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quatre-vingt Livres d'Etymologies (1). Ce que dit, au refte, Mr. Baillet fur le témoignage de Mr. Hyde, que les quinze Livres de Subtilitate de Scaliger contre Cardan ont été imprimez, & qu'ils se trouvent dans la Bibliothéque d'Oxfort, eft non feulement faux, mais ridicule. S'ils fe trouvoient dans cette Bibliothéque imprimés, il faudroit que l'Imprimeur n'en ût tiré qu'un exemplaire.

Je viens de découvrir celui qui a fait dire à Mr. Baillet que Scaliger avoit fait quinze Livres d'Obfervations contre Cardan, c'eft Moreri (2): qui a écrit la même chofe dans fon Dictionnaire à l'article de Jules Scaliger. Ce Dictionnaire de Moreri est un des Livres favoris de Mr. Baillet.

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Monfieur BAILLET dans fes Corrections. "Ces Meffieurs qui aiment tant à fe tourner en Latin, gâteront enfin toute

1. Il n'eft point vrai que Jule Scaliger n'eût compofé que quatre-vingts Livres d'Etymologies, ou comme il les avoit intitulez, d'Origines. Il en avoit compofé jufqu'à fix-vingts. Lui-même le dit ainfi dans fa Lettre à Boëce Epo: Sunt præterea libri Originum CXX quorum editionem propter molem defperavi. On peut même dire que ces fix-vingts Livres n'étoient qu'une partie d'un plus grand Ouvrage dont il parle en ces termes à Charles Sevin, Lettre 81. Item rerum, verborum, rituum, & originum libros duodecim quibus prima pars perficitur. Alteram centum viginti libris perfeclam mecum afferam, ut publicè abfolvatur. Tertia nondum perfecta eft. Le Président Mauflac dans fa Préface des Commentaires du même Scaliger fur Ariftote de l'hiftoire des animaux, écrit tout au long libri Originum centum viginti, & il eft furprenant que Becman qui renvoie fon Lecteur à cette Préface ne compte néanmoins que cent dix Livres de ces Origines. Pour M. Ménage ce n'eft pas d'aujourd'hui qu'il n'en compte que quatre-vingts. Cette erreur fe trouve dans l'Epitre dédicatoire de ses Origines Françoifes en ces termes : Jule Céfar Scaliger un des premiers Critiques, & le premier Philofoqhe de fon tems, en avoit compile jufqu'à quatre-vingts Livres. Ottavio Ferrari n'entendant pas bien le François & croyant que quatre-vingt fignifiát vingt-quatre a reduit à ce dernier nombre les Livres des Origines de Scaliger.

Sed ex inftituto, dit-il dans la Préface de
fes Origines Italiennes, Italica quoque can
fas idem Julius Scaliger quatuor & viginti li-
bris, tanta illi luxuriantis ingenii fertil tas fuit,
complexus fuerat. Il ne fe trompe pas moins
quand il croit que ces livres regardoient
la Langue Italienne. Scaliger recherchoit
principalement l'origine des mots Latins
& M. Ménage qualifioit mal cet Ouvrage
Compilation. Il paroit par plufieurs de ces
Origines que Scaliger a repandues dans fes
autres Livres, qu'elles étoient de fon in-
vention, & s'il rapportoit les anciennes,
que ce n'étoit que pour les réfuter.

