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impenderit, hune priùs viderim quàm è vita difcedam. Nam de Afconio quidem Flacco, licèt uterque placeat, tamen non ufque adeo laborandum exiftimo: quorum fi neuter unquam fuiffet, nihil fere minùs Latinitatis haberet. At Quintilianus, Rhetorice pater & Oratoria Magister, ejusmodi est ut cùm ta illo diuturno ac ferreo barbarorum carcere liberatum huc miferis, omnes Hetrurie populi gratulatum concurrere debeant. Mirorque, te, & illos qui tecum erant, non ftatim in hunc manus avidas injecisse : quem ego poft Ciceronis de Republica libros, plurimum à Latinis defideratum,& pre cunctis deploratum, affirmare aufim. Ces paroles, diuturno ac fermeo barbarorum carcere liberatus, font voir que ce manufcrit de Quintilien n'a pas été trouvé dans la boutique d'un Chaircutier, mais dans quelque Bibliothèque de Moines. Cette Lettre de Léonardo d'Arezzo eft écrite de Florance en 1416. aux Ides de Septembre. Il me reste à remarquer, que dans la Lettre 7. du même Livre, écrite au même Pogge, il y a, Quintilianus tuus laboriofiffime emendatur. Permulta funt enim in noftro vetufto codice, que addenda tuo videantur : fed in quibus locis vetuftas deerat, hoc eft in fyncopis illis grandioribus plerifque in locis infanabilis morbus eft. J'apprens de la Lettre précédente de Léguard Aretin écrite du 4. des Nones de Janvier 1415. au même Pogge, que le Pogge avoit trouvé en France des Oraifons de Ciceron: dont Paul Jove n'a point fait de mention. Infuper? ut tu nuper in Gallia Orationes duas Marci Tullii, quas noftra fecula nunquam viderant, tuâ diligentiâ perquæfitas, reperifti: fic ego nuper Areti Epiftolam (1) quandam reperi, quam te nunquam vidiffe certe fcio. In ea non fine ftomacho Tullius Petrarce refponder. Cette réponse de Ciceron à Pétrarque eft une raillerie fur la Lettre que Pétrarque a écrite à Ciceron. Et j'aprens du Pogge dans fon Dialogue de Infelicitate Principum, page 394. qu'il en avoit trouvé huit en Allemagne, outre le Quintilien & le Columelle. Voici l'endroit : Sufcepit hic me intuens : C'est Nicolas Nicolo qui parle au Pogge: olim diligentiam & laborem pergrandem Alemania librorum perquirendorum gratia, qui in ergaftulis apud illos reclusi detinentur in tenebris, carcere caco: qua in re multùm profuit Latinis Mufis ejus induftria. Nam octo Ciceronis Orationes; integrum Quintilianum, Columellam : qui anteà detruncati & deformes apud erant:& item Lucretii partem: pluresque alios Latine Lingue Auctores pr.cclaros, reftituit nobis: pluraque ex diris carceribus, quibus inviti, ob

1. Après Sic ego il me paroît qu'il auroit falu mettre un &c. qui auroit été suivi immédiatement de ces mots: Et j'apprens

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du Poge dans fon Dialogue &c. Parce que tout ce qui eft entre deux eft entiérement hors d'œuvre, & ne fait que brouiller.

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foletique opprimuntur, eruiffet: funt enim multis vinculis & fœdo carcere abftrufi nifi fortuna defuiffent. Hac cùm ab eo fuiffent in lucem edita, cumque uberior, & quafi certa fpes propofita effet ampliora inveniendi, nunquam pofteà aut Princeps, aut Pontifex, minimum opera, aut auxilii, adhibuit, ad liberan los præclariffimos illos viros ex ergaftulis Barbarorum, J'oubliois à remarquer, que le Poccianzio dans fon Catalogue des Ecrivains Florentins, au chapitre du Pogge, a écrit que le Pogge avoit trouvé le Quintilien dans un Monaftere de Constance (1). Il s'eft trompé à l'égard du lieu du Monaftere.

