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je ne dois dire qu'à vous, parce qu'il n'est pas à propos que mon frère en soit instruit. Je voudrois vendre ma charge à la Chambre des Comptes; elle ne sauroit être possédée que par un clerc; elle donne les mêmes priviléges que toutes les autres charges de la robe: préséance sur le doyen des maîtres des comptes, etc. Je la donnerai pour ce qu'elle m'a coûté, c'està-dire 12,000 francs. Je trouverai plus aisément un acheteur, et à plus petit boni, dans le duché que dans le comté; je vous supplie de vouloir bien vous y employer.

>> Voltaire, dans une nouvelle préface au-devant de son OEdipe, attaqua M. de La Motte sur divers points de sa Poétique. La Motte vient de lui répondre par une brochure d'environ vingt pages.

» J'oubliois de vous dire que tous les portraits sont d'une grandeur uniforme; les peintres savent ce qu'on appelle toile de 20 sols cette toile est d'environ 31 pouces de hauteur sur 24 en largeur, autant que mon laquais a su prendre les me

sures. >>

:

Paris, 16 mars 1730. (Extrait.) « C'est M. de La Motte qui fit hier la réponse, car nous avons pour directeur M. le maréchal D'Estrées, qui a prétexté un rhume; et M. le maréchal de Villars, chancelier, n'a pas jugé à propos de faire ce que son égal refusoit. »

Paris, proche le Carrousel, rue St-Honoré, 12 mai 1730. (Extrait.)-« Notre nouveau confrère M. de La Faye, m'étant venu voir, je lui lus le commencement du quatrième livre de l'Énéide sans lui en dire l'auteur. Il me marqua une grande envie d'achever la lecture, et je lui permis d'emporter le manuscrit chez lui; il me le rendit peu de temps après avec son approbation; et, comme il en parla publiquement à l'Académie, je vis la Compagnie disposée à entendre lire l'ouvrage, l'auteur demeurant toujours caché. On soupçonna le président Hénault et le duc de Saint-Aignan : je ne m'ouvris point. Cette lecture a emporté trois séances; elle en auroit emporté trente, si j'avois demandé

le loisir d'écrire un peu au long les observations de ces messieurs. Par exemple, vers 1, cependant: ils prétendent: 1° que ce mot est languissant; 2o que, puisqu'il suit toujours l'adverbe, il ne peut être suivi d'un que; néanmoins il fait une sorte d'équivoque lorsqu'il en est suivi comme ici; 3° sans respect pour l'at du latin, M. de La Motte ne voudroit pas qu'un livre commençât par un mais, cependant, et autres semblables: crimine ab uno disce omnes. Il m'eût fallu un volume et le temps de l'écrire pour vous rendre un compte bien détaillé. Non erat tanti. Souvent on ne faisoit qu'une vaine difficulté, et pour ne point contester, je ne laissois point de coter les vers contredits en revanche il y en a eu un très-grand nombre d'approuvés, d'admirés, d'applaudis. >>

Paris, 9 août 1730. (Extrait.) — « M. D'Angers, votre cadet, est mort. Depuis huit jours que nous le savons, il y a une nuée de postulants : le Palais-Royal porte Coypel, peintre et poëte; le palais Lambertin porte Ramsay; l'abbé Gedoyn est pour l'abbé de Sassenage; tous les Bignon pour Hardion de l'Académie des Inscriptions; et moi, tout doucement, je me remue pour Dupré de Saint-Maur, le traducteur de Milton, et qui plus est, le cousin de feu M. de Valincour. Avec le temps et la paille les nèfles mûriront. >>

Paris, 15 septembre 1730. (Extrait.)

« Vous savez que

M. Hardion a été élu; il a eu 13 voix et Ramsay 9. Dupré de Saint-Maur s'étoit retiré par déférence pour Hardion, qui a été son précepteur. Vale. »

Paris, 26 mai 1732. (Extrait.) <«< Le pauvre M. Racine le père mourut il y a quelques jours: c'étoit un très-bon homme, et qui me parloit toujours de vous avec de grands sentiments d'amitié. Les enfants jusqu'à présent paroissent disposés à bien vivre ensemble et à demeurer unis. Samedi dernier, il Y eut une convocation extraordinaire de l'Académie ; il s'agissoit de procéder à la destitution de Coignard, accusé de deux choses

qui ne sont pas d'un trop honnête homme; l'Assemblée, heureusement pour lui, ne se trouva que de seize personnes, et vous savez qu'il faut être vingt : il en fut quitte pour être condamné à porter au trésor royal la somme de onze cents livres qu'il s'étoit fait payer à l'insu de la Compagnie pour remboursement de frais qu'il avoit dit avoir faits pour l'Académie. »

11 juin 1732. (Extrait.) -«La charge de trésorier de M. le duc de Prague a passé au fils de M. Racine, et comme il en avoit plusieurs, il faut ajouter que c'est au cadet de tous, nommé du Jonquoy, receveur général des finances de la généralité d'Alençon. Nous allons tomber dans la lecture des prix, triste besogne, vous vous en souvenez. »>

18 décembre 1732. (Extrait.)— «Le successeur de M. de Metz à l'Académie n'est point encore désigné; Moncrif est fortement porté par M. le comte de Clermont et par M. d'Argenson du Palais-Royal. Marivaux n'a fait aucune visite que je sache; mais en tout cas vous me permettez d'être assez franc avec vous pour vous dire qu'il n'aura de sa vie mon suffrage, à moins qu'il n'abjure son diabolique style. Je ne laisserai pas, s'il vient, de lui faire politesse, et de lui dire que vous m'avez écrit avec vivacité en sa faveur. >>>

5 janvier 1733. (Extrait.) « Il faut qu'avant trois heures je sois à l'Académie pour tâcher de voir le train que prendra l'élection d'un côté M. le comte de Clermont sous le nom de Moncrif-les-Chats 1, et de l'autre Mgr l'Évêque de Vence. »>

13 juillet 1735. (Extrait.) — « Nous sommes dans la lecture des pièces qui concourent pour les prix, triste occupation. J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre directeur. »>

16 octobre 1735. (Extrait.)