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2. Moréri eft fort innocent de la méprife de Baillet. Il compte parmi les Oeuvres de Jule Scaliger, Exotericarum Exercitationum lib. XV. Soit qu'on life liber decimus quintus, foit qu'on life libri quindecim, Moréri aura toujours raison, puifque Scaliger avoit compofé quinze livres d'Exercitations exotériques, dont le dernier, qui eft celui que nous avons contre Cardan, eft le feul qui ait été confervé. M. Baillet avoue lui-méme ingénument qu'il n'a fait cette faute qu'après l'Auteur de la Vie de Jule Scaliger inferée dans le Recueil des Vies de plufieurs hommes illuftres imprimée in-4. à Londres l'an 1681. & la vérité eft qu'à la fin de cette Vie de Scaliger, il y a un Catalogue très-peu correct de fes Oeuvres, qui porte en tête Exotericarum Exercitationum lib. 15. ab Hieronin. Cardanum.

l'Ortographe de l'Onomatologie, s'il ne fe trouve quelque tru,,chement pour les expliquer, & pour nous faire un Index pareil ,, à celui que Beffin a fait des noms propres qui fe trouvent Latinifez dans l'Hiftoire de Mr. de Thou.

MENAGE. Mr. Baillet attribue encore ailleurs cet Index à Beffin. Si Mr. Baillet avoit pratiqué avec les gens de Lettres, il fauroit que cet Index a été fait par Mr. du Puy, Prieur de Saint Sauveur de Brog. Pierre Beffin, fous le nom duquel ce Livre a été imprimé; je veux dire, fous le nom duquel le privilége pour imprimer ce Livre a été obtenu; étoit un Valet de Chambre de Mr. de Thou, le Confeiller d'Etat; lequel ne favoit point du tout de Latin. Je l'ai connu particuliérement. Mr. du Puy de S. Sauveur m'a dit plufieurs fois lui-même que c'étoit lui-même qui avoit fait cet Index.

Monsieur BAILLET a écrit au chapitre de Daniel Heinsius, page 441. du 2. Tome, que Daniel Heinfius avoit travaillé fur Prudance. Mr. Baillet a pris ici le fils pour le pere. C'est Nicolas Heinfius qui a travaillé fur Prudance (1). Il ajoûte, que le même Daniel Heinfius a auffi travaillé fur Homere: ce qui n'eft pas venu à ma connoiffance.

XXXIV.

Juftification du titre de mon Eglogue intitulée Christine.

M

Onfieur BAILLET page 374. du Tome V. "Le Critique que j'ai déja cité, trouve mauvais que Mr. Ména»ge ait donné le titre de Chriftine à cette Eglogue plutôt que celui » de Ménalque : parce qu'outre que Ménalque en eft le principal » perfonnage, il s'y agit particulierement de fon départ, & qu'il » y eft pour le moins autant loué que la Reine de Suéde.

ور

33

MENAGE. Le Critique de Mr. Baillet eft un impertinent Critique. Premiérement, il eft très-faux que dans l'Eglogue dont eft queftion Ménalque y foit autant loué que la Reine Chriftine y est louée; les endroits de cette Eglogue qui contiennent leurs louanges, feront rapportés ci-deffous en quelque endroit de ces Remarques. Et le Critique de Mr. Baillet a dit en cela une fauffeté,

1. Dans le Catalogue des Oeuvres de Daniel Heinfius, produit par Witten à la fin du difcours intitulé Memoria Heinfiana, on trouve entre autres livres, Aurelii Prø

dentii Opera cum notis 1637. in-24. Amfterodami, 1670. in-1. C'est ce qui aura

trompé Baillet.

pour me dire une injure, en difant que je m'étois loué extraor dinairement. D'ailleurs, quoiqu'il s'agiffe du départ de Ménalque, ce départ eft pour aller en Suede voir la Reine de Suede Chriftine. Et ainfi la Reine de Suede Chriftine eft le véritable fujet de la Piéce. Mais quand elle y auroit moins de part, & que je n'aurois fait que la louer de la façon que je l'ai louée, j'aurois pu intituler mon Eglogue de fon nom. Térence a intitulé une de fes Comédies l'Eunuque : dans laquelle fon Eunuque a fi peu de part qu'il ne paroît prefque pas fur le Théatre. Plaute a de même intitulé une de fes Comédies Rudens, & une autre Trinummus, qui ont peu de raport à leurs titres : ce qui a été remarqué par Jules Scaliger dans fa Poëtique.

