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ception, qui paroît plus décifif & plus important qu'aucun autre ? Pourquoi elle ne tâche pas de découvrir le moment où l'ame eft unie au corps, & où commence, à proprement parler, fa deftinée? Comment elle démêle le vrai moment de la Naiffance, lorfque la mere eft long-tems en travail ? Comment elle ofe, dans les accouchemens même les plus heureux, fonder tout un Horofcope fur un inftant, qui n'eft pref que jamais le véritable, la rapidité du ciel étant incompréhensible, & tout ce qui n'eft point l'inftant précis de la Naiffance, étant étranger à celui dont on prétend prédire les avantures?

XI. L'Aftrologie ne fait aucun état de ces refléxions; & elle continue ainfi, fans fe diftraire, pour nous répondre: J'ai, dit-elle, partagé tout le ciel en douze portions qui en comprennent toute l'étendue ; & je leur ai donné le nom de Maifons. Six font fur l'horizon, fix au deffous. La plus importante eft celle qui eft près de monter fur l'horizon, lorfque celui dont on fait l'Horoscope vient au monde. C'eft elle que j'appelle fon Afcendant, & c'est par elle que je commence à compter toutes les autres; à qui

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j'ai attribué ce qu'il m'a plu, & comme il m'a plu. J'ai nommé l'une la Maifon des Parens ou de la Famille; une autre, celle des Richeffes ; une autre, celle de la Santé; & une autre, celle de la Mort ; & tout le refte comme j'ai voulu.

XII. Comme ces Maifons compren nent tout le ciel, je trouve dans elles toutes les Planetes & toutes les Conftellations. J'examine en quelles Maifons font les Planetes favorables, ou funeftes, ou ambigues; comment elles fe regardent; comment elles font aidées, ou affoiblies, par leur union & par celle des Conftellations ou du Zodiaque ou du refte du ciel; car je tâche de prefiter de tout. Je forme fur cela mes calculs & mes conjectures; & je vois tous les jours, de quelle confequence eft le moindre inftant, parce qu'il fuffit pour donner au ciel une difpofition différente, & pour ouvrir par confequent une nouvelle carriere au deftin.

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XIII. Mais eft-il fupportable qu'on donne à tant de fuppofitions fi vaines & fi frivoles une apparence de fcience? Pourquoi divife-t-on le ciel en douze portions, plutôt qu'en vingt-quatre, plutôt qu'en cent? Pourquoi veut - on X 4

que

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que celle qui eft près de monter fur l'horizon, ait plus de rapport à celui qui vient au monde, & agiffe plus efficacement fur lui, que celles qui font déja levées, & que celle en particulier qui lui eft verticale, & qui le domine à plomb? Pourquoi a-t-on attribué à une Maison une chofe plutôt qu'une autre ? Pourquoi a-t-on omis tant de chofes effenrielles, & s'eft-on contenté d'un fi petit nombre? Comment d'ailleurs quand on accorderoit tout ce qu'il plaît à l'Aftrologie de fuppofer, pourroit-on démêler en détail, quels évenemens précis, telle ou telle combinaifon de fituations, d'afpects, de qualitez, eft capable, de caufer ou de prédire ? En combien de manières peut-on être heureux ou malheureux? Et (t) quelle folie n'eft-ce point d'efpérer, qu'un homme qui ne fçait rien de ce qui lui doit arriver à lui-même, quand il feroit cent fois fon Horoscope, puiffe voir dans la fimple fituation du ciel, cette varieté infinie d'évenemens qui dépendent de la divine Providence & de fa Liberté ?

(4) St. Greg de Naz. Orat. 29.

AK

ARTICLE I V.

Ce qu'on dit de l'Expérience, eft faux.

I. Nous en appellons à l'Expérience, difent les Aftrologues. C'eft fur elle que nous nous fondons; & nous aurions tort d'y rénoncer, pour des raifonnemens dont elle montre la fauffeté.

II. Ici, à mon tour, j'en appelle à la bonne-foi: & je ne veux d'autres témoins ni d'autres juges que ceux qui me vantent l'Expérience.

III. Croyent-ils que ce foit une chofe indifférente que de fe tromper fur le véritable moment de fa Naiffance; & qu'on puiffe également prédire ce qui doit arriver à un homme, en examinant le ciel dans une autre fituation que celle qui a répondu à l'instant où il a vû le jour ? Ils m'affurent que cela n'eft pas poffible, & que le moment de la Naiffance eft décifif.

IV. Je continue à leur demander ce qu'ils penfent donc de deux Jumeaux, dont la Naiffance eft feparée par un intervale fort court? Ils me répondent, que cet intervale, peu fenfible par rapport à nous, eft d'une exX 5

trê

trême confequence par rapport au mouvement du ciel, qu'aucune mesure ne fçauroit atteindre, & que c'eft pour cela que la deftinée des Jumeaux eft souvent très-différente.

V. Je les prie enfuite de me dire, s'ils ont obfervé que la fituation du ciel fût quelquefois abfolument la même; ou s'ils ont dans leurs livres quelques preuves que les Anciens ayent obfervé rien de tel? Ils fe rient de ma fimplicité, & ils me difent, que les mêmes combinaifons ne font jamais arrivées, & ne fçauroient arriver que dans une fuite immenfe de fiécles.

VI. Je leur demande donc, quelle eft cette Expérience à laquelle ils appellent de tous les raifonnemens? Qu'ontils vû qui fe reffemblât? Quelles obfervations réiterées ont pû leur fervir de regle? Ont-ils pû une feule fois rencontrer les mêmes apparences, pour y établir les mêmes conjectures? Il eft donc clair qu'ils nous trompent ; & que c'eft contre leur propre confcience qu'ils le font.

VII. En effet, ceux qui font parmi eux plus habiles que les autres, les autres, fentent bien la vanité & la fauffeté de tout ce qu'ils vendent aux perfonnes crédules,

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