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XXXII.

Méprife de Mr. Baillet au fujet de Meffieurs Habert freres ; de Meffieurs de Montreuil auffi freres; de Meffieurs Colletet, pere fils, & de André de François du Chesne, aussi pere fils.

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Onfieur BAILLET à la page 233. de fon V. Tome attribuë à Mr. Habert de l'Academie Françoise Abbé de Cerify: le Temple de la Mort. Ce Poëme n'eft point de Mr. Habert Abbé de Cerify: il eft de fon frere le Commiffaire de l'Artillerie; comme Mr. Baillet le dit lui-même à la page 152. du même Volume, au chapitre 1429. Il faut avouer que Mr. Baillet eft un Ecrivain peu exact, & peu judicieux.

A la page 216. du même Tome, au chapitre 1472. il parle de Jean de Montreuil, de l'Académie Françoise, en ces termes: », ce que l'on a vû des vers de Montreuil n'a paru qu'après fa » mort. Mais quoique le nombre en foit affez grand, il n'a point » été capable de lui faire donner une place parmi les premiers de » nos Poëtes François. Mr. Defpréaux qui l'a pris pour un de ces » Poëtes qui fe foucient moins de la qualité que de la quantité des ,, vers, se vante que

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On ne voit point fes vers, à l'envi de Montreuil,
Groffir impunément les feuillets d'un Recueil.

Mr. Baillet a encore pris ici Marte pour Renard. On n'a jamais imprimé aucun vers de Mr. de Montreuil de l'Académie Françoise. Ceux dont on parle ici, font de fon frere Mr. l'Abbé de Montreuil, nommé Mathieu ; aujourd'hui vivant & demeurant en qualité d'Abbé chez Mr l'Evêque de Valence, nommé à l'Archevêché d'Aix. Et parmi ces vers, il y en a de très-beaux (1) : témoin ce quatrain.

1. En parlant de ce qu'il peut y avoir de beau parmi les Poefies de Montreuil, il ne faloit pas, ce me femble, omettre le fameux Madrigal

Pourquoi me demandez-vous tant Si mes feux dureront &c.

Tome VIII.

C'auroit été une belle occafion à M. Ménage de produire la traduction qu'il en avoit faite en Italien, & de répondre au reproche que lui avoit fait Gilles Boileau d'avoir dérobé co Madrigal.

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Paul voudroit nous perfuader

Qu'il faut beaucoup d'intelligence
Pour exercer fa Réfidence.

Il ne faut rien que réfider.

Et cet autre, à Mr. le Premier Président de Bellievre;

Si felon fon mérite on avoit récompenfe,

Tous mes vœux feroient accomplis;
Vous feriez Chancelier de France;
Je ferois aimé de Phylis.

Et ce Sonnet:

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Ne crains plus deformais, Tyrfis, que je foûpire:
Mon bonheur a paffé celui de mes Rivaux.
J'ai bien des envieux, mais je n'ai point d'égaux:
Et mon bien eft fi grand que je ne l'ofe dire :
Tu fus le confident de mon cruel martire.
Aprens donc mes plaisirs,puifque tu fus mes maux.
Mon Iris l'autre jour paya tous les travaux
Que je fouffris jamais fous fon cruel Empire.

La faveur que j'en eus ût contenté les Dieux.
Elle ût charmé les cœurs les plus ambitieux.
J'en demeurai furpris: mon ame en fut ravie.

J'en retiendrai toûjours & le tems & le lieu.
J'y fongerai, Tyrfis, tout le tems de ma vie.
Elle me regarda quand je lui dis Adieu.

Et c'eft auffi le sentiment du Pere Rapin: qui a dit dans ses Réflexions fur la Poëtique page 161. Gombaud, l'Etoile, Montreuil, ont fait auffi de petits vers fort tendres & fort fpirituels. Il n'eft point vrai au refte que ce Recueil des vers de Mr. l'Abbé de Montreuil contienne beaucoup de vers (1). Il n'en contient guere plus de deux

Auffi n'eft-ce pas ce qu'a entendu
Defpréaux quand il å dit :

On ne voit point mes vers à l'envi de
Montreuil,
Groffir impunément les feuillets d'un

receuil.

