392 At mihi nullus in hoc usus : quia cernere talem Et il n'a point averti le Lecteur que ses Epigrammes fussent des traductions. Sainte Marthe en a ufé de même à l'égard de la Traduction qu'il a faite en vers de cette derniere Epigramme Grecque. Et Claudien en a aussi usé de même à l'égard de ce distique; Paupertas me seva domat, dirusque Cupido. Qui est une pure traduction de cette Epigramme Grecque de l'Anthologie Manufcrite, Καὶ πενίη καὶ ἔρως δύο μοι κακά καὶ τὸ μὲν οἴσω Κατῶς. πῦρ δὲ φέρειν Κύπριδος, ἐ δύναμαι. Cælius Calcagninus en a aussi ufé de la forte à l'égard de cette Vivam olim in lapidem verterunt Numina, fed me Qui est une traduction de cet admirable distique Grec_du Ἐκ ζωῆς με θεοὶ τεῦξαν λίθον, ἐκ δὲ λίθοιο Joachim du Bellay a fait ce Sonnet sur les ruines de Rome, Et rien de Rome en Rome n'apperçois, Voi quel orgüeil, quelle ruine, & comme Rome de Rome est le feul monument, 1 Ce Ce qui est ferme est par le tans détruit, sans avertir ses Lecteurs que ce fût une copie de cette Epigramme de Janus Vitalis, Panormitain; Qui Romam in media quaris novus Advena Roma, Qui quoque nunc rapidis fertur in æquor aquis. Il en est de même des deux Sonnets de Mr. Scarron, traduits de ceux de Lopé de Véga: (Voyez ci-dessus au chapitre 51.) & du Sonnet de Joachim du Bellay, qui commance par ô beaux cheveux d'argent mignonnement retors : qui est le 91. de ses regrets, & qui est une pure traduction de celui du Bernia (1) qui commance par Chione d'argento fine ; irte e attorte Senz'arte intorno ; a un bel viso d'oro. Ceux qui ont fait imprimer le Recüeil des Poëfies de Malherbe, n'ont pas cru non plus qu'il fût nécessaire d'avertir le Lecteur que cette Epigramme, Janne, tandis que tu fus belle, Tu le fus sans comparaison : Anne à cette heure est de saison : Et ne voit rien si beau comme elle. Je sai que les ans lui mettront, Comme à toi les rides au front, 1. Il se voit une autre traduction ou imitation de ce Sonnet du Bernia dans les Poëfies de Melin de Saint Gelais, pag.. Tome V111. Ddd 1 Et feront à sa tresse blonde fût une version de ces vers de Martial, Femina preferri potuit tibi nulla, Lycori, Il en est de même de cette Epigramme de Maynard, Qui est un copie de ces Hendécasyllabes de Martial, Le fameux Sonnet de Voiture, Il faut finir mes jours dans lamour d'Vranie (1), est aussi une copie de cette belle Epigramme de Philodéme. (2) Ψυχή και προλέγειν φεύγειν πόθον Ηλιοδώρας, Φησὶ μίν, ἀλλὰ φυγεῖν ἐ μοι σθένα. ή γὰρ ἀναιδής, 1. Il a été ainsi traduit en Latin. Certum eft Uranies placids occumberetelis, Nec fuga ferre valet, nec mihi tempus opem. Æternos fruftra cupiam diffolvere nexusy Spes libertatis nulla relicta super. forme, Es quali dicar victima casa Dea, Et fon Rondeau Ma foi c'est fait de moi, car Isabeau, est une imitation du Sonnet de Lopé de Véga (3), Un Soneto me manda hazer VIOLANTE; Que en mi vida me he visto en tanto aprieto. Yo pense que no hallara consonante Por el primer Terceto voy entrando: Tunc damnis applaudo meis, talique bea 2.- Anthologie Liv. 7. i 13. Voici l'imitation du Sonnet de Lope Doris qui fait qu'aux vers quelquefois je me Me demande un Sonnet, & je m'en désef- Quatorze vers, grand Dieu! le moyen de les En voilà cependant quatre déja de faits. me. Si du premier Tercet je puis faire les frais. > Ya estoy en el segundo, y aun sospecho Et quand Voiture a donné des copies de ces deux Poëmes, il n'y a point marqué que ce fussent des Traductions. Il me reste à répondre à ce que dit Mr. Baillet au sujet de mon Epigramme Grecque, prétenduë traduite de Buchanan. La voici: Μάψ ἐμὲ λοιδορεεῖς. Μάψ, Ζωίλε, καὶ σε επαινώ. Voici celle de Buchanan: Frustra ego te laudo : fruftrà me, Zoïle ladis. Premiérement, ladis n'est pas opposé à laudo, comme ποιερείς l'est à ἐπαινω : Et en cela mon Epigramme est plus juste que celle de Buchanan. Mais d'ailleurs, je nie formellement à Mr. Baillet que j'aie pris de Buchanan cette pensée. Je l'ai prise de cette Lettre de Libanius à Aristénet, Συ μεν ήμας ένας κακώς, εις δε σε καλῶς ἀλλ ̓ ἐτε τοί τις, ἐτ ̓ ἐμοὶ πείσεται. Mr. Baillet ne s'attendoit pas à ce coup de Jarnac. CXXXV I. Justification des loüanges que je me suis données dans mon Eglogue, intitulée Christine. Trône de Suéde, elle fit l'honneur à Mr. de Saumaise, à Mr. Descartes, & à Mr. Bochart, de les convier de l'aller voir : & ils la furent voir. Quoique je fusse d'un ordre parmi les gens de Lettres bien interieur à celui de ces Messieurs, elle me fit le même honneur : ce que j'attribuë aux bons offices que me rendit auprès d'elle Mr. Voffius, qui étoit fort de mes amis, comme il l'est encore, & qui étoit en flagrante faveur auprès d'elle. Ma mauvaise santé ne me permit pas de faire le voyage de Suéde. En ce tans la les vers étoient fort à la mode. Ils ne le font plus presentement. Le siècle, comme dit Mr. Herbelot le jeune, |