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PREFACE.

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Ippocrate parlant de toute la Medecine au commencement de fes Aphorifmes, nous avertit que la vie eft trop courte pour apprendre un Art si long & pour faire les experiences neceffaires mais nous pourrions. avancer la même chofe de la feule Chirurgie, puifqu'en effet il eft trés-difficile qu'un homme rempliffe dignement tous les devoirs d'une Profeffion fi étenduë. y a plus de trente cinq ans que je pratique la Chirurgie en dif ferens climats de l'Europe, & en divers Hôpitaux d'Armée; neanmoins tant s'en faut que par une fi longue fuite dannées d'exercice,j'aie pûacquerir toutes les conoiffances qu'elle demande, j'avoue que loin de me voir afzf en état d'inftruire les autres

Il

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à peine ai-je eu le tems de m'y perfectionner un peu moi-même, & de faire quelques reflexions fur la guerifon des playes, à laquelle je me fuis uniquement appliqué.

Toutefois ayant reconnu en beaucoup d'occafions l'abus qui fe commet tous les jours dans l'ufage des Tentes, & dans la longue & douleureufe maniere de penfer les bleffez en decouvrant trop fouvent les playes;touché du dommage que cela leur apportoit, j'ai crû être obligé en confcience d'en donner ici mon avis. D'ailleurs,comme tous les hommes ont la liberté de dire leur fentiment fur les Arts qu'ils profeffent, je ne dois pas être privé de ce droit, que quelques-uns s'attribuent peut-être avec beaucoup moins de fondement.

Je ne doute pas que dans le grand nombre de Chirurgiens dont la France eft rempli, plu

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feurs ne conviennent de la bonté de ma methode, quoique je n'en aie vû prefque aucun qui pratique la Chirurgie comme je fais : & je puis dire que parmi tant d'Auteurs celebres que nous avons, il n'y en a gueres qui aient enfeigné une doctrine conforme à ma méthode, ce qui me fait croire que cet Ouvrage ne plaira pas à tous.

Et certainement, comme cette pratibue condamne celle de plufeurs Chirurgiens, je prévois que la plufpart ne la cocevront pas a vec tout le bon acceuil qu'elle merite. Mais quoy; fi c'eft une chofe royale, difoit un grand Philofophe, d'être blâmé quand on a bien fait. il ne faut pas avoir de honte de publier ce qu'on a appris, quand il peut aporter quelque utilité au Public;rien n'offenfe tant la charité Chrétienne, & celle que nous devons à nôtre chain, que de lui refufer d'allumer fon flambeau au nôtre. La

pro

Science, comme la lumiere, fe peut communiquer fans fouffrir aucune diminution.

Je ne pretends point par une telle Methode, qui paroîtra nouvelle, détruire le fondement des maximes principales que les Anciens nous ont laiffées touchant la guerifon des playes; je veux feulement faire part de mes refle xions furce fujet, comuniquer ce que j'ai pu remarquer de pernicieux dans la pratique ordinaire & montrer ce qu'il a d'affuré & de falutaire dans la methode que je me fuis faite depuis plufieurs années. J'efpere auffi qu'on la trouvera d'autant plus utile & raisonnable qu'elle eft fondée fur les principes de la circulation du fang & fur toutes les autres nouvelles découvertes qui paffent pour conftantes chez les Physificiens modernes.

J'avoue que c'eft quelque chofe de bien bardi, que de vouloir fup

primer les tentes qui font en ufage depuis plufieurs fiecles: Je fçay même que la coûtume tient lieu de foy en plufieurs rencontres. Mais au rifque d'être expofé à une cenfure univerfelle par la nouveauté de ma Méthode, je pretends foutenir les droits de la Nature & prouver invinciblement que j'ay pour moi la raifon & l'experience.

Je ne blâme pas abfolument les inventeurs des tentes, des dilatans & des fetons, ils ont eu leurs raifons pour s'en fervir, comme j'ay eu les miennes pour les quitter. Mais enfin dans la Medecine & dans la Chirurgie,plufieurs chofes ont été en ufage autrefois, qui prefentement n'ont plus de cours. Les maximes reçûës, l'ordre des guerifons, & l'application même des remedes ont changé de tems en tems. Ce qui eft nouveau maintenant fera un jour ancien, comme ce qui eft ancien aujour

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