veau venu dans la Cour de Savoye, de s'insinuer dans les esprits, , commença par faire fa Vie. C'étoit une Satyre dans laquelle il „ déchiroit fa réputation, & tâchoit de décrier ses Vers, aussi, bien que ses actions. C'est peut-être ce que l'on appelle la Marineide, Rifate, fi nous suivons le Crafso. Le Cavalier Marin fit , pour lui répondre la Murtoleide, Fischiate; qu'il remplit d'un sel , fort acre & fort picquant. De forte que bien que Murtola eût ,, fait une replique, qui selon le Ghilini & le Juftiniani, n'est autre que la Marineide; qu'ils prétendent avoir été précedée de در la Murtoleïde, il ne laissa pas de demeurer aufsi ridicule que ,, que le Marini l'avoit fait. C'est ce qui l'obligea de recourir à ,,l'arquebuse. D'autres Auteurs Italiens donnent un autre ordre ,, à toutes ces Piéces Satyriques. Ils disent que l'arquebuzade ,, produisit la Murtoléide, & que Murtola s'étant sauvé à Rome ,, au fortir de la prifon, répondit de loin parla Marinéide: ce qui „ paroît plus vrai-semblable. MENAGE. Encore une fois, Mr. Baillet n'a point lû d'originaux. Il n'a vû, ni la Murtoléide, ni la Marinéide. S'il avoit vû ces deux Ouvrages imprimez ensemble in douze à Francfort en 1626. chez Jean Beyer, il auroit appris par ce titre de la Marinéide, la Marinéide, Risposta che fa il Murtola al Marino, & par ces vers della Rifata prima.. Io mi rido, Marin, di quante mai Que la Murtoléide a précédé la Marinéide. Il est aussi conftant que le Murtola ne publia la Marinéide qu'après le coup d'arquebuse qu'il tira au Marin. Ce qui paroît par cette Lettre du Marin au Conte Fortuniano San Vitali. Il Murtola, ancorche si vedesse da me molto strappazzato, e beffato con tante fischiate, e si accorgesse d'effer divenuto favola e obbrobrio, non folo della Corte, ma di tutta la città, il tutto non dimeno diffimulava: e se bene in apparenza si vedeva turbato, dimostrava però una flemmatica sofferenza. Ma finalmente, essendo stato licenziato dal servizio di S. A. (1) non à saputo più contenersi, ma per aver perduta la vazione, è diventato veramente irrazionale. E perfuadendosi essergli cio avvenuto per opera mia; (come s'io avessi tanto d'autorita con questo Serenifssimo Principe che potessi fare e diffare ogni cosa); II étoit Segretaire du Duc de Savoyer nè sapendosi levar questa impressione dalla mente, senza confiderare il Suo poco merito, &c. Domenica passata, che fu il primo di Febraio, vigilia della Purificazione della Santiffima Vergine, giorno per me Sempre memorabile, su la strada maestra, presso la piazza publica, poco innanzialle 24: ore, mentre ch'io di lui non mi guardava, mi appostò con una pistolotta, carica di cinque palle ben grossse, e di sua propria mano, molto da vicino, mi tirò alla volta della vita. Delle palle, tre ne andarono a colpire la porta d'una bottega, ch'ancora se ne vede Segnata: l'altre due, mi passarono strisciando fuper lo braccio sinistro, e giunsero à ferire il Braida, giovane virtuoso, ben nato, e mio parziale amico: il quale mi era allora al lato, e veniva meco passezgiando: talche piscia a dio che la scampi, &c. Appena fu in piazza, che diede tra gli fbirri. E non ostante che si ritrovasse addosso (oltre la pistola) un fufetto lunguo due palmi, col quale si poteva per aventura difendere, in somma fu preso: e tutto pesto dal popolo, fu condotto in prigione: dove, senza altra tortura, fubito confesso e ratifico