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Me miferum! quid agam? durus puer, afpera mater,
Et magnum in me jus altera, & alter habent.

Si celem, video quantus Deus ofsa peruret.

Sin prodam, merito durior hoftis erit.

Adde quod hæc non est que Natum ad flagra repofcat,

Sed qua de nostro bella cruore velit.

Ergo istic, fugitive, late: fed parcius ure ;
Haud alio poteris tutior effe loco.

Et par Giraldus Cynthius.

Ne Gnatum in triviis fugitivum, Cypria, quare.
Huc propera : in nostro pectore regnat Amor,
Hicque furit latitans, agrum & crudeliter urit;
Igni addens ignem : nec volat hinc aliò.
Tu puerum, Cytherea, voca. Non basia pofco.
Šat mihi mercedis si puer hinc abeat.
Sic tuus adfidue tecum Mars igne calefcat.
Sic femper cedat Juno, Minerva, tibi.

Les Poëtes Italiens se sont aussi fort divertis sur ce sujet. Le Tasse en a fait un Poëme assez long, intitulé Amore Fuggitivo, imprimé en quelques éditions, à la fin de fon Amynthe. Et dans le Prologue de son Amynte, il a introduit l'Amour, qui s'en étant fui de sa mere, s'étoit caché dans les bois, & qui promettoit de son côté de donner un baiser agréable à ceux qui ne le déceleroient point,

Ella mi segue,

Dar promettendo a chi m'insegna a Lei,
o dolci baci, o cosa altra più cara.
Quasi io di dare in cambio non sia buono,
o dolci baci, o cosa altra più cara.
Questo io so certo almen, che i baci miei
Saran fempre più cari alle fanciulle,

Se io che son l' Amor, d'amor m'intendo.

Isabella Andreini, dite la Comédienne Falouse, a fait aussi ce Madrigal à l'imitation du Poëme de Mofchus & de l'Epigramme du Cintio (I):

1. Le Madrigal d'Isabella Andreini a bien qu'à celle de Cintio Giovan-Battista Giraldi, plus de rapport à l'Epigrafime de Sannazar, Ce qui me perfuade qu'il y a ici équivoque.

Cerca Venere il figlio.

10 lascondo nel core.
Or chi mi da consiglio!
Ch'io n'ol palesi mi comanda Amore

Sotto pena severa;

E minaccia la Dela crudele e fiera

A chi non la discopre afpro dolore.

Dunque chi mi conforta,

Se'l tacer, e'l parlar, danno m'apporta?

Le Cavalier Marin s'est aussi égayé sur le sujet des vers de Moschus, par cet agréable Madrigal:

Udito, ò Citerea,

Che del tuo grembo fore

Fuggitivo il tuo figlio a te si cela,

E promesso di baciar chi te'l rivèla.

Non languir, bella Dea,

Se vai cercando Amore;

No'l cercar: dammi il bacio : io l'ò nel core.

La fin duquel se trouve de cette autre façon qui me paroît plus ingénieuse;

Dammi il promesso bacio:

o fa ch'ella m'el dia.

L'à nebegli occhi suoi la Donna mia.

De mon côté ; j'ai aussi fait cette Epigramme Grecque à l'envi de celle de Méleager :

*Ἧκουν ἐν τειόδοις Πατίην βως μέσαν έρωτα

Δραπετέδην, τὸν εὃν παῖδα ποθεινότατον,
Καὶ τὸ φίλητα γλυκύὺ, γλύκιον καὶ νέκταρος ἀυτε,
Μινυτῇ δώσειν μίσθον, ὑποχομίνην.

Δεαπετίδης ὁ τέος, ὁ τέος καῖς, ὃν μάλα βωςρεῖς
- ̓́Εσιν ἐμοῖς, λά σε νιν, σήθεσι κρυπτόμενος.

Δός μοι, Κύπει φίλη, τὸ γίεας. δός μοι τὸ φίλημα,
Η μελίτην διέναι τῦτο κέλευσον ἐμὴν.

Je demande à mes Lecteurs, si pour cela je dois être traité de voleur public, ou d'imitateur esclave qui ne travaille que fur des matieres toutes taillées,

Le Statuaire Myron ayant fait une Statue d'airain d'une vache; les Poëtes les plus célebres firent des vers fur cette statuë: Et Pline a dit à ce propos, alieno plerique ingenio magis quam suo commendantur. J'ai bien ofé entrer en lice avec ces Poëtes célebres. Voici l'Epigramme que j'ai faite sur le même fujet :

Τὴν χαλκῶν Ἡρη ποτὶ πορτην ίδᾶσα μύρωνος,
Ζηλοτύπησεν, ἰδεῖν ἐναχίδ διομένη.

Le Pere Hardouin sur l'endroit de Pline où il est parlé de cette vache, après avoir remarqué qu'il y avoit près de quarante Epigrammes dans l'Anthologie fur cette Statuë de Myron, & onze dans Aufone (Il pouvoit y ajoûter l'Epigramme Grecque d'André Lascaris) a donné à mon Epigramme le prix de la beauté. Ses paroles ont été rapportées ci-dessus au chapitre 1 18. Et comment après cela Mr. Baillet peut-il m'accuser d'une imitation servile?

Il y a un grand nombre d'Epigrammes dans l'Anthologie fur des gens qui ont fait naufrage. J'ai bien osé traiter le même sujet à l'envi des plus célebres Poëtes Grecs qui l'ont traité : Et voici comme je l'ai traité:

Τίπτε με ναυηγὸν καλέεις, φίλε; τὸν λιμέν ̓ ἑυρον.
Νήνεμος ἀνθρώποις ἐςὶ λιμὴν θάνατος.