Il a eu feulement en vue certains volumes de Poëfies choifies, imprimées chez

Sercy, dans quelques-uns defquels on voit à chaque feuillet un Madrigal de Montreuil, ou deux au plus avec le nom de l'Auteur au bas en gros caractére. Defpréaux dit qu'on ne voit point fes vers. groffir de cette forte les feuillets d'aucun Recueil de Poëfies, donnant à entendre par là qu'il n'a point affecté à la faveur d'un petit nombre de vers de faire paroitre fon nom à chaquepage d'un Recueil.

mille. Il y a dans ce Recueil un portrait de l'Auteur, & Mr. l'Abbé de Montreuil eft appelé Mathieu dans la Legende de ce portrait: ce qui fait voir que nôtre Bibliothécaire n'a jamais vû ce Recueil. S'il l'avoit vû, il n'auroit pas confondu Jean de Montreuil avec Mathieu de Montreuil.

Mr. Baillet a auffi confondu Colletet le fils avec Colletet le pere. Car ces vers de la Satire VII. de Mr. Defpréaux,

Faut-il d'un froid Rimeur dépeindre la manie?
Mes vers, comme un torrent,coulent fur le papier.
Je rencontre à la fois Perrin & Pelletier,
Bardou, Mauroy, Bourfaut, Colletet, Titreville:
Et pour un que je veux, j'en trouve plus de mille;

que Mr. Baillet, au chapite 1491. qui eft de Guillaume Colletet de l'Académie Françoife, explique de ce Guillaume Colletet, doivent s'entendre de fon fils. Il en eft de même de cet autre endroit des Satires de Mr. Defpréaux ;

Tandis que Pelletier, croté jufqu'à l'échine,
Va mendier fon pain de cuisine en cuisine;

où Mr. Richelet a mis le nom de Colletet au lieu de celui de Pelletier. Mr. Richelet n'a pas voulu parler non plus de Colletet le pere (1). Ce Colletet le pere, au refte, n'étoit pas un Poëte fi méprifable que le fait Mr. Baillet.

A la page 90. du 2. Tome, en parlant d'André du Chesne, Mr. Baillet l'appelle André du Chefne l'aîné: comme fi François du Chefne qui eft fon fils, étoit fon frere puisné.

. Je n'aurois pas cru que M. Ménage eût du jamais nommer, & citer fans émotion Richelet dont il avoit fi peu fujet d'être content. Ces deux vers de la Satire 1 de Defpréaux.

Tandis que Pelletier crotté jufqu'à l'échine,
Va mendier fon pain de cuifine en cuifine;

fe lifoient ainfi dans la premiere édition :

Tandis que Colletet crotté jufqu'à l'échine

S'en va chercher fon pain de cuifine en cuifine.

Mais depuis, à la priere du célébre Prédi cateur, François Ogier, on mit Pelletier pour Colletet, comme je l'apprens du même Richelet pag. 146. de fa verfification Françoife, où il ajoute qu'il fait la chofe d'original, & qu'il en dira les raifons lorfqu'il fera imprimer fes notes fur les Satires. Il faut voir auffi Gueret pag. 204. & fuivante de la Guerre des Auteurs. Le nom de Colletet a été depuis rétabli à la place de celui de Pelletier, dans la Sat. 1. de Defpréaux.

XXXIII.

Méprife de Mr. Baillet dans fon métier de Bibliothécaire au fujet des Adverfaria de Mr. Héraud; du Livre de Jules Scaliger contre Cardan; de l'Indice Latin fur l'Hiftoire de Monfieur de Thou; & du Prudence de Nicolas Heinfius.

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Onfieur BAILLET Tome II. page 398." Scaliger dit que Defiderius Heraldus s'eft repenti d'avoir fait ces Adverfaires, ou fes grands Recueils in folio. Mais fon Arnobe eft bon.

MENAGE. Les Adverfaires de Mr. Heraud eft un petit volu me in-8. qui n'eft pas plus gros qu'un Almanac. Et Scaliger ne dit point que ces Adverfaires foient in folio. Voici les termes : qui font de la page 105. de fes Secondes Scaligeranes pour ufer des termes de Mr. Baillet: Heraldus s eft repenti d'avoir fait jes Adverfaria. Son Arnobe eft bon. Il promet un Tertullion. Mr. Heraud a fait un Livre in-folio, qui contient divers Traitez de Droit. Mr. Baillet a pris fans doute ce Livre in-folio pour les Adverfria dont parle Scaliger. Mais ce Livre ne fut imprimé qu'en 1650. & ainfi Scaliger, qui mourut en 1609. n'a pu en faire mention. L'édition des Adverfaires eft de 1599. à Paris.

