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ordonné que les Cardinaux feroient traitez de cette qualité, eft de 1630. (1). du 10. Janvier : & il eft imprimé dans le XVI. Tome du Mercure François. En ce tems là on ne traitoit d'Alteffe en France que Gaston de France Duc d'Orleans, frere unique du Roi Louis XIII. Mais comme quelque tems après le Cardinal Infant, Gouverneur des Pays Bas, frere de Philippe IV. Roi d'ELpagne, fe fit traiter d'Alteffe Royale, Gafton Duc d'Orleans, & Madame de Savoye fa foeur, s'en firent auffi traiter. Louis de Bourbon Prince de Condé arbora enfuite l'Alteffe fimple. Et enfuite l'Alteffe Sereniffime: laiffant l'Altesse simple aux Princes naturalifez de France, aux Princes de Savoye, & aux Princes de Lorraine. Mr. Baillet au refte, qui eft un grand Copiste, a copié cette alteffe de la Mirande des écrits de Mr. de Balzac : lequel, au chapitre VII. de fes entretiens, parlant de Jofeph Scaliger, l'appele Son Alteffe de Vérone. Ce que Mr. Baillet a encore imité à la page 299. du Tome 2. en cet endroit: "Cette passion penfa dégénérer en folie, par l'impatience qu'ils témoignerent l'un & l'autre (Scaliger le pere & Scaliger le fils) autant pour rétablir leur Alteffe prétendue dans la Seigneurie de Vérone, que pour maintenir leur Principauté dans la République des Lettres. Mais il eft à remarquer que Mr. de Balzac appele Scaliger Son Altelle de Verone en raillant, comme Mr. Baillet au paffage que je viens de rapporter, & que Mr. Baillet parle ferieufement à l'endroit où il traite Pic de la Mirande de Son Alteffe. Pic étoit véritablement Prince de la Mirande : & la Principauté de Vérone des Scaligers étoit une Principauté Chimerique. J'ai produit à la page 517. de la derniere édition de mes Origines Italiennes l'extrait des Lettres de Naturalité de Jules Scaliger, qui font du mois de Mars 1528. dans lefquels le Roi François I. ne donne d'autre qualité à Jules Scaliger que celle de fules Céfar de l'Efcalle de Bordoms, Docteur Médecin, natif de la Ville de Vérone en Italie (2). C'est-à

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1. M. Amelot de la Houffaye dans fes Remarques fur l'Hiftoire de Trente de Fra-Paolo, le date de 1631.

2. Je fuis le plus trompé du monde fi dans ces Lettres de naturalité alléguées par M. Ménage il ne faut lire de Bordonis, & non pas de Bordoms. D'un i joint à une n al eft aifé de faire une m, fur tout quand Je point de l'i ou n'eft point marqué, comme il arrive fouvent, ou fe trouve comme effacé par la longueur du tems. C'eft ce qui a donné lieu de lire Bordoms

pour Bordonis, en Italien Giulio de Bordoni, en Latin Julius de Bordonis, comme Matthaus de Afflictis, Francifcus de Zabarellis, Bartholomeus de Butrigariis, & cent autres. Pour le lieu de fa naiffance qu'on prétend être Ripa, il fuffit qu'il foit dans le Véronois pour juftifier le titre de Veronenfis. Jules Scaliger l'a pris, & perfonne ne le lui contefte. Julius Scaliger, dit Lilio Giraldi, qui prius Budonis cagnomine fuit, Veronenfis, apprimè eruditus &c.

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dire que Jules Scaliger n'en prenoit point d'autre en ce tems-là. Je remarquerai ici en paffant, que cette qualité de Docteur Medecin que le Roi François I. donne dans ces Lettres à Jules Scaliger, fait voir que ce que Melchior Guillandinus a écrit que Jules Scaliger avoit pris le degré de Docteur en Médecine dans l'Univerfité de Padouë, paroit vraisemblable; quelque chofe que fon fils Jofeph Scaliger ait dit au contraire dans fa Lettre 428. adreffée à Charles Labbé, & dans fa 441. adreffée à Jean de Laet, & dans fon Confutatio Fabula Burdonum. Ces mots de Bordoms font auffi voir qu'il s'appeloit, Julius Burdonius, comme l'appelle Lilius Gyraldus, & non pas, Julius à Burder, ou Comes à Burem, comme fon fils dans fa Lettre à Doufa, & ailleurs, prétend qu'il s'appeloit. Ce qui eft conforme à cet endroit de Thuana: "Etant à Padouë, Auguftinus Niphus, neveu de ce grand Philo,, fophe Auguftinus, me parla de Scaliger: & me dit que la vérité étoit, qu'il ne venoit des Scaligers de Vérone: & qu'il ve,, noit de Benedetto Burdone, qui demeuroit à la ftrada della ,, Scala à Venife: & m'affura qu'il étoit ainfi. Robertus Titius le fait originaire de Padouë, Vide quæ adnotavimus in noftris locis con troverfis, ac deinceps in Affertione pro iifdem, adverfus malevolum illum obtrectatorem, qui fe Gallum finxit: cùm revera fit vilis quispiam Purdo, in agro Patavino ortus. C'eft fur la fegonde Eglogue de Nemefianus, page 29. Mais il fe trompe, & en difant que Jofeph Scaliger n'étoit pas François, & en difant qu'il étoit du Padouan. Tout cela fait voir que les Scaligers n'étoient point Princes de Vérone. Mais ils l'étoient des gens de Lettres. Et cette Principauté eft bien d'une plus grande étenduë que celle de Vérone. altis

