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Prapar.lib. 4.

prit leur roi Théopompe, & égorgea Eufeb. in en l'honneur de Jupiter d'Ithome trois cap. 16. cens hommes, parmi lesquels le Roi étoit la principale victime. Lui-même s'immola peu de tems après fur le tombeau de fa fille, pour fatisfaire à la réponse d'un oracle. Damis lui fuccéda, mais fans porter la qualité de roi.

Depuis la mort, les affaires des Paufan.pag. Mefféniens allérent toujours fort mal, 241.241· & ils fe trouvérent fans reffource & fans efpérance. Réduits à la derniére extrémité, & manquant absolument de vivres, ils abandonnérent Ithome, & fe retirérent chez ceux de leurs alliés qui étoient les plus voifins. La ville auffitôt fut rafée, & tout le refte du pays fe foumit. On obligea les Melléniens de s'engager par ferment à ne jamais abandonner le parti des Lacédémoniens, & à ne fe point révolter contre eux: précaution bien inutile, & qui ne devoit fervir qu'à leur faire ajouter le parjure à la révolte. On ne leur impofa point de tributs, & on fe contenta d'exiger d'eux qu'ils portaffent à Sparte la moitié des grains qu'ils auroient recueillis dans la moiffon.Enfin il fut ftipulé que tant

hommes que femmes ils affifteroient en habits de deuil aux funerailles desRois & des principaux citoiens de Sparte; ce qu'on regardoit apparamment comme une marque de dépenAN.M.3281. dance, & comme une forte d'homAv.J. C.723. mage rendu à la nation. Ainfi fut terminée la premiére guerre de Mefféne, après avoir duré vingt ans.

261.

Gap. S.

Seconde guerre de Meffénie.

Paufan. lib. LA DOUCEUR que les Lacédémo 4. pag. 242-niens avoient montrée d'abord à l'éJustin. lib. 3. gard des peuples de Meffénie, ne fut pas de longue durée. Quand ils virent tout le pays foumis, & qu'ils le crurent hors d'état de leur fufciter de nouvelles affaires, ils s'abandonnérent à leur caractére naturel, qui étoit un caractére de fierté & de hauteur, qui dégénéroit fouvent en dureté, 80 quelquefois même en férocité. Au lieu de traiter les vaincus avec bonté comme des alliés & des amis, & de s'attacher à gagner par la douceur ceux qu'ils avoient domtés par la force; ils ne fembloient attentifs qu'à appefantir de jour en jour leur joug, & à leur en faire fentir tout le poids. Ils les chargeoient de tributs,les li

vroient à l'avarice de ceux qui étoient commis pour en faire la levée, n'écoutoient point leurs plaintes, ne leur rendoient aucune justice, les traitoient avec mépris comme de vils efclaves, & emploioient contre eux les violences les plus criantes.

L'homme, né pour la liberté, ne s'apprivoife point avec la fervitude: la plus douce l'irrite & le révolte, Que faloit-il donc attendre d'un efclavage auffi dur qu'étoit celui des Mefféniens? Après l'avoir fupporté avec peine pendant près de quarante ans, ils fongérent à fecouer le joug, & à fe rétablir dans leur ancien état. Cette année étoit la quatrième de la AN. M.3310. XXIII Olympiade: la charge d'Ar- Av.J.C. 684. chonte à Athénes étoit pour lors réduite à l'espace d'un an: Anaxandre & Anaxidame régnoient à Sparte.

Leur premier foin fut de fe fortifier dufecours des peuples voisins. Ils les trouvérent fort difpofés à entrer dans leurs vûes. Leur propre intérêt les y portoit. Ce n'étoit point fans crainte

a Cùm per complures annos gravia fervitutis verbera, plerumque & vincula, ceteraque captivitatis mala perpeffi cf

fent, poft longam pœna-
rum patientiam bellum
inftaurant. Juftin. lib. 3.
cap. s.

& fans jaloufie qu'ils voioient s'élever au milieu d'eux une ville puiffante, qui paroiffoit manifeftement vouloir étendre fa domination fur toutes les autres. Les peuples de l'Elide, ceux d'Argos, ceux de Sicyon fe déclarérent en leur faveur. Avant qu'ils fuffent affemblés, il fe donna un combat. Ariftoméne, fecond de ce nom, étoit à la tête des Mefféniens. C'étoit un Chef d'un courage intrépide, & d'une extrême habileté dans le métier de la guerre. Les Lacédémoniens furent battus. Ariftoméne, qui vouloit donner d'abord aux ennemis une idée avantageufe de lui-même, fachant qu'elle influe fur tout le refte des entreprises, eut la hardieffe d'entrer de nuit à Sparte, & d'attacher à la porte du temple de Minerve furnommée Chalcioecos un bouclier, dont l'Inf cription marquoit que c'étoit un préfent qu'Ariftoméne offroit à la déeffe, des dépouilles des Lacédémoniens.

Cette bravade en effet étonna les Lacédémoniens. Mais ils furent encore plus allarmés de la puiffante

*Selon plufieurs Hifteriens, il y avoit eu un autre Ariftoméne dans la

premiére guerre de Meffe nie. Diod. lib. 15. P. 378.

ligue qui fe formoit contre eux. L'oracle de Delphe qu'ils confultérent fur les moiens de réuffir dans cette guerre, leur ordonna de faire venir d'Athénes un Chef pour leur donner confeil, & les conduire. La démarche étoit humiliante pour une ville auffi fiére que Sparte. Mais la crainte de s'attirer le couroux du dieu par une defobéiffance si marquée, l'emporta fur tout autre motif. On députa donc vers les Athéniens. Cette demande les embarrassa. Ils n'étoient pas fâchés de voir ceux de Lacédémone aux mains avec leurs voifins, & n'avoient pas envie de leur fournir un bon Général: d'un autre côté ils craignoient auffi de defobéir au dieu. Pour fe tirer d'embarras, ils leur préfentérent Tyrtée. Il étoit poete de profeffion, avoit quelque chofe d'original dans l'efprit, & de choquant dans le corps, car il étoit boiteux. Malgré ces défauts, les Lacédémoniens le reçurent comme un Chef que le ciel même leur envoioit. Le fuccès ne répondit pas d'abord à leur attente. Ils furent battus trois fois confécutivement.

Les Rois de Sparte, abbatus par tant de défaites, & n'efpérant pas un meil

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