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bien nous fuivrions des yeux les nuages, & ncas irions demander où a éclaté un orage, avec le même empreffement qu'on a pour découvrir des mines & des trefors. O!

les triftes pélérinages, s'écria cet enfant ! mon bon ami, c'eft alors qu'on auroit vû grand nombre de ces libertins qui étendent que tout va au hafard. . . . Non, mon ami: admire avec moi quelle eft la corruption de l'homme : fi DIEU ne nous eût pas fi bien traités. nous aurions été moins ingrats: chacun auroit fait des vœux pour obtenir les faveurs du Ciel. Mais, parce qu'on a prévenu nos fouhaits, nous oublions l'Auteur de tout bien: les bienfaits ont endormi notre reconnoiffance.

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Après avoir étudié avec Nollet l'équilibre des liqueurs avec elles-mêmes, & avec les folides, on paffe à l'Element du Feu. Je fuis bien trompé, s'il est un seul Inftituteur qui, avec un peu de génie, ne trouve pas mille' moyens d'intéreffer fes éleves à bien connoître cet Éléinent, qui eft l'ame

de tous les autres, & fans lequel toute la nature feroit dans l'état de ftupidité où nous voyons tomber l'Eau, qu'il glace en l'abandonnant; la Terre, que la Terre, que fon abfence rend auffi rebelle à la culture que le marbre & le métal; l'Air, qu'on ne pourroit respirer plus impunément que le poifon. Cet Élément, ministre de la bonté du CREATEUR, lorfque par fa chaleur féconde il donne la vie à tous les êtres; image de fon pouvoir infini, quand fa force deftructive brife, déconcerte, & femble anéantir tout ce qu'il y a de plus folide dans la nature: cet Elément terrible eft répandu par-tour autour de nons : nous vivons au milieu d'un incendie général, & nous n'en fentons rien. Il est enfermé dans les veines des cailloux dans les lames des bois, entre les globules des eaux, dans les pores de l'air, fous les enveloppes de foufre, d'huile, de falpêtre : tous les corps en font intimement pénétrés : & cependant la nature subfifte toujours. C'eft-là le doigt du Très-haut. Confidérez comme Pluche, qui n'a fait qu'effleurer

cette matiere, l'a rendue intéreffante; ajoutez à fes obfervations, en expliquant à vos Eleves les qualités de cet Element; paffez enfuite au Soleil, à la Lumiere, aux Phof phores montrez par les plus beaux côtés, tous ces prodiges à vos Elèves. Si dans vos leçons vous ne choquez pas le bon fens, je vous prédis que chaque livre de Phyfique que vous leur préfenterez dans la fuite, fera dévoré avec la plus grande avidité.

LE CIE L.

'APRÈS avoir bien obfervé la Terre, on peut étudier le Ciel, & aller puifer dans cet grand livre les vérités les plus fublimes, & les plus utiles leçons. Mais prenez garde que ce grand volume, où eft écrite en caracteres de flamme la majesté du CREATEUR, le feul peut-être que la main hardie & témeraire de l'homme n'ait pu altérer, ne devier.ne entre vos mains une fource de méprifes. C'eft-là que le CREATEUR a

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tracé lui-même son véritable nom: & quiconque veut le lire tout entier dolt dérouler' tout le volume. Or qui peut fe flatter d'y réuffir?

Ce voile immenfe, pourrez-vous dire à vos Eleves, auquel nous avons donné le nom de Ciel, & que nous croyons voir, aux jours fereins, comme un magnifique pavillon d'azur, n'eft rien moins que ce qu'on penfe. Cette voûte bleue n'eft autre chofe que des parcelles d'eau qui nagent l'étendans l'atmosphére. Le Ciel n'est que due, où va fe perdre notre foible vue. Dans un coin de cette étendue eft un corps de feu, qu'on nomme Soleil. Un million de fois plus grand que la terre, il tourne à jamais fur fon centre en vingt-cinq jours & fix heures. Miniftre de la fouveraine Providence, il refte dans un majeftueux repos au centre de notre Univers, d'où il communique la lumiere, la chaleur, & la vie à tous les globes affidus à rouler autour de lui, à lui préfenter fucceffivement tous leurs côtés, & à puifer dans fon afpe&t tout ce

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qui leur eft néceffaire pour leur étonnante fécondité. Après de douze millions de lieues de cet Aftre vous rencontrez Mercure, qui fait fa revolution annuelle dans l'efpace de deux mois vingt-fept jours. Cette Planete, disois-je un jour à mon Ifmin, trois fois. moins éloignée du Soleil que notre globe, éprouve une chaleur neuf fois plus grande que nous dans nos étés : ajoutez qu'elle décrit autour de l'aftre une ellypfe fi excentrique, que dans fon Périhélie elle en eft d'un tiers plus proche, que dans fon Aphélie... . . . . Que voulez-vous dire, Monfieur! repliqua vivement Ifmin: avez-vous oublié que nos chaleurs d'été, devenant neuf fois plus fortes par le fecours des verres ardents, mettent les métaux en fufion? Il faudroit donc que cette Planete, fes plantes, & fes animaux fi elle étoit habitée, fuffent beaucoup plus durs que nos métaux. Ce feroit vraiment là une terre de diamant: encore auroitelle de la peine à réfifter aux chaleurs de fon périhélie. Il faut donc, mon bon ami,

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