Imágenes de páginas
PDF
EPUB

A qui le bon Platon compare nos merveilles.
Je suis chose légère et vole à tout sujet,
Je vais de fleur en fleur et d'objet en objet.

A beaucoup de plaisir, je mêle un peu de gloire.
J'irois plus haut peut-être au temple de Mémoire,
Si dans un genre seul j'avois usé mes jours.

Mais quoi je suis volage en vers comme en amour.

Voilà, en effet, tout ce qu'on peut dire sur ce sujet. Le même esprit qui présidoit à sa conduite, présidoit à ses compositions. Esprit simple, ingénu, sensé, galant : mais inconstant, distrait, paresseux. Il ne met pas toujours la dernière main à un ouvrage; mais jusqu'aux morceaux qu'il a le plus négligés, jusqu'à ses moindres ébauches, tout décèle en lui un grand maître, et qui est, à divers égards, véritablement original. Aussi est-il regardé par tous les gens de goût, comme l'un de nos cinq ou six poëtes, pour qui le temps aura du respect, et dans les ouvrages desquels on cherchera les débris de notre langue, si jamais elle vient à périr.

Un jour Molière soupoit avec Racine, Despréaux, La Fontaine et Descoteaux, fameux joueur de flûte. La Fontaine étoit ce jour-là, encore plus qu'à son ordinaire, plongé dans ses distractions. Racine et Despréaux, pour le tirer de sa léthargie, se mirent à le railler, et si vivement qu'à la fin Molière trouva que c'étoit passer les bornes. Au sortir de table il poussa Descoteaux dans l'embrasure d'une fenêtre, et lui parlant de l'abondance du cœur: « Nos beaux esprits, dit-il, ont beau se trémousser, ils n'effaceront pas le bonhomme. >>

Il me reste à dire un mot de sa conversion. Je m'en

[graphic]

LOUIS IRLAND DE LA

Trésorier de Saint-Hilaire le Graud de Poitiers, Garde

Roi', reçu à l'Académie le 4 mai 1679, mort

Il étoit d'une noblesse des plus a père, contrôleur général de la maison

discernement et surtout la dignité avec laqu longtemps les oracles de la justice.»

Ennemi de Mazarin, qu'il regardait comm diate de tous les maux pendant la Fronde, » M. tant le crédit d'arrêter, momentanément du bibliothèque du Cardinal. Voy. Courriers de elzév. 11, 300.- Notes de M. Moreau.)

Lorsqu'en 1661 Fouquet fit recueillir des no du parlement, il reçut le rapport suivant sur vion: « POTIER DE NOVION est homme de gr de peu de sûreté; intéressé, timide lorsqu'i habile dans le palais, y ayant sa cabale compo amis, MM. Le Féron, Mandat, Tubœuf, son s'appliquant tous les jours à y faire de nouv principal crédit est dans la deuxième chambre dans son domestique; Mme Desbrosses-Choa lui; a de grands biens, particulièrement su aides d'Arques (anciens et nouveaux droits),

Une mazarinade attribuée à Bautru le qu cervelle. (Mercure de la Cour.)- En 165 nous montre le président de Novion racco ment avec la cour. »

1 C'est à ce titre qu'il fut reçu à l'Acadér posé aucun ouvrage et l'on n'a pas même co

P.P, que avait été le ministre; et com

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

de les reli-même par écrit. J'avois garde

[ocr errors]
[ocr errors]
[graphic]

d'Autriche, lui avoit laissé suffisamment de bien pr qu'il put se destiner à quoi il voudroit. D'abord il péra faire son chemin dans les affaires étrangers accompagna dans cette vue les seigneurs qui allert de la part du Roi à l'élection de l'empereur Lispuld Il se tint une ou deux années en Allemagne, et il plupart des cours du Nord, pour apprendre learn die rents intérêts. De là il passa à Rome, od il eut arrain d'éprouver que les traverses qu'ont à essuyer ce qui se mêlent des affaires publiques sont certaines, q leurs récompenses ne le sont pas. A sin retoure France, il quitta l'épée et se mit dans Teater que, non point par ambition, mais par gol, et pr jouir d'une vie paisible et réglée.

Au nombre de ses amis étoit le maréchal de Vie

discours de réception. L'abbé Gallois, qui lui répondit, digi
pas le vrai motif de l'accueil fait à Table de Lava:
dit-il, de la justice de cette Compagnie d'avoir égal à la d
que vous exercez dans ce palais où elle a l'honneur de
et il étoit raisonnable que les Muses de l'Académie mai
eté reçues dans le Louvre, les Muses da Louvre f
ques dans l'Académie françoise.»

1 Son bien ne semble pas avoir été très-consider
sa noblesse, voyez les Lettres-patentes rapportées dan
galant, février 1694; et Dreux da Radier, Beth P
t. IV, p. 288.

