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Baillet qu'Epiftolaccia vouloit dire une petite Epître, c'est que l'Epître de S. Paul à Philemon eft fort petite, c'eft la fource de fa bévûë.

IX.

Erreur de Mr. Baillet. touchant un paffage de Gerfon, où il· eft fait mention de Rabbi Mofes, fils de Maimon.

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Onfieur BAILLET, page 40. Tom. I."C'eft ce qui a porté Gerfon à mettre au nombre des ignorans Critiques ,, ceux qui n'étoient habiles qu'en une forte de science: parce qu'il eft difficile qu'on ne trouve à éxaminer que des chofes d'une même espéce dans un Livre. Et il prétend que c'eft avec raison ,, que Galien, tout bon Critique qu'il étoit en certaines chofes

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fut raillé par un Rabin, nommé Moïfe, pour s'être mêlé de ,, ter fon Jugement fur ce qui étoit hors de fa fphére, & qui paffoit fes connoiffances.

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MENAGE. Ce conte de Gerfon eft un conte; c'est-à-dire, une pure fable. Car comment Rabi Moïfe auroit-il pû railler Galien, puifque Galien & lui n'ont pas vêcu en même tems. Galien vivoit fous Marc Auréle qui eft mort en 180. Et Rabbi Moïfe, Juif Ef pagnol fils de Maimon, d'où il a été appelé Rambam, des lettres initiales de fon nom Rabbi Mofes Ben Maimon, (c'est-à-dire, Rabbi Moife, fils de Maimon) nâquit à Cordoue en 1131. felon l'opinion commune, & il mourut en Egypte l'an de l'Hégire 605. & de nôtre Seigneur 1209. Car il ne faut pas douter que ce que dit ici Gerfon de Rabbi Moïfe, ne doive s'entendre du Maimonide. Rab bi Moïfe appelé moïse de Gironde, de fà patrie ou de fa demeure de Gironde, & Rabi Moïfe fils de Nachman, étant des hommes obf curs en comparaifon de notre Maimonide: duquel on a dit, à Mo fe ad Mofen non furrexit ficut Mofes. C'étoit en effet un des plus favans hommes de fon tems. C'étoit un grand Philofophe, un grand Médecin, un grand Jurifconfulte, & un grand Mathématicien : & qui au jugement de Scaliger & de Cafaubon, eft le premier des Rabbins qui a ceffé de dire des badineries. Et fi Mr. Baillet avoit û l'honneur de le connoître, il n'auroit pas dit en parlant de lui, un Rabbin, nommé Moïfe. Ce qui me fait fouvenir de ce Provincial qui difòit un nommé Turenne.

Du refte, le Sr. Faret, de l'Académie Françoife, étoit assez de l'avis de nôtre Rabbin, ayant écrit dans fon Honnête Homme,

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qu'il vaut mieux être fuperficiellement imbu de plufieurs chofes, que d'en favoir une feule à fonds: un homme qui ne fait parler que d'une chofe, étant obligé de se taire trop souvent.

J'avois fait cette Remarque contre Gerfon, lorfque m'étant tombé dans l'efprit que Mr. Baillet pourroit bien n'avoir pas entendu le paffage de Gerfon, je fus confulter l'original: Et je trouvai en effet que Gerfon ne difoit rien moins que ce que Mr. Baillet lui faifoit dire. Voici les paroles de Gerfon : Fuit Galenus in arte fua peritiffimus Medicine. Ce qui veut dire, que Galien étoit excellent Médecin Praticien ; & non pas, comme Mr. Baillet l'explique, bon Critique en certaines choses. Memini dum puerulus ftuderem in Artibus, ipfum derifum, quia pofuit quartam figuram in syllogifmis. Mittit, inquiunt, falcem in meffem alienam, quia non Logicus fed Medicus eft. Remarquez que ce ne fut pas Rabbi Moïfe qui fe moqua de Galien. Gerfon ajoûte: Loquitur adverfus Galenum Rabbi Moyfes Medicus: Ce Rabbi Moïfe étoit Médecin du Roy d'ESypte: quia præfumens de fcientia Medicine, præfumpfit confequenter de multis: tanquam illa ficut Medicinam cognofceret: in quibus ipfum erraffe notavit. Et hic error familiaris eft admodum fapientibus hujus fæculi: qui dum fe vident honorari pro aliqua fcientia ; fit Legum, fit Canonum, fit induftria mundialis; laxant faciliter ora de fermonibus quos nefciunt; ut de Theologia: quafi verecundarentur aliquid ignorare. Où eft-il dit en ce paffage que Galien fut raillé par Rabbi Moyfe? Il y eft dit feulement que Rabbi Moïse blâmoit Galien de ce que fachant la Médecine, il croyoit favoir une infinité d'autres choses. Loquitur autem adverfus Galenum Rabbi Moyfes, Medicus, quia præfumens de fcientia Medicina, præfumpfit confequenter de multis. On peut blâmer une perfonne après la mort. Mais quand on dit qu'un tel fut raillé par un tel, cela emporte la présence du railleur & du raillé : ou du moins l'exiftence de l'un & de l'autre en même tems. Ce qui a trompé Mr. Baillet, c'est que Gerfon s'étant exprimé par le préfent, loquitur autem adverfus Galenum Rabbi Moyfes, il a cru que Galien & Rabbi Moïfe étoient contemporains.

