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puis eux, le fceptre demeura toujours conjointement dans ces deux familles. Il est très-remarquable, que ces deux branches ont fubfifté près de neuf cens ans, depuis le retour des Héraclides dans le Péloponnéfe jufqu'à la mort de Cléoméne, & qu'elles ont fourni fans interruption des Rois à Sparte, prefque toujours de pere en fils, fur tout pour la premiére branche.

§. 1. Origine & condition des Ilotes.

QUAND les Lacédémoniens commencérent à s'établir dans le Péloponnéfe, ils trouvérent beaucoup d'oppofition de la part des habitans

du

pays, qu'il falut domter par les armes les uns après les autres, ou les recevoir dans leur alliance à des conditions douces & équitables, en leur Strab. lib. 8. impofant un léger tribut. Strabon Plut. in Lyc. parle d'une ville, nommée Elos, tuée affez près de Sparte, qui après avoir fubi le joug comme les autres, fe révolta ouvertement, & refusa de paier le tribut. Agis, fils d'Euryfthéne, nouvellement établi fur le trône, fentit toutes les conféquences de cette premiére revolte, & fe mit auffitôt

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en campagne avec Sous fon collé gue. La ville fut affiégée, & après une affez longue réfiftance, forcée de fe rendre à difcrétion. Il crut devoir faire un exemple qui intimidât tous les voifins par la févérité du châtiment, mais qui cependant n'aliénât pas les efprits par une cruauté inhumaine. Il ne verfa point de fang. Il laiffa la vie à tous les habitans de la ville, mais il leur ôta la liberté, & les réduifit tous à la dure condition d'efclaves. Ils furent emploiés aux ministéres les plus vils & les plus pénibles, & traités avec une extrême rigueur. C'eft ce qu'on appelloit Ilotes. Le nombre s'en accrut extraordinairement dans la fuite, les Lacédémoniens fans doute donnant ce nom à tous ceux qu'ils réduifoient en fervitude. Comme ils étoient accoutumés à un grand loifir, & ne refpiroient que la guerre, ils confiérent la culture de leurs champs à ces efclaves, leur affignant à chacun une certaine portion de terres dont ils devoient rendre le fruit tous les ans à leurs maîtres qui s'attachoient à appefantir leur joug par toutes fortes de mauvais traitemens. C'étoit une mauvaise po

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litique, qui ne fervoit qu'à nourris
dans le cœur de l'Etat un grand nom→
bre d'ennemis dangereux, toujours
prêts à prendre les armes, & à fe ré-
volter. Les Romains en uférent avec
bien plus de fageffe, en incorporant à
l'Etat les peuples qu'ils fubjuguoient,
en les affociant au droit de bourgeois
fie, & par là, d'ennemis qu'ils avoient
été, les rendant leurs concitoiens &
leurs freres.

§. II. Lycurgue Législateur des
Lacédémoniens.

Plut. in Lye. Eurytion, d'autres le nomment Eurypon, fuccéda à Sons. Pour gagner l'amitié du peuple, & faire mieux goûter fon gouvernement, il jugea à propos de relâcher quelque chofe de la puiffance abfolue des Rois: ce qui le fit tellement aimer du peuple, qu'on donna fon nom à tous fes def cendans, qui furent appellés Eurytion nides. Ce relâchement produifit dans Sparte une horrible confufion & une Licence effrénée, qui y cauférent des maux infinis pendant un affez lontems. Le peuple devint fi infolent que rien ne pouvoit l'arréter. Si les Rois, qui fuccédérent à Eurytion

part

vouloient emploier la force pour recouvrer leur autorité, ils fe faifoient hair; & fi, par complaifance ou par foibleffe, ils prenoient le parti de diffimuler, leur bonté ne fervoir qu'à leur attirer le mépris de la de ces rebelles : de maniére que tout étoit en defordre, & qu'on n'écoutoit plus les loix. Ces troubles avancérent la mort du pere de Lycurgue. Il fe nommoit Eunomus, & fut tué dans une émeute populaire. Polydecte, fon fils aîné, qui lui fuccéda, étant mort bientôt après fans enfans, tout le monde crut que Lycurgue alloit être roi. Il le fut en effet pendant que la groffeffe de fa belle-four fut inconnue: mais fitôt qu'elle parut, il déclara que la roiauté appartenoit à F'enfant qui en naîtroit, fi c'étoit un fils; & dès ce moment il adminiftra le roiaume comme fon tuteur, fous le titré de Prodicos, que les Lacédémoniens donnent aux tuteurs des Rois. Quand l'enfant fut venu au monde, Eycurgue le prenant entre fes bras, & adreffant la parole à ceux qui étoient préfens, Voici, dit-il, le Roi qui nous vient de naître, Seigneurs Spartiates; & en en même tems il le mit dans la

cap. 82.

place du Roi, & le nomma Charilaus, a caufe de la joie que tout le peuple témoigna de fa naiffance. On peut voir, à la fin du fecond volume, tout. ce qui regarde l'hiftoire de Lycurgue, la réforme qu'il fit dans Sparte, & les loix qu'il y établit. Agefilas régnoit pour lors dans la branche aînée.

§. III. Guerre entre les Argiens & les

de

Lacédémoniens.

Herod. lib. 1. QUELQUE tems après, fous le régne Théopompe, il s'éleva une guerre entre les Argiens & les Lacédémoniens, au fujet d'un petit pays appellé Thyrea, qui confinoit aux deux peu ples, & qu'ils prétendoient chacun leur appartenir. Les deux armées étant près d'en venir aux mains, on convint , pour épargner le fang, de vuider la querelle par trois cens des plus braves qu'on choifiroit de chaque côté, à condition que la terre en litige demeureroit au parti vainqueur. Pour laiffer aux combattans plus de liberté, les troupes fe retirérent. Alors ces généreux champions, qui avoient tout le courage de deux grandes ar mées, s'avancérent fiérement les uns contre les autres & combattirent

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