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AN DU M. 4073. de J. C.73. de l'Evulg. 70.

re

Sanctuaire, & au

fieu Saint, pour prier fes foldats d'éteindre le feu. Il commanda même à un Capitaine de fes gardes nommé Libéralis, de frapper à coups de canne ceux qui refuferoient d'obéir. Mais le foldat étoit fourd & infenfible à tout cela. Dès que Le feu prend au Tite fut forti du Temple, un de ceux qui y lieu le plus facré étoient entrez avec lui, attacha fecretement du du Temple. feu derrière la porte; & tout d'un coup on vit paroître la flamme, qui obligea ceux qui y étoient encore, de fe retirer promptement. Après cela, on ne fongea plus à éteindre le feu ; on vit bien qu'il n'y avoit plus rien à ménager. Les foldats arracherent chacun ce qu'ils pûrent des lames d'or & d'argent: ils enleverent & cafferent les vafes & les tables, & il n'y en eut pas un qui n'y devînt riche. (a)

Les Juifs qui étoient dans les endroits de la ville qui tenoient encore, voyant cet incendie, jettoient des cris lamentables. Ceux qui étoient enfermez dans le Temple, y furent maffacrez pour la plûpart, fans mifericorde, & fans aucune diftinction d'âge ou de fexe. Une partie fe fit jour au travers des Romains, & fe jetta dans cette partie de la ville dont l'ennemi n'étoit pas encore maître. (b) Quelques-uns des Sacrificareurs fe fervirent contre les Romains au lieu de dards, (c) des broches qui étoient dans le Tem-. ple; & au lieu de pierres, du plomb qu'ils arra-cherent de leurs fiéges, qui en étoient faits: mais

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. p. 962

voyant que cela ne pouvoit les garantir, & que AN DU M. le feu les gagnoit, ils fe retirerent fur le mur 4073. de J. C.73. del'E. du portique, dont l'épaisseur étoit de huit coure vulg. 70. dées, & y demeurerent quelque tems. Deux des

principaux d'entr'eux fe précipiterent volontairement dans le feu. Les autres demeurerent cinq jours fur cette muraille; (a) après quoi la faim & la foif les contraignirent de fe rendre. Ils demanderent la vie à Tite; mais il leur répondit, que le tems de la mifericorde étoit paffé, & qu'il leur feroit honteux de vouloir furvivre à leur Temple: ainsi on les mena au fupplice.

Six mille perfonnes du peuple, tant hommes que femmes & enfans, (b) s'étoient retirées sur une galerie du Temple extérieur, ou du parvis du peuple, laquelle étoit encore en fon entier : mais les foldats emportez de fureur, & prévenant les ordres de Tite, mirent le feu à ce portique ; & toute cette multitude y périt, les uns s'étant jettez du haut du portique en bas, les autres étant confumez dans les flammes. Un faux Prophéte fut cause de la perte de ces miferables, qui n'étoient montez de la ville au Temple, que fur la promeffe qu'il leur avoit faite, qu'ils recevroient ce jour-là même des effets miraculeux du fecours de Dieu.

Les Romains ayant brûlé le Temple, ne voulurent rien épargner de tout ce qui l'environnoit, & en faifoit partie: non pas même les chambres de la tréforerie, qui étoient pleines de toute

(a) Ch. XXXIII. p. 962. b. c. (b) Chap. XXIX. & XXX.

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forte

forte de richeffes, tant en habits, qu'en or & en AN DU M. argent; les plus riches des Juifs y ayant porté ce qu'ils avoient de meilleur. Ils mirent donc le feu C.73. de lÉ4073. de J. par-tout. Ils referverent feulement alors deux re vulg. 70. portes du Temple, avec l'enceinte de la place, qui étoit destinée pour les femmes. Les Juifs pleurent encore aujourd'hui la ruine du fecond Temple avec celle du premier, ruiné & brûlé par les Caldéens, (a) le neuvième du mois Ab, qui revient à peu près au mois d'Août. Ils y célèbrent le grand jeûne, demeurent fans manger, nuds pieds, & s'abftiennent du bain, depuis le coucher du foleil de la veille, jufqu'au lendemain au soir, lorfque les étoilés paroiffent. (b)