d'avermi tirato con animo deliberato d'ammazarmi: affermando, che quando avesso potuto, tutto che fusse stato sicuriffimo di morire, mi avrebbe dato di bel mezzo dì, quando io era in carroza col Duca e coi Cardinali. Lodato Iddio, la cosa à riuscita in guisach'io la posso scrivere e raccontare. Quanto in questa cosa sento d'affanno, è da una parte il male dell' amico, ilqual mi preme in fino all' anima: parendomi che senza colpa abbia patito per me: e dall'altra, la voce che va spargendo quel furfante, per coprir la sua invidia e iscusare la sua malignità, ch'io l'abbia con Poësie inguriose e infamatorie offeso nell' onore delle forelle. E Iddio sa, se mai in alcuna scrittura di quelle mie burlesche è trappazatti i termini del ridicolo e della piacevolezza: parendomi questo un modo affai dolce per mortificare la fux arroganza. Nè anche tant' oltre farei trascorso, s'egli stesso con parlamenti fuperbi ed odiofi, non mi avesse provocato, &c. Defidero, che si sappia dagli amici; e Specialmente dal mio Signor Stigliani, il quale à da scusarmi, fi trasportato dalle passione, presi di lui il sospetto che prefi: poiche dopo il successo di questo fatto, o saputo quel che prima io non sapeva, cioè, che costui avea fatte, non mica delle composizioni da burla, ma delle Pasquinate sfacciatissime, e mandatele in quà e in là. Basta egli à voluto rendermi fischiata perfifchiata: poiche in effetto ancora mi fischianol'orecchie della sparata che fece la botta; laquale parve quafi una artiglieria. L'Adoné du Cavalier Marin étoit originairement dédié au Maréchal d'Ancre. C'est ce que j'ai appris de Mr. Bautru, qui en en avoit vû la Dédicace; laquelle il m'a autrefois récitée. J'ai appris de Mr. Chapelain, que le Cavalier Marin étoit le premier, ou du moins un des premiers; qui avoit introduit les trois rimes dans les Tercets des Sonnets. Le Cavalier Marin ne se tenoit pas inférieur au Tasse. C'est ce que j'ai appris de cet endroit d'une Lettre du Cavalier Marin à Bernardo Castello : Sia mi lecito, in confidenza, di rompere il freno della modestia, e di smoderare alquanto in arroganza. Iddio mi dotò, la sua merce d'intelletto tale, che si sente abile à comporre Poëma non meno excellente di quel che si abbia fatto il Tasso: e s'io dicessi che già l'ò fatto, e che lo farò comparire alla luce, riavuti ch' i'avrò i miei scritti, non direi forse mentita. C'est à la page 178. S XCVI. Addition au chapitre de St. Amant. Aint Amant récitoit fort bien des vers, mais il y avoit beaucoup de défauts dans ceux qu'il fésoit. Et c'est de lui dont Gombaut a voulu parler dans cette Epigramme: Tes vers font beaux qnand tu les dis, Il étoit fils d'un Gentilhomme verrier. Et c'est de lui dont a voulu parler Mainard dans cette autre Epigramme: A Votre noblesse est mince; Car ce n'est pas d'un Prince, XCVII. Addition au chapitre de Ménandre. U sujet du talent qu'avoit Ménandre le Comique de bien caractériser les personnages, Mr. Baillet peut ajoûter ces vers de Ménandre le Byzantin, dans lesquels on demande à la Dd Tome VIII. Vie & à Ménandre qui d'eux deux est l'original: -ὦ Μένανδρε, η Βίε, * Πότερες αρ ὑμε ποτέρον ἐμιμήσατο. Ces vers font citez par les Interpretes d'Hermogéne à la page XCVIII. Plusieurs erreurs de Mr. Baillet touchant le Poëte Licentius, compatriote, parent difciple de St. Augustin. Mr. Monfieur B Onfieur BAILLET. Tome IV. pag. 231.,, Je pourrois aussi ne