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AN DU M.

C'est cependant fur la verité de ces Actes; qu'est fondé ce que racontent plufieurs Anciens, 4037. de J. C.37.de l'E- (4) que Tibere ayant reçû cet Ecrit de Pilate, en re vulg. 34. écrivit au Senat, & même d'une maniere qui témoignoit assez qu'il les approuvoit, & qu'il vouloit bien qu'on décernât les honneurs divins à Jefus-Chrift. Néanmoins le Senat rejetta pour lors le culte du Sauveur, apparemment pour foûtenir fon autorité ; parce que d'autres lui avoient déferé les honneurs divins, fans attendre la permiffion du Senat, qui prétendoit qu'un Dieu devoit dépendre de leur puiffance, & n'être Dieu qu'avec leur agrément. Tibere ne laiffa pas de temoigner de l'inclination pour les Chrétiens, & menaça même de mort ceux qui les accuseroient, & leur feroient de la peine. (b)

S. Jacques le Mineur, premier

falem.

On peut mettre en ce tems-ci le commenceEvêque de Jeru- ment de l'Epifcopat de faint Jacques le Mineur à Jerusalem. Saint Jacques le Mineur étoit fils de Marie époufe de Cléophas, ou Alphée. Il est nommé dans l'Evangile frere du Seigneur, parce qu'il étoit fon parent felon la chair, par Marie fa mere, fœur de la fainte Vierge ; & peut-être aufli par Cléophas fon pere, que quelques Anciens (c) font frere de faint Jofeph époux de la très-fainte Vierge. Après la Réfurrection du Sauveur, saint Jacques reçut le don de fcience; (d) & Jesus

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Chrift s'apparut à lui en particulier. (4) Lorsqu'il fut fur le point de monter au Ciel, il lui recommanda les enfans de fa Mere, (b) c'est-à-dire, l'Eglise de Jerusalem. Il lui confia fon trône fur la terre, (c) & lui laiffa fon Epouse, comme à fon frere, afin qu'il lui fufcitât des enfans après fa mort. (d) Ainsi on peut dire que ce Saint fut établi, ou au moins défigné Evêque de Jerufalem par le choix de Jefus-Chrift même. Mais il n'entra proprement dans l'exercice de cette charge, que lorfque les Apôtres, après la perfecution excitée à l'occafion de la mort de faint Etienne, voyant cette Eglife agitée, & presque diffipée, jugerent à propos d'intrônifer saint Jacques, & de le déclarer folemnellement Evêque de Jerufalem. Il y en a qui croyent qu'il ne fut déclaré Evêque de cette Eglife, que lorfque les Apôtres furent fur le point de fe féparer, pour aller par tout le monde prêcher l'Evangile. Saint Clement d'Alexandrie (e) croit que ce furent saint Pierre, saint Jacques le Majeur, & faint Jean l'Evangeliste, qui l'élurent Evêque de cette ville.

Saint Epiphane (f) dit que ce Saint portoit fur le front une lame d'or, pour marque de fa dignité d'Evêque; apparemment à l'imitation des Grands-Prêtres des Juifs. Il fe conduifit avec tant de fageffe & de pieté, que non-feulement les Fi

(a) 1. Cor. XV. 7.

(b) Hieronim. in Galat. p. 164 (c) Epiphan, haref. 78.

(e) Clem. Alex. apud Euseb.lx 2. c. 1. hift. Eccl.

(£) Epiphan. haref. 29.

AN DU M.

C.37.de l'E4037. de J. re vulg, 34

J.

C. 37. de l'E

déles, mais les Juifs même le regardoient avec AN DU M. respect 11 conferva toûjours une entiere virgini4037. de té. (a) Il étoit Nazaréen, & ne bûvoit jamais de ze vulg. 37. vin, & ne coupoit point ses cheveux. (b) Il ne se servoit pas même de bain, ni d'huile pour se frotter, & ne mangeoit rien qui eût eu vie ; ce qui n'étoit pas d'obligation aux autres Nazaréens. Ôn dit de plus qu'il ne portoit point de chaussures, ni d'habits de laine, mais feulement de lin; en forte que fon manteau & fa tunique étoient de cette matiere. Il vivoit d'une façon si austere, & ses membres étoient fi mortifiez, qu'ils paroiffoient fans sentimens ; & il se profternoit fi souvent en terre pour faire oraison, que fon front & fes genoux s'étoient durcis comme la peau d'un chameau. Un jour par fes prieres il obtint de la pluye pendant une grande fechereffe. Tant de vertus lui firent donner le nom de Jufte, non-feulement par les Chrétiens, mais auffi par les Juifs. On lui donna auffi le furnom d'Oblia, ou Ophlia, c'està-dire, la Fortereffe de Dieu.