Lorfque le Temple fut ainfi brûlé, & les factieux mis à mort, ou fauvez dans la ville, les Romains planterent leurs drapeaux vis-à-vis la porte orientale du parvis des Prêtres, ou du Temple intérieur; & ayant offert des facrifices à leurs Dieux, peut-être fur l'Autel même des holocauftes, ils donnerent à Tite avec de grands cris de joye, le titre d'Imperator. (c) Cependant ce Prince reconnut lui-même que c'étoit Dieu qui avoit combattu pour lui dans ce fiége; (d) que ce n'étoit point lui qui avoit fait tout cela: mais. qu'il avoit feulement prêté fon bras à la colére & la vengeance du Tout-puiffant contre les Juifs. Les deux Chefs des factieux, Jean & Simon,

(a) Vide Hyeronym. in Sophon, 1. Scalig. Ifagog⋅ P.45⋅

(b) Leon de Modéne, 3. part.

c. 8.

(c) De Bello, l.6.c.3 2.& c. 43. (d) De Bello, l. 6. c. 43. Apollonii Thyan. vita per Philoftr. lib. 6.

c. 14.

CHAP. XXXI.
Les Romains fa-
Dieux, en action

crifient à leurs

de graces de la

prife de Jérufa

lem & du Temple.

re vulg. 70.

s'étoient sauvez du Temple dans la partie mériAN DU M. dionale de la ville, qui tenoit encore. Ils deman4073. de J. C. 73.de l'E- derent à parler à Tite. (a) Ce prince leur reprocha les maux qu'ils avoient faits à leur nation, & ceux qu'ils l'avoient forcé de lui faire: il leur promit néanmoins encore la vie, s'ils vouloient pofer les armes, & fe rendre. Ils répondirent qu'ils s'étoient engagez par ferment, de ne se rendre jamais; mais que fi l'on vouloit leur permettre de se retirer dans le desert avec leurs fe femmes & leurs enfans, ils rendroient la ville. Tite indigné de leur infolence, fit crier par un héraut que les Juifs n'avoient qu'à se bien défendre, & qu'il ne feroit grace à perfonne. Il ne laiffa pas néanmoins d'accorder la vie aux freres & aux enfans d'Izate Roi de l'Adiabéne, & à plufieurs autres perfonnes de confideration, qui fe rendirent à lui: mais il les retint prisonniers.

Il abandonna enfuite ce qu'il tenoit de la ville à la difcretion des foldats, qui y mirent le feu, (b) & en consumerent ce jour-là une partie. Le lendemain ils brûlerent le tréfor de Chartres, le palais d'Acra, celui où l'on rendoit la Justice, & le lieu nommé Ophla. L'embrafement fe communiqua jufqu'au palais d'Hélene Reine des Adiabéniens, & confuma avec les maisons les corps morts dont elles étoient pleines. Les féditieux après avoir retiré tout ce qu'ils pûrent du refte de la ville, fe fortifierent dans le palais Royal en tuant huit mille quatre cens hommes du peuple, qui s'y

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étoient fauvez, & pillerent les biens que ces pauvres gens y avoient apportez.

Le jour fuivant, (a) les Romains chafferent les factieux de la basse ville & brûlerent tout jufqu'à la fontaine de Siloé: mais ils ne trouverent rien à piller, parce que les féditieux avoient tout emporté dans la haute ville. Jofeph fit alors un dernier effort pour les porter à fe rendre, & à fauver les tristes restes de fa patrie: mais ils se moquerent de lui. Ils fe flattoient (b) que quand la ville feroit prife, ils demeureroient cachez dans les égouts, & les autres lieux soûterrains, jufqu'à ce que les Romains fe fuffent retirez. C'est pourquoi ils ne fongeoient qu'à amasser des vivres, pour s'y nourrir pendant quelque tems.

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Les Iduméens veulent faire leur

avec les Romains.

Pour réduire la haute ville, les Romains furent obligez de faire de nouvelles terraffes, & accommodement ils furent occupez à ce travail depuis le vingriéme d'Août, jufqu'au feptiéme de Septembre. (c) Il s'agiffoit principalement du palais Royal, où les féditieux s'étoient retirez. On l'attaqua du côté de l'occident. Cependant les Iduméens réfolurent de quitter Simon, & de faire leur traité avec Tite. Ils lui députerent cinq des leurs pour le prier de les recevoir. Tite leur promit de leur pardonner. Mais Simon ayant eu avis de leur dessein, fit arrêter & mettre en prison Jacques leur Commandant, qui avoit trahi son pays, fittuer leurs cinq députez, & fit garder très-étroi

(a) Chap. 38. (b) Chap. 39.

(c) De Bello, l. 6. c. 40.

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