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Y-a-t-il au reste quelque chose à dire à cette Epigramme: foit du côté du sens : foit du côté de l'expression : foit du côté de la modestie? J'avouë ingénument que je n'ai pas affez d'esprit pour comprendre la finesse de la raillerie que nôtre Aristarque a faite de moi en cette occafion.

Le Pere Commire, après avoir fait son Afinus in Parnasso au fujet des ignorances grossiéres de Mr. Baillet, fit ensuite au sujet de ses Jugemens cornus, son Afinus judex. Ce Poëme fera produit au chapitre 30. il fit ensuite son Afinus ad lyram, & un de ses Confreres, dont le nom n'est pas venu à ma connoiffance fit depuis à son imitation, sur le même sujet, un Poëme intitulé Afinus Pictor. Et c'est à l'occasion de ces quatre Poëmes qu'on a fait cette Epigramme, par laquelle on donne avis aux Grammairiens de ne plus offanser les Poëtes, comme a fait Mr. Baillet.

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Réponse à la Réponse de Mr. Baillet, au sujet des Abeilles du Parnasse, dont il est parlé dans l'Afinus in Parnasso du Pere Commire.

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Onsieur BAILLET, dans ses Eclaircissemens à la page 213. du Tome III. “ Quoique ces vers (il parle des vers qui ont été faits contre lui, par le Pere Lucas, par le Pere Commire par Mr. de Valois le jeune, & par Ménage) foient du nombre des دو choses que lon doit abandonner à la risée publique, & que ce ,, soit peut-être s'opposer mal-à-propos à leur mauvaise fortune, ,, que d'en renouveller la mémoire; je puis dire qu'ils m'auده roient fait moins d'honneur s'ils n'avoient point deshonoré mes Adversaires & mes Censeurs. Celui qui s'est chargé de leur

,, cause & de leurs interêts dans le Songe Asinus in Parnasso, a cru

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devoir employer toute sa vertu Poëtique pour les transfor„mer en infectes volans, & les faire fondre sur l'animal que Mor„ phée a fait entrer dans son imagination. Mais il n'a point tenu à

lui que son indiscrétion ne leur ait été mortelle, & s'il s'eft bien souvenu des leçons de son Maître, il a dû fuposer que tous ces , petits animaux ausquels il compare mes Censeurs, n'ont pû me ,, piquer, ni me laisser leur aiguillon, qu'il ne leur en ait couté la vie animas in vulnere ponunt. Grace à l'imprudence du Poëte; ,, grace aussi à la constitution de la nature de l'âne, il se trouve enfin que le gros animal en a été quitte pour quelques legeres

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,, insultes, & qu'il a survêcu à tous ces petits insectes, qui se font précipitez à la mort de la maniere du monde la plus mal ,, concertée.

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MENAGE. Comme le Baudet du Parnasse n'est pas mort des piqures des Abeilles du Parnasse; car les ânes ont la peau plus dure que les chevaux, dont Pline a dit, Est in exemplis equos ab apibus occifos; ces Abeilles ne sont pas mortes non plus de ces piqures. Et à ce propos, je veux bien avertir Mr. Baillet, que tous les Physiciens ne demeurent pas d'accord que les Abeilles meurent de leurs piqures : ce qui a été remarqué par Pline. Mais quand les piqures des Abeilles seroient mortelles selon le fentiment d'Ariftote, de Nicandre, & de Virgile, ce qui a fait dire à Seneque : utinam quidem homini lex effet ; que & apibus cum zelo frangeretur nec fæpius liceret nocere quam semel. Quand, dis-je, ces píqures feroient mortelles aux Abeilles, le Pere Commire ne seroit pas coupable d'avoir fait piquer par les Abeilles l'âne dont eft question; les Poëtes ne font pas obligez de péser scrupuleusement ces choses. C'est sur ce fondement que Mr. Guiet un des plus judicieux Ecrivains de son tems a fait ce beau Distique sur les Abeilles des Armes d'Urbain VIII.

Urbani quid apes sacro meditanturain orbe ?
Dulcia mella bonis, fpicula acerba malis.

L'illustre Mr. Clement Conseiller à la Cour des Aides a fait fur ces mêmes Abeilles du Pape Urbain cette belle devise:

Sponte favos, ægre spicula.

Mais je ne puis affez m'étonner de ce que dit ici nôtre Docteur
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qu'il a survêcu ces Abeilles qui le piquerent sur le Parnasse; puifque long-tems après elles sont revenuës à la charge, excitées par ces beaux Hendécasyllabes du Pere Coinmire.

Mellis artifices, vage volucres,
Queis Phœbi per amænafas vireta,
Hortosque Aonidum volare pictos :
Cur ceffatis, Apes? Ad arma, ad arma.
Arcas hoftis adest. Azellus ille
Portitor Satyri ebrius protervi,
Quem facto agmine nuper expuliftis,
In Cyrrham redit ultor, atque tanto
Pares dedecori vices minatur.
Auditis fremitus feros rudentis ?
Ut pede, ô fcelus! atterit petulco
Infcriptos foliis fuperba Regum
Flores nomina, lividoque dente
Dis ipfis petit arbores amatas.
Et jam cerea dissipare caftra,
Vestros perdere jam parat labores.
Illoque ore fuo vepreta, &hirtos,
Sueto rodere carduos, Olympi
Missum munere nectar inquinabit !
Et ceffatis adhuc ? adefte, adefte.
Tela ftringite quotquot eftis omnes.
Nares, labra, oculos, & hinc illinc
Ferite: stimulosque calcitranti
Alte figite: duplicate plagas.
Ut dura cute fit, tamen
Ictus sentiet intimis adactos:
Capistro & cupiet, molæque reddi.

