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Gouverneur attentif, tu me vois paffer avec rapidité fur des matieres intéreffantes: mais je fais ma tâche, remplis la tienne. Je ne dois pas ici traiter les matieres mais les faire entrevoir. C'est à toi à perfectionner cette efquiffe. Conduis tes Eleves dans les Jardins-Royaux : montre - leur par les côtés les plus intéreffans ces nombreuses colonies de plantes médicinales toujours prêtes à s'opposer aux progrès de la mort. Fais-leur comprendre que c'eft la différence des fels & des fucs de la terre, qui leur donne différens degrés de chaleur, différentes vertus, dont la connoiffance fait une science immense, trop ignorée de ceux à qui nous confions nos vies. Saifis l'hiftoire des plantes par Rombert Dodonée; écoute les fages leçons de Lemery; devore les obfervations de Tournefort, & deviens favant pour inftruire tes enfans. N'omets aucun des fpectacles qu'offre la furface de la terre dans la variété de ses plantes. Montre à tes Eleves les champs, que dorent toutes fortes de

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en leur

propre

moiffons, qui doivent fe changer bientôt fubftance. Qu'ils apprenent par combien de mains & de formes passe le bled, avant d'être pain; prends delà occafion de leur montrer les avantages de la fociété, le befoin que nous avons les uns des autres, & le prix de tout homme qui travaille. Tu les conduiras aux pieds, ou fur le fommet des côteaux qui cachent le fuc le plus exquis fous des pampres, qui les défendent de l'excès des chaleurs: ils connoîtront le Preffoir, les machines qui le compofent, & le génie qui l'inventa. Tes Éleves, fi tu fais ménager tes leçons, vont devenir favans & réligieux de plaifir & la récréation. Tes entretiens vont allumer daus leur ame les plus vifs fentimens de reconnoiffance.

LES

LES INSECT E S.

LES ANIMAU X.

J'HERBORISOIS avec Ifmin dans un bois

folitaire. Tout fembloit s'étudier à flatter nos fens. Les Zéphirs naiffans rafraîchif-. foient l'air que nous refpirions; les oifeaux agitant leurs ailes légeres célebroient, avec une harmonie attendriffante, leurs amours & leurs treffaillemens: toutes fortes d'herbes odorantes répandoient un parfum délicieux qui embaumoit l'enceinte du bois.. Bon Ifmin, m'écriai-je, je vois une merveille. Ifmin accourt, & je lui montre une Araignée au centre de fa toile..... Quoi ! c'eft une araignée! Eh! que trouvez-vous là de fi merveilleux ?... Tout, mon fils; tout y eft admirable; l'infecte, fon génie, fon travail. Vois ces paralleles tirées avec autant d'exactitude qu'euffent fait Huygens G

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ou Lahire; remarque tous ces cercles concentriques ils ont été décrits fans compas & fans modele; ces points d'appui fi bien faifis, la délicateffe de ces filamens & la force de la toile..... La force de la toile! D'un feul fouffle je la briferois. Il fe met aufli-tôt à fouffler, & la toile tient bon. Ce petit bon-homme s'irrite, il fe gonfle à force de fouffler, & ne réuffit pas. Pourquoi ne puis-je la rompre, me dit-il tout étonné? Je n'en fuis pas furpris, lui répondis-je; les vents les plus impétueux. y' réuffiffent à peine; & voici pourquoi ;* cette toile étant à claire-voie, & les fils qui la compofent étant extrêmement déliés, polis, & pliants, le peu de fouffle qui les rencontre gliffe par deffus, & ne les fecoue que très-foiblement, parce qu'ils oppofent très-peu de réfiftance à fon paffage.

Ifmin für bientôt frappé du génie de l'infecte, que je lui décrivis d'après Homberg; & alors je commençai mes expériences, felon le plan, & les idées dont Pluche faifoit autrefois part à fon Chevalier, D'abord c'eft

un petit moucheron que je lâche contre la toile, il s'y prend, & l'ennemi en embuscade dans fon trou, eft auffi-tôt fur fa proie : le gibier eft petit, ce n'eft pas la peine de l'emporter dans le garde-manger; on vous l'expédie fur la place, & on s'en revient à l'affut. La premiere observation que nous faifons. eft fut la fituation de l'Infecte: conftament folitaire, il se tient au centre, ou dans son trou, auxquels aboutiffent tous les rayons, qui, comme autant de meffagers fideles l'avertiffent rapidement de tout ce qui fe paffe dans fes filets. Nous obfervons enfuite la délicateffe de fon tact: qu'il foit au centre de fa toile, ou dans le trou, qui lui fert de retraite & de magafin, le moindre mouvement le met en marche : vous diriez qu'il vit dans chaque fil de fa toile.

Nous continuons nos expériences dans le même goût je lâche contre la toile une groffe mouche, capable d'entrer en lice avec fon ennemie.... Bon Ifmin, vois le combat que ces Infectes fe livrent; entends le bruit des armes : c'eft la mouche qui fe

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