C'est-à-dire, Pourquoi me traitez-vous d'homme qui a fait naufrage? Je suis arrivé au port : car la Mort est le port où tous les Mortels doivent arriver. Je demande à mes Lecteurs, si pour cela je dois être appelé un voleur public, ou un Imitateur efclave, qui ne travaille que fur des matieres toutes taillées. Il n'y a rien de semblable que le sujet entre mon Epigramme, & celle des autres.

Theocrite est fans contestation le Prince des Poëtes Grecs pour le genre bucolique. Et parmi ses Idylles, le huitième, qui est intitulé les Bucoliaftes, & qui contient le combat de Daphnis & de Ménalque à qui chantera le mieux, est extraordinairement eftimé. J'ai u la temerité (1) de faire un Idylle Grec sur une semblable matiere, à l'envi de ce Prince des Poëtes Bucoliques. Je ne produis point ici mon Idylle à cause de sa longueur: mais comme il a eu le bonheur d'être estimé des connoiffeurs; & particulierement de Mr. Grævius, je ne croi pas que Mr. Baillet foit bien fondé de me blâmer de cette noble imitation. Virgile de son côté a imité cet Idylle de Théocrite dans la septiéme de ses Eglogues: mais plus servilement que je n'ai fait.

1. La témerité de Mr. Ménage a été heureuse. Son Idylle est très belle. Mr. Du

may Conseiller au Parlement de Dijon en a fait une excellente traduction en vers Latins.

CXXXII I.

Vers Italiens que j'ai faits à l'envi des Poëtes Italiens.

L

E Guarin est de tous les Poëtes Italiens, celui qui a fait les plus beaux Madrigaux. Et ce Madrigal est estimé un de ses plus beaux.

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J'ai fait un Madrigal Italien sur la même matiere, à Gara du Guarin. Le voici :

Quest' acerba d' Amor nemica; questa

A nuocermi si presta;

La mia tenera fOLE;

Alle prime parole

Che d'amor muovo, torce fiera il guardo:

E lieve più che pardo

Fugge : nè udire i miei mesti lamenti ;.

Ne veder vuole i gravi miei tormenti.

Aspra più che le felve;

Cruda più che le belves

Del tuo fido Pastore
S'udir non vuoi l'amore.
(Ahi dolorofa forte !)
Vedi, vedi la morte.

Et j'ai fait passer ce Madrigal pour être du Tasse : & il a été préferé à celui du Guarin, par Mr. Chapelain, par Mr. Costar, par Mr. du Rinci, & par un nombre infini d'autres connoifseurs : Voyez l'Histoire de cette innocente tromperie dans mes Mescolanzé. (1) Et Mr. Baillet, au lieu de me blâmer de mon imitation, m'en devroit loüer, comme d'une chose qui m'a été infiniment glorieufe.

CXXXIV.

Réponse à ce que dit Mr. Baillet que mes Poëmes ne font que des Copies.

T

Ous ces Poëmes que j'ai faits à l'envi, ou comme disent les Italiens, des plus célebres Poëtes, tant anciens que modernes, ont fait dire à Mr. Baillet que je n'étois qu'un Copiste en matiere de vers: que j'avois pris la résolution de ne rien inventer: de ne rien dire de nouveau: de n'employer que des marériaux tous taillés. Je veux bien demeurer d'accord que je ne suis pas un Poëte original: car encore une fois j'abandonne tous mes écrits à Mr. Baillet: mais je le supplie de m apprendre d'où j'ai copié ma Métamorphose de Gargilius en Perroquet; mon Hymne à Mnemofyne; mon Elégie à Mr. Bachot; mon Elégie au Cardinal Mazarin; mon Elégie à Mademoiselle le Févre; mon Elégie de la Colombe de Paphos; mon Elégie à Mrs. du Perrier & Santeüil; mon Idylle du Jardinier ; mon Idylle de l'Oifcleur; mon Idylle de la belle Oyseleuse; ma Fable du Geay & de la Tourterelle; mes Etreines à Mademoiselle de Scudéry; mon Epitre au Docteur Paris; mon Epitre à Madame la Présidente de Pommereu ; mon Epitre à Mr.

agara,

1. Elle y est rapportée fort agréablement pag. 57 dans une Lettre Italienne de Mr. Ménage à Madame la Comtesle de la Fayette, ensuite de quoi l'on voit les trois Madrigaux concurrens. Celui de Mr. du Rinci en François, les deux autres en Italien, savoir celui du Guarini, & celui de Mr. Mén ge, tous • trois fort beaux, & qui finiffent tous trois par une oppofition de l'Amour à la Mort. L'oppofition, fi je ne me trompe, auroit été plus juste de la Mort à la vie que de la Mort à l'Amour, en traitant par exemple le sujet de

cette forte:

Qu'ai-je fait contre mon devoir?
D'où vient ce mouvement de colére & de

haine?

Vous me chassez, belle inhumaine,

Et ne voulez plus me revoir.
Puisque je vous déplais je suis aflez coupable.
Auffi n'attens-je pas un rappel favorable.

Je suis résoin de périr.

Mais si vous dédaignez, ô beauté trop

cruelle

De voir vivre un amant si tendre, si fitele,
Daignez au moins le voir mourir.

Peliffon;

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