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J'ai toujours lû dans fes écrits
L'immortalité de fa vie.

Plût au Ciel que fa renommée
Fût auffi chérement aimée

De mon Prince qu'elle eft de moi.
Son deftin loin de la commune

Seroit toujours avec le Roi

Dedans le char de la Fortune:

J'ai remarqué dans mes Obfervations für Malherbe,que Théo-phile fe mocquoit néanmoins de ces vers de Malherbe, Cette Anne fi belle, &c. & que pour les tourner en ridicules, il en avoit ainfi parodié le premier couplet,

Ce brave Malherbe
Qu'on tient fi parfait,

Donnons lui de l'herbe,.
Car il a bien fait..

Mais comme Mr. Baillet l'a fort bien remarqué, Théophile pouvoit conter au nombre de fes difgraces, d'avoir vêcu au même tems que Malherbe ; car Malherbe l'obfcurciffoit: ou plutôt, il l'effaçoit.

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Je reviens à fon affaire criminelle, comme je ne le tiens pas innocent que l'a cru Malherbe, je ne le tiens pas non plus fi cou-pable que l'ont cru le Pere Garaffe & le Pere Théophile Regnaud: Meffieurs du Parlement ne l'ayant condamné qu'à un banniffement. Il est au refte très-constant qu'il n'eft point l'Auteur du Parnaffe Satyrique. Ce Livre, comme les Priapées; eft un ramas de Piéces compofées par différens Auteurs: car je ne fuis pas de l'avis de Mr. Guiet, qui croyoit que Domitius Marfus étoit l'unique Auteur des Priapées..

J'ai oui dire à une perfonne qui avoit connu Théophile trèsparticulierement, qu'il étoit l'Auteur de la Sophonisbe de Maitet; & que Mairet la lui avoit volée ; & qu'il en avoit oüi reciter des vers à Théophile, comme étant fes vers.Il peut être. que Théophile ût commencé une Tragédie de Sophonisbe, & que Mairet qui le voyoit familiérement (car Mairet étoit Secretaire de Mr. de Mommorency, le Patron de Théophile) ût travaillé fur son plan, & même qu'il eût emploïé quelques-uns de fes vers ; mais

1

il n'y a point d'apparence qu'il lui ait volé cette Tragédie toute entiere: dont le ftyle d'ailleurs eft très-diffemblable de celui de la Tragédie de Pyrame & Thisbé de Théophile.

Théophile, felon le Mercure François, mourut le 25. Sept. de l'année 1626. Sa maladie commença par une fievre tierce qui fe tourna en quartre, par un reméde en poudre que lui donna un Chymifte.

Il étoit de Boufferes Ste Radegonde, village fur la rive gauche du Lot: un peu au-deffus d'Eguillon: ce que j'ai appris de cet endroit de fa Lettre à fon frere:

Quelque lacs qui me foit tendu
Par de fi fubtils adversaires,
Encore n'ai-je point perdu
L'efperance de voir Boufferes.
Encore un coup, le Dieu du jour
Tout devant moi fera sa Cour
Es rives de notre héritage, &c.
Ce font les droits que mon païs
A mérité de ma naiffance:
Et mon fort les auroit trahis
Si la mort m'arrivoit en France.
Non, non, quelque cruel complot
Qui de la Garonne & du Lot
Veuille éloigner ma fépulture,
Je ne dois point en autre lieu.
Rendre mon corps à la Nature;
Ni résigner mon ame à Dieu.

Ce frere de Théophile étoit Maître d'Hôtel de Mr. de Mom

morency.

Le Pere Garaffe Livre 1. chapitre 14. de fa Doctrine Curieufe, dit que Théophile étoit fils d'un Tavernier de village. (1) Ce qui, felon Théophile dans fon Apologie, eft une fuppofi

tion.

́1. Voyez page 246. la note.

XCI.

Addition au chapitre de Mamert Patiffon, Imprimeur de

Paris.

PAtiffon étoit d'Orléans, & favoit quelque chofe. p. 365. Tom. 1.

Ce font les termes du Thuana. François Pithou dans fon Pithoeana manufcrit, qui eft dans la Bibliothéque de Mr. Peletier Controleur Général des Finances, a auffi remarqué que Mamert Patiffon étoit d'Orléans. Le Poëte Regnier, dans fa quatriéme Satire, adreffée au Poëte Motin, a fait mention de lui en ces termes :

Or que dès ta jeunesse Apollon t'ait appris ;
Que Calliope même ait tracé tes écrits ;
Que le neveu d'Atlas les ait mis fous fa lyre;
Qu'en l'antre Thefpéan on ait daigné les lire ;
Qu'ils tiennent du fçavoir de l'antique leçon;
Et qu'ils foient imprimez des mains de Patiffon;
Si quelqu'un les regarde & ne leur fert d'obftacle,
Eftime, mon ami, que c'eft un grand miracle.

