Sainte elle eft remplie d'hiftoires touchantes & capables de produire les effets les plus heureux. Montrez toujours à vos Eleves la peine, le remords, l'infamie à côté du crime : & qu'à l'afpe&t du mal leur jeune cœur foit glacé d'effroi. La Comédie peut fournir auffi des narrations utiles, non moins qu'agréables : Avare; le Fat, le Prodigue, &c. peuvent être la matiere des plus belles leçons; peignez: à vos éleves les vices à la mode; faites-leur toucher au doigt le ridicule qui les accompagne : ils verferont fur eux le mé-pris à pleines mains. 9: On në raconte pas toujours des hiftoires aux enfans. Il arrive plus fouvent encore qu'on fait avec eux des Dialogues, où les réflexions fe préfentent plus naturellement plus fréquemment & d'une maniere plusperfuafive. Un Inftituteur un peu judicieux trouvera cent occafions par jour de former infenfiblement par ces dialogues bienconduits, l'intelligence de fes éleves, de faire germer dans leurs jeunes cœurs & la femence des plus grandes vertus. Le enfans lui feront cent queftions: mais il ne répondra pas à toutes. Il mortifiera leur curiofité capricieufe, il nourrira leur intelligence avide. Il répondra avec com plaisance aux queftions raisonnables : il sera auffi fourd qu'ur. rocher aux demandes frivoles; ou bien, comme fi leurs demandes n'avoient pas été entendues il les jettera adroitement fur quelque objet intéressant. Sans cette précaution il fe prépare des peines fans fin. STILE EPISTOLAIRE, STYLE DE SOCIÉTÉ. POUR former mes Eleves au Style épiftolaire, je n'ai employé jufqu'ici que deux moyens fimples & très-naturels. J'ai fait lier entr'eux un commerce de lettres. Les plus jeunes écrivoient tous les jours à ceux qui étoient plus formés ceux-ci faifoient à table la lecture publique des lettres qu'ils recevoient. Je les aidois à relever les fautes de ftyle & d'orthographe; & le foir ils lifoient à table les mêmes lettres corrigées, & les rendoient à ceux qui les leur avoient écrites. Cet exercice étoit précédé & suivi d'une lecture de quelques lettres de Madame de Sevigné, de Monfieur de Buffy, & de quelques réflexions que j'y joignois. Quant au Stile de fociété perfonne n'ignore qu'il n'exige pas un grand fonds de science. Une honnête liberté, un peu de fens commun, l'à-propos dans les difcours, l'aifance fur-tout dans les manieres de dire, en font tout le mérite. Pour former les enfans à cette fcience, il faut peu de préceptes & beaucoup d'exemples. On les accompagnera donc fréquemment dans les compagnies honnêtes. Je dis qu'on les accompagnera; car, s'ils y entrent feuls, ils peuvent être décontenancés en entrant, & le premier abord manqué leur ôte toute hardieffe & toute confiance. Ce n'eft pas tout; un fage Mentor leur eft utile encore dans cette efpece d'école de liberté, pour leur faire obferver adroitement, & par des fignes convenus, ce qui mérite, ou ARTS D'AGRÉMENT. QUelque bien élevé que foit un jeune homime, quelque goût qu'il ait pour les bonnes chofes, quelque bien reçu qu'il foit: dans les compagnies, il ne peut fe faire qu'il n'y ait bien de momens vuides dans fa vie, & malheur à lui, s'il ne pofféde quelque Art d'agrément, pour remplir ces. vuides! Mais il faut s'y prendre de bonneheure pour lui en donner le goût. Les prin cipaux de ces Arts font la Mufique, la Danse, les Armes, le Deflin, &c... La Mufique, qui étoit autrefois une des Branches effentielles de l'éducation, adou&, ne produifit-elle pas cit les mœurs d'autre bien, elle mériteroit nos foins & nos attentions. La Danfe nous apprend à prendre tous lés avantages poffibles de notre corps, en nous habituant à bien marcher & à nousprésenter honnêtement. L'Exercice des Armes, bien plus utile encore, eft un des meilleurs moyens de dénouer les membres, de rendre fouple, adroit, & fort. Le Deffin & la Peinture font des beauxArts, dont tout le monde connoît l'agré ment. Enfin je fouhaite qu'à ces Arts on joigne la fcience de quelque travail des mains. agréable, propre & diftrayant, comme le Tour, la Menuiferie, la Broderie, &c. L'exercice Militaire ne fera point oublié. |