l'Ame, par laquelle elle fe repréfente un objet, & nous avons déja dit que cette représentation confiderée du côté de l'objet, & entant qu'elle le peint s'appelle idée, il eft donc vrai de dire que chaque changement qui fe fait dans l'un de nos organes a une idée particuliére coexiftante qui lui répond.

Car comme il eft poffible, (que Fon permette cette comparaifon) par la ftructure d'un organe, celui de la Vue, par exemple, qu'un tel objet y faffe un tel changement, que l'image de cet objet fe tracera dans l'œil toutes les fois que l'objet sera placé de ma niére à y renvoyer des rayons de lu miére, ne peut-il pas auffi être poffible par l'effence de l'Ame, qu'il s'y faffe telle Senfation, qui lui repréfentera un tel objet de telle maniére? Et ne fommes-nous pas tentés de croire que la chose est en effet ainfi ? puifque toutes les fois qu'il arrive un changement à quelqu'un des organes, il fe fait en même tems dans l'Ame une

Sen

Senfation, & la même & la feule, qui peut répondre à ce changement.

Telle eft la doctrine de M. W. fur les Senfations, Doctrine importante, dit-il, pour la Morale, & d'où dépend principalement la conduite de nos actions; les objets fenfibles & matériels font des impreffions, fur nos organes, les organes les font paffer à l'Ame, de là ces Senfations ou perceptions font partie de nos penfées, & nos penfées font la règle de uotre vie. Telle eft, dis-je, la chaîne, que les Cenfeurs de M. W. ont regardée comme fatale à la Liberté, enforte que l'on pourroit prefque, fi on les croit, dire de l'Ame, comme M. de la Fontaine,

L'objet la frappe en un endroit,

Ce lieu frappé s'en va tout droit
Selon nous au voifin en porter la nouvelle,
Le Sens de proche en proche auffi-tôt la

reçoit,

L'impreffion fe fait, mais comment fe fait-elle ?

Selon eux par néceffité.

Que fi nos Sens induifent quelque

D 6

fois

·

fois en erreur, en nous représentant comme femblables des objets qui font différents, & comme différent, un objet qui eft le même; M. W. promet de nous découvrir un beau jour la fource de ces malheureufes erreurs,. pourquoi l'Ame peut y être fujette & quand il arrive qu'elle y tombe. C'eft toujours beaucoup d'appercevoir, que l'on peut fe tromper, & que l'on fe trompe en effet.

Il eft bon de remarquer que toute cette Doctrine, & principalement la grande Loi des Senfations que nous a vons rapportée, font fondées fur ce grand principe de M. Leibnitz, que F'on nomme le principe de la Raifon fuffifante, il m'auroit fuffi auffi pour a breger, d'apporter en preuve ce principe, & j'aurois tout dit en difant,. qu'on trouve dans les changemens, que les objets fenfibles font fur nos organes la Raifon fuffifante qui nous fait comprendre, & nous fert à expliquer, pourquoi les Senfations font, & font telles qu'elles font. Mais ce principe pouvant n'être pas connu; je me fuis contenté de l'infinuer, & ai évité de me fervir du nom de Raifon fuffifante.

Com

Comme toutefois il eft la bafe de· toute la Science Germanique, qu'il diftingue aujourd'hui d'une maniére particuliére M. W. & tous fes Difciples, dont il eft comme le mot de ralliement; & qu'il revient enfin continuellement fur la fcène, je me détournerai un moment pour le faire cevoir.

apper

Voici ce principe mot pour mot,

Principe Toute chofe a fa Raifon fuffifante pour de la quoi elle eft,& pourquoi elle eft telle qu'elle Raifon eft, & non autrement.

On voit dans le Principe même la raifon de fon nom.

Car ce qui fait connoître, difent-ils, pourquoi telle chofe eft, s'appelle raifon de cette chofe, & ce qui le fait connoître fuffifamment, doit auffi par conféquent s'appeller Raifon fuffifante. Reprenons maintenant ce Principe: Toute chofe a fa Raifon fuffifante, pourquoi elle eft, & pourquoi, &c.

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II eft, ajoûtent-ils, un moyen de découvrir suffisamment, pourquoi telle chofe eft poffible ou impoffible, voilà qui embraffè toutes les chofes, entre

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fuffifan

te.

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