Scévole de Ste Marthe, lui a adreffé des vers Latins, par lef quels il lui recommande l'édition de fes Ouvrages. Jofeph Scaliger lui a écrit la troifiéme de fes Lettres Latines, où il le traite d'homme favant (1). Cette Lettre de Scaliger, pour le marquer en paffant, eft écrite, ce qui eft remarquable, contre un certain François de l'Ifle (2), Procureur du Parlement de Paris, lequel avoit écrit en vers Latins, contre Jofeph Scaliger au fujet des endroits de Lucain qui regardent l'Aftronomie : & lequel, au jugement des connoiffeurs, lui avoit porté des bottes franches. Voyez Mornac dans fon Ferie Forenses, à l'article de Francifcus Infulanus page 75. Mamert Patiffon mourut avant l'année 1606 (3).

1. Il ne l'y traite pas de favant, en termes exprès, mais il lui écrit comme à un Savant, la Lettre qu'il lui adreffe fuppofant en lui une érudition plus que médiocre.

2. Dans le fecond Scaligerana Jean de Vallan le qualifie Procu cur au Châtelet. 3. Il mourut l'an 1600. ce que nous apprenons d'une Lettre de Cafaubon au

Jésuite André Schott, laquelle eft la 250. de l'édition d'Allemagne. Il y eft parlé de la mort de Patiffon arrivée deux ans auparavant, ante biennium. La Lettre eft du 23. Juillet 1602. ce qui fait voir qu'il mou rut en 1600. & que le Patiffon dont il eft parlé dans la 227. Lettre du même Cafaubon, datée du 1. O&obre 1601. n'ek au tre que Philippe fils de Mamerts.

Car en cette année-là Philippe Patifsson, qui, apparemment, étoit fon fils, imprima le Recueil des vers d'Amour de Bertaud; & le Privilége pour l'édition de ce Recueil eft obtenu par la veuve Mamert Patiffon.

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• XCII.

Addition au chapitre de Nivelle.

Ontius, dans fa Préface fur le Corps de Droit de Nivelle de 1576. parle de ce Corps de Droit en ces termes: Si verò miniate, nigræque fcripturæ mixtam jucunditatem, que & oculos & memoriam pafcit & juvat : fi charte minimè bibula bonitatem, candorem ac nitorem: fi characterum multiplicem elegantiam: fi emendationis denique limam, fummamque fidem spectetis, fatebimini nunquam huic Corpori fimile ejufdem bonitatis editum fuiffe: mecum defperabitis fimile unquam editum iterum iri.

Voici fon Epitaphe : qui eft dans l'Eglife St. Benoit de Paris: ,, Ci-devant gifent honorables perfonnes, Sebastien Nivelle, » Marchand Libraire Juré en l'Univerfité & Bourgeois de Paris : & Madelaine Baudeau, fa femme qui ayant vécu ensemble l'efpace de cinquante-cinq ans, font décédez : favoir ledit Nivelle âgé de 80. ans, le ro. Novembre 1603. & ladite Baudeau, âgée de 78.

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XCIIE

Addition au chapitre de Jean Cotta, Poëte Latin d'Italie.

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Onfieur BAILLET,,, Jules Scaliger dit que Jean Cotta avoit compofé fes Epigrammes fur le modelle de celles de Catulle, &c. Tome IV. pag. 301.

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MENAGE. Et Flaminius dit que les vers de ce Cotta font encore plus doux que ceux de Catulle.

Si fas cuique fui fenfus expromere cordis,
Hoc equidem dicam pace, Catulle, tuâ::
Eft tua Mufa quidem dulciffima: Mufa videtur
Ipfa tamen Cotta dulcior effe mihi...

Mr, Baillet, au refte n'a pas traduit avec fidelité les paroles de Jules Scaliger.

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XCIV.

Addition au chapitre de Fracaftor.

Uand Fracaftor vint au monde, fes lévres fe tenoient; à

la reserve d'une petite ouverture au milieu, par laquelle il prenoit de l'aliment. Un Chirurgien les lui fépara avec un rafoir. Et là-deffus Jules Scaliger a fait certe Epigramme (1):

Os Fracaftorio nafcenti defuit, ergo

Sedulus attenta finxit Apollo manu.

Inde hauri, Medicufque ingens, ingenfque Poëta,

Et magno facies omnia plena Deo :

Laquelle a été ainfi traduite en Italien par le Cavalier Marin:

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Mr. Baillet n'a pas fu l'Hiftoire du différent d'entre le Cavalier Marin & le Murtola,

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"Le

Onfieur BAILLET Tome V. page 93. chap. 1404.
Murtola prétendant empêcher le Cavalier Marin, nou-

1. Le Cavalier Marin a jugé cette Epigramme tout au moins paffable, plus indulgent en cela que M. Ménage qui pag. 105. de ce Volume veut absolument que

de toutes les Epigrammes de Jule Scali ger il n'y en ait pas une feule médiog crement bonnc.

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