On lui avoit accordé, quoiqu'il ne fût pas de la race des Prêtres, le privilege d'entrer, quand il youloit, dans le Saint, (c) qui eft cette partie du Temple où un Prêtre entroit tous les jours au foir & au matin pour y offrir l'encens. On avoir conçû une telle estime de fa fainteté, que chacun s'efforçoit à l'envi de toucher le bas de fon habit.

(c) Epiphan. hares. 78.
(b) Epiphan. ibid. Eufeb. hift.
Eccl, 1. 2.6. 23. ex Hegesipp.

(a) Eufeb. 1. 2. c. 23. hift. Eccl. Epiphan. haref. 78.

(a) On

AN DU M.

4037.de J.

(a) On lit dans le Thalmud (b) qu'un nommé Eligazer ayant été piqué d'un ferpent, Jacques fut appellé du bourg de Samna, pour le guerir au C.37. de l'Enom de Jefus le Charpentier. Mais un Rabbin re vulg. 34. s'y oppofa, & foûtint qu'Eligazer ne devoit pas fe laiffer guerir par cet homme. Pendant qu'ils disputoient entre eux, le venin gagna le cœur du malade, qui tomba mort en préfence du Rab bin. Celui-ci le félicita d'être forti du monde S fans avoir violé les regles des Sages. Nous parlerons en fon lieu de la mort de faint Jacques le Mineur, ou le Juste.

Le Diacre S.

Reine Candace

Le Diacre faint Philippe étoit apparemment en- CHAP. VII. core à Samarie, cultivant la femence de la femence de la paro- Philippe baptife le de Dieu, qu'il y avoit jettée, lorfque l'Ange l'Eunuque de la du Seigneur lui dit d'aller dans la partie meridionale de la Judée, (c) fur le chemin de la ville de Gaze, qui étoit alors déferte. Philippe obéït auffi-tôt, fans s'informer de ce qu'il y avoit à faire en cet endroit. Il trouva fur ce chemin un Ethiopien, Eunuque de la Reine Candace, laquelle regnoit dans l'ifle de Meroë, au-deffus de l'Egypte. Cet Eunuque étoit apparemment Juif, ou du moins Profelyte, puifqu'il lifoit dans fon chariot le Prophete Ifaïe, & qu'il venoit d'adorer Dieu à Jerufalem. Le Saint-Esprit dit à Philippe de s'approcher de lui: & comme l'Eunuque lifoit à haute voix, Philippe lui demanda s'il croyoit entendre ce qu'il prononçoit. Il répondit : Comment

(a) Hieronym. in Galat. 1.
(b) Thalmud. apud Baron, an.

163.§.8.
(c) A&t. VIL 26. & seq.

puis-je l'entendre, fi je n'ai quelqu'un qui me l'exAN DU M. plique ? Et en même-tems il dit à Philippe de 4037. de J. C.37. de l'E monter dans fon chariot, & de s'affeoir auprès de re vulg. 34. lui. Or, le paffage du Prophéte qu'il lisoit, étoit celui-ci : (a) Il a été mené comme une brebis à la boucherie, & il n'a point ouvert la bouche, non plus qu'un agneau, devant celui qui le tond. Dans fon abaiffement, il a été délivré de la mort à Laquelle il avoit été condamné. Qui pourra raconter Jon origine; parce que fa vie fera retranchée de la terre? Il lifoit apparemment l'Ecriture en Grec ; car le paffage, ainsi qu'il est rapporté dans les Actes, eft conforme au Grec, & s'éloigne un peu de l'Hebreu. Le Grec étoit commun à Meroë, comme dans toute l'Egypte.

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L'Eunuque dit donc à Philippe : De qui le Pro¬ phéte entend-il parler? De lui, ou de quelque autre ? Alors Philippe commença à lui annoncer Jesus, & à lui faire voir que c'étoit de lui que cet endroit, & les autres qui regardent le Meffie, devoient s'entendre. Il lui parla des effets & de la néceffité du baptême; & après avoir marché ensemble quelque-tems, ils rencontrerent une fontaine dans le chemin ; & l'Eunuque lui dit: Voilà de l'eau ; qui eft-ce qui empêche que je ne fois baptifé ? Philippe lui répondit : Vous pouvez l'être, fi vous croyez de tout votre cœur. Il répartit: Je croi que JesusChrift eft le Fils de Dieu. Ils defcendirent auffi tot tous deux dans l'eau ; & Philippe baptifa l'Eunuque. On croit que cette fontaine où il fut bapti

(a) Ifaï. LIII. 7.

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