XXX V.

Ignorance de Mr. Baillet touchant la patrie de plufieurs

M

hommes de Lettres.

Onfieur BAILLET dit à la page 289. du Tome 4. qu'Ugolinus Vérinus, & Michaël Vérinus fon fils, étoient de Florance, ou felon d'autres, de l'Ile de Minorque. Il eft conftant qu'ils étoient de Florance. Ils font dans le Catalogue de Michaël Pocciantius des Ecrivains Florantins.

Mr. Baillet dit à la page 419. de fon IV. Tome, & à la page 195. de fon III. Tome, que Bénédetto Varchi étoit de Fiéfoli. Il vouloit dire de Fiéfolé: ou du moins il le devoit dire (1). Il étoit de Florance, mais originaire de Montevarchi. Il le dit lui-même dans fon Ercolano, en ces termes : Molti vogliono ch'io, fe ben fui nato e allevato in Firenze, non fia Florentino: per effere mio padre venuto a Firenze da Montevarchi. Et dans un de fes Sonnets à Jean de la Cafe:

Per voi l'altero nido voftro, e mio.

Jean de la Cafe étoit de Florance. Mr. Baillet n'a point lû d'originaux. C'est de l'Abate Ghilini, dans fon Eloge du Varchi, qu'il a pris ce qu'il a dit ici du lieu de la naiffance du Varchi. Scipioné Ammirato, dans fon Ritratto du Varchi, a écrit de même que le Varchi étoit de Montevarchi dans le Diocese de Fiéfolé. Et le Bernia dans fon Capitolo del Debito, l'appelle Montevarchi. Il me Italiens ayant écrit Fieseli, la faute eft ex

1. J'en conviens, c'est ainsi que les Tofcans parlent, mais plufienrs Auteurs

cufable.

reste

refte à remarquer que le Varchi fut ainfi appelé de Montevarchi, lieu de la naissance de fon pere. Lionardi Salviati, Livre 2. de fes Avertiffemens, article 16. volume 2. Cotal voce; (Varchi) nome di famiglia non fù nel vero, ma soprannome: che dalla patria; cioè, dalla Terra di Montevarchi, onde venne il fuo nafcimento, fi pofe nelle fue fcritture egli fteffo: e dal confenfo del fuo fecolo fi ricevè, e vennegli confermato. Remarquez que le Salviati fait auffi le Varchi de Montevarchi (1). J'oubliois à remarquer que Poccianzio a mis le Varchi dans fon Catalogue des Ecrivains Florantins.

Il dit à la page 392. de fon 2. Tome, que Theodore de Marcilly, en Latin, Theodorus Marcilius, étoit de Cologne. Il étoit d'Arnhem en Gueldre comme l'ont très-véritablement écrit Valérius Andreas dans fa Bibliothéque Belgique, & François Swertius dans fes Athénes Belgiques; & Petrus Valens dans l'Eloge qu'il a fait de Théodorus Marcilius ; auquel il fuccéda dans la Chaire de Profeffeur du Roi. J'ai oui dire la même chose à mon pere: qui étoit ami particulier de Théodorus Marcilius; comme je l'ai remarqué à la page 81. de la Vie de mon pere. Il dit à la page 463. du Tome 2. que Jacques Gronovius, fils de Fréderic, eft de Hambourg. Il eft de Déventer.

Il dit à la page 188. de fon premier Tome, & à la page 257. du feptiéme, que Choppin étoit d'Angers. Il étoit du Bailleul en Anjou à fix lieuës d'Angers. Ce que j'ai remarqué dans mes Remarques fur la Vie de Pierre Ayrault, Lieutenant Criminel d'Angers, mon grand-pere maternel.