Jeremarquerai ici en paffant, que le Poccianzio, au Heu allégué, appelle le Pogge Poggius Brandolinus (2): ce qui pourroit donner fujet de croire, que Poggins auroit été le nom de Batême du Pogge, & Brandolinus fon nom de famille. Mais un de fes fils s'étant appellé lui-même Baptifta Poggius à la tête de la vie qu'il a é

1. Il fuffifoit d'avoir découvert en quel lieu Poge trouva le Quintilien fans s'obliger à relever toutes les fautes des Auteurs qui ont rapporté autrement cette Hiftoire. Gabriel Naudé n'eft pas bien d'accord a vec lui-méme fur ce fait. Dans fon Avis pour dreffer une Bibliothéque, il veut comme Paul Jove, que ce foit dans la boutique d'un Charcutier que Poge ait trouvé le Quintilien, & dans fon Addition à l'Hiftoire de Louis XI. pag. 201. il veut que ce foit dans une Bibliothèque de Paris, ajoutant que Poge vint étudier en cette Ville quelque tems après Philippe Béroalde, bien qu'il foit fûr que Béroalde au contraire ne vint à Paris que vingt-cinq ans après la mort de Poge. Marc Antoine Sabellic, qui étoit de ce fiécle-là, dit, ce femble, dans fon Dialogue de reparatione Lingua Latina que ce fut en France que le Quintilien fut trouvé. Conftans fama eft Quintilianum alterum Lingua Latina lumen fub tempus Conftantiaci Conventus ab eo (Pogio) ex Gallia Romam deportatum. Mais il eft vifible que par le mot Gallia il faut, fuivant l'ancienne divifion, entendre la Gaule Celtique, où l'on comprenoit la Suifle, & par confequent le payis qu'on appelle aujourd'hui Saint-Gal.

2. Francefco Albertini Ecrivain beaucoup plus ancien que le Poccianzio appelle de même Poge Poggius Brandolinus, Mais Chriftophe Landin plus ancien que l'Albertini, dans l'Apologie qu'il a mife audevant de fon Commentaire fur Dante,

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appelle Poge Poggio Bracciolini, & je croyois
volontiers que c'eft ainfi qu'il doit être ap-
pellé. La reffemblance des deux mots a
donné lieu à l'équivoque d'autant plus ai-
fément qu'il y avoit en ce tems-là une fa-
mille de Brandolini à Florence, témoin
Lippo Brandolini Religieux Auguftin,
dont nous avons plufieurs Ouvrages em
profe & en vers. Poge au refte étoit véri-
tablement le nom de batce de cet Au-
teur. Si c'avoit été fon nom de famille,
n'y auroit pas joint le furnom de Florenin,
ces fortes de fornoms ne fe joign nt jamais
aux noms de famille. On a dit Leonardus
Aretinus, Bartholomæus Platina ou Platinenfis
(ceux qui le nomment Baptifta fe trompent)
Antonius Panormita, Baptisa Mantuahus, &'c.
& non pas Brunus Aretinus, Saccus Platina
ou Platinenfis, Bononius Panormita, Spagnolus
Mantuanus, &c. Rien n'étoit plus ordi-
naire en ce tems-là. I eft vrai qu'il y a
ceci de particulier à l'égard de Poge que
ce nom de bate me étant devenu illuftre en
perfonne de Poge Florer tin, il a paffe
La
enfuite pour nom de famille en la perfon
ne de les enfans, & ce qui ne permet pas
d'en douter eft que Giacopo Poggio un de
fes fils, fi connu par la fameule conjura-
tron des Pazzi contre les Médicis, de la-
quelle il étoit un des Chefs, eft toujours
appellé par Machiavel, Giacopo di Meffer
Poggio. Il eft parlé d'un Joannes Francifcus
Poggii Oratoris filius, dans Paulus Cortefius
1. 3. de Cardinalatu fol. 198.

crite du Cardinal Dominico Capranica, imprimé dans le troifiéme volume des Mélanges de Mr. Baluze, & un autre étant appellé Jacopo Poggio dans la Lettre de Sebaftiano de Roffi touchant la querelle d'entre le Taffe & l'Academie della Crufca, il eft conftant que fon nom de famille étoit Poggius.

XIII

Erreur de Mr. Baillet touchant les infcriptions des Dialogues de Platon.

