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qui obligent ceux qui veulent enfuite habiter les mêmes lieux, de les blanchir, de les couvrir de plâtre ou de chaux pour le mettre à l'abri de l'infection qu'on pourroit recevoir de ces fermens morbifiques.

Les draps & les autres marchandifes qui viennent de pays attaquez de contagion, ne font-ils pas pallez fur le feu pour purifier & confumer les atomes. peftilentiels qui peuvent s'y trouver engagez, & qui, auroient la force fans cette précaution de communiquer une pefte univerfelle dans les lieux où ils font apportez. Si donc ces atomes ont affez de tenacité, de confiftance, & de vertu fermentative: pour s'attacher fur un corps dur: & uni comme l'eft une muraille, & y refter plufieurs mois fans perdre leur mauvaise odeur leur difpofition, à ronger & à putrefier, que ne feront-ils point dans les playes découvertes où les fibres font toujours humides, gluantes, delicates, & fans foutient.

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ni

La chair morte de quelque animal que ce foit, fi elle eft fouvent maniée & expofée aux injures de l'air, fe corrompt trés.promptement; & un fatus, un inembre &c. mis avec de l'efprit de

vin dans un vailleau bien fermé le confervera un tems infini: au contraire, fi on lui donne un peu d'air, toutes les *parties fe diffolvent, fe pourriffent & fe reduifent à rien.

Tous les Praticiens modernes, tombent d'accord avec les Anciens, que दे l'air eft un terrible deftru&teur dans les playes mais il s'en trouve peu qui agiffent avec les précautions neceffaires pour lui interdire l'accés dans les parties bleffées. Il est pourtant inutile de le fçavoir, fi on ne le met en pratique; car c'eft un point effentiel dans la guerifon des playes en quelque partie du corps qu'elles fe trouvent ; & quand on auroit mis en ufage tout ce que la Chirurgie a de refforts, fi l'on oublie de les garantir de ces injures du dehors, rien n'est faluraire, tout eft pernicieux & nuifible.

De ces confiderations nous pouvons tirer des confequences contre la pratique vulgaire: & tout le refpect que j'ai pour l'antiquité n'a pù retenir ma plume mais pourquoy ne pas combâtre un tel abus, pui que la verité dépend de la chofe, & non pas de l'opinion des Anciens? Je fçai que plufieurs ont déja parlé à peu prés de la

même

même maniere; & l'on peut voir ce que Celfe qui n'eft pas moderne, en a écrit au livre 8. chapitre 4. des playes du crane, où il dit que la chair fe r'engendre affez facilement en tous les endroits de la tête, excepté en la partie du front qui eft un peu au deffous du milieu des fourcils, où il refte fouvent un ulcere incurable, parce qu'en cet endroit il y a une cavité dans l'os, la. quelle ferendant aux os cribleux du nez, donne à l'air moyen d'entrer dans la playe, & d'empêcher ainfi la confolidation de l'ulcere.

Tout ceci fait bien voir que l'air eft un puiffant obftacle à la guerifon des playes, & que la methode prompte dans les panfemens doit être preferée à celle qui eft encore ufitée en quantité de lieux. Enfin pour conclure; il faut con-venir que la douleur caufée par l'application de la tente, par fon fejour dans la playe,par la longueur du tems qu'on employe à chaque panfement, & par le traitement trop frequent dont nous parlerons au Chapitre fuivant,font les fources veritables des accidens qui arrivent aux playes. Il faut donc penfer promptement & fuivant nôtre méthode, fi l'on veut éviter un grand nombre d'inconve niens trés-facheux. D

CHAPITRE XI.

Pourquoi l'on doit panfer les playes

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rarement.

Alien au livre 4. de la CompofiItion des medicamens chap. 4. ordonne de ne panfer les ulceres que que de trois en trois jours. Il confeffe tenir cette methode des Afclepiades, & je m'étonne beaucoup qu'une femblable opinion ait trouvé fi peu de partifans, puifqu'elle eft fi commode au Chirurgien, & fi avantageufe aux blessez.

Si les ulceres, fuivant le fentiment de cet Auteur, n'ont pas befoin d'être panfez tous les jours,on doit encore plûtot fe difpenfer de découvrir i fre quemment les playes fanguinolentes. C'est pourtant la methode de prefque tous les Hôpitaux, de panfer les malades regulierement deux fois le jour; je crois même qu'il n'y a gueres que le feul Hôpital de Briançon, où l'on ne panfe qu'une feule fois le jour quelques bleffez, & plufieurs autres de deuxou de trois à quatre jours l'un : fi j'avois trouvé cette pratique pernicieufe, je

n'aurois pas été affez malheureux pour la continuer, ni pour folliciter les autres à la fuivre.

Paré livre r3. chap. It. traitant des ulceres, femble fort entrer dans le fentiment de Galien, quand il n'approuve pas les frequens panfements: cependant dans le livre 11. chap. 5. expliquant les playes d'armes à feu, il preferit de panfer les playes deux fois le jour, & fouvent de huit en huit heures.

Je fuis furpris qu'un Auteur auffi celebre que Paré, qui tombe d'accord que l'air eft l'ennemi capital des playes & qui rapporte plufieurs paffages des Anciens pour appuyer cette opinion, ait laiflé des maximes toutes contraires; je crois que l'occupation que lui a donné la compofition d'un auffi gros ouvrage que le fien, ne lui a pas laiffé le tems de faire fur ce fujet, qui demande une cxtrême attention, toutes les reflexions neceffaires; ou qu'il fe trouvoit dans des circonftances où l'abondance & l'infection extraordinaire du pus, l'obligeoient à délier fouvent la partie; ce qui fait qu'il femble fe contrarier en plufieurs

endroits.

Fab. d'Aquapend. p. 1. livre 2. chap 7. en difcourant de la maniere de confer

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