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At mihi nullus in hoc usus : quia cernere talem
Qualis fum nolo: qualis eram, nequeo.

Et il n'a point averti le Lecteur que ses Epigrammes fussent des traductions. Sainte Marthe en a ufé de même à l'égard de la Traduction qu'il a faite en vers de cette derniere Epigramme Grecque. Et Claudien en a aussi usé de même à l'égard de ce distique;

Paupertas me seva domat, dirusque Cupido.
Sed toleranda fames : non tolerandus amor :

Qui est une pure traduction de cette Epigramme Grecque de l'Anthologie Manufcrite,

Καὶ πενίη καὶ ἔρως δύο μοι κακά καὶ τὸ μὲν οἴσω

Κατῶς. πῦρ δὲ φέρειν Κύπριδος, ἐ δύναμαι.

Cælius Calcagninus en a aussi ufé de la forte à l'égard de cette
Epigramme sur Niobe,

Vivam olim in lapidem verterunt Numina, fed me
Praxiteles vivam reddidit ex lapide ;

Qui est une traduction de cet admirable distique Grec_du
Livre 4. de l'Anthologie,

Ἐκ ζωῆς με θεοὶ τεῦξαν λίθον, ἐκ δὲ λίθοιο
Πραξιτέλης ζωὴν ἔμπαλιν εἰργάσατο.

Joachim du Bellay a fait ce Sonnet sur les ruines de Rome,
Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome,

Et rien de Rome en Rome n'apperçois,
Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois,
Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme.

Voi quel orgüeil, quelle ruine, & comme
Celle qui mit le Monde sous ses loix,
Pour donter tout, se donta quelquefois,
Et devint proie au tans qui tout consomme.

Rome de Rome est le feul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement.
Le Tibre seul qui vers la Mer s'enfuit,
Reste de Rome. O mondaine inconstance!

1

Ce

Ce qui est ferme est par le tans détruit,
Et ce qui fuit au tans fait résistance.

sans avertir ses Lecteurs que ce fût une copie de cette Epigramme de Janus Vitalis, Panormitain;

Qui Romam in media quaris novus Advena Roma,
Ét Roma in Roma nil reperis media,
Afpice murorum moles, preruptaque saxa,
Obrutaque horrenti vasta theatra situ
Hac funt Roma. Viden, velut ipfa cadentia, tanta
Urbis adhuc Spirent imperiosa minas?
Vicit ut hæc mundum, visa est se vincere vicit:
A se non victum ne quid in Orbe foret.
Nunc victa in Roma, Roma illa invicta sepulta ests
Atque eadem victrix, victaque Roma fuit.
Albula Romani restat nunc nominis index ;

Qui quoque nunc rapidis fertur in æquor aquis.
Disce hinc quid possit fortuna ; immota labascunt,
Et que perpetuò sunt agitata, manent.

Il en est de même des deux Sonnets de Mr. Scarron, traduits de ceux de Lopé de Véga: (Voyez ci-dessus au chapitre 51.) & du Sonnet de Joachim du Bellay, qui commance par ô beaux cheveux d'argent mignonnement retors : qui est le 91. de ses regrets, & qui est une pure traduction de celui du Bernia (1) qui commance par

Chione d'argento fine ; irte e attorte

Senz'arte intorno ; a un bel viso d'oro.

Ceux qui ont fait imprimer le Recüeil des Poëfies de Malherbe, n'ont pas cru non plus qu'il fût nécessaire d'avertir le Lecteur que cette Epigramme,

Janne, tandis que tu fus belle,

Tu le fus sans comparaison :

Anne à cette heure est de saison :

Et ne voit rien si beau comme elle.

Je sai que les ans lui mettront,

Comme à toi les rides au front,

1. Il se voit une autre traduction ou imitation de ce Sonnet du Bernia dans les Poëfies

de Melin de Saint Gelais, pag..

Tome V111.

Ddd

1

Et feront à sa tresse blonde
Même outrage qu'à tes cheveux,
Mais voilà comme va le monde;
Je t'ai vouluë, & je la veux.

fût une version de ces vers de Martial,

Femina preferri potuit tibi nulla, Lycori,
Praferri Glycera femina nulla potest.
Hac erit hoc quod tu, tu non potes esse quod hæc eft.
Tempora quid faciunt? hanc volo i te volui.

Il en est de même de cette Epigramme de Maynard,
Je ne dois pas encore attendre
Que tu fois un de mes Lecteurs,
1 u n'approuves que les Auteurs
Dont la tombe garde la cendre.
Ton puiflant efprit m'a charmé:
Et l'honneur d'en être estimé
Est le plus grand que je demande.
Mais, GUYET, pour me l'acquerir,
Ma vanité n'est pas fi grande
Que je me hâte de mourir;

Qui est un copie de ces Hendécasyllabes de Martial,
Miraris veteres, Vacerra, folos:
Nec laudas nisi mortuos Poetas.
Ignoscas, petimus, Vacerra, tanti
Non eft, ut placcam tibi, perire.

Le fameux Sonnet de Voiture, Il faut finir mes jours dans lamour d'Vranie (1), est aussi une copie de cette belle Epigramme de Philodéme. (2)

Ψυχή και προλέγειν φεύγειν πόθον Ηλιοδώρας,
Δάκρυα, καὶ ζήλος της αιν ἐπις αμίνη.

