Imágenes de páginas
PDF
EPUB

LE GOUVERNEUR.

Mourir, c'eft être privé de toutes chofes, & de foi-même, Quand on est mort, on ne voit rien, on n'entend rien, on net fent rien. On eft fans mouvement: alors on vous met dans un tombeau, où vous êtes niangé par les vers & vous ne paroiffez plus fur la terre. Vois-tu ce Cadavre, qu'on va enfevelir? Voilà comme on meurt & nous devons tous mourir.

L'ENFANT après avoir manié le Cadavre, &c.

O! mon bon ami! pourquoi faut-il

mourir ?

LE GOUVERNEUR,

Mon fils, le premier papa fut méchant; & il fut condamné avec tous fes enfans à mourir. Or nous fommes tous fes ens fans.

L'ENFANT.

Et quand faut-il mourir ?

(

LE GOUVERNEUR.

Il faut néceffairement mourir quand on eft vieux.

L'ENFANT.

Oh! je ne veux pas venir vieux, moi,

LE GOUVERNEUR.

Que veux-tu donc devenir?

L'EN FAN T.

Je veux devenir comme le рара.

LE GOUVERNEUR.

Et que deviennent les peres, à force de vivre?

Il fera aifé de faire fentir à un enfant, qué les peres, à force d'années, deviennent vieux. Et quand on eft vieux, ajoutera t-on, que faut-il faire?

L'ENFANT.

Mais quand on eft bien ! bien vieux?
LE GOUVERNEUR.

Mais quelquefois on eft bientôt vieux.

L'ENFANT.

Et que faut-il faire, pour ne pas l'être Eitôt?

LE GOUVERNEUR.

Il faut être fage & modéré (a).

L'ENFANT.

Mon bon ami, je ferai fage. Que faut-il faire pour cela?

LE GOUVERNEUR.

Il faut faire ce que veulent le рара, la maman, & ton bon ami, & fur-tout ce que demande le DIEU qui t'aime.

L'ENFAN T.

Mais je ne puis voir Dieu. Qui me dira ce qu'il demande de moi?

(a) Il eft certain que la modération, la frugalité, la fagee en un mot, font la premiere fource d'une longue vie, que Dieu prolonge encore en proportion du refpect qu'on a pour fes parens. Honora patrem tuum & matrem tuam, ut fis longævus fuper terram,

LE GOUVERNEU R.

Ceux qui ont été méchans vont dans un endroit, où ils font toujours horriblement malheureux. Ceux qui ont été Sages vont dans un lieu de délices, où ils voyent le bon DIEU, que nous ne pouvons voir fur la terre, & où ils ont toutes fortes de plaifirs.

L'ENFANT.

Ce n'est donc pas un malheur de mourir, quand on a été fage?

LE GOUVERNEUR.

Non pas plus que de fe repofer, quand on eft bien fatigué.

L'ENFANT..

Tous les hommes favent-ils cela?

LE GOUVERNEUR.

Ils le favent prefque tous.

L'ENFANT.

Eh pourquoi ne font-il pas tous fages?

CS

Voilà l'occafion, & le moment favora ble pour fortifier les enfans contre les fcandales de l'irréligion dans nos faints Temples, de l'impiété dans les difcours, & de la dépravation dans les moeurs. Employez, pour réuffir dans ce grand ouvrage, toutes vos lumieres, toute votre adreffe, toute votre Religion; & terminez enfin votre morale, en faifant fentir à vos éleves que la fageffe eft un des plus grands dons de DIEU, & qu'il faut la lui demander avec perfé

verance.

CHAPITRE IV.

་་

Suite du méme fujet.

PREMIERS ACTES DE RELIGION.

JE viens d'expofer à peu-près quelle est

la méthode que je prends pour perfuader aux enfans l'exiftence de DIEU, & pour les préparer aux premiers actes de Reli

« AnteriorContinuar »