pas ômettre Licentius, Afriquain d'Hippone, l'ami de St. Augustin: qui le considéroit presque comme fon Maître. Il est vrai que ses Hymnes font péries, avec quelques ,, autres de ses Piéces. Mais il nous eft resté de lui une espéce دو دو دو دو دو دو de Poëme galant & profane, des Amours de Pyrame & de Thifbé: dont le style, au jugement du Pere Briet, est affez obfcur & affez bas: n'ayant aucune qualité qui puisse le rendre confidérable. MENAGE. Tout cela est faux (1). Pergula pictorum, veri nihil, omnia ficta. Il est faux que Licentius fût d'Hippone. Il étoit de Tagaste: car & lui & St. Augustin étoient d'un même lieu: comme il le dit lui-même dans son Poëme à St. Auguftin, inféré dans la Lettre 26. de St. Augustin, qui lui eft adressée (2).. : Sed nos præterea qui ab una exurgimus urbe, &c. Et St. Augustin étoit de Tagaste. Mais il est vrai que Lilius Gyraldus a fait Licentius d'Hippone; & qu'en cela il a esté suivi par Gerard Voffius & par Borrichius dans leurs Poëtes Latins ; & par le Pere Briet dans son Acute dicta Veterum Poëtarum. Et c'est ce qui a trompé Mr. Baillet. Le Pere Briet, pour prouver que Licentius étoit d'Hippone, & non pas de Tagaste, dit que St. Augustin l'appelle civem fuum, & non pas concivem : ce qui est dit sans 1. Lucilius. tion des Peres Benedictins, cit la 39. de 2. Cette Lettre qui est la 26. de l'édi- l'édition de Bale. raison: civis signifiant un concitoïen: & concivis n'étant pas un mot Latin ancien. Il est aussi faux que St. Augustin considérât Licentius comme son Maître. C'étoit au contraire Licentius qui considéroit St. Auguftin comme fon Maître. Et il l'étoit en effet. Ce qui paroît par ces vers de Licentius à St. Augustin. Facet omnis enim mea cura legendi Te non dante manum ; & confurgere fola veretur, &c. Sed tecum reputans tua candida verba Magister, &c. Et par ces mots de la Lettre de St. Paulin à Romanianus, pere de Licentius: Utinam hac nunc Domini tuba,quâ per Augustinum intonat,filii noftri Licentii impulset auditus,&c. Tunc verè fibi fummus Christi Pontifex Auguftinus videbitur : quia se tunc & exauditum fentiet ab excelso, fi quem tibi dignum genuit in literis, hunc fibi digne filium pariat in Chrifto. Et par ceux ci de la Lettre du même Paulin à Licentius: Audi ergo, fili, legem patris tui: id eft, fidem Augustini: noli repellere confilia matris tue: quod æque nomen in te Auguftini pietas vindicat: qui te tantillum gestavit finu fuo, & à parvulis primo lacte sapientiæ fecularis imbutum , nunc etiam fpiritalibus lactare & enutrire Domino geftis uberibus. Et par ces autres : qui sont de son Elegie au même Licentius: Tunc veminisceris fruftrà patris Augustini Mr. Baillet ajoûte, que les Hymnes de Licentius font péries. Et moi je lui soûtiens que Licentius n'a jamais fait d'Hymnes. Lilius Gyraldus a trompé Mr. Baillet (1), en disant qu'il en avoit fait. Et il a trompé de même Voffius, Borrichius, & le Pere Briet, qui sur sa foy ont dit la même chose. Lilius Gyraldus a écrit qu'il avoit aussi fait des Lettres en vers. Il ne paroît point que Licentius ait fait d'autre Lettre en vers que le Poëme à St. Augustin dont nous avons parlé. Mr. Baillet ajoûte encore, que de tous les Poëmes de Licentius, il ne nous eft resté que celui des Amours de Pyrame & de Thisbé. Il est très-faux, sauf le respect que je dois au caractere 1 1. Peut-être aussi est-ce ce Crinitus qui a trompé & Gyraldus & Baillet. |