Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN DU M.

C.72. de l'E4072. de J. vulg. 69.

Iduméens qui avoient embraflé le parti de Jean, enviant fa puiffance, & ne pouvant fouffrir fa cruauté, s'éleverent contre lui. Ils en vinrent à un combat, tuerent plufieurs des fiens, & le pouf- re ferent jufques dans le palais, bâti par Grapta, coufine d'Izate Roi des Adiabéniens, que Jean avoit choift pour fon féjour; y entrerent pêle-mêle avec eux, les contraignirent de fe retirer dans le Temple, & revinrent enfuite piller ce palais. Alors les Zélateurs qui étoient difperfez dans la ville, joignirent les foldats de Jean, qui s'en étoient fuis dans le Temple; & Jean fe préparoit à faire une fortie fur le peuple, & fur les Iduméens : mais il n'executa pas ce deffein.

Cependant le peuple qui craignoit que Jean ne fortît la nuit du Temple, & ne vînt mettre le feu à la ville, s'affembla fur ce fujet avec les Sacrificateurs, pour confulter fur ce qu'ils devoient faire. Dieu permit que dans cette affemblée ils eurent recours à un remede, qui étoit plus dangereux que le mal. · Ils résfolurent d'appeller Simon fils de Gioras, pour l'oppofer à Jean de Gifcala. Le Pontife Matthias, apparemment Matthias fils de Théophile, auquel les Zélateurs avoient fubrogé de leur autorité Phannias, comme on l'a vû ci-devant, appuya & foûtint cet avis, fans en prévoir les fuites, & fut député pour en porter la nouvelle à Simon. Simon répondit fierement & en maître qu'il leur accordoit leur demande, & entra dans la ville au bruit des acclamations du peu- ple. Cela arriva au mois d'Avril. Auffi-tôt Simon fortifié du fecours du peuple, attaqua le Temple,

:

AN DU M.

4072. de J. C.72. de l'E

re vulg. 69.

Vefpafien va à Antioche, & Primus marche con

tre Vitellius.

où étoient Jean & les Zélateurs : mais il fut repouflé avec perte.

Il commença bien-tôt à faire éclater fa cruauté contre ceux de Jérufalem, (a) qui l'avoient reçû dans leur ville, & qui de libres qu'ils étoient, s'étoient rendus esclaves, en se soûmettant à sa tyrannie. La parenté, l'amitié, & les autres liens qui tiennent les hommes unis entr'eux, n'étoient pas capables de l'empêcher de tremper fes mains dans le fang. Les crimes communs & les méchancetez ordinaires, ne maltraiter que des perfonnes indifferentes, & n'outrager que des inconnus, ne paffoient dans son efprit que pour une méchanceté lâche & timide; il lui falloit quelque chofe de plus criant; il falloit fouler aux pieds tous les devoirs de la nature, de l'amitié, & de la focieté civile.

Vefpafien passa de Bérythe à Antioche, & envoya en Italie Mucien avec une armée contre Vitellius. (b) D'un autre côté, Primus Gouverneur de Méfie, s'étant déclaré pour Vefpafien, marcha vers l'Italie avec les troupes qu'il commandoit, défit l'armée de Cécina, que Vitellius avoit envoyée contre lui, entra dans Rome, battit Vitellius, & y fit reconnoître Vefpafien. Le lendemain Mucien entra dans la ville, arrêta la fureur des foldats de Primus, qui faifoient main-basse sur tous ceux qui étoient, ou qui avoient été du parti de Vitellius, présenta Domitien fils de Vespasien, au peuple, & remit l'autorité entre ses mains jus

(a) Jofeph de Bello, 1.7.c. 30. (b) Là-même,ch.39.40.41.42.

qu'à l'arrivée de l'Empereur fon pere. Ainfi tout
l'Empire reconnut Vefpafien, & la paix fut ren-
due à Rome & à toutes les Provinces. Il n'y avoit
que la Judée qui perféveroit dans fa rébellion.
D'Antioche Vefpafien paffa à Alexandrie, (a)
où il reçut les Ambassadeurs de tous les endroits à
de l'Empire. Pendant qu'il se préparoit à paffer en
Italie, & qu'il deftinoit Tite fon fils à faire le fie-
ge de Jérufalem, les affaires des Juifs fe brouil-
loient de plus en plus. Eléazar fils de Simon, de
race facerdotale, homme d'efprit & d'execu-
tion, (b) qui avoit tenu le premier rang parmi les
Zélateurs, avant que Jean de Gifcala se fût joint
à eux entreprit de former un troifiéme parti dans
Jérufalem. Il fe ligua avec une partie des Zéla-
teurs, & fe rendit maître de la partie intérieure
du Temple, c'est-à-dire, du parvis des Prêtres,
& réduifit Jean de Gifcala & les Zélateurs dans
le feul parvis d'Ifraël. Eléazar s'étant donc faili
de ce faint lieu, en garda les avenues, & mit
les armes de fes gens fur les portes, pour en éloi-
gner en cas de befoin, ceux qui étoient du parti
de Jean. Il ne laiffoit pas toutefois d'en permet-
tre l'entrée à tous ceux qui y venoient pour fa-
crifier; & c'est de leurs offrandes, & des provi-
fions qu'ils trouverent dans le Temple, qu'ils
tirerent lear principale fubfiftance.