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Regna, nec Oceano, nec flumine claufa, neque
Montibus: ingenium quà patet, illa
illa patent.

Et comme difoit Lipfe, felon le témoignage du Président de Thou dans le Thuana, Ceux de Vérone devroient plutôt tirer ,, leur origine des Scaligers, les Scaligers étant plus nobles que la Ville de Vérone.

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Comme Mr. Baillet me chicane fur toutes chofes, il ne manquera pas de dire que ce que je dis ici contre la Principauté de Vérone des Scaligers, eft contraire à ce que j'en ai dit dans cette Epigramme Grecque:

Ἡνίδ ̓ Ἰώσηππος, κεῖνος φύσεως μέγα θαῦμα,

Τὸ παρὸς μέγαλο πας μέρας ὁ Σκαλανὸς, Τοῖς Σκαλανοῖς καλῆς ὑπατίω Βηρωνίδος αρχών Εἴλετο Ζεὺς, Μεστον σκήπξον ἔδωκε φέρειν.

Mais ces fortes de louanges font permifes aux Poëtes, qui fe contentent de l'apparence des choses.

J'oubliois à remarquer, que Jules Scaliger n'étoit pas né à Vérone, quoique fes Lettres de naturalité le portent. Il étoit né à Ripa, près le Lac de Garde. Julius autem Cafar Scaliger natus eft anno 1484 ad diem IX. Kal. Maii, feriâ fextâ, annis octoginta poft Wilhelmi Groffi, fex autem ante Matthie Hungarorum Regis mortem, in caftro Ripa, al caput Benaci: qui locus fuerat hactenus ditionis Scaligerorum. Ce font les termes de Jofeph Scaliger, fon fils, dans fa Lettre à Doufa.

LXXX.

Ignorance de Mr. Baillet dans fon métier de Bibliothecaire touchant le Perroniana.

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Onfieur BAILLET dit que Mrs. Du Puy ont fait imprimer le Perroniana; qu'il appele les Perroniennes. Cela n'eft pas véritable, ç'a été Mr. Daillé, le fils, qui l'a fait imprimer : & ce fut en 1669. qu'il le fit imprimer : & il le fit imprimer à Rouen. Pierre Du Puy, qui étoit l'aîné des deux freres, mourut en 1651. le 17. Décembre (1): & Jacques Du Puy, Prieur de St. Sauveur, le cadet, mourut en 1656. le 17 Novembre. Ce qui a troublé Mr. Baillet, c'eft que ces mots du Cardinal du Perron, intitulez Perroniana, ont été recueillis par Cryftophe Du Puy, Procureur de la Chartreufe de Rome: le frere de ces Meffieurs Du Puy: lequel étoit en ce tems-là Aumônier du Roi, & adomestiqué chez le Cardinal du Perron. Mr. Baillet eft peu verfé dans l'Hiftoire des gens de Lettres.

1. Le 14. Décembre.

LXXXI.

Juftification de mon Livre Adoptif: de mon portrait inferé à la tête de mes Mifcellanea : & de la foufcription de mon portrait.

