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combattre l'opinion d'un Medecin qui avoit écrit contre fa Methode.

Toutes ces opinions qui fe contrarient dans un même Auteur, jettent le jeune Chirurgien dans des doutes fort embarraffans, ce qui fait fouvent qu'il ne fçait quel parti eft le meilleur, ni quelle route eft la plus feure. Il eft pourtant certain que le mauvâis usage: des tentes a été connu & de GALLIEN puis qu'il les défend, & de ce Medecin qui a blâmé la pratique de Pare*** dont le nom n'eft pas venu jufques à moi, puifque par l'aveu du méme Auteur il fupprime entierementles tentés, & défend de penfer les playes que

le quatre en quatre jours; ce qui me fait connoître que cette Methode n'eft pas fi nouvelle que je me l'étois moiméme imaginé, car j'avois formé mon projet avant que j'eufle pris garde à ce que je cite prefenteinent, & la feule experience m'avoit defabufé.

GALLIEN authorife encore mon opinion, quand il dit au troifiéme Livre de fa Methode, chapitre 9.qu'il y a en" toutes playes deux fortes d'excrémens P'un groffier & l'autre fubtil, lefquels, dit il, empêchent la generation de la chair; fi cela eft ainsi, on fait done

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strés-mal de les retenir dans les playes par le moyen des tentes. Si on me dit qu'on les met fi petites qu'elles n'occupent pas entierement l'ouverture, & que les matieres peuvent fortir ; je repons que quelque petite que foit la tente, elle remplit prefque toûjours l'ouverture; ear elle fe gonfle felon l'efpace qu'elle peut avoir; mais fup. pofé qu'elle laiffe fortir la matiere la plus fubtile, il fuffit que la plus vifqueufe & la plus piquante refte pour produire des accidens fâcheux: or f les petites tentes peuvent fervir d'obsta cle à la guerifon des playes, que ne feront point les longues & celles qui font groffes & dures, & qui penetrent jul qu'au fond: C'eft pourtant ce qui eft encore pratiqué par plufieurs Chirur giens, qui faute de s'être appliqué à étudier les intentions de la nature dans la guerifon des playes, croupiffent dans une methode fi cruelle & fi pernicieufe

Les tentes, les dilatans & les ferons caufent toûjours quelques defordres dans les lieux où ils font appliquez; s'ils touchent les nerfs, ils causent une douleur exceffive, qui eft fouvent la fource de plufieurs maux, & des plus terribles fimptômes, comme la con

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vulfion, la perte du fentiment, &c. Si ce font des tendons, l'action en eft bleffée, & le mouvement ceffe; & s'ils preffent trop les vaiffeaux, ce qui arrive prefque toûjours, la circulation en eft empêchée.

Quand la rente ne comprimeroit que les mamellons nerveux dont la peau eft tifluë, qui font d'un fentiment fort vif, & qui fervent d'organe à l'attouchement, cela feul feroit foffifant pour troubler l'ordre & la diftribution des efprits & des autres humeurs; car on conçoit ailement que ce liquide fubtil coulant dans ces mamellons en agitent & en irritent les filamens qui ne manquent pas d'exciter & de faire contracter les fibres charnues & membraneuses aufquelles ils tiennent; & ces fibres ne fçauroient être racourcies, & la peau refferrée , que les vaiffaux ne foient repliez ou comprimez, & par confequent la circulation ralentie, dereglée, ou entierement fupprimée. Dans tous ces cas le fang n'étant pas repompé par les veines dans la même quantité qu'il eft pouffé par les arteres, il en doit arriver ou des mortifications, quand la circulation eft entierement interceptée, ou des abfcés quand elle

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eft confiderablement interrompuë, ou de longues & de grandes fuppurations quand il le fait des infiltrations dans les vaiffeaux capillaires d'autour de la playe.

La tenfion & la tumeur dépendent des matieres arrêtées ou épanchées.: & tous ces accidens, font plus ou moins grands, & ils varient fuivant la force de la compreffion,, la quantité de l'épanchement, la bonne ou la mauvaife difpofition du fang, des humeurs, des parties affligées, & les differens degrez de la chaleur naturelle, qui accelere au retarde la fermentation, la refolution, ou la porriture. Cela fait bien voir que quoique les efprits coulent en plus grand eabondance vers les parties affligées, il n'eft pas vray que le fang & les humeurs y foient portés ou attirés ( felon le langage de certains Auteurs) en plus grande quantité qu'à l'ordinaire; au contraire il paroît évidemment que le fang circule moins dans les parties affligées que dans les faines, parce qu'il trouve plus de facilité à fe mouvoir dans celles-cy, & que c'est une regle de la Nature qu'un corps en mouvement fe meut vers les endroits où il trouve moins de refiftance.

Les accidens que certaines fièvres malignes ont caufés depuis quelque tems dans les lieux peu éloignez de celuy-cy, prouvent affez ce que je viens de dire. Il fe faifoit une obstruction & un gonflement fi confiderable dans le bas ventre, que la circulation étant interceptée la gangrenne y furvenoit. Le fang au contraire étant porté violam<ment & plus abondamment aux parties fuperieures, & ne pouvant être conte nu en fi grande quantité dans les vaiffeaux, il forçoit tous les obftacles, & caufoit des douleurs aiguës, des abfcés le délité, & la mort.

Aprés avoir reflechi fur les accidens les plus ordinaires qui arrivent aux playes, j'ay crû que la plûpart dépendoient du déreglement de la circulation causée par une efquille, une balle ou quelque autre corps étranger resté dans la playe; quoy que tous ces corps ne foient pas affez pointus ni tranchants pour irriter, & que par eux mêmes ils ne puiffent engendrer aucune putrefaction, ils ne laiffent pas de procu rer ordinairement des abfcés. On n'en doit donc pas accufer la douleur, puif qu'elle ne s'y trouve pas toûjours, & que bien fouvent elle eft, où ces acci

dens

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