Leopold Jer, fils de Ferdinand III et de
soeur du roi d'Espagne Philippe IV, fut en ener
1658 et couronné à Francfort.

Louis-Victor de Rochechouart, due de rent vonne, ami de Despréaux, qui était en relation de le lui. Fils de Gabriel de Rochechouart, de de

er généralement de toute sa la plus vive; que prêt à receétesta ses contes, les larmes onorable devant Messieurs de és de se rendre chez lui par de ses dispositions présentes: it en santé, il n'emploieroit qu'à écrire sur des matières lu à passer le reste de sa vie, ermettroient, dans l'exercice

e P. Pouget ne fait pas men'il m'a contée et qui montre e qu'on avoit de M. de La rde qui étoit auprès de lui, 'exhortoit à la pénitence, dit h! ne le tourmentez pas tant, t;» et une autre fois : « Dieu de le damner. >> que M. le duc de Bourgogne, que La Fontaine avoit reçu ya une bourse de cinquante t de semblables gratifications, a Fontaine se fût transplanté e La Sablière étant morte 2, il

t bien jeune encore; mais il avait Fénelon était un protecteur et un

ourut aux Incurables, pendant la 8 janvier 1695. Depuis une dizaine

fis instruire exactement, il y a quelques années, par le P. Pouget', qui en avoit été le ministre; et comme le récit qu'il me fit étoit chargé de circonstances que j'avois peur d'oublier, je l'engageai à se donner la peine de les mettre lui-même par écrit. J'avois gardé sa lettre pour la placer au bout de cet article; mais à sa mort, ceux qui en trouvèrent la minute parmi ses papiers, la firent imprimer ailleurs 2: de sorte qu'aujourd'hui cette lettre ayant été vue de tout le monde, il me suffit d'en rappeler ici la substance.

On y voit que, sur la fin de l'année 1692, La Fontaine étant attaqué d'une grande maladie, le vicaire de la paroisse (c'étoit le P. Pouget lui-même) alla le visiter, et fit d'abord tomber le discours sur les preuves de la religion. Jamais La Fontaine n'avoit été impie par principes; mais il avoit vécu dans une prodigieuse indolence sur la religion, comme sur le reste : « Je me suis mis, dit-il au P. Pouget, depuis peu à lire le Nouveau Testament; je vous assure, ajouta-t-il, que c'est un fort bon livre; oui, par ma foi, c'est un bon livre; mais

il

y a un article sur lequel je ne suis pas rendu, c'est celui de l'éternité des peines je ne comprends pas, dit-il, comment cette éternité peut s'accorder avec la bonté de Dieu. » Je ne rapporterai point les réponses du P. Pouget, ni tout ce qu'il fit durant plus de six semaines pour toucher le cœur de son pénitent. Telle fut, en un mot, l'impression de la grâce, que M. de La Fon

'Amable Pouget, prêtre de l'Oratoire, docteur de Sorbonne, auteur du Catéchisme de Montpellier, mort à Paris en 1725. (o.) 2 Dans les Mémoires de littérature et d'histoire, t. I. (o.)

taine en vint à se confesser généralement de toute sa vie, avec la componction la plus vive; que prêt à recevoir le saint viatique, il détesta ses contes, les larmes aux yeux, et fit amende honorable devant Messieurs de l'Académie, qu'il avoit priés de se rendre chez lui par députés, pour être témoins de ses dispositions présentes: protestant que, s'il revenoit en santé, il n'emploieroit son talent pour la poésie qu'à écrire sur des matières pieuses, et qu'il étoit résolu à passer le reste de sa vie, autant que ses forces le permettroient, dans l'exercice de la pénitence.

Une particularité dont le P. Pouget ne fait pas mention dans sa lettre, mais qu'il m'a contée et qui montre admirablement bien l'idée qu'on avoit de M. de La Fontaine, c'est que la garde qui étoit auprès de lui, voyant avec quel zèle on l'exhortoit à la pénitence, dit un jour au P. Pouget : « Eh! ne le tourmentez pas tant, il est plus bête que méchant; » et une autre fois : « Dieu n'aura jamais le courage de le damner. »

Je ne dois pas oublier que M. le duc de Bourgogne, le jour même qu'il apprit que La Fontaine avoit reçu le saint viatique, lui envoya une bourse de cinquante louis'. Il lui faisoit souvent de semblables gratifications, sans quoi apparemment La Fontaine se fût transplanté en Angleterre car Mme de La Sablière étant morte2, il

1 Le duc de Bourgogne était bien jeune encore; mais il avait pour précepteur Fénelon, et Fénelon était un protecteur et un admirateur de La Fontaine.

2 Mme de La Sablière mourut aux Incurables, pendant la maladie de La Fontaine, le 8 janvier 1695. Depuis une dizaine

« AnteriorContinuar »