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Onfieur BAILLET. Tome I. pag. 266. "Platon n'a point donné d'autres titres à fes Dialogues que les noms des ,, perfonnes qui y avoient quelque part; ou quelque, raport, » quel qu'il pût être.

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MENAGE. Il est très-faux que Platon n'ait point donné d'autres titres à fes Dialogues que le nom des perfonnes qui y avoient quelque part. Il leur a donné double titre : l'un tiré de la perfonne; & l'autre de la chofe. Ce qui a été remarqué par Laerce, en ces termes: διπλαῖς δὲ χρῆται ταῖς ἔπιγραφαῖς ἑκάτε τ βιβλίων, τῇ μ', απὸ τὸ ὀνόματος, τῇ δὲ, ἀπὸ ξ πραγμάτος. 11 parole par ce qu'a dit ici Mr. Baillet qu'il n'a pas même lû les titres des Dialogues de Platon.

XIV.

Le veritable nom de famille de Politien ignoré par Mr. Baillet.

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Onfieur BAILLET page 31. du troifiéme Tome, a intitulé le 817. Chapitre de fon Livre des Jugemens des Savans POLITIEN (Ange Bass.) du Mont Pulcien: mort en 1494. (1) Et il a écrit dans la Table des Auteurs dont il parle dans fon Livre, POLITIEN, Ange Baffien. Qui a jamais dit que Politien s'appelât Bass, ou Baffien? On a dit qu'il s'appeloit Baflo en Italien, & Baffus en Latin. (2) Schioppius l'ap

1. Dom Mabillon dans fon Voyage d'Italie p. 178. le fait mourir en 1509. c'eft une faute d'impreffion.

2.Il faut écrire Scioppius comme Scioppius lui-même l'écrit. Les Latins de même que les Italiens prononçant le CH comme un K. Il s'enfuivroit fi on écrivoit Schiop pius qu'il faudroit prononcer Skioppius, ce qui reprefenteroit mal la véritable prononsiation du nom de cet Auteur. Il nous ap

prend pag. 64. du Scaliger hypobelimeus que fon nom étoit originairement Schoppi, où le CH. fe prononçoit à l'Alemande & à la Françoife, mais comme en Italie où Scioppins le retira depuis, chacun au lieu de Schoppi difoit Scoppi, il fut obligé afin qu'on prononçât moins mal fon nom, de l'écrire Scioppi, & en Latin Scioppins, les Italiens prononçant Sciop à peu près comme les Alemans Schop.

pele-Baffus (1) dans une de fes Lettres à Jule Céfar Cappacio; imprimée dans fes Paradoxes Litéraires, qu'il a publiez fous le nom de Pafcafius Grofippus. Hic tamen, (il parle de Sannazar) pre fe Angelum Baffum; à patria, Politiani nomine notiorem ; non aliter quàm fi vix ultima note Grammatifta foret, contemnere, & verfibus infectari aufus eft: quòd eum fermonis puritate minimè fibi parem esse, recte judicaret. Et Voffius le pere, l'Auteur de la Bibliographie curieuse, & plufieurs autres, l'ont appelé enfuite de ce nom. Cependant il eft certain qu'il s'appeloit Cino, & non pas Basso. Ce qui se justifie par ce fragment d'une Lettre de Mr. Magliabechi à Mr. Bigot, que j'ai produit dans mes Origines Italiennes au mot Poliziano: Nello fcorrere per tanto alcune fcritture di Monsignor Sommai, ò veduto che effo avena notato che'l Poliziano era de' Cini. Il che parendomi uno spropofito, per averlo fempre veduto, citato per d'e Bassi, mostrai tal cofa al Signor Capitan della Rena, che era da me. Et il Signor Capitano fubito mi rifpofe, che veramente il Poliziano era de Cini: delche ne aveva una prova certiffima & evidentiffima, allaquale non fi può rispondere. Cioè che'l medefimo Poliziano così appunto fi fottoscrive nel Teftamento del Pico della Mirandola, veduto e letto dal medefimo Signor Capitano. Mi maraviglie del Voffio, ed unverfalmente di tutti gli altri, che concordemente lo chiamano Angelus Baffus : non fapendo di dove fi cavino quel Baffus. Pour ce qui eft du nom de Politien, il ne fe revoque pas en doute que Politien n'ait été appelé Pulcien, de la Ville de Monte-pulciano, fa patrie. Sannazar l'appele Pulicianus, par mépris, au lieu de Pulcianus, ou Politianus. Machiavel dans fes Histoires de Florance l'appele Agnolo Montepulciano. Il changea enfuite le nom de Pulciano en celui de Politiano. C'est ce que j'ai