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E fis imprimer en 1652. un Livre in-4. 'intitulé Mifcellanea. La premiere édition de mes Poëfies fait partie de ces Mêlanges J'ajoûtai à mes Poefies plufieurs Vers en l'une & l'autre Langue, qui m'avoient été adreffez par differentes perfonnes. Et j'intitulai ces vers, Ægidii Menagii Liber Adoptivus. Mr. Baillet s'écrie làdeffus contre moi comme fi j'avois fait la plus mauvaise action du monde. "Enfin Mr. Ménage, Tome V. page 366. non content d'avoir eu tant d'enfans naturels, en a voulu encore avoir ., d'adoptifs à l'imitation d'Heinfius: & ayant ramaffé un Recueil de Poëfies d'autres, adreffées à lui, ou faites à son sujet, il les adopta fous le titre d'Egidii Menagii Liber Adoptivus : & les fit imprimer avec les fiennes à Paris in-4. l'an 1652. accompagnée d'un très-beau portrait de la main de Nanteuil "Cefont fes termes. Il dit enfuite, parlant de ceux dont les vers compofent ce Livre Adoptif, pag. 371. "Nous pouvons, affurer mê,, me que tous les François n'ont pas toujours été également in,, fenfibles aux beautez des Poëfies de Mr. Ménage. Et il feroit aifé d'alleguer les Balzacs, les Coftars, les Sarrafins, les Ferra,,mus, les Des-Marets, les Halleys, les Mofants de Brieux, les Valois, les Heinfius, les Mambruns, pour faire voir du moins que la fympatie & l'amitié mutuelle des Poëtes eft bien capable », par la vertu de l'invention Poëtique de trouver dans l'un des ,, leurs les plus belles qualitez qui font imperceptibles à des Critiques farouches & intraitables.

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Premierement, un Recueil de Poëfies d'autres adresses à lui, est très-mal dit. Il faloit dire, un Recueil de Poëfies de plufieurs Poëtes, lef quelles lui étoient adreffées. D'ailleurs,il eft faux que Mr. Coftar m'ait adreffé des vers. Mr. Coftar n'a jamais fait de vers. Mr. Baillet a pris le nom de Mr. Coftar pour celui de Mr. Habert de Mommor. Mais cela eft peu de chose. Parlons du fonds de la question. Quand je n'aurois que l'exemple de Daniel Heinfius pour juftifier le titre de mon Liber Adeptivus, cela fuffiroit, Daniel Heinfius étant un homme d'une grande autorité parmi les gens de Lettres. Mais

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outre fon exemple, j'ai celui de Nicolas Heinfius, fon fils, digne fils de fon pere: lequel a fait auffi imprimer dans fes Poëfics un Livre Adoptif de vers faits à fa loüange. Et outre ces deux exemples, j'ai celui de Mr. de Furftemberg, Evêque de Munfter & de Paderborn, homme d'une grande vertu & d'une grande pieté, Poëte célébre, & le Mécénas de notre fiécle: dont les Poëfies, de fon vivant, & de fon confentement, ont été publiées avec deux Livres Adoptifs de vers faits à fa louange, qui excédent de beaucoup le nombre de fes propres vers. Ces Poëfies, dont il m'a fait préfent, furent imprimées à Amfterdam chez Elzevir en 1671. J'ajoûte à ces trois exemples celui de Mr. de Balzac, qui a ajoûté au Recueil de fes Vers un Livre de vers étrangers, fous ce titre de Liber Adoptivus; quoique ces vers ne lui foient point adressez. Me voilà donc bien justifié du côté du titre de mon Livre Adoptif. Pour ce qui eft de la chofe, il y a deux milles exemples de Poëtes dont les Poëfies, foit de leur vivant, foit après leur mort, ont été imprimées conjointement avec des vers d'autres Poëtes qui leur avoient été adreffez. C'est ainsi qu'en a usé à l'égard de Pétrarque, de Bembe, du Cafa, du Rota, de Ronfard, de Du-Bellai, de Belleau, de Bertaud, de Des-Portes, de Ste Marthe, de Maynard, du Cavalier Marin, de Ségrais, de Hallé de Caen, &c. Et Mr. Bochart, qui étoit la modeftje même, a fait imprimer à la tête de fon Phaleg un grand nombre de vers faits à la loüange de fon Livre. Et un nombre infini d'autres Ecrivains en ont ufé de la forte à l'égard de leurs Ouvrages.

Pour ce qui eft de mon portrait inferé dans mes Mifcellanea, fi Mr. Baillet en a voulu faire des railleries, comme il femble qu'il en ait voulu faire, il eft encore plus mal fondé en cette accufation que dans celle dont je viens de parler : les portraits mis à la tête des Ouvrages des Auteurs, étant une chofe reçuë généralement parmi tous les Auteurs. Et j'apprens de ces vers de Martial, que cette coûtume fe pratiquoit de fon tems;

Quam brevis immenfum cepit membrana Maronem

Illius vultus prima tabella gerit.

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Il me refte à répondre aux railleries qu'on a faites de cette fouscription de mon portrait, ÆGIDIUS MENAGIUS GUILLELMI FILIUS. On dit que ceft expliquer une chofe obfcure par une plus obfcure: obfcurum per obfcurius. Je n'ai pas un grand mérite: mais j'ai une grande réputation : & je dois une partie de

Tom. VIII.

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