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§. I. Mariage de Darius. Impofition de DARIUS. tributs. Infolence & punition d'Intapherne. Mort d'Orétes. Hiftoire de Démocéde médecin. Permiffion donnée aux Juifs de continuer le bâtiment du temple. Générofité de Sylofon récompenfee.

QUAND Darius fut monté fur le AN.M. 3483 Av.J.C.521. trône, il épousa, pour s'y affermir Herod. lib.3. davantage, deux filles de Cyrus,cap. 88. Atoffe & Artistone. La premiére avoit été femme de Cambyfe fon frere, & enfuite du Mage Smerdis, tandis qu'il Occupa le trône. Artiftone étoit encore fille lorfqu'il l'époufa, & ce fut de toutes fes femmes celle qu'il aima le plus. Il époufa auffi Parmys, fille du véritable Smerdis frere de Cambyfe, & Phédyme fille d'Otane, par l'adreffe de laquelle l'impofture du Mage avoit été découverte. Il eut de ces femmes un grand nombre d'enfans de l'un & de l'autre fexe.

On a vû que les fept Conjurés qui avoient fait mourir le Mage, étoient convenus que celui d'entr'eux dont le cheval, en un certain jour marqué, hanniroit le premier au lever du foleil, feroit déclaré Roi; & que celui

DARIUS, de Darius, par l'induftrie & l'ingé nieuse précaution de fon Ecuier, lui avoit procuré cet honneur. Il voulut bid. tranfmettre aux fiécles futurs fa reconnoiffance pour cet infigne bienfait, & fe fit eriger une ftatue équeftre avec cette infcription: Darius fils d'Hyftafpe a acquis le roiaume de Perfe par le moien de fon cheval, ( le nom en étoit marqué) & d'Oebarès fon Ecuier. Il y a dans cette Infcription, où l'on ne rougit point de devoir à un cheval & à un Ecuier un bienfait tel que la roiauté, que l'on auroit ce femble intérêt de faire regarder comme le fruit d'un mérite extraordinaire ; il y a, dis-je, dans cette Infcription une fimplicité & une fincérité qui reffent tout-à-fait le caractére des tems anciens, & qui eft fort éloignée du faste des nôtres.

Herod. lib. 3.

UN des premiers foins de Darius, sap. 89-97. quand il fe vit établi fur le trône, fut de régler l'état des provinces, & de mettre de l'ordre dans fes finances. Avant lui, Cyrus & Cambyfe fe contentoient de recevoir des peuples conquis des dons gratuits qu'on fembloit offrir volontairement, & d'exiger d'eux certain nombre de troupes dans

le befoin. Darius comprit qu'il ne DARIUS. lui étoit pas poffible de maintenir dans la paix & dans la fûreté toutes les nations qui lui étoient foumises, fans avoir fur pié des troupes réglées, ni d'entretenir ces troupes fans les foudoier,ni de paier exactement cette folde fans mettre des impositions fur les peuples.

Pour mettre donc plus d'ordre dans Fadministration de fes finances, il divifa tout l'Empire en vingt départemens ou gouvernemens, dont chacun devoit paier tous les ans une certaine fomme au Satrape commis pour cet effet. Les fujets naturels, c'est-à-dire les Perfes, étoient exemts de toute impofition. Hérodote fait un dénombrement exact de ces provinces, qui peut beaucoup fervir pour connoître l'étendue de l'empire des Perfes. Voici à peu près l'idée que l'on s'en peut former. Ils poffédoient en Afie, tout ce qu'y poffédent aujourd'hui les Perfes & les Turcs; en Afrique, l'Egypte, & partie de la Nubie, & de plus les côtes de la Méditerranée jufqu'au roiaume de Barca;en Europe, partie de la Thrace, & la Macédoine. Mais il eft bon de remarquer que dans

DARIUS. cette vafte étendue de pays il y avoit plufieurs peuples, qui étoient plutôt tributaires que fujets: ce qui a lieu auffi maintenant par raport à l'empire

Plut. in

Apophthegm. pag. 172.

des Turcs.

L'hiftoire obferve que Darius, eir impofant ces tributs, montra une grande fageffe & une grande modération. Il fit venir les principaux de chaque province, qui en pouvoient le mieux connoître le fort & le foible, & qui avoient intérêt de parler avec fincérité.Il leur demanda fi une certaine fomme, qu'il propofoit à chacun d'eux pour leurs provinces,ne montoit point trop haut, & n'excédoit point leurs forces; fon intention, leur difoitil, n'étant pas d'accabler fes fujets, mais de tirer d'eux des fecours proportionnés à leurs revenus,& qui étoient abfolument néceffaires pour la défenfe de l'Etat. Ils répondirent tous que cette fomme leur paroiffoit fort raifonnable, & qu'elle ne feroit point à charge aux peuples. Il en rabatitpourtant encore la moitié, aimant mieux demeurer beaucoup en deça des juftes bornes, que de s'expofer peut-être à paffer au dela.

Malgré une fi étonnante modéra

tion, comme les impots ont toujours DARIUS. quelque chofe d'odieux, les Perfes, qui avoient donné à Cyrus le furnom de Pere, à Cambyfe celui de maître, n'en trouvérent point d'autre pour caractériser Darius que celui de * marchand.

Les fommes que Darius tiroit par l'impofition des tributs, montoient à peu près, autant qu'on le peut conjecturer par le calcul d'Hérodote qui fouffre de grandes difficultés, à quarante quatre millions.

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APRES la mort du Mage on étoit Herod. lib. 5. convenu que les Seigneurs Perfans cap. 118.119 qui avoient confpiré contre lui, outre plufieurs autres marques de diftinction, auroient les entrées libres chez le Roi en tout tems, excepté lorfqu'il feroit feul avec la Reine. Intapherne l'un de ces Seigneurs, à qui l'on avoit refufé pour cette raifon de l'admettre. dans l'appartement du Prince, tranf porté de colére contre les Officiers du palais, les maltraita d'une maniére étrange, leur aiant balafré tout le vifage à coups de fabre. Darius sentit

*Kos porte une idée | fignifier un courtier, un plus baffe & plus méprifa- revendeur, un homme qui ble, mais je n'ai fu com- achette pour revendre. went l'exprimer. Il peut Cy

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