1. Voffius le Pere dans fon Livre des Hiftoriens Latins eft le premier que je fache qui fe foit avifé d'écrire que le nom de famille d'Ange Politien étoit Baffus. Scioppius l'a tiré delà, fes Paradoxes li téraires n'ayant paru qu'un an après l'Ouvrage de Voffius, mais il eft difficile, comme dit M. Magliabechi, de déterrer l'origine de ce Baffus. Voici ma conjecture. Le fameux Pomponius Lætus, adminirateur outré de l'antiquité, ayant inftitué à Rome une Academie de gens de lettres, invita ceux qui la compofoient à fubftituer ou ajouter quelque nom ancien à celui de leur famille, Marco Antonio Coccio prit le nom de Sabellicus, Filippo di fan Gemi

gnano celui de Callimachus, Angelo CoLocci Gentilhomme de Jefi, depuis Evêque de Nocere, un des plus habiles d'entre eux, quoiqu'il n'ait prefque rien écrit, fe fit appeller Angelus Baffus, & comme c'étoit un homme très-poli, d'une érudition diftinguée, & que les Savans lui ont donné beaucoup de louanges dans leurs écrits, il fe peut faire que Voffius voyant cet Angelus Baffus tant loué, fans néanmoins qu'il parût aucun Ouvrage fous ce nom, fe fera imaginé que l'Angelus de queftion n'étoit autre qu'Ange Politien, d'où il concluoit que Baffus étoit le nom de famille.

appris de cet endroit de l'Apologie de Majoragius fur le changement de fon nom Antoine le Comte en celui de Marcus Antonius Majoragius: Quid Politianus, vir ita facundus & oratione politus, ut non fine cauffa nomen illud adfciviffe fibi videatur, an non Angelus anteà de Monte Pulciano fuit? Et à propos de cette politeffe, il est à remarquer qu'Erafme difoit en parlant d'Angelus Politianus, Mallem effe Politianus quàm Angelus. Mais comme Montépulci (1) s'appele en Latin Mons Politianus, Politien en prenanr le nom de Politianus, n'a point apparamment, fongé à sa politeffe.

Mr. Baillet peut bien juger par cette Remarque & par la précédante, qu'il n'ût pas mal fait de me confulter fur fon Livre, comme quelques-uns de fes amis lui confeilloient.

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XV.

que dit Mr. Baillet que Jules Scaliger a dédié fes Livres des Caufes de la Langue Latine à Sebaftien Gryphe

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Imprimeur de Lyon, n'eft pas véritable.

Onfieur BAILLET Tome I. page 373." Jules Scaliger, pour témoigner l'eftime qu'il faifoit de l'habilité & du mérite de Sebaftien Gryphe, plutôt que pour l'engager à imprimer fes Ouvrages, lui dédia les treize Livres qu'il fit des Caufes de la Langue Latine en 1540. Dans l'Epître » qu'il lui adreffe, il dit qu'il avoit voulu mettre fon Ouvrage » fous fa protection, & lui en confier, la publication, afin que » comme la Poftérité ne manqueroit pas d'avoir une estime & », une vénération particuliere pour fa piété fincére; pour fa doctri,, ne plus que commune; pour fon infigne honnêteté, & pour fes autres qualitez excellentes : on pût juger de l'utilité & de » l'importance de fon Ouvrage, non feulement par le crédit qu'il plairoit à Gryphe de lui procurer, mais encore par la réputa» tion & les ornemens qu'il voudroit lui donner en le mettant au ›› jour.

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MENAGE. Il n'eft point vrai que Jules Scaliger ait dédié ses Livres de Caufis Lingue Latine à Sebaftien Gryphe, Imprimeur de Lyon. Il lui a feulement écrit une Lettre au fajet de ce Livre

1. On ne dit point Montepulci pour Montepulciano.

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