AN DU M. C. 72. de l'E4072. de J. re vulg. 69. Vefpafien passe Alexandrie.

vifée en trois par

Eléazar fe fentant le plus foible en nombre, Jerufalem eft din'ofoit attaquer Jean, qui étoit le plus fort; & tis. Jean qui l'emportoit par le nombre, n'attaquoit pas

AN DU M.

volontiers Eleazar, qui avoit l'avantage du lieu; car le parvis des Prêtres commandoit celui du 4072. de J. C. 72.de l'E peuple. Toutefois fon courage ne lui permettoit re vulg. 69. pas de demeurer en repos : il attaquoit fouvent le parti d'Eléazar, & le Temple étoit tous les jours fouillé par le fang des morts. D'un autre côté, Simon qui tenoit la ville haute, & la plus grande partie de la ville baffe, attaquoit Jean avec d'autant plus de hardieffe, qu'il le voycit encore exposé à foûtenir les efforts d'Eléazar. Cependant Jean avoit au-deffus de Simon le même avantage qu'Eleazar avoit au-deffus de Jean; puifque le Temple dominoit fur la ville, comme le Temple intérieur dominoit fur l'enceinte extérieure. Ainfi ces trois partis étoient toûjours en garde les uns contre les autres. Eleazar n'avoit que deux mille quatre cens hommes d'armes : (a Jean en avoit fix mille; & Simon dix mille, avec cinq mille Iduméens. Simon ne manquoit pas de vivres, (b) étant maître de la ville: Jean s'en fourniffoit par les courfes & les forties qu'il faifoit fur le peuple: Eleazar étant maître des prémices facrées & des offrandes que l'on faifoit au Temple, en faifoit part aux fiens, qui en abufoient fouvent jufqu'à s'enyvrer.

S'il arrivoit que Jean fût attaqué à la fois par Simon & par Eléazar, il partageoit ses troupes pour faire tête aux uns & aux autres. Lorfqu'il n'avoit affaire qu'à Simon, il faifoit sur lui de grandes forties, & emportoit tout ce qu'il pou

(a) De Bello, l. 6. p. 920.

(b) Chap. 3. p. 9°5•

voit

pour

voit de provisions, & mettoit le feu à celles qu'il
ne pouvoit pas enlever. Simon de fon côté
ôter à Jean le moyen de fubfifter, mettoit aussi
le feu aux magazins; comme fi l'un & l'autre
eussent conspiré à mettre la famine dans la ville,
en perdant des provifions qui auroient pû la
nourrir pendant plufieurs années. Au milieu de
tant d'ennemis, le peuple de Jérufalem étoit
comme une proye, que plufieurs bêtes déchirent
chacune de fon côté.

Jean dans le deffein de fe rendre maître du Temple intérieur qu'occupoit Eléazar, ( a ) résolut de l'y affiéger ; & pour cela il entreprit de faire des tours de bois avec de grandes poutres de cédre, que le Roi Agrippa avoit fait venir du mont Liban à grands frais, & avec beaucoup de travail, pour hauffer le Temple de vingt coudées plus qu'il n'étoit. Mais la guerre étant furvenue, & ces poutres étant demeurées inutiles, Jean voulut s'en fervir pour battre le temple intérieur. Comme ce Temple étoit environné de dégrez du côté du parvis du peuple, & que cela l'empêchoit d'approcher fes tours de ce côté-là, il vouloit les placer derriére le parvis des Prêtres, du côté de l'occident: mais Dieu ne permit pas qu'il réufsît dans ce deffein; les Romains ayant commencé le fiége avant que ces tours fussent achevées.

[blocks in formation]

Tite marche con

En même-tems que Vefpafien partit pour l'Ita- CHAP. XXIV. lie, ( a ) au commencement du printems, il envoya tre la ville de Jé

(a) Là-même, ch. 5.

! (b) De Bello, I. 4. c. ult.

rufalem pour en faire le fiege.

« AnteriorContinuar »