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Au lieu de commencer par dire aux enfans : « Mes amis, c'eft Dieu qui vous » a créés. Ce Dieu, infiniment fimple en » sa substance, eft un en trois personnes. Rempliffant l'immensité, fans occuper » d'espace, il agit par-tout, & demeure toujours dans le repos, &c. » J'entreprendrai avec eux le dialogue le plus fimple qu'il fe pourra, comme faifoit Rouffeau; mais je me garderai des écueils où il a donné. Je ne blâme pas ici nos respectables Pasteurs de jetter dans la mémoire des enfans ces précieuses femences, qui germeront fans doute heureusement dans la fuite mais je veux effayer fi on pourroit abréger le chemin, & fe garantir ddu danger de n'inftruire que la mémoire de la plupart des hommes. Je prendrai donc un enfant avec moi, & je lui demanderai : Mon petit ami, eft-ce moi qui vous ai fait? Non, me répondra-t-il : c'est la Maman. Si je lui demande qui a fait fa maman, me dira que c'eft une autre maman, & que cette feconde a été faite par une troi

il

fieme. En remontant ainfi de mere en mere, nous irions loin, & nous n'apprendrions rien. Je couperai donc court, & je lui demanderai, qui a fait la premiere de toutes les mamans?

L'ENFANT, après avoir révé.

Je ne fais.

LE GOUVERNEUR.

Tu ne fais! O! mon ami! que je te plains! Pour moi, j'ai le bonheur de le connoître, & c'eft ce que j'ai de plus précieux dans le monde,

L'ENFAN T.

Mon bon ami, qui a fait la premiere manian?

LE GOUVERNEUR.

C'est celui qui a fait le Soleil & les

Etoiles.

L'ENFANT.

Et qui a fait le Soleil & les Etoiles?

LE

LE GOUVERNEUR.

O! mon fils! Si tu pouvois comprendre combien il y a de plaifir à l'aimer quelle feroit ton inquiétude jufqu'à ce que tu l'euffes connu! Il eft le pere commun de tous les hommes. Il les aime, il t'aime infiniment; il t'aime beaucoup plus que ne fait le papa, la maman, & ton bon ami. C'eft lui qui dit tous les jours au Soleil: Soleil, leve toi, & va par ta lumiere & ta chaleur éclairer & animer mes enfans fur la terre. C'eft lui qui dit aux moiffons : Croiffez & mûriffez, pour nourrir ma famille. Il dit aux nues Fondez-vous en rofée bienfaifante, & rafraîchiffez la terre & fes habitans. Il dit aux fleurs : Parez-vous des plus belles couleurs, que vos calices odorans répandent au loin leurs parfums, pour embaumer le féjour de mes bien-aimés, &c.

Tandis que je parlerai à l'enfant avec une éloquence à fa portée, il m'écoutera avec attendriffement; & je l'échaufferai de plus en plus, jufqu'à ce que me ferrant la main,

C

ou me fautant au cou, il me demande avec. nne efpece de tranfport: Qui a fait la premiere maman? Alors, fi j'ai une étincelle de génie, je faurai fi bien m'expliquer, qu'il comprendra par quelque exemple fenfible & familier , que la premiere mere n'a pu fe faire elle-même ; qu'il auroit fallu qu'elle exiftât pour agir, & qu'elle n'exiftât pas, pour pouvoir être faite, ce qui eft impoffible, Qu'il faut donc qu'il y ait un Etre qui ait tout fait, & qui n'ait pas été fait lui-même, O! mon fils retiens bien ce Nom adorable, ce Nom faint & terrible que jamais tu ne le prononces qu'avec amour & tremblement. Mon fils, c'eft DIEU qui a tout fait.

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Sages Gouverneurs, que le recueillement & le refpe&t habitent fur vos levres & fur votre front; qu'un faint frémiffement fufpende votre refpiration, à ce Nom redoutable. Si vous avez une idée de la Divinité, vous favez combien j'ai raifon de parler ainfi.

L'ENFAN T..

Mon ton ami, où eft Dieu? Il me tarde de le voir. O comme je vais le chérir!

LE GOUVERNEUR.

Il eft par-tout. Il eft ici, & il te voit toujours.

L'ENFANT.

Il est ici............. Mais je ne le vois pas!
LE GOUVERNEUR.

Mon ami, perfonne ne peut le voirfur la terre, & lui nous obferve toujours: il veut. que nous l'aimions, quoique nous ne le voyions pas, & que notre amour ait du mérite. Mon ami! fi nous l'avions vu feulement une fois, nous ne voudrions plus voir autre chofe que lui. Nous, ferions dégoûtés de tout, & il nous tarderoit de mourir.

L'ENFANT.

De mourir !.... Et qu'est-ce que mou

rir?

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