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avec tant d'acharnement, qu'ils reftérent tous fur la place,excepté trois, deux du côté des Argiens, & l'autre de celui des Lacédémoniens : encore. fut-ce la nuit qui les fépara. Les deux Argiens, fe comptant pour vainqueurs, coururent en porter la nouvelle à Argos: le Lacédémonien, il s'appelloit Othryade, aiant dépouillé les corps morts des Argiens, & porté leurs armes dans le camp des fiens, demeura dans fon pofte. Le lendemain, les troupes revinrent de part & d'autre. Chacun prétendoit avoir lavictoire de fon côté : les Argiens parce qu'il étoit refté plus de foldats de leur part que de l'autre, les Lacedémoniens, parce que le. peu d'Argiens qui étoient restés avoient pris la fuite, au lieu que leur unique foldat étoit demeuré maître du champ de bataille, & avoit dépouillé les corps morts des ennemis. Îl falut en venir aux mains, pour décider la queftion. Le fort fe déclara pour les Lacédémoniens, & le champ Tyreate leur demeura. Othryade, ne pouvant fe réfoudre à furvivre à fes braves compagnons, ni foutenir, après leur mort la vûe de Sparte, fe tua lui-même fur

AN M. 3261.

Panfan. lib.4.

le champ de bataille, & voulut avoir avec eux un fort & un tombeau com

mun.

§. IV. Guerres entre les Meffeniens &les. Lacédémoniens.

ON COMPTE jufqu'à trois guerres entre les Mefféniens & les Lacédémoniens, toutes très-vives & trèsfanglantes. La Mellénie étoit une région du Péloponnése, au couchant & affez près de Sparte, qui étoit puif fante, & qui avoit fes rois particu liers.

Premiere guerre de Meffenie.

LA PREMIERE guerre de Meffénie Av.J.C.743. dura vingt ans entiers, & commença pag.216-242. la feconde année de la 1x OlympiaJuftin. lib. 3. de. Les Lacédémoniens prétendoient

cap.4.

avoir plufieurs griefs confidérables contre les Mefféniens, entre autres l'injure faite à leurs filles qui furent deshonorées par les habitans de la Meffénie, lorfqu'elles alloient felon la coutume à un temple limitrophe des deux peuples, & le meurtre de Télécle leur roi qui en fut la fuite. Peut-être l'envie d'étendre leur domination, & de s'emparer d'un terain

qui étoit fi fort à leur bienféance, futelle la véritable caufe de cette guerre. Quoiqu'il en foit, elle éclata fous le régne de Polydore & de Théopompe rois de Sparte, dans le tems qu'à Athénes les Archontes étoient encore dix ans en charge.

Euphaès, 13° defcendant d'Hercule, Pausan.påg, étoit pour lors roi de Mellénie. Il 25. 26. confia le commandement de fon armée à Cléonnis. Les Lacédémoniens commencérent la campagne par le fiége d'Amphée, petite ville & peu confidérable, mais qui leur parut fort propre à en faire leur place d'armes. Elle fut emportée d'emblée, & tous les habitans furent paffés au fil de l'épée. Ce premier échec ne fervit qu'à animer les Mefféniens, en leur faifant voir ce qu'ils avoient à craindre s'ils ne fe défendoient courageufement. Les Lacédémoniens de leur côté s'en

gagérent par ferment à ne point mettre bas les armes,& àne point retourner à Sparte, qu'ils ne fe fuffent rendu maîtres de toutes les villes & de toutes les terres des Mefféniens, tant ils comptoient fur leurs forces & fur leur

courage.

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Il fe donna deux combats, où la lid. pag.

B vj

827-3340

perte fut à peu près égale de part & d'autre. Après le fecond, les Meffé niens furent affligés de maux extrêmes par la difette de vivres, qui donna lieu à une grande défertion dans.. leurs troupes, & enfuite y caufa la pefte.

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Ils confultérent l'oracle de Delphes, qui leur ordonna, pour appaiser la colére des dieux, de leur immoler. une vierge du fang roial. Ariftoméne, qui étoit de la race des Epytides offrit fa fille. Alors les Mefféniens, voiant bien que s'ils laiffoient des. garnifons dans toutes leurs places, ils affoibliroient extrêmement leurs forces, abandonnérent toutes les autres villes, allérent fe camper près d'Ithome, petite ville fituée fur le haut d'une montagne de même nom, & s'y fortifiérent. Il fe paffa fept années entiéres, où il n'y eut que de légères ef carmouches de part & d'autre, fans que les Lacédémoniens ofaffent préfenter bataille à l'ennemi.

Ils defefpéroient prefque de pouvoir le vaincre, & il n'y avoit que la religion du ferment qui les contraignît à continuer une guerre qui leur étoit devenue fi onéreuse. Ce qui

les inquiétoit le plus, étoit la crainte Died. lib. 15.que leur abfence qui les tenoit éloi-pag. 378. gnés de leurs femmes depuis plufieurs années, & qui pouvoit encore durer lontems, ne fit périr leurs familles, & ne laiffat Sparte deftituée de ci toiens. Pour obvier à ce malheur,ils y envoiérent ceux des foldats qui étoient venus à l'armée depuis qu'on avoit prété le ferment raporté cideffus, & ne firent point difficulté de leur proftituer leurs femmes. Ceux.. qui naquirent de ces conjonctions illégitimes, furent appellés Parthéniens, nom qui défignoit la honte de leur naiffance. Quand ils furent dans un âge avancé, ne pouvant fouffrir cet opprobre, ils fe bannirent.eux-mêmes. de Sparte, & fous la conduite de Pha- Et reghata lante ils allérent s'établir en Italie à petam Laconi Tarente, après en avoir chaffé les an-to. Horat.Od ciens habitans.

rura Phalan

6. lib. 2.

Dioder. in

Enfin la huitiéme année de la guerre, Pausan. 234. qui étoit la treiziéme du régne d'Eu-3; phaès, fe donna le fanglant combat Fragm. près d'Ithome. Euphaès enfonça les bataillons de Théopompe avec trop d'ardeur & de précipitation pour un roi. Il y fut percé de coups, dont plufieurs étoient mortels. Il tomba, &

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