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Pour conclure, il résulte de ces raisonnements et de ces exemples, que l'obligation de ceux qui pensent à

<< moindre des Académiciens, » qui était à Salins au moment de sa réception, n'est autre que l'abbé d'Olivet.

L'ABBÉ FRAGUIER A L'ABBÉ D'OLIVET.

A Paris, le mardi 20o de juillet 1723, à quatre heures et demie.

« J'arrive, mon cher abbé, de l'Académie françoise, où vous avez été nommé pour remplacer feu M. de La Chapelle. J'ai été caution pour vous que vous accepteriez avec respect et reconnoissance l'honneur que la Compagnie vous faisoit. Nous étions au nombre de vingt-deux, et l'assemblée étoit fort belle. Tout s'est passé à merveille, et l'on a bien vu que vous aviez, comme vous le méritez, de bons et solides amis. M. le cardinal [Dubois], ni M [Fleury évêque] de Fréjus n'ont pu venir. Mais comme ils s'étoient déclarés l'un et l'autre en votre faveur, je crois que vous leur devez un remercîment spécial, surtout à M. le Cardinal, au nom duquel M. l'abbé Houtteville a parlé de vous en pleine assemblée. C'est aussi mon avis que vous écriviez à M. de Fontenelle, directeur, et à M. l'abbé Du Bos, à qui certainement vous avez obligation. Vous pourriez adresser à M. l'abbé Houtteville votre remercîment pour S. E. Comme ceci est un avertissement en forme, je vais le signer, après vous avoir fait mes très-humbles compliments, et vous avoir assuré de tous les sentiments d'amitié et de respect avec lesquels je suis, Monsieur mon cher confrère, votre très-humble et très-obéissant serviteur, FRAGUIER.

« [P. S.] Le 21. Hier au soir M. de Fontenelle vint me faire ses compliments pour vous et me chargea de savoir précisément de vous en quel temps vous serez à Paris. Prenez donc la peine de le lui mander, afin qu'il prenne ses mesures là-dessus, voulant vous recevoir tous les deux, c'est-à-dire vous, Monsieur, et M. Destouches, en une même séance. Il me paroît même pressé; et j'imagine que plus tôt cela se fera, plus vous lui ferez de plaisir, souhaitant, comme il fait, de ne point séparer les réceptions, et celle de M. Destouches ne pouvant être différée longtemps dans l'emploi qu'il a.

>> Du reste, il faudroit vous faire une liste de tout ce que je vis hier pour vous marquer tous les compliments que j'ai reçus pour

l'Académie se réduit à faire savoir ou par eux-mêmes, ou par quelque Académicien, qu'ils y pensent. Voilà, dis-je, l'obligation étroite, qui pourtant n'exclut pas ce qui est dicté par la politesse. A cela près, rien de plus odieux pour nous que les visites intéressées. Je n'aurois, pour le prouver, qu'à transcrire un endroit de nos registres qui vous paroîtra décisif'. Mais pendant

vous. M. l'envoyé de Parme, M. Amfossi, M. de Larroque, M. Rémond, M. l'abbé Robuste (?), M. l'abbé Petriccini, sans parler des Académiciens. Vous donnerez pour longtemps de la vie et de la santé à M. l'abbé de Choisy, puisqu'il n'est pas mort de joie. De vingt-deux voix, vous en avez dix-neuf, et sur les trois autres il y en a eu une de perdue. Je remets un plus grand détail au temps que j'aurai le plaisir de vous embrasser.

« Vous voulez bien permettre au secrétaire de mêler ses compliments à ceux que vous venez de recevoir, et de vous assurer qu'il a été très-sensible à la justice que l'on vous a rendue. Il porta hier au soir votre santé d'Académicien à M. l'abbé F. (?) en Soupant avec lui. >>

(Ms. de la Bibl. impér., fonds Bouhier.)

1 « Du mardi 5 avril 1701. Ce jour la Compagnie a de nouveau examiné ce qu'il y avoit à faire pour obvier aux inconvénients des brigues et des sollicitations, lorsqu'il y a des places vacantes, son intention étant de les déférer uniquement au mérite, afin de rendre son choix véritablement digne de l'approbation du Roi, son Protecteur, et de l'estime du public. Après une longue et exacte discussion, il a été résolu d'un commun consentement que désormais les sollicitations des prétendants que la coutume avoit introduites, et qui ne sont propres qu'à rebuter les personnes les plus capables de consoler l'Académie de ses pertes, ne seroient plus tolérées; que, pour en abolir l'usage, tous Messieurs s'engageroient sur leur honneur à n'avoir jamais d'égard, ni à ces sortes de sollicitations, ni à toutes les autres qui paroîtroient avoir été recherchées et mendiées; que, de plus, chacun d'eux feroit entendre dans le public, et déclareroit à ceux qui solliciteroient, qu'elles pourroient plutôt nuire que servir; qu'à la

que vous commentez la coutume de Bourgogne, j'ai voulu commenter aussi le code académique sur l'article des élections'.

