les uns dans les autres ; leur véhicule fe diffipe, le fable impregné de ces fucs se durcit & voilà un Diamant, une Eméraude, une Topaze, une Amethifle, ou toute autre pierre précieuse qu'on voudra; car elles ne font toutes dans la rigueur qu'un peu de pouffiere plus ou moins durcie & différemment arrangée; mais que nous regardons comme précieuse, parce qu'elle brille le front des Reines, & le diadême des Rois font parés de l'éclat de cette pouffiere à quoi notre pauvreté n'eft-elle pas obligée de donner du prix !

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Dans ces veines enfin ou fur la furface du globe, fe trouve toute la matiere palpable; & dans cette matiere, font toutes les figures, tous les chefs-d'oeuvre que l'impofture de l'art s'attribuera, & ceux qu'elle n'y découvrira jamais.

Telle eft en général l'idée que nous avons de notre globe à quatre vingt-dix mille lieues de lui, eft fufpendu un fatellite conftamment attaché à fon service:c'est la Lune, qui eft cinquante fois plus petite que nous,

& qui fert à éclairer nos nuits, &c. Ses Phafes continuelles s'expliquent par fes divers mouvemens refpectifs : 1o. Elle fait fa révolution autour de la terre en vingtfept jours & demi, & dans le même-temps elle tourne fur fon centre; delà nous voyons toujours fon même côté. 2°. Cette planette, décrivant une ellypfe, elle rentre dans un temps marqué dans les points de fa plus grande diftance & de fa plus grande approximation; & ce temps eft de neuf en neuf ans voilà la révolution des Apfides. 3o. Emportée par un autre mouvement d'Orient en Occident fur fes poles, elle rentre dans les mêmes noeuds de 19 en 19 ans; & voilà le Cicle Lunaire. 4°. Enfin le phénomene des Eclipfes s'explique par l'in terpofition réciproque de la Lune & de la Terre, entre elles & le Soleil, lorfque tous trois fe trouvent dans la ligne Eclyptique. Voilà tout notre Univers planétaire. Sages Inftituteurs., vos Eleves viennent de faire un pas dans l'immenfité; le premier étant le feul qui coûte, vous n'aurez

plus de peine à fuivre votre route: faitesleur faire un fecond pas aftronomique : quand vous ferez élévé à treize trimillions, neuf cent quatre-vingt-neuf bimillions huit cent foixante-quinze millions, neuf cent quatre-vingt-dix-huit mille lieues, vous approcherez du Soleil le plus voilin de notre monde: c'eft l'étoile de Syrius: De cette élévation vous en appercevrez une infinité d'autres qui font au moins fix fois plus éloignées. Et delà vous vous élancerez vers la voie lactée, qui ne paroît qu'un léger nuage, mais qui dans la réalité, eft une efpéce d'Archipel parfemé d'une infinité d'Aftres, femblables à celui qui nous éclaire. Au milieu de tous ces Soleils innombrables, vous obferverez avec vos Eleves combien il eft vraisemblable que chacun eft le centre d'un monde, peut-être mieux habité que le nôtre : & fi vous avez un peu de zele, il vous fera aifé d'enflamer les coeurs de ces enfans au milieu de tous ces globes de feu, qui échauffent l'immenfité entiere.

CHAPITRE V.

ETUDE DE L'HISTOIRE (a):

TOUT le fyftême hiftorique se réduit à

trois branches: L'HISTOIRE DES ETATS, dont il paroît que peu d'Ecrivains ont fenti toutes les difficultés, & connu tout le prix : L'HISTOIRE DES HOMMES, la plus intéreffante de toutes, & la plus négligée en même temps; & CELLE DES ROIS, qu'on a travaillée avec soin, mais fans affez de goût.

L'HISTOIRE DES ÉTATS ne renferme que les faftes de la naiffance, de l'agrandiffement, de la décadence, & de la chute

(a) Nous ne donnons ici qu'une idée de l'Atlashiftorique, dont l'édition avoit été fufpendue par un accident que l'Auteur n'avoit pu prévoir, & que l'on va continuer avec d'autant plus de diligence, que tout le texte de ce grand Ouvrage eft fini. On avertira Mrs. les foufcripteurs lorfque tout fera prêt. Ce délai n'aura pas peu contribué à la perfe&tion de l'Ouvrage.

des Empires. Ce ne font que des révolutions continuelles; mais dont chacune a eu des caufes qu'il importe à tout Prince, à tout Homme d'Etat, de connoître & de bien méditer , pour en détourner, dans l'occafion les funeftes effets; & à tout Hiftorien d'affigner, pour rendre fon Hiftoire intéreffante & vraiment utile. Or qui oferoit affurer qu'il en eft un feul de parfait en ce point effentiel? Les uns ne réfléchiffent pas, d'autres réfléchiffent mal; & malheureusement ceux-ci forment le plus grand nombre.

L'HISTOIRE DES ROIS nous préfente tantôt des fléaux du genre humain, qu'on a d'autant plus admirés, qu'ils ont fait plus de fracas & entraîné plus de ruines : tantôt des fainéans couronnés qui fe font endormis dans la volupté, tandis que leurs fujets s'abandonnoient aux défordres les plus honteux, & devenoient dignes de leurs maîtres.; quelquefois des héros dignes des hommages & de l'amour de l'univers, dont ils furent la gloire & les délices. Sur ce théâtre des