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Tous ses ouvrages, hors les harangues qu'il a prononcées dans l'Académie, sont imprimés in-quarto chez Mabre-Cramoisy, avec des vignettes et des fleurons qui marquent son goût pour le dessin.

XXIX

NICOLAS POTIER DE NOVION,

Chevalier, premier Président du Parlement de Paris, reçu à l'Académie le 27 mars 1681, mort le 1er septembre 1693.

J'ai demandé, j'ai longtemps attendu des mémoires sur la vie de cet illustre magistrat et me voilà enfin obligé de publier mon ouvrage sans avoir pu l'embellir d'un article, qui devoit en faire un des principaux ornements'.

cette famille qu'il avoit rendue comme votre alliée, puisqu'on peut dire qu'il l'avoit adoptée et qu'il l'avoit mise avec l'Académie françoise sous sa protection: je parle du chancelier Séguier. »>

1 Les éditions suivantes ne disent rien de plus. Nicolas Potier, seigneur de Novion, né en 1618, étoit fils d'André de Novion et de sa seconde femme, Catherine Cavellier; il fut reçu en 1637, à l'âge de dix-neuf ans, conseiller au parlement de Paris, puis, en 1645, à la mort de son père, président; en 1656, secrétaire des ordres du Roi; en 1678, premier président au parlement. En 1689 il quitta volontairement cette charge, et mourut le 1er septembre 1693. Du Bois, qui lui succéda à l'Académie, vante ce magistrat qui fut, dit-il, « d'une fidélité héréditaire et inviolable pour son Roi dans les temps les plus difficiles; d'un esprit aisé; d'une éloquence vive et concise; d'une capacité proportionnée à la grandeur de ses emplois. >> Dans sa réponse à ce discours, l'abbé TestuMauroy loue à son tour dans M. de Novion « l'heureuse fécondité de son génie, la vaste étendue de ses lumières, la justesse de son

XXX

LOUIS IRLAND DE LAVAU,

Trésorier de Saint-Hilaire le Graud de Poitiers, Garde des livres du Cabinet du Roi, reçu à l'Académie le 4 mai 1679, mort le 1er février 1694.

Il étoit d'une noblesse des plus anciennes; et son père, contrôleur général de la maison de la reine Anne

discernement et surtout la dignité avec laquelle il a prononcé si longtemps les oracles de la justice. »

Ennemi de Mazarin, qu'il regardait comme « la cause immédiate de tous les maux pendant la Fronde, » M. de Novion eut pourtant le crédit d'arrêter, momentanément du moins, la vente de la bibliothèque du Cardinal. Voy. Courriers de la Fronde, biblioth. elzév. 11, 300.- Notes de M. Moreau.)

Lorsqu'en 1661 Fouquet fit recueillir des notes sur les membres du parlement, il reçut le rapport suivant sur le président de Novion : « POTIER DE NOVION est homme de grande présomption et de peu de sûreté; intéressé, timide lorsqu'il est poussé; assez habile dans le palais, y ayant sa cabale composée de ses parents et amis, MM. Le Féron, Mandat, Tubœuf, son gendre, son fils, etc.: s'appliquant tous les jours à y faire de nouvelles habitudes; son principal crédit est dans la deuxième chambre; est souvent brouillé dans son domestique; Mme Desbrosses-Choard a grand crédit sur lui; a de grands biens, particulièrement sur le Roi; possède les aides d'Arques (anciens et nouveaux droits), St-Denis. »

Une mazarinade attribuée à Bautru le qualifie de « tête sans cervelle.» (Mercure de la Cour.) - En 1652, le cardinal de Retz nous montre le président de Novion raccommodé tres-intimement avec la cour. »

1 C'est à ce titre qu'il fut reçu à l'Académie, car il n'avoit composé aucun ouvrage et l'on n'a pas même conservé le texte de son

d'Autriche, lui avoit laissé suffisamment de bien pour qu'il pût se destiner à quoi il voudroit '. D'abord il espéra faire son chemin dans les affaires étrangères. Il accompagna dans cette vue les seigneurs qui allèrent de la part du Roi à l'élection de l'empereur Léopold 2. Il se tint une ou deux années en Allemagne, et vit la plupart des cours du Nord, pour apprendre leurs différents intérêts. De là il passa à Rome, où il eut occasion d'éprouver que les traverses qu'ont à essuyer ceux qui se mêlent des affaires publiques sont certaines, et que leurs récompenses ne le sont pas. A son retour en France, il quitta l'épée et se mit dans l'état ecclésiastique, non point par ambition, mais par goût, et pour jouir d'une vie paisible et réglée.