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Comment un petit homme comme Mr. Baillet peut-il s'imaginer d'avoir vaincu en matiere d'écrits un aussi grand personnage qu'est le Pere Commire? Mais pourquoi traiter d'Insectes les Poëtes figurez sous les Abeilles? Tous les plus excellens Ecrivains se sont servis de cette comparaison. On appeloit Xénophon l'Abeille Attique : ce qui a été remarqué par Suidas. Et Eunapius remarque dans la Vie d'Oribafius, qu'on appeloit Abeilles tous ceux généralement qui étant nez à Athenes, excelloient en éloquence.

XXXI.

Ce que dit Mr. Baillet que Choppin ût mille pistoles pour la premiere partie de ses Commentaires fur la Coûtume

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d'Anjou, n'est pas véritable.

Onsieur BAILLET Tome VII. page 261. "René Choppin eut des Lettres de noblesse pour son Livre du Domaine, & mille pistoles pour la premiere partie des Coutumes d'Anjou.

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MENAGE. Il est vrai que Choppin fut annobli par Henri III. & ses Lettres d'annoblissement, qui font données à Paris au mois de Février 1578. portent ces clauses : ayant de long-tems ,, connoissance des bonnes mœurs, vertus, loüables qualitez & , mérites, qui font en la personne de nôtre cher & bien aimé » René Choppin, natif de notre pays d'Anjou; l'un des plus fa,meux Avocats de nôtre Cour de Parlement de Paris ; & grands , labeurs qu'il a pris toute sa vie en chofes loüables, profitables , & vertueuses, ainsi qu'il nous est apparu par la composition de , plusieurs Livres & Oeuvres qu'il a faits: & lesquels Livres il a 5, mis en lumiere depuis peu de tems: même un Livre Latin du „ Domaine de nôtre Couronne, & un autre de la Police Ecclé, siastique; qu'il nous a dédiez; & présentez dès le mois de Mai ,, dernier paffé, que nous étions en nôtre Ville de Blois. Enquoi ., faisant, il a acquis beaucoup de loüanges; & mérité d'être re,, connu : comme dès le même tems nous lui avons promis de ,,l'honorer du titre de noblesse. Mais il n'est point vrai qu'on lui ait donné mille pistoles pour la premiere partie de ses Commentaires sur la Coûtume d'Anjou. Il n'ût d'autre récompenfe pour toute sa Coûtume d'Anjou que ce Decret de la Ville d'Angers: mais qui vaut beaucoup mieux que mille pistoles.

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Sur ce qu'en l'Assemblée des Maires & Eschevins de la Ville , d'Angers, tenuë le 24. Novembre 1581. l'on est entré en ,, commémoration de ceux qui avoient bien mérité de ladite „Ville, Monfieur Maître René Choppin, Sr. de Chaston, A, vocat en la Cour de Parlement de Paris, y a été mis des premiers; pour après autres beaux & doctes Traitez qu'il a expoen public avoir orné & illustré de ses Commentaires la

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,, Coûtume de ce pays d'Anjou: pourquoi, la matiére mise en „ délibération, a été conclu que ledit Sieur Choppin, pour a

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voir d'un tel œuvre honoré sa patrie, lui vouant & dédiant ,, partie de son erudition, rare & exquise, sera au nom du public remercié du beau & digne Commentaire qu'il en a fait, prié & ,, supplié de continuer; ne se lassant point en si vertueuse & géné

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reuse entreprise: par laquelle il rend fon nom, & le nom de sa ,, patrie immortel & perdurable à toûjours: que pour ce bienfait, & continué jusqu'à hui, mérite public, les Maires & Efchevins d'Angers l'ont tenu & tiennent pour l'un de leurs ,, Confreres, Citoyens, Eschevins: & comme tel, l'ont dès à ,, présent élû & élisent d'un commun avis: lui ont donné entrée, ,, séance, & déliberation en toutes leurs Convocations & Affemblées : & où les descendans de lui éliroient demeure & habitation en ladite Ville, la mémoire de leur progéniteur & prédécesseur les rendra, & d'aujourd'hui les rend capables de tous ,, les honneurs, prérogatives, & préeminence qu'elle a à départir ,, & distribuer à ses bons & notables Cytoyens. Fait en l'Hôtel &

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Maison commune de la Ville d'Angers, sous le fél de la Mai,,rie d'icelle, & feing de nous JEAN AYRAULT, Maire & Ca, pitaine de ladite Ville, & de Maître François Alexandre nôtre Greffier: le jour & an que dessus.

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Papirius Masso, dans la Vie de Choppin, a fait mention de cette Conclufion de l'Hôtel de Ville d'Angers: Mais ni lui, ni Scévole de S. Marthe, ni Claude Menard, qui ont écrit l'Eloge de Choppin, n'ont point parlé de ces mille pistoles. Et ses defcendans qui m'ont donné des Mémoires pour écrire sa Vie, que j'ai écrite dans mes Remarques sur la Vie de Pierre Ayrault Lieutenant Criminel d'Angers, ne m'en ont jamais aussi parlé. René Choppin d'ailleurs n'en fait aucune mention dans ses Ouvrages. Et ainsi, il faut qu'il demeure pour constant que cette (particularité est tout-à-fait fausse.

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