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« Je vous reçus hier, vous Monsieur, et les additions à vos remarques. Il est bien vrai que

1 Moncrif, auteur de l'Histoire des Chats.

j'avois demandé votre estampe pour moi, mais en même temps j'avois représenté à M. l'abbé Bouhier que votre portrait étoit dû à l'Académie, et qu'il le falloit sur ce qu'on appelle toile de 25 sols, afin qu'il fût conforme aux autres. Il me semble que vous aviez dessein aussi de donner celui de Méziriac et celui de La Monnoye, auquel cas il ne faudroit pour les trois que la même bordure, qui tiendroit depuis la corniche du plafond jusqu'aux lambris d'en bas; et cette bordure étant simple comme celle de la plupart des autres portraits ne coûteroit que 40 livres. >>

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2 décembre 1735. (Extrait.) « Comme la Gazette ne manque point, Monsieur, de marquer la mort des académiciens, non pas des autres Académies, mais de la nôtre seulement, je ne vous écrirai point exprès pour vous mander que nous avons perdu M. Adam le 11 du mois dernier. Nous savons d'aujourd'hui, et pas plus tôt, que l'élection se fera le 22 de ce mois; M. le cardinal de Fleury étant directeur, c'étoit à lui à marquer le jour, et il nous l'a fait savoir aujourd'hui. Les deux concurrents sont M. de La Chaussée et M. l'abbé Seguy: le premier n'est protégé que par le public, qui a extrêmement applaudi deux de ses comédies; l'autre est protégé par Mme la maréchale de Villars qui sollicite vivement. Si le précepteur de Mgr le Dauphin est nommé avant notre élection, et qu'il se mette sur les rangs comme on le soupçonne, il mettra les deux concurrents d'accord. Ce qui le fait soupçonner, c'est que naturellement on devoit indiquer l'élection au 12 ou au 15 de ce mois, et M. le Directeur l'a différée jusqu'au 22; on conclut de là qu'il a des vues. Le public continue à croire que M. de Mirepoix sera précepteur, et même on assure qu'il est arrivé d'hier à Paris. >>

12 décembre 1735. (Extrait.) « Votre dernière lettre, Monsieur, m'a fait juger que vous étiez un peu en peine du choix que nous ferions pour remplacer M. Adam. Je vous ai mandé que les deux concurrents étoient M. de La Chaussée et

l'abbé Seguy, mais que si le précepteur étoit nommé avant l'élection, cette place le regarderoit. Voilà le précepteur nommé, c'est, comme vous le savez, l'évêque de Mirepoix; Mme la maréchale de Villars lui a demandé instamment de ne point se mettre sur les rangs, tant elle a à cœur l'abbé Seguy. Cependant je prévois que, quoiqu'il ne demande pas, on ne laissera pas de le nommer, parce que, suivant toute apparence, M. le cardinal de Fleury se trouvera à l'élection, ou quelqu'un de sa part, pour répondre que M. de Mirepoix acceptera s'il est nommé. Voilà l'état présent de la république. Il est à propos qu'elle pense sérieusement à elle, car vous ne sauriez croire combien elle perd depuis quelques années. On ne nous pardonne point Sallier et Moncrif, ceci soit dit entre nous.

« Il y a longtemps que j'ai envie de vous parler d'une autre affaire vous savez que la prudence m'a obligé de finir l'Histoire de l'Académie en 1700. Il est vrai que j'ai jeté au feu les articles que j'avois composés, et dont vous avez vu, ce me semble, une partie ; mais j'en ai gardé les mémoires, et j'ai toujours pris soin que, moi vivant, si quelqu'un vouloit y travailler, je fusse en état de l'aider; et que, moi mort, on trouvât mes papiers en ordre sur ce sujet. Ils remplissent un gros portefeuille, dont l'étiquette est : Soit remis à M. le P. Bouhier. Vous ne saviez pas que vous étiez mon héritier je vous apprends cette nouvelle, mais ce n'est pas là mon but. Comme on ne sait qui meurt, ni qui vit, je me sers de ce proverbe pour vous dire que vous devriez me dresser un mémoire des plus détaillés sur ce qui vous regarde : vous ne serez pas le premier de nos confrères vivants qui en userez ainsi, et il me semble que vous devriez encore plus compter qu'un autre sur mon éternelle discrétion. Envoyez-moi ce mémoire de votre main, je le transcrirai; je vous renverrai l'original, et il ne restera dans mon portefeuille qu'un écrit de ma main, dont par conséquent l'auteur ne sera jamais connu. Vale. »

Paris, 1er janvier 1736. (Extrait.)

« Vous savez déjà sans doute la nomination de l'abbé Seguy à la place de M. Adam,

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