X.

Le Livre des Allegories d' Homére attribué par Mr. Baillet à Heraclides Ponticus, n'est point d'Héraclides Ponticus.

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Onfieur BAILLET à la page 6o. de fon troifiéme Tome, parlant des Traductions de Conrad Gefner, dit que Conrad

Gefner a traduit le Livre des Allégories d' Homére par Héraclide du Pont. Il faut dire Héraclide de Pont. Mr. Baillet a fait la même faute en plufieurs autres endroits de fon Livre.

Ce Livre n'eft point d'Héraclidés Ponticus, quoiqu'il foit imprimé fous fon nom. Je l'ai montré dans mes Obfervations fur, Diogéne Laërce, à l'article d'Héraclides Ponticus. Voici ma Remarque: Exftat hodie fub nomine Heraclidis Pontici liber’AMnropíaι ‘Onping infcriptus, & quem Gefnerus, qui eum vertit, noftri Heraclidis Pontici genuinum effe fœtum exiftimat, atque olim Avoewv 'Ounpixar inf criptum, fed omninò eum falli conftat : fiquidem in eo libello mentio fit multorum, qui poft Heraclidem Ponticum vixerunt : Arati, Callimachi, Apollodori, Cratetis, & Herodici, Cratetis difcipuli, & aliorum, Fuit alter Heraclides Ponticus, qui Caii, Claudii, & Neronis temporibus vixit: de quo Suidas in 'Arrépus, & in Hparλeídns & tertius Hiftoricus, cujus meminit Stephanus in 'Odnoobs Secundi illius, vel Tertii, Heraclidis Pontici effe illum librum cui titulus 'Amnyopíaι 'Oμnpixal exiftimabat Voffius. Ex Bibliotheca Vaticana prodiit nuper,operâ Leonis Allatii, Heracliti cujufdam libellus Пepi awv infcriptus. Exiftimabat verò vir ille doctus, non alium effe Heraclitum illum ab Auctore Allegoriarum Homericarum. Idem & Luce Holftenio videbatur: qui& ipfe ad Porphyrium, in Vita Pythagora, teftatur ita hunc Allegoriarum Scriptorem appellari ab Euftathio ad Iliados alpha, necnon in quibufdam harum Allegoriarum, fcriptis Codicibus.

Mr. Bigot a quelque pensée que le Livre des erreurs d'Uliffe (1), intitulé Επίτομος Διήγησις εις τας καθ ̓ Ὅμηρον πλάνας το Οδυσσέως. μετά τινος θεωρίας ἠθικωτέρας φιλοποιηθεῖσα, & publié à Haguenau en 1531. par Opfopaeus, eft de ce même Héraclite.

. XI.

Fauffe allégation de Mr. Baillet du Livre de Mr. Huet de Claris Interpretibus.

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Onfieur BAILLET Tom. 2. pag. 363." Lipfe avoit une démangeaifon plus qu'écholiére pour faire paroître qu'il favoit du Grec: & il faifoit gloire d'en inférer fouvent parmi fon Latin. En quoi il eft blâmé avec beaucoup de juftice par Cafaubon : c'est-à-dire par Mr. Huet: quoique cette bigarrure

1. Compendiofa Explicatio in errores Uliyffis Odyffea Homerica, cum contemplatione morali elaborata.

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,, parût belle aux yeux de plufieurs dans le tems de la nouveauté. MENAGE. Il devoit dire, en quoi il a été blámé, puifqu'il ajoûte, quoique cette bigarrure parût belle. Mais il n'eft pas ici question de fautes de Langue. J'en traiterai dans un Chapitre à part, où je ferai voir qu'il y en a plus de cinq ou fix cens dans les quatre premiers volumes de Mr. Baillet. Il eft queftion de fauffe citation. Cafaubon ne dit rien de femblable de Lipfe dans le Dialogue de Mr. Huet. Et Mr. Huet auroit û grand tort de faire blâmer Lipfe par Cafaubon pour ce mélange de Latin & de Grec; puifque c'étoit le défaut dont on accufoit Cafaubon: comme Cafaubon le témoigne lui-même dans fa premiere Exercitation contre Baronius. Voici les termes : Quod Latinis Græca immifceam: Il parle d'Eudamon Johannes, Candiot Jéfuite, qui l'avoit blâmé de cette bigarrure: Novum crimen, Caie Cafar. Nolo eruditorum noftri fæculi ; Turneborum, Lipfiorum, Scaligerorum, exemplo factum tueri. Nolo Panigarole Conciones in medium afferre. Taceo morem multis aliis Concionatsribus partium Romanarum hodie ufurpatum ; qui apud indoƐtam plebeculam Latina, Græca ( aliquando & Hebraica) recitant fæpe: Latina præfertim, fine interpretatione. Certe olim Cicero ad Pomponium Atticum, Grecè doctum, ita fcripfit, ut ego ad Frontonem Duceum, Greci fermonis intelligentem. Mr. Manjot, très-célébre & très-favant Médecin de Paris, qui mêle ainfi beaucoup de Grec parmi le Latin, s'en excufe auffi par l'exemple de Cafaubon. Tout cela fait voir que Mr. Baillet n'a jamais lû les Ouvrages de Cafaubon, & qu'il a lú avec peu d'attention le Dialogue de Mr. Huet de Claris Interpretibus.