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Mr. BAILLET pag. 297. du 2. Tom. "Les principaux Ouvrages de 5, Critique de Jules Scaliger,font fes Commentaires & fes Remar,, ques fur l'Hiftoire des Animaux d'Ariftote; fur les Livres des ,, Plantes qu'on attribue à ce Philofophe;fur les Livres des Plantes écrits par Théophrafte; fur Hippocrate des Infomnies; deux Oraifons de l'Art de bien dire, qui font des Invectives contre le Cicéronien d'Erafme; les XV. Livres des Exercices & Difputes de la Subtilité contre Cardan; les XIII. Livres des ,, Causes de la Langue Latine; les Problêmes fur Aulugelle, quelques Lettres ; fans parler du Critique & de l'Hypercriti..que de fa Poëtique.

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MENAGE. Mr. Baillet a pris le quinziéme Livre de Jules Scaliger contre Cardan pour quinze Livres : car nous n'avons qu'un Livre de Jules Scaliger contre Cardan; qui eft le quinziéme : les autres ayant été perdus; ou, ce qui eft plus vraisemblable,

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n'ayant pas été faits (1). Un de mes amis ayant averti Mr. Baillet de cette bévuë, il demeura d'accord de l'avoir faite. Depuis il a voulu s'en juftifier. Et voici comme il a prétendu s'en justifier. On veut que j'aye dit que les quinze Livres des Exercices que Jules Scaliger a faits de la Subtilité contre Cardan, ont été im» primez. C'eft néanmoins ce que je n'ai point dit. Et quand je , l'aurois dit, je ne l'aurois fait qu'après l'Auteur de fa Vie, & cinq ou fix Critiques de conféquence que je nommerois, fi », cela étoit nécessaire. Je pourrois ajoûter auffi fur la parole de ., Mr. Hyde qu'ils fe trouvent tous quinze imprimez dans la cé,, lébre Bibliothéque d'Oxfort, au parquet des Arts, tablette S. nombre 2. & parmi les Livres de Selden,tablette S. nombre 38. J'aurois lieu de foûtenir la même chofe s'il étoit für de s'en ,, tenir aux éditions que je n'ai pas vuës: comme de celles de ,, Hanau, & de celle de Bafle: qui en promet même vingt & un ,,Livres. Mais enfin je n'ai dit nulle part que ces quinze Livres » fuffent imprimez: & je ne le voudrois pas dire encore: n'ayant vù que deux éditions in-4. du quinziéme de ces Livres, qui » comprend plus de trois cens Difputes ou Exercices. C'eft dans fes Corrections. Il eft vrai que Mr. Baillet n'a pas dit en termes formels qu'on ût imprimé quinze Livres de Jules Scaliger contre Cardan: mais il l'a donné à entendre, n'ayant parlé & n'ayant û deffein de parler, dans l'endroit ci-deffus rapporté, que des Livres de Critique de Jules Scaliger qui avoient été imprimez, & non pas de ceux qui avoient été perdus: comme de fes

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me titre,

1. Jule Scaliger n'a jamais fait, ni n'a jamais prétendu avoir fait plus d'un Livre d'Exercitations contre Cardan. Ce Livre eft intitulé Exotericarum Exercitationum liler XV. parce qu'avant que Scaliger le commençât il avoit déja compofé, à ce qu'il dit, quatorze autres volumes fous ce mêmais qui ne regardoient point Cardan. Quid amplius vis (dit Cardan Action. in Calumniatorem librorum de Subtilitate.) à maximo viro victus ero qui jam quatuordecim volumina exotericarum Exercitationum fcripfiffe gloriatur, cum nulla alia tamen prodierit in lucem, ab ultima editione (je croi qu'il faut lire editionem) videtur inchoaffe. Voyez parmi les Lettres de Jule Scaliger celle qui s'adreffe pag. 251 à Bocce Epo, où ces XIV. Volumes qui n'ont jamais vu le jour,

& qui étoient fur des fujets particuliers, font nettement diftinguez du quinziéme uniquement deftiné à refuter Cardan. Il femble même qu'il en eût entrepris un féziéme contre le livre de varietate rerum du même Cardan, autant que nous en pouvons juger tant par la Préface de ce féziéme volume imprimée à Toulouse in4. avec d'autres Opufcules du même Scaliger par les foins de Mauffac, que par ces mots de l'Epitre dédicatoire de Jean Craton à Jofeph Scaliger mife au devant des Exercitations de Jule de l'édition d'Allemagne, Verum de his fortaffe Pater tuus, in Obfervationibus & Caftigationibus librorum de varietate magni nominis ingenii Cardani » aliquid doctos erudiet.

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