Au nombre de ses amis étoit le maréchal de Vivonne3;

discours de réception. L'abbé Gallois, qui lui répondit, ne déguisa pas le vrai motif de l'accueil fait à l'abbé de Lavau: «Il étoit, dit-il, de la justice de cette Compagnie d'avoir égard à la charge que vous exercez dans ce palais où elle a l'honneur de s'assembler, et il étoit raisonnable que les Muses de l'Académie françoise ayant été reçues dans le Louvre, les Muses du Louvre fussent aussi reçues dans l'Académie françoise. »

Sur

1 Son bien ne semble pas avoir été très-considérable. sa noblesse, voyez les Lettres-patentes rapportées dans le Mercure galant, février 1694; et Dreux du Radier, Biblioth. hist. du Poitou, t. iv, p. 288.

2 Léopold ler, fils de Ferdinand III et de Marie d'Autriche, sœur du roi d'Espagne Philippe IV, fut élu empereur le 18 juillet 1658 et couronné à Francfort.

Louis-Victor de Rochechouart, duc de Mortemart et de Vivonne, ami de Despréaux, qui étoit en relation de lettres avec lui. Fils de Gabriel de Rochechouart, duc de Mortemart, et de Diane de Grandseigne, il étoit frère de madame de Montespan, de ma

et par cette raison, M. Colbert l'employa sous main pour faire réussir le mariage qu'il souhaitoit passionnément d'une de ses filles avec le duc de Mortemart '. Ce grand ministre estimant, comme il devoit, une telle alliance, voulut en marquer sa reconnoissance à M. l'abbé de Lavau, qui en fut le seul négociateur. Il lui donna le choix des grâces qu'il pouvoit lui procurer, charges, abbayes, pensions. Que lui demanda M. l'abbé de Lavau, préférablement à tout? Une place dans l'Académie. Il choisit de toutes les grâces qu'on lui jetoit à la tête, celle qui dépendoit le moins de M. Colbert, et pour laquelle M. Colbert devoit avoir le plus de contradiction à craindre. Car, quoique M. l'abbé de Lavau fût recommandable par sa naissance, par sa probité et par sa politesse, on doutoit qu'à toutes ces bonnes qualités il joignît, du moins jusqu'à un certain degré, les talents d'un Académicien. Mais enfin ses confrères, après l'avoir possédé quelque temps, reconnurent que la supériorité des talents pouvoit être utilement compensée par la douceur des mœurs, et par le secret de se rendre aimable.

dame de Thianges et de la savante abbesse de Fontevrault. Né le 25 août 1636, la même année que Boileau-Despréaux, il fut fait maréchal de France en 1675, et mourut le 15 septembre 1688.

1 Louis de Rochechouart, duc de Mortemart, fils du maréchal de Vivonne et d'Antoinette-Louise de Mesmes, qu'il avoit épousée en septembre 1655, naquit en 1663. A l'âge de seize ans à peine il épousa, le 15 janvier 1679, Marie-Anne, fille du ministre Colbert; il eut d'elle un premier enfant né en 1681, et ensuite quatre autres, dont le dernier naquit le 1er janvier 1686; il mourut le 3 avril 1688, à l'âge de vingt-cinq ans.

Je vois, par les registres de l'Académie, qu'il s'y est fait à son occasion deux règlements: dont le premier est «< qu'aux séances publiques on ne lise aucun ouvrage étranger, » c'est-à-dire, dont l'auteur ne soit pas membre de la Compagnie.

Quant à l'autre, il concerne le service qui se doit faire pour un Académicien mort, aux frais de ceux qui sont actuellement directeur et chancelier. Or il arriva que Pierre Corneille étant mort la nuit du dernier de septembre au premier d'octobre, l'abbé de Lavau et M. Racine se disputèrent l'honneur de lui rendre les devoirs funèbres. J'étois encore directeur quand Corneille est mort, disoit l'abbé de Lavau. - Et moi, disoit Racine, j'ai été nommé directeur le jour même de sa mort, avant que le service pût être fait. On décida en faveur de l'abbé de Lavau ; et c'est ce qui donna lieu à ce mot de Benserade, où le double sens est assez visible: «Si quelqu'un de nous, dit-il à Racine, avoit pu prétendre d'enterrer M. Corneille, c'étoit vous, Monsieur cependant vous ne l'avez pas fait. »>

:

Au reste, nous apprenons, par une épigramme de M. Despréaux', que, dans la fameuse querelle sur le mé

1 La XXe, dans les nouvelles éditions. (o.)

Ne blâmez pas Perrault de condamner Homère,

Virgile, Aristote, Platon;

Il a pour lui monsieur son frère,

G..., N..., Lavau, Caligula, Neron

Et le gros Charpentier, dit-on.

Il y avait deux noms d'Académiciens, et il n'y en avait que deux, à commencer par un G et par un N; c'étoient Gallois et Novion en peut-on tirer une conséquence?

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