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XII.

Il n'est point vrai que les Oeuvres de Quintilien ayent été trouvées par le Pogge Florentin dans la boutique d'un Charcutier.

Onfieur BAILLET, page 217. du 2. Tome: " Paul »Pogge de Florence d'avoir déterré & mis au jour les Livres de » Cicéron de Finibus, & de Legibus: & le Quintilien, qu'il fauva de ,, la boutique d'un Charcutier.

MENAGE. Il est vrai que Paul Jove a écrit que le Pogge avoit trouvé les Oeuvres de Quintilien, & qu'il les avoit trouvées dans la boutique d'un Chaircutier ou Charcutier; car on dit l'un & l'autre, quoiqu'on ne dife que charcuter. Mais cette derniére par

Tom. VIII.

D

ticularité n'eft pas véritable. Ce fut dans le fonds d'une tour du Monaftére de S. Gal que le Pogge trouva ce tréfor. Il le témoigne lui-même dans une de fes Lettres à Guérin de Vérone, écrite le 17. de devant les Calendes de Janvier de l'année 1417. & datée de Conftance, où il fe trouvoit alors au fujet du Concile. La Copie de cette Lettre se trouve à la tête d'une Copie de Quintilien trouvé par le Pogge. Laquelle Copie de Quintilien paroît avoir plus de 200. ans. Et cette Copie, qui étoit de la Bibliothèque de Mr. Heinfius; comme il paroît par ces termes de la page 5. de la 2. partie du Catalogue de cette Bibliothéque, imprimé à Leyde en 1682. Quintiliani Inftitutiones Oratoria MSe. è Bibliotheca Monafterii Sancti Galli à Poggio Florentino eruta; eft aujourd'hui dans celle de Mr. Colbert de Seignelay, nombre 1217. où le favant & l'obligeant Mr. Baluze me l'a fait voir. Voici les termes de cette Lettre (1) qui regardent cette particularité: Eft autem Monafterium S. Galli prope urbem hinc mil. pas. viginti. Itaque nonnulli, animi laxandi, & fimul perquirendorum librorum, quorum magnus numerus effe dicebatur, gratia, eò perreximus. Ibi inter confertiffimam librorum copiam, quos longum effet recenfere, Quintilianum comperimus, adhuc falvum & incolumem, plenum tamen fitu & pulvere fqualentem. Erant enim non in Bibliotheca libri illi ; ut eorum dignitas poftulabat ; fed in teterrimo quodam &obfcuro carcere ; fundo fcilicet unius turris: quo ne capitales quidem rei

damnati retruderentur.

Léonard Arétin, dans une de fes Lettres au Pogge, qui eft la 4. du Livre 4. de fes Lettres, lui parle de la découverte de ce tréfor, en ces termes: Quintilianus priùs lacer atque difcerptus, cuncta membra fua parte (2) recuperavit:vidi enim capita librorum. Totus eft:cùm vix nobis media pars; & ea ipfa lacera fupereffet. O lucrum ingens ! infperatum gaudium! Ego te, Marce Fabi, totum, integrumque afpiciam, & quanti tu mihi tunc eris, quem ego quamvis lacerum crudeliter ora, ora, manufque ambas, populataque tempora, ruptis auribus & truncas inhonefto vulnere nares, tamen propter decorem tuum in delitiis habebam. Oro te, Poggi, fac me quam citò hujus defiderii compotem: ut fi quid humanitus

1. Le P. Mabillon pag. 211. de fon Iter Italicum imprimé en 1687. & que par confequent Mr. Ménage pouvoit avoir vû, cite cette même Lettre de Poge adreffée non pas à Guérin de Verone, Guarinum Veronenfem, mais ad Johasem amicum fuum, laquelle étoit dans la Bibliothéque Ambrofienne à la fin d'un Quintilien manu

ferit. Les termes de cette Lettre, ne font pas tout-à-fait rapportez de même par Mr. Ménage que par le P. Mabillon.

2. Parte au lieu de per te, eft une faute qui fe rrouve dans l'édition de Bâle des Épîtres de Leonard d'Arezzo pag. 149. & qu'il étoit à propos de corriger.

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