Il dit à la page 412. du Tome 4. que Joachin du Bellay étoit natif d'Angers. Il étoit né à Liré, dans les Mauges, à douze lieuës d'Angers: qui eft une Terre qui lui appartenoit du côté de fa mere Renée Chabot, Dame de Liré & de la Roche-Serviére, fille de Chriftophle Chabot. Jean Befli, qui a écrit que Joachin du Bellay étoit batard, s'eft tout-à-fait trompé. Cette Terre de Liré, dont Joachin du Bellay fait mention dans fes Poëfies Françoises, au Sonnet 31. de fes Regrets, eft d'Anjou pour le temporel, & de Bretagne pour le fpirituel. Elle cft du Diocéfe de Nantes. D'où vient que Joachin du Bellay eft appelé Clerc du Diocéfe de Nantes dans les Regiftres de l'Eglife de Paris. Joachimus du Bellay Clericus Nannetenfis Diœcefis, fuit receptus ad Canonicatum

1. Onde venne il fuo nascimento, ne figni- né à Montevarchi, mais qu'il en venoit, Be pas, ce me femble, que le Varchi fût

Tom. VIII.

I

& Præbendam, vacantes per obitum Magiftri Johannis Toussepain, Canonici Parifienfis Archidiaconi.

Il dit à la page 320. de fon cinquiéme Tome, Auguftin Favoriti, que quelques-uns font de Luques, étoit de Luna en Toscane, du côté de la Riviere de Gennes. Il étoit de Luques, il le dit lui-même dans le titre de fon Eglogue au Pape Alexandre VII. fur la mort de Sidronius Hofchius. Auguftini Favoriti Lucenfis, &c.

Il dit au chapitre de l'Ariofte page 347. du Tome 4. que l'Ariofte étoit né à Ferrare. Il étoit né à Reggio.

Il dit à la page 387. de fon premier Tome, que Plantin étoit de Tours. Il étoit de Montlouis.

Il dit à la page 75. de fon troifiéme Tome, que Gentien Hervet étoit d'Orléans. Il étoit d'Olivet: ce qui a été remarqué par le Président de Thou dans fon Hiftoire, & par Jean le Clerc dans fes Illuftres.

Ces deux dernieres méprifes ne font pas confiderables: Olivet étant proche d'Orléans, & Montlouïs n'étant qu'à deux lieuës de Tours.

Il dit à la page 264. du 2. Tome, & page 569. que Ravifius Textor étoit de Noyon (1). Il étoit de S. Saulge dans le Nivernois, & Seigneur de Ravifi, auffi dans le Nivernois. Il s'appele lui-même, Nivernenfis. Voyez Mr. de Launoy dans l'Eloge qu'il a fait de Ravifius Textor dans fon Hiftoire du College de Navarre. Et fon nom étoit Jean Tixier. Nevers s'appelle en Latin Noviodunum ; & Noyon, Noviomagus. C'eft ce qui a troublé notre homme, peu versé dans la Géographie, comme je le ferai voir au chapitre 74.

Il dit à la page 95. de fon 2. Tome, que Céfar Egaffe du Boulay, Greffier de l'Univerfité de Paris & Auteur de l'Hiftoire de l'Univerfité de Paris, étoit de la Ville de Tours. Il étoit du Village de S. Ellier, dans le Bas-Maine: qui eft la derniere Paroiffe du Maine du côté de la Bretagne. Ce qui a fait faire cette faute à Mr. Baillet, c'eft que ce du Boulay étoit Doyen de la Tribu de Tours dans l'Univerfité de Paris. Il faut expliquer à Mr. Baillet ce que c'est que cette Dignité. Il y a quatre Nations fondées dans l'Univerfité de Paris: celle de France: celle de Picardie: celle de Normandie: & celle d'Allemagne. Ces quatre Nations, à la referve de celle de Normandie, font divifées en Tribus. Celle de

JI La faute touchant le pays de Ravi- par Baillet dans fes Corrections. fius Textor avoit été reconnue & corrigée

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