Φησὶ μίν, ἀλλὰ φυγεῖν ἐ μοι σθένα. ή γὰρ ἀναιδής,
"Αυτη καὶ προλέγει, καί προλέγεπι φιλεῖ.

1. Il a été ainsi traduit en Latin.

Certum eft Uranies placids occumberetelis, Nec fuga ferre valet, nec mihi tempus opem.

Æternos fruftra cupiam diffolvere nexusy

Spes libertatis nulla relicta super.
Sava quidem Uranie, Sed cum fubit aures

forme,

Es quali dicar victima casa Dea,

Et fon Rondeau Ma foi c'est fait de moi, car Isabeau, est une imitation du Sonnet de Lopé de Véga (3),

Un Soneto me manda hazer VIOLANTE;

Que en mi vida me he visto en tanto aprieto.
Catorze versos dizen que es Soneto.
Burla burlando van los tres delante.

Yo pense que no hallara consonante
Y estoy a la mitad de otro Quarteto.
Mas si me veo en el primer Terceto
No ay cofa en los Quartetos que me espante.

Por el primer Terceto voy entrando:
Y aun parece que entrè con pie derecho.
Pues fin con este verso le voi dando.

Tunc damnis applaudo meis, talique bea

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2.- Anthologie Liv. 7.

i

13. Voici l'imitation du Sonnet de Lope
de Végue par Mr. l'Abbé Regnier Desmarais
pag. 91. de ses Poëfies Françoises.

Doris qui fait qu'aux vers quelquefois je me
plais,

Me demande un Sonnet, & je m'en désef-
pére.

Quatorze vers, grand Dieu! le moyen de les
Faire !

En voilà cependant quatre déja de faits.
Je ne pouvois d'abord trouver de rime, mais
En faisant on apprend à se tirer d'affaire.
Poursuivons, les Quatrains ne m'étonneront
guére

me.

Si du premier Tercet je puis faire les frais.
Je commence au hazard, & fi je ne m'abuse,
Je n'ai pas commencé sans l'aveu de la Muse,
Puisqu'ensi peu de tems je m'en tire si net.
J'entame le second, & ma joie est extrème,
Car des vers commandez j'acheve le treiziè-
Comptez s'ils font quatorze, & voilà leSonnet.
On pourroit croire sur ce que Voiture ne fa-
voit point de Grec, que ce seroit le pur hazard
qui l'auroit fait rencontrer dans la pensée de
Philodeme, mais comme Voiture avoit un
Hérodote Grec-Latin, il pouvoit avoir auffi
une Anthologie Grecque-Latine, & fi dans le
tems de la contestation des deux Sonnets on
eût su que celui d'Uranie n'étoit qu'une co-
pie, ce n'auroit pas eté une des plus foibles
raisons pour lui préferer celui de Job, qui est
véritablement original.

>

Ya estoy en el segundo, y aun sospecho
Que voy los treze verfos acabando.
Contad fi fon catorze, y esta echo.

Et quand Voiture a donné des copies de ces deux Poëmes, il n'y a point marqué que ce fussent des Traductions.

Il me reste à répondre à ce que dit Mr. Baillet au sujet de mon Epigramme Grecque, prétenduë traduite de Buchanan. La voici:

Μάψ ἐμὲ λοιδορεεῖς. Μάψ, Ζωίλε, καὶ σε επαινώ.
Ου γάρ έμοις, ο' στῖς, πίςις ένεσι λορις.

Voici celle de Buchanan:

Frustra ego te laudo : fruftrà me, Zoïle ladis.
Nemo mihi credit, Zoile: nemo tibi.

Premiérement, ladis n'est pas opposé à laudo, comme ποιερείς l'est à ἐπαινω : Et en cela mon Epigramme est plus juste que celle de Buchanan. Mais d'ailleurs, je nie formellement à Mr. Baillet que j'aie pris de Buchanan cette pensée. Je l'ai prise de cette Lettre de Libanius à Aristénet, Συ μεν ήμας ένας κακώς, εις δε σε καλῶς ἀλλ ̓ ἐτε τοί τις, ἐτ ̓ ἐμοὶ πείσεται. Mr. Baillet ne s'attendoit pas

à ce coup de Jarnac.

CXXXV I.

Justification des loüanges que je me suis données dans mon Eglogue, intitulée Christine.

Trône de Suéde,

elle fit l'honneur à Mr. de Saumaise, à Mr. Descartes, & à Mr. Bochart, de les convier de l'aller voir : & ils la furent voir. Quoique je fusse d'un ordre parmi les gens de Lettres bien interieur à celui de ces Messieurs, elle me fit le même honneur : ce que j'attribuë aux bons offices que me rendit auprès d'elle Mr. Voffius, qui étoit fort de mes amis, comme il l'est encore, & qui étoit en flagrante faveur auprès d'elle. Ma mauvaise santé ne me permit pas de faire le voyage de Suéde. En ce tans la les vers étoient fort à la mode. Ils ne le font plus presentement. Le siècle, comme dit Mr. Herbelot le jeune,

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