Paris, 15 décembre 1732.

première séance publique, celui de Messieurs qui se trouveroit à la tête de la Compagnie, marqueroit la même chose dans son discours; qu'enfin, pour donner plus de force et de vigueur à la délibération présente, on en rendroit compte à Sa Majesté. Après quoi, de peur qu'avec le temps quelqu'un de Messieurs, faute d'être suffisamment instruit du présent Règlement, ne manque à l'observer, on a encore résolu que toutes les fois qu'il y auroit une place à remplir dans l'Académie, le Secrétaire de la Compagnie le lira en pleine assemblée. »>

On voit dans l'Histoire de l'Académie, t. 1, p. 61, qu'en 1721 ce Règlement fut renouvelé, et même avec des clauses encore plus fortes. Car il est dit en termes formels que tout Académicien signera ce Règlement, et que sa signature lui tiendra lieu de serment. (o.)

1 Suit un long passage pris textuellement dans la lettre précédente, et que nous avons déjà donné. Cette répétition n'a rien de surprenant. Les deux lettres qui précèdent avaient déjà été publiées dans les Mélanges de Michault; mais celle-ci parut en une feuille volante.

EXTRAITS

DE LA

CORRESPONDANCE INÉDITE DE L'ABBÉ D'OLIVET

AVEC LE PRÉSIDENT BOUHIER

RELATIFS A L'HISTOIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE.

Rue Saint-Honoré, ce 23 mai 1721. (Extrait.)—«Academus ou Ecademus ne m'est connu que par Suidas et par Diogène Laërce. Peut-on savoir au juste: 1o quand il vivoit; 2° pourquoi il est traité de héros; 3° si Platon est le premier qui ait enseigné dans son parc, et quelle année s'ouvrit cette école ? Vale. »

27 juillet 1723. (Texte complet). «Vous le voyez, Monsieur, le proverbe qui dit que les biens viennent en dormant n'est pas menteur. Depuis plus d'un mois je n'avois pas eu de nouvelles de

1 Bibliothèque impériale, Mss. fonds Bouhier, no 165.

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2 Une note, placée un peu plus loin dans le volume, donne la réponse suivante à ces questions : « Academus ou Echedemus vivoit du temps de Thésée, de Castor et de Pollux, et dans la grande jeunesse d'Hélène. Voy. Plutarque, en la Vie de Thésée, p. 15 de l'édit. de 1624. On voit, ibid, qu'il étoit guerrier. C'en étoit assez pour mériter le nom de héros. Platon est le premier qui y ait enseigné, puisqu'on lit dans Porphyre, de Abstinentia, lib. I, que Platon choisit ce lieu, non-seulement malsain, mais encore désert, ¿pnμov, pour y tenir son école. Aucun auteur, que je sache, n'a marqué précisément le temps qu'il ouvrit son école académique. Il paroît seulement, par Diogène Laerce, III, 7, que ce fut après qu'il fut retourné de ses voyages, et, ibid, III, 40, on voit seulement qu'il y enseigna longtemps, sans dire combien. »

Paris, et la dernière fois que j'y avois écrit, j'avois chargé pré. cisément M. l'abbé Fraguier de témoigner en mon nom que je ne souhaitois point qu'on fît mention de moi cette fois-ci. Il ne m'avoit point répondu à cela, et je croyois l'affaire terminée, lorsque, samedi, je reçus plusieurs lettres, dont le dessus m'annonçoit ma nouvelle qualité 1. Il n'y a que la lettre de M. l'abbé Fraguier qui contienne quelque détail. Je vous l'envoie. Du reste, je ne sais ni comment ni par qui la chose s'est faite. Mais si, d'un côté, je suis très-aise d'avoir un beau prétexte pour m'en retourner, il faut d'autre côté vous dire que cela m'arrive en des circonstances qui m'empêchent de goûter ce plaisir, car mon père continue à être dans un triste état 2. Je ne sais comment il se passera de moi. Je lui ai du moins promis de ne partir qu'au mois de septembre, parce que nous allons essayer de lui faire prendre des bains de petit-lait, et quelques autres remèdes pendant le mois d'août. Je vais demain à Besançon pour deux jours. J'y porterai ce qu'il y a de transcrit de mon histoire, et je mettrai le paquet au carrosse à l'adresse du P. Oudin, qui est plus sédentaire que vous, Monsieur, et des mains de qui vous le recevrez s'il vous plaît. Il y manque sept ou huit éloges que je n'ai pas transcrits, parce que je n'avois pas ici des mémoires suffisants. Vous y verrez de belles marges qui tendent les bras aux corrections et aux additions. J'avoue que cela vous tombe en un temps où vous n'êtes que trop occupé d'ailleurs. Mais considérez aussi que je n'ai que vous au monde sur qui je puisse compter : car les deux ou trois amis que je puis consulter à Paris sont gens intéressés et prévenus, étant du Corps. Les titres des livres au-devant desquels j'ai mis un tiret, sont ceux que je suis certain d'avoir fidèlement copiés. Je tâcherai d'examiner les autres avec la même exactitude; car il faut au moins que l'exactitude s'y trouve, puisque je ne saurois attraper les grâces de M. Pel

1 Voy. ci-dessus, p. 400.

? Une lettre du 5 février 1725 apprend que le père de l'abbé d'Olivet